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Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.

dimanche 9 janvier 2011

Psychiatrie : comment Mazurelle gère la sécurité
6 janvier 2011

À l'hôpital Mazurelle, les problèmes de violence sont souvent réglés en interne. De manière marginale, il est fait appel aux forces de l'ordre. Des conventions de bonnes pratiques ont été signées.

Un protocole de « bonnes pratiques » a été signé hier avec les gendarmes. L'occasion de découvrir comment l'hôpital gère les relations avec les forces de l'ordre : problèmes de violence, auditions...


Décembre 2004. À l'hôpital psychiatrique de Pau, une aide-soignante et une infirmière sont assassinées par un patient. Le fait divers, très médiatisé, met en lumière des carences dans la gestion de la santé mentale en France : les effectifs, le manque de psychiatres... En signant, hier, une convention de « bonnes pratiques » avec les gendarmes de Vendée, la directrice de l'hôpital Mazurelle, Corinne Williams-Sossler, a évidemment souligné qu'elle est une déclinaison locale de l'accord national de 2005. Les ministères de la Santé et de l'Intérieur avaient en effet souhaité davantage de concertation entre les hôpitaux psychiatriques et les forces de l'ordre.

Le rendez-vous est l'occasion de découvrir comment l'hôpital Mazurelle gère ces relations tout en étant « attaché à l'esprit de l'hôpital ouvert sur la cité ». La convention avec les gendarmes concerne essentiellement les points d'accueils répartis dans le département, mais aussi la Maison d'accueil de jour inaugurée cet été à Longeville-sur-Mer (40 places). « Évidemment, les pratiques ressembleront beaucoup à celles que nous avons mises en oeuvre avec le commissariat sur notre site de La Roche-sur-Yon », souligne Corinne Williams-Sossler.

Violences, hospitalisations d'office, auditions de patients ou de personnel, fugues, présence d'importuns auprès des patients... : les contacts avec les forces de l'ordre sont incontournables pour l'hôpital. « Heureusement, la plupart des problèmes de violence sont réglés en interne », insiste la direction. Les hospitalisations d'office sont aussi marginales : au nombre d'une quarantaine en 2009, elles représentent moins de 2 % des 2 250 hospitalisations adultes « complètes ». Le colonel Francis Brice souligne : « Nous avons été appelés récemment à Fontenay. Le personnel avait besoin qu'on lui prête main-forte. C'est loin d'être systématique : certains patients ont besoin de soins mais ne sont pas dangereux. »

« Garder l'hôpital ouvert »
Signé en 2007, l'accord avec les policiers a conduit à réévaluer les dispositifs de sécurité dans l'établissement et notamment à la maison d'accueil spécialisé (60 places). La directrice détaille : « Sur les conseils de la police, nous avons amélioré l'éclairage, posé des barrières, des détecteurs de présence, de la vidéosurveillance... Cela a donné lieu à d'importantes discussions avec le personnel : nous ne voulions pas recréer des murs alors que les chiffres, parmi les meilleurs de France, nous confortent dans notre choix d'ouverture. »

Des formations de prévention de la violence ont été mises en place, une ligne directe a été ouverte et des réunions de concertation forces de l'ordre/hôpital sont régulièrement organisées. En interne, l'organisation du renfort a également été revue : chaque unité de soins compte au minimum deux agents présents et, en cas de besoin, l'alerte permet de faire venir sept agents le jour, cinq la nuit. Le tout en gardant un minimum de deux agents par unité de soins... « Pas évident dans un contexte de réduction des effectifs », « sourit » Corinne William-Sossler.
Claire HAUBRY.
L'hôpital psy pour détenus est enfin vraiment sur les rails
27 décembre 2010


Il sera construit à Seclin, derrrière l'hôpital. Un projet longtemps retardé. Soixante lits seront ouverts à terme pour soigner les détenus souffrant de troubles psychiatriques. Ils sont nombreux.
FLORENCE TRAULLÉ

La loi remonte à 2002. Elle prévoyait la création d'UHSA (Unités hospitalières spécialement aménagées) pour prendre en charge les détenus souffrant de troubles psychiatriques. Huit ans plus tard, une seule unité existe en France, ouverte en juin à Lyon. Mi-décembre, le jury a retenu une équipe pour la réalisation de l'UHSA qui sera construit derrière l'hôpital de Seclin. « On est dans la phase finale du choix » , explique Christian Caplier, un des directeurs adjoints du CHRU de Lille, l'établissement qui aura la charge médicale des lieux. Début janvier, ça devrait être bouclé, le projet pressenti devant être finalisé. Ensuite, dépôt de la demande de permis de construire, soumission du projet aux Bâtiments de France, vu la proximité avec l'ancien hôpital de Seclin, un site classé, fouilles d'archéologie préventive... Christian Caplier mise sur une ouverture d'une première partie de l'UHSA avant Noël 2012. Enfin.
Il n'est que temps. Alain Jego, directeur régional de l'administration pénitentiaire, qui sera chargée de sécuriser les lieux, est partisan de ce type de nouvelles structures : « C'est une vraie nécessité. La prison est devenue un lieu asilaire pour des personnes malades et cela dépasse largement ses fonctions. » La bonne solution, ces nouveaux hôpitaux psychiatriques entièrement dédiés aux détenus ? « En tout cas, il faut essayer. On n'a pas le choix. » Lors d'une récente journée d'études sur le thème psychiatrie et justice, le sénateur nordiste Jean-René Lecerf, devenu spécialiste des questions carcérales, évaluait à « 10 % le nombre de personnes incarcérées qui sont dans un état psychiatrique tel que leur peine n'a strictement aucun sens pour eux ». Un constat que partage le professeur Pierre Thomas (lire ci-dessous) qui, en temps que responsable du SMPR (le service médico-psychologique régional, chargé des soins psychiatriques en prison) est le maître d'oeuvre du projet d'UHSA pour le volet médical.

Si Jean-René Lecerf dénonce les conditions actuellement déplorables dans lesquelles s'effectuent les soins psychiatriques en prison, il s'interroge sur le principe même des UHSA même si « c'est une avancée considérable pour les soins apportés aux malades lourds. Aujourd'hui, la seule option pour les soigner ailleurs qu'en détention, c'est l'hospitalisation d'office ». Problème : les hôpitaux psychiatriques ne sont plus adaptés à ces patients qui nécessitent une surveillance. Quelques UMD (unités pour malades difficiles) existent bien en France mais trop peu nombreuses. Et elles ont besoin de place pour des patients qui n'ont pas, majoritairement, eu de problèmes avec la justice. Résultat : dans les hôpitaux, « il arrive que des détenus hospitalisés soient attachés sur leurs lits. Ils n'ont alors qu'une envie : retourner au plus vite en prison ». Où les soins touchent très vite leurs limites. Un cercle vicieux.
Jean-René Lecerf, qui avoue que la découverte de l'univers carcéral aura été « le grand choc » de sa vie de parlementaire, se demande si la création des UHSA ne poussera pas « les jurés à envoyer en prison, avec bonne conscience, des personnes qui n'ont rien à y faire et qui doivent, d'abord et avant tout être soignées ». Pour lui, la vraie question est « d'éviter que ces gens entrent en prison ».
Quand il avait été question de créer l'UHSA régionale à Saint-André (le maire Olivier Henno s'y était violemment opposé), des psychiatres s'interrogeaient sur l'opportunité d'un tel lieu, résumé par certains à un « hôpital prison ». Le professeur Thomas assure que, désormais, « il n'y a plus de polémique » et, de toute façon, « vu la situation actuelle, lamentable, l'UHSA ne peut qu'être un plus. Tout le monde l'appelle de ses voeux ».
Restera à recruter les personnels médicaux. Si pour les psychiatres (quatre équivalents temps plein), ça ne devrait pas poser problème, Christian Caplier sait, d'avance, que trouver des infirmiers (une cinquantaine) « ne sera pas facile, d'autant que le CHR devra faire face en 2012 à de nombreux départs en retraite ».

Efficacité des interventions précoces, la thérapie familiale et la thérapie cognitivo-comportementale pour le traitement de psychose
Dans un récent numéro du British Journal of Pschiatry a été publiée une revue systématique d’essais cliniques de services d’interventions précoces, thérapie familiale et thérapie cognitivo-comportementale pour les personnes souffrant de psychose.

Selon les résultats, les interventions précoces réduisent le nombre d’admissions à l’hôpital, le taux de rechute et la sévérité des symptômes. La thérapie familiale de son côté réduit les taux de rechutes et d’admissions à l’hôpital. La thérapie cognitivo-comportementale quant à elle aide à réduire la sévérité des symptômes.

Pour plus d’information, consultez l’article disponible en accès libre :
Bird, V., Premkumar P., et al. (2010) Early intervention services, cognitive-behavioural therapy and family intervention in early psychosis: systematic review. British Journal of Psychiatry, 197:350-356. PDF

jeudi 6 janvier 2011

Le DSM 5 au milieu du gué
Publié le 31/12/2010

Concernant officiellement « le diagnostic et les statistiques » des troubles mentaux, le DSM est devenu un passage obligé de la littérature psychiatrique. Adulé outrageusement par certains, mais diabolisé par d’autres, comme stigmate exemplaire d’une Amérique triomphante et d’une mondialisation en forme de capitulation pour la « vieille Europe », détrônée jusque dans son pré carré intellectuel, tel l’héritage des aliénistes classiques, alors qu’on pouvait encore affirmer, au premier choc pétrolier, « n’avoir pas de pétrole mais des idées ! » The American Journal of Psychiatry évoque sa prochaine mouture, prévue pour 2013, le DSM-5.

Les révisions successives de ce célèbre manuel visent à intégrer les connaissances croissantes en psychiatrie, pour proposer des critères diagnostiques de plus en plus précis, en correspondance avec la psychopathologie « officielle », dans la mesure où des observateurs différents sont censés parvenir au même diagnostic en utilisant le DSM.
Cependant, cet objectif doit être recherché tout en conservant l’intérêt clinique des critères de diagnostic, à des fins d’utilisation pratique, fiable, et valable aussi bien pour les médecins (en vue d’une thérapeutique) que pour les chercheurs (dans une perspective épidémiologique et de prévention).

Pour les auteurs, il est donc essentiel que des essais développés sur le terrain viennent régulièrement conforter ces efforts d’analyse théorique, en replaçant les conceptions nosographiques dans le contexte des réalités cliniques. Entre autres considérations, la notion de fiabilité s’impose. Elle peut s’apprécier en statistiques par un paramètre, le kappa de Cohen [1], un test mesurant l’accord entre deux observateurs distincts lors d’une évaluation qualitative (comme il en existe notamment dans un contexte diagnostique). Selon les auteurs, cette quantification d’un accord mutuel entre évaluateurs apporte aussi une mesure sur la validité de la correspondance entre certains critères et un diagnostic. Cette démarche statistique illustre parfaitement le changement de paradigme entre la psychiatrie « ancienne » (basée sur une étude de cas humaniste, voire philosophique) et « nouvelle » (ambitionnant pour son corpus de références, le DSM, une rigueur empruntée aux sciences exactes). 

[1] http://fr.wikipedia.org/wiki/Kappa_de_Cohen
Dr Alain Cohen

Chmura Kraemer H et coll. : Moving toward DSM-5 : the field trials. Am J Psychiatry 2010 ; 167-10 : 1158–1160.
Retour vers le lithium
Publié le 30/12/2010   

La prévention des rechutes est le principal objectif dans les troubles bipolaires de type I (alternance d'épisodes maniaques et dépressifs). On dispose essentiellement pour ce faire de 3 armes thérapeutiques, le lithium, les anti-épileptiques au premier rang desquels se situent le valproate de sodium et les neuroleptiques de seconde génération.

Au fil des années, la part du lithium dans les prescriptions a très sensiblement diminué (des 3 quarts entre 1992 et 1999 aux Etats-Unis) tandis que celle du valproate était multipliée par près de 3. Ceci s’explique en partie par le fait que la plupart des recommandations privilégient aujourd’hui en première intention le valproate et conseillent le passage au valproate ou à une association lithium-valproate en cas de rechutes fréquentes sous lithium.

Cependant, malgré le long recul dont nous disposons avec ces médicaments, leurs indications en monothérapie ou en association ne sont pas étayées par des essais randomisés d’ampleurs et de durées suffisantes.

C’est pourquoi un groupe international indépendant a initié en 2001 l’étude BALANCE (pour Bipolar Affective disorder :Lithium/ANtiConvulsant Evaluation).

330 patients tolérant les deux traitements

Trois cent trente patients souffrant de trouble bipolaire de type I pour lesquels un traitement préventif des rechutes paraissait indiqué ont été inclus dans cet essai randomisé ouvert. La randomisation avait été précédée par une période de « run-in » de 4 à 8 semaines au cours de laquelle ont été sélectionnés des patients tolérant l’association lithium-valproate et observant correctement leur traitement (prise de plus de 70 % des médicaments prescrits). Ces malades ont alors été assignés au hasard à l’un des trois groupes suivants :

- lithium à une posologie permettant une concentration plasmatique entre 0,4 et 1 mmol/L (n=110),
- valproate à une posologie entre 750 et 1 250 mg/j (n=110),
- association lithium-valproate.

Le critère principal de jugement (validé par des observateurs ignorant le groupe auquel était assigné les patients) était la nécessité d’une intervention (modification thérapeutique ou hospitalisation) pour l’apparition d’un trouble de l’humeur (épisode maniaque ou dépressif). Le suivi a duré deux ans.

Une supériorité du lithium et de la bithérapie

Cinquante-quatre pour cent des patients sous l’association, 59 % des malades sous lithium seul et 69 % des sujets sous valproate ont nécessité une nouvelle intervention thérapeutique. Ceci correspond à une réduction significative du risque de rechute de 41 % avec la bithérapie par rapport au valproate seul (intervalle de confiance à 95 % [IC95] entre -17 et -58 % ; p=0,0023) et de 29 % avec la monothérapie par lithium par rapport au valproate seul (IC95 entre - 49 % et 0 ; p=0,0472). En revanche la supériorité de l’association sur le valproate seul n’était pas significative (p=0,27). Une même tendance en faveur du lithium ou de la bithérapie a été constatée pour tous les sous groupes de patients (en fonction du nombre et de la nature des épisodes de troubles de l’humeur dans les antécédents) et lorsque l’analyse ne portait que sur les rechutes maniaques.

Des conséquences pratiques importantes


Même si, pour des raisons logistiques, cette étude n’a pas été conduite en double aveugle, pour ses auteurs elle permet de tirer certaines conclusions utiles en pratique clinique. Chez les patients qui tolèrent le valproate et le lithium, les traitements de première intention les plus efficaces sont le lithium ou la bithérapie lithium-valproate. En cas de rechutes fréquentes sous lithium, l’association au valproate pourrait être préférable au valproate seul.

Il faut par ailleurs souligner le fait qu’aucune des trois thérapeutiques testées ne donne, pour la majorité des patients, des résultats durables à moyen terme, puisque, même avec la bithérapie, plus de la moitié des malades ont nécessité une nouvelle intervention thérapeutique sur une période de 2 ans. Il reste donc à évaluer dans le cadre d’essais comparatifs d’autres molécules et d’autres associations.

Quant à la tolérance des schémas thérapeutiques testés, elle ne pouvait être valablement évaluée par BALANCE puisque les malades avaient été sélectionnés pour leur absence d’effets secondaires sous l’association.

Quelles que soient les limites de ce travail, il doit être salué comme une tentative remarquable d’éclairer le choix des cliniciens de façon objective.
Dr Nicolas Chabert
Psychose : racines sociales ou susceptibilités génétiques ?
Publié le 29/12/2010    

La composante génétique de la schizophrénie est bien documentée, de même que les facteurs de risque liés à la biographie de l’intéressé (comme le fait d’avoir eu une enfance défavorisée). Certes, des travaux récents tendent à impliquer des éléments socio-économiques émaillant l’enfance, dans le déterminisme ultérieur d’une schizophrénie. Mais dans la mesure où les conditions matérielles de la famille sont étroitement liées à la santé mentale des parents (dépendant elle-même parfois de facteurs de vulnérabilité génétique transmissibles à la descendance), il est donc très difficile de départager ces divers éléments endogènes (naturels, génétiques) ou exogènes (culturels, environnementaux). Émanant du prestigieux Institut Karolinska de Stockholm où sont décernés les Prix Nobel de Médecine, une étude suédoise observe, parmi plus de 13 000 enfants nés entre 1955 et 1984 et élevés par des parents adoptifs, une évolution vers une psychose non affective chez 230 d’entre eux (le diagnostic de schizophrénie étant porté près de quatre fois sur dix). On constate une augmentation du risque de psychose non affective parmi ces enfants adoptés, même en l’absence d’antécédents familiaux de psychose chez la famille biologique, lorsqu’elle est connue. Une telle vulnérabilité liée au seul contexte biographique (et non aux gènes) se rattache à plusieurs phénomènes socio-économiques dans la famille adoptive : chômage, famille monoparentale, logement en appartement (plutôt qu’en maison individuelle)... Confirmant qu’un statut socio-économique médiocre aggrave le risque de psychose, cette étude suggère aussi, estiment les auteurs, que cette sorte de « handicap social » augmente particulièrement ce risque chez les enfants ayant, de surcroît, une susceptibilité génétique dans ce domaine.
Dr Alain Cohen

Wicks S et coll. Social risk or genetic liability for psychosis ? A study of children born in Sweden and reared by adoptive parents. Am J Psychiatry 2010 ; 167(10) : 1240-1246.


