Se méfier des traîtres, mais les écouter aussi, car il peut y avoir des accents de vérité dans leurs propos. C’est évidemment bien sévère de qualifier de traître le professeur Allen Frances, psychiatre de renom, bien connu pour avoir façonné la psychiatrie américaine en étant le grand ordonnateur de ce que l’on appelle le DSM4, c’est-à-dire le livre de diagnostics des maladies mentales (1). Le chiffre 4 voulant dire que c’est la quatrième édition de cette œuvre, réalisée en 1994.
Mais voilà que ce psychiatre élégant, au sommet de sa carrière, se met à cracher dans la soupe. Lui qui avait commencé à mettre dans des cases «diagnostic» toutes les bizarreries du comportement humain met en cause ces successeurs qui se sont attelés à rédiger le DSM5, paru au printemps(lire Libération du 8 mai), en poussant encore plus loin le bouchon d’une psychiatrisation à outrance de la vie.