Cinq intersyndicales de praticiens hospitaliers viennent de rendre publics les résultats d'une enquête sur l'organisation en pôle, en signe de protestation à l'enquête officielle menée par les conférences et commandée par Marisol Touraine, dont les résultats devraient être connus courant novembre.
Les résultats de la contre-enquête de cinq intersyndicales de Praticiens hospitaliers (PH) sur les pôles hospitaliers, rendus publics ce 14 octobre, ont précédé ceux de l'enquête officelle lancée en grande pompe par la ministre des Affaires sociales et de la Santé, Marisol Touraine, et confiée aux présidents de conférence de Commission médicale d'établissement (CME) en mai dernier (lire ci-contre). Cette mission avait alors créé un psychodrame, les syndicats de PH se sentant exclus des travaux. Pour manifester leur désarroi, ils avaient décidé de boycotter ce travail, tout en lançant de leur côté leur propre enquête dont les résultats sont désormais connus.
Au préalable, ces cinq intersyndicales (Avenir hospitalier, Coordination médicale hospitalière (CMH), Confédération des praticiens des hôpitaux (CPH), Intersyndicat national des praticiens hospitaliers (INPH) et Syndicat national des médecins, chirurgiens, spécialistes et biologistes des hôpitaux publics (Snam-HP)) avaient adressé une missive à Marisol Touraine pour leur faire part de leur désappointement. "Nous avons été particulièrement irrités par le fait de ne pas avoir été, en tant qu'organisations syndicales représentatives des PH, consultés directement par le ministère de la Santé", rappellent-ils aujourd'hui. Et de critiquer les modalités de l'enquête sur les pôles confiée à des thuriféraires de ce type d'organisation, forcément partiels et partisans : "En caricaturant à peine, confier le bilan de la réforme des pôles à ceux-là seuls qui en sont partisans ou qui l'ont défendue n'est sans doute pas inutile, mais assurément partial".
Les pôles, tours de babylone ?
Les cinq intersyndicales ont donc voulu se rendre compte par elles-mêmes de ce que les PH pensaient de l'organisation en pôle. Ils ont distribué un questionnaire à quelque 7 585 praticiens des hôpitaux, 5 870 leur ont été retournés complets. 90% des répondants sont des PH à temps complet ou partiel, 38% exercent en CHU et 22% en Île-de-France. Hiérarchiquement, 37% sont chefs de service. Première impression : les PH ne semblent pas associés à la prise de décision au niveau des pôles. Seulement 34% ont émis un avis pour la désignation du chef de pôle et un tiers des praticiens ne savent pas si la CME a été consultée sur le sujet. Le management de pôle, une tour de babylone ? Dans 30% des pôles, aucune structure de concertation ne fonctionne. La "mixité" sociale en tous les cas n'est pas de mise puisque "tous les chefs de pôle sont membres de la CME". Est-ce la raison pour laquelle la communication est si défaillante ? Un praticien sur deux ignore le contenu du contrat de pôle, 39% des sondés s'il existe une délégation de gestion.
Désintérêt des PH
Résultat, la plupart des PH interrogés pensent que l'organisation en pôle ne sert... à rien. "Seulement 9% des praticiens considèrent que l'organisation en pôle apporte une meilleure organisation des soins (...), seulement 3% des praticiens considèrent que l'organisation en pôle apporte une meilleure disponibilité des professionnels (...), seulement 10% des praticiens considèrent que l'organisation en pôle apporte de meilleures relations entre collègues." Le reste est à l'avenant. Pire, l'organisation en pôle serait source de désorganisation : 61% des répondants considèrent ainsi que les pôles accentuent la pression économique, et 83% les rendent responsables d'une augmentation du fonctionnement bureaucratique de l'hôpital. Le pouvoir administratif sort renforcé dans l'organisation en pôle pour 73% des sondés. Dès lors, les répondants estiment à 66% que les pôles devraient être facultatifs.
Jean-Bernard Gervais
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