 
Comment combattre la déprime après les fêtes ?
Par Anne Jeanblanc

Soulagement pour les uns ou, au contraire, dur moment à passer pour les autres, le retour au travail après les fêtes de fin d'année est diversement vécu. Dans le premier groupe, on trouve tous ceux pour qui les réveillons sont des passages imposés qui impliquent de se retrouver au milieu de parents peu unis et capables de se disputer à la moindre occasion. Y figurent aussi souvent les familles recomposées, obligées de multiplier les repas pour satisfaire tout le monde. Les autres quittent à regret cette période privilégiée de retrouvailles et de temps pour les échanges. D'autre part, les mois d'hiver sont particulièrement rudes pour tous ceux qui souffrent de dépression saisonnière.

"On connaît bien depuis très longtemps l'influence de la luminosité sur le moral des gens", explique le Dr Sylvie Angel, psychiatre à Paris. "Plus les jours raccourcissent, plus ils se sentent déprimés. Et il n'est pas nécessaire de se rendre dans un pays très ensoleillé et chaud pour aller mieux, il faut simplement bénéficier d'une bonne lumière, comme celle que l'on trouve aux sports d'hiver quand le ciel est clair." Ou comme en proposent les appareils de luminothérapie, dont le succès est croissant. Certains hôpitaux en sont équipés. Il existe aussi des lampes pour les particuliers et même des appareils permettant un "éveil lumineux" progressif. Une façon très physiologique de sortir des bras de Morphée.

Les femmes plus dépressives que les hommes


Selon les études, la dépression saisonnière toucherait une personne sur cinq, le plus souvent des femmes. Ces victimes de l'hiver sont assez faciles à identifier : tristes en permanence, parfois irritables, elles passent le plus de temps possible sous la couette et ont tendance à manger plus que d'habitude, notamment des sucreries. "Le stress aggrave encore la situation", poursuit la spécialiste. Or cet hiver précoce et neigeux, à l'origine de multiples complications au quotidien et donc de tensions répétées, a contribué au mal-être des individus déjà fragilisés par la dépression saisonnière.

C'est pourquoi il est fortement conseillé aux personnes qui ne vont pas bien de consulter un psychiatre, tout comme elles se rendent chez leur généraliste quand elles ont des problèmes physiques. "Une consultation précoce et unique peut être positive", affirme Sylvie Angel. "Faire le point avec un psy n'implique pas de commencer une psychothérapie plus ou moins longue, comme on en pratiquait il y a quelques décennies. Les thérapies brèves ont beaucoup progressé. Elles doivent permettre d'aider les patients tant dans leur vie professionnelle que personnelle. Tout est lié. Il ne faut pas qu'une dépression hivernale - ou tout autre problème - finisse par poser des problèmes au travail, faire exploser le couple et retentisse sur les enfants, alors qu'une solution peut être trouvée en quelques entretiens." En psychiatrie aussi, la prévention est possible et nécessaire.

* Bien choisir sa psychothérapie, par Pierre et Sylvie Angel (éditions Larousse, avril 2010)

mercredi 5 janvier 2011

 Bobards et médicaments

 30.12.10
J'enrage d'entendre les responsables politiques de tous bords réclamer « la transparence » sur le circuit du médicament en France après le scandale du Mediator. J'enrage parce qu'ils nous font croire qu'ils découvrent seulement à l'aune de cette affaire que quelque chose ne tourne pas rond dans notre pays champion d'Europe de la consommation pharmaceutique. Incroyable cas d'école, le Mediator concentre tous les travers, depuis longtemps connus et analysés, du système.

Chaque scandale sanitaire s'accompagne de grandes déclarations d'intention et de demande de rapports qui finissent au fond d'un tiroir.

