La Fédération de recherche en santé mentale (F2RSM) du Nord-Pas-de-Calais a rendu publics les résultats d'un audit croisé inter-hospitalier sur les pratiques d'accueil et d'orientation en urgence à l'hôpital auprès des usagers en psychiatrie. Elle y préconise notamment d'échanger davantage entre urgentistes et psychiatres.
La commission technique "audit croisé" de la Fédération de recherche en santé mentale (F2RSM) du Nord-Pas de Calais a retenu comme thème pour son audit croisé inter-hospitalier de 2013 les "pratiques d’accueil et d’orientation en urgence à l’hôpital auprès des usagers en santé mentale", indique la F2RSM sur son site internet. Les membres de cette commission ont constitué une fiche de recueil et sa grille de lecture afin de faciliter et rendre homogène la collecte des données. Du 28 janvier au 1er février 2013, les équipes des établissements adhérents de la F2RSM se sont rencontrées afin de favoriser l’échange d’expérience entre les établissements et les professionnels de santé et de réaliser un état des lieux régional. Enfin, les résultats de cet audit croisé, ainsi que les préconisations de la fédération ont été présentés le 17 octobre lors de la 5e journée F2RSM à Lille (Nord).
Mode d'adressage très hétérogène
Cet audit croisé s’est déroulé au cœur des services d’urgence des CH où exerce une équipe dédiée à la psychiatrie. Ont été exclus les Centres d’accueil et de crise (CAC) et le Centre permanent d’accueil et d’admission (CP2A). Un appel à volontariat a été réalisé auprès des 33 établissements régionaux adhérents à la F2RSM, 20 d’entre eux répondaient aux critères d’inclusions, 17 ont répondu favorablement (lire encadré ci-dessous). Suite à la saisie et l’analyse des données réalisées par la F2RSM, "l’identification des écarts et de leurs causes permettront aux membres de la commission technique "audit croisé" de rédiger et proposer des préconisations", explique la fédération. Cette dernière a émis de son côté des préconisations, en commentaire des résultats obtenus. Elle signale en préambule que pour l’ensemble des équipes auditées on retrouve les trois définitions de l’urgence psychiatrique telles que définies dans la circulaire n°3992 du 30 juillet 1992. Pour rappel, urgences psychiatriques pures, mixtes ou états aigus transitoires réactionnels, qui reflètent toutes les situations rencontrées dans les services d’urgence. "Le mode d’adressage en général est très hétérogène", note-t-elle et "témoigne de la diversité des types de demande tant par les bénéficiaires que part les professionnels et/ou institutions gravitant autour du dispositif de psychiatrie". À savoir, principalement, le patient et/ou sa famille, la médecine de ville : généralistes et spécialistes, le centre 15, les institutions médico-sociales et le dispositif psychiatrique ambulatoire, notamment les Centres médico-psychologiques (CMP). Pour le mode d’adressage secondaire, on trouve les établissements pénitentiaires, les autres établissements de santé (CHG, cliniques, EPSM), les pompiers et forces de l’ordre et les associations d’usagers.
Échange et analyse de pratiques à intensifier
A la question "Quelles sont les modalités de transmission dans l'accueil et la prise en charge ?", 52,9% des établissements évoquent les transmissions entre équipe infirmière somatique et médecin urgentiste, 29,4% entre médecin urgentiste et équipe infirmière en psychiatrie, 11,8% entre équipe infirmière psychiatrie et équipe infirmière somatique et 5,9% entre équipe infirmière psychiatrie et médecin psychiatre. "Au vu des résultats, il existe peu de transmission des professionnels de psychiatrie, les transmissions semblent essentiellement réalisées au niveau somatique", commente la F2RSM. Elle préconise donc de "réinterroger et mettre en place des transmissions systématiques" entre les différents professionnels. De plus, dans 70% des établissements, il n'existe pas de temps dédié aux échanges de pratiques entre les professionnels des urgences et de psychiatrie, pointe la fédération, qui recommande de mettre en place et d'intensifier de tels échanges et analyses. Elle préconise également que des formations spécifiques (prévention des risques d'agressivité et violence, du risque suicidaire...) soient intégrées dans un plan de formation de manière systématique pour les professionnels affectés à l'urgence psychiatrique et de mettre en place un tutorat pour les professionnels novices dans cette activité.
Réelle collaboration avec les filières de soins
D'autre part, la F2RSM relève que 50% des équipes à compétence psychiatrique ont une activité exclusive pour l’urgence psychiatrique. "Il faut tendre vers les moyens dédiés consacrés exclusivement aux urgences psychiatriques, cette situation est interdépendante à l’organisation polaire et de la responsabilité de l’activité (soit de la responsabilité du pôle urgences, soit de celle du pôle de psychiatrie)", estime la F2RSM. Pour près de 60% des établissements, il n'existe pas de protocole d'admission pour la psychiatrie en urgence. "Il serait intéressant que chaque service ait une procédure spécifique à l’admission au service des urgences d’autant plus nécessaire pour répondre aux prochaines exigences de certification de l’HAS (patient traceur, processus de soin)", relève la fédération. Pour les établissements possédant un tel protocole, on trouve aussi d’autres protocoles qui décrivent une situation (ex : la prise en charge des patients par les infirmiers en l’absence du psychiatre, la surveillance du risque suicidaire, la prise en charge médicamenteuse des états d’agitation, la gestion de l’ivresse alcoolique...). Enfin, la F2RSM salue le fait que tous les services des établissements audités ont déclaré travailler avec d’autres filières de soins et témoignent d'une "réelle collaboration avec les autres filières (...) qui illustre le travail en réseau et le partenariat". Il s'agit, par ordre de fréquence de citation, de la filière d'addictologie, puis du MCO, suivi par la gériatrie et le médico-social.
Caroline Cordier
Une vingtaine d'établissements du Nord-Pas-de-Calais participants
Les établissements ayant répondu favorablement à l'appel à volontariat de la Fédération nationale de recherche en santé mentale (F2RSM) du Nord-Pas de Calais pour cet audit croisé inter-hospitalier 2013 sont : EPSM de l'Agglomération Lilloise, EPSM des Flandres, EPSM Lille Métropole, EPSM Val de Lys Artois, CH d'Arras, CH Arrondissement de Montreuil, CH de Boulogne-sur-Mer, CH de Cambrai, CH de Denain, CH de Douai, CH de Fourmies, CH d'Hénin-Beaumont, CHRU de Lille | CH Sambre-Avesnois, CH de Valenciennes, Centre de psychothérapie "Les Marronniers", Groupe hospitalier de l'Institut catholique de Lille (GHICL), Hôpital Saint Vincent de Paul à Lille.
Soit au total 14 hôpitaux publics et 3 Établissements de santé privés d'intérêt collectif (Espic). Tous les établissements audités ont une activité MCO où l'on retrouve l'accueil et la prise en charge des urgences psychiatriques. Chaque établissement volontaire a mis à disposition une équipe de deux auditeurs (infirmier, médecin, cadre de santé, psychologue) et un référent d’accueil. Deux demi-journées d’information ont eu lieu les 15 et 17 janvier 2013 à l’EPSM Agglomération Lilloise et l’EPSM des Flandres auprès des auditeurs et référents d’accueil pour présentation du cadre de l’audit, de la grille et des modalités de recueil de données, et de l’affection des établissements à chaque binôme.
C.C.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire