Ce texte a été écrit par Jocelyne Choisnet à l'occasion de la série de débats organisée à Niort, les 16, 18, 19 octobre sur le thème "Peut-on encore sauver la psychiatrie".
En tant que psychologue clinicienne, orientée par la psychanalyse lacanienne, comment témoigner, prendre la parole, dire sur ce que je constate dans le monde de la psychiatrie ?
C’est d’abord une mutation très insidieuse dans les pratiques de soins, dans leurs conceptions. C’est aussi tout un état d’esprit qui se transforme dans la politique hospitalière en s’orientant vers un discours entrepreneurial. Mais ces dernières années, il y a un effet de précipitation impulsée par de nouvelles réformes, lois, ainsi que dans la mise en place de nouvelles méthodes de prise en charge du patient. Ces méthodes s’orientent essentiellement sur la dimension comportementale du sujet comme les thérapies brèves, les TCC, l’éducation thérapeutique, le programme de soin…
Ma crainte, à plus ou moins long terme est que ces nouvelles méthodes viennent supplanter progressivement la clinique que nous défendons. Nous, - car je ne suis pas la seule à le penser et le dire, - voyons s’édifier une sorte de tour de Babel où s’entrecroisent les discours et qui fait vaciller le bon sens clinique. Le risque de faire voler en éclat la valeur accordée à la parole et à la singularité des patients que l'on rencontre : ce sont ces occurrences que je considère comme centrale et qui vont orienter mon propos.
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