La France est-elle encore un pays où il fait bon vivre… et se soigner ? Pas si sûr, selon les invités du débat «Un médecin accessible pour tous ?», organisé par Libération le 19 octobre à Paris. «Aujourd’hui, 30% de Français précaires retardent leurs soins», constate Jean-François Corty, directeur des missions France de Médecins du Monde. Il est formel : le retard de recours aux soins est le symptôme le plus voyant de la crise actuelle de l’accès aux soins. «Il faut être vigilant» insiste ce médecin diplômé en sciences politiques.
Jean-Paul Moatti, directeur de l’Institut de santé publique, est quant à lui plus alarmiste. «Que ce soit un mythe ou pas, le soin pour tous ne garantit pas la santé pour tous» :
Il reste néanmoins prudent. Pour lui, il y a peu de chance que la France, championne d’Europe en terme d’espérance de vie chez les femmes, ne perde sa place. Pour autant, il ne faudrait pas que la crise prenne trop d’ampleur. Elle risquerait de mener à des «régressions» :
Jean-François Corty, de son côté, s’inquiète notamment du retour de maladies qui avaient disparu :
Pour l’expliquer, le professionnel pointe du doigt les déserts médicaux qui coûtent cher aux patients et les frais de transport s’ajoutant au prix de la consultation. Mais aussi les politiques répressives, qui effraient des populations déjà très précaires : les drogués, les prostitués ou encore les Roms. Des questions qui dépassent largement le thème de la santé.
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