Prenons, par exemple, l'affaire du Vioxx. Accusé d'aggraver les risques cardio-vasculaires, cet anti-inflammatoire vedette du laboratoire américain Merck est retiré du marché mondial en septembre 2004. A juste titre, la mission d'information de la commission des affaires sociales du Sénat se penche alors sur les conditions de mise sur le marché et de suivi des médicaments. Après sept mois de travaux et plus de quarante auditions, un rapport exhaustif est rendu public en juin 2006.

Que dit-il ? Que le circuit des produits pharmaceutiques remboursés par la Sécurité sociale « souffre d'un manque de transparence et d'une trop grande dépendance vis-à-vis de l'industrie pharmaceutique ». Qu'à « tous les niveaux », les laboratoires sont omniprésents : financement des agences sanitaires, formation continue des médecins, conflits d'intérêts des experts chargés d'évaluer les produits. Qu'il faudrait développer les études post-AMM (autorisation de mise sur le marché) afin de mieux repérer les éventuels effets indésirables d'un produit pharmaceutique lors de son utilisation « en vie réelle » (et pas seulement sur un échantillon réduit de personnes lors des essais cliniques). Que l'industrie pharmaceutique « s'est imposée comme le premier vecteur d'information des professionnels de santé ». Qu'il ne faut donc pas s'étonner que la France soit confrontée à « des problèmes de prescriptions inadaptées et de surconsommation médicamenteuse ». Que, dès leurs études et tout au long de leur carrière, les médecins évoluent dans un environnement où « l'absence de neutralité » est la règle. Que, dans les facultés de médecine, la pharmacologie est « le parent pauvre » des enseignements. Que les milliers de visiteurs médicaux qui vont promouvoir les produits de leur firme dans les cabinets de ville « influencent les comportements de prescription ». Que les laboratoires « noyautent » la presse médicale.

Bref, en 2006, ce rapport du Sénat dénonce tout ce que l'on s'étonne de découvrir aujourd'hui. Alors, en 2011, on fait quoi ?
Sandrine Blanchard
La revue "Prescrire" dénonce de nouveaux médicaments "à retirer du marché"
LEMONDE.FR avec AFP | 03.01.11

Il pourrait devenir le nouveau Mediator. Le buflomédil, un médicament vasodilatateur, c'est-à-dire qui permet de dilater les vaisseaux sanguins pour diminuer la pression artérielle, provoque des effets indésirables cardiaques et neurologiques parfois mortels.

Ce sont les conclusions de la revue médicale indépendante Prescrire, qui décortique régulièrement les bienfaits et les méfaits des médicaments, dans son numéro de janvier. Ce médicament, "commercialisé depuis plus de 20 ans en France" et "sans intérêt thérapeutique démontré", a ainsi "des effets indésirables, parfois mortels, en particulier en cas de doses élevées ou inadaptées à l'insuffisance rénale." "Il faut le retirer du marché", juge donc Prescrire.
 
SITUATIONS À RISQUES CONNUES DEPUIS 2006

"Un compte rendu de la Commission nationale de pharmacovigilance de l'Agence française du médicament (Afssaps) a révélé que plusieurs dizaines de cas d'effets indésirables graves avec ce médicament, dont plusieurs mortels, ont été notifiés entre 2007 et 2009", poursuit la revue, qui avait déjà joué un rôle d'alerte sur les dangers du Mediator, commercialisé depuis 1976 et finalement retiré du marché en novembre 2009.

En 2006 déjà, les effets indésirables, les situations à risques et l'absence de bénéfice clinique tangible du buflomédil étaient donc connus. "Plutôt que de retirer ce médicament du marché, les autorités ont décidé de retirer uniquement le dosage fort. La consommation de ce médicament a baissé de moitié entre 2006 et 2009, mais manifestement cela n'a pas suffi à mettre les patients à l'abri".

"Combien de victimes faut-il encore aux firmes concernées ou à l'Afssaps (agence des produits de santé) pour décider de retirer ce médicament du marché ?" conclut Prescrire.

DEUX AUTRES MÉDICAMENTS DANS LE COLLIMATEUR


Prescrire revient aussi notamment sur un anti-inflammatoire "pas plus efficace que de nombreux autres", le nimésulide (Nexen) "encore commercialisé malgré des hépatites graves", plus de 500 selon un rapport de la Commission d'autorisation de mise sur le marché européenne. Ce médicament a été retiré du marché en Finlande et en Espagne en 2002, et aussi notamment en Argentine, en Belgique, en Irlande, à Singapour.

