Le diagnostic peut peser mais aussi soulager. C’est un outil à fonctions multiples : communicationnelle, légale, financière. Les enjeux économiques qui l’accompagnent enveniment le débat.
Un diagnostic psychiatrique, ça pèse lourd. Mais pas seulement pour la personne qui le porte. Les enjeux humains, financiers ou légaux expliquent l’ampleur de la bataille qui se joue autour de la révision du Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM).
Définir un diagnostic est un exercice délicat dans n’importe quelle branche de la médecine. Il faut mettre la réalité dans des boîtes bien séparées et la réalité n’aime pas se prêter à ce genre d’acrobaties. En médecine somatique, au moins, on peut se mettre d’accord sur des paramètres mesurables, comme la tension ou le taux de sucre dans le sang. «Les limites sont établies par votre corps, relève Wulf Rössler, professeur émérite à l’Université de Zurich. En psychiatrie, il n’y a rien à mesurer. Nous nous basons sur ce que les gens nous rapportent. Les diagnostics psychiatriques sont des définitions établies par des experts qui peuvent changer parce que les frontières sont arbitraires.» Bertrand Kiefer, rédacteur en chef de la Revue médicale suisse, se pose la question de savoir si catégoriser les troubles psychiques comme on le fait pour les troubles somatiques a un sens.
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