Également dans le collimateur, la vinflunine (Javlor) un anticancéreux utilisé dans le traitement de certains cancers avancés de la vessie qui présente "une balance bénéfices-risques défavorable" (fréquents troubles sanguins, parfois mortels, troubles intestinaux, neurologiques, ou cardiaques). Prescrire dénonce le "prix très élevé" accepté par les pouvoirs publics pour ce médicament "à éviter".

dimanche 2 janvier 2011

Les Livres de Psychanalyse
Savoir inconscient et droits de l'homme

Revue INSISTANCE - Coordination : Alain DIDIER-WEILL - Paolo LOLLO








Décembre 2010
Éditions Erès – 25 €


À quelles conséquences prêtent la reconnaissance ou la nonr econnaissance de « l'homme » qui est annoncée dans la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme ? À ceux qui considèrent que la croyance en « l'homme » universel contribue au désordre du monde, s'opposent ceux qui se trouvent poussés à affirmer que c'est, au contraire, sa négation qui induit le malaise de notre culture. Au delà de sa dimension d'universalité, l'expression « l'homme » évoque aussi un indéterminé qui, en posant l'existence d'un au-delà du déterminé, demande au philosophe, à l'homme politique, à l'artiste, au psychanalyste de se prononcer sur le sens qu'acquiert aujourd'hui pour eux le mot « liberté ». La psychanalyse maintient vivace le droit de l'homme à devenir ce qu'il n'est pas encore, en accentuant - au-delà des différents articles de la déclaration universelle - l'existence d'un article unique et absolu : droit de l'homme devenu parlant à se reconnaître et se faire reconnaître comme parlant : tout à la fois endetté et libéré par la parole.

Ont participé à ce numéro : Gerard ALBISSON - Fabienne ANKAOUA - Dominique BERTRAND - Pascale CHAMPAGNE - Jean CHARMOILLE - Danielle CHARMOILLE - Marco antonio COUTINHO JORGE - Eric DIDIER - Claire GILLIE-GUILBERT - Claude MAILLARD - Denise MAURANO - Colette MAURI - MITCHELEE - Jean NOEL - Baldine SAINT GIRONS - Charles SARFATI - France SCHOTT-BILLMANN - Frederic VINOT - Jean-michel VIVES - Alain ZAEPFFEL -

Les Livres de Psychanalyse

Répondre de la parole
Daniel Lemler

Janvier 2011
Erès – 23 €


« Mais où est passée l'humanité dans tout cela ? » Ce cri du coeur, poussé par une femme venant d'effectuer un long parcours en « FIV » dans un grand service parisien, introduit magistralement la question qui sera traitée dans cet ouvrage.

Alors que nombreux sont ceux qui déplorent la déshumanisation de notre société, l'auteur pose la question. « Quelle est ta part dans ce qui t'arrive ? », qui pourrait être le symbole de notre lutte contre la déshumanisation. Elle nous interpelle au lieu de notre subjectivité et nous invite à être hic et nunc, auteur de notre parole et d'en répondre.





Assemblée de Paris - L'homme, entre loups et rats
Association : APJL - Activité coordonnée par Pierre Bruno et Patricia León


Lieu : Centre Hospitalier Sainte -Anne, Amphithéâtre Morel, 1 rue Cabanis, 75014.
Métro Glacière. ENTREE LIBRE.

14 h – 16 h : Le cas : “L’homme, entre loups et rats” 16h30 – 18h : Questions affines
1-14H-16H : Le cas.
“L’homme, entre loups et rats”
-11 décembre : Pierre Bruno : L’homme, entre loups et rats.
-15 janvier : Gabrielle Gimpel-Devallet : Est-ce que la jouissance féminine primaire existe ?
-12 février : Marie-Jean Sauret : Y a t-il quelque chose de “raté” ou de “loupé” chez notre contemporain ?
-19 mars : Patricia León : Le souvenir déchiré.
-9 avril : Isabelle Morin :Entre morsure et regard.
-21 mai : Sophie Mendelsohn : L’animal chez Freud, une manière d’aborder le réel du symptôme ?
-25 juin : Véronique Sidoit : Quelle « petite femme » pour l’homme Kafka ?

2-16H30-18H : Questions affines
:
" Dans la partie dédiée aux "questions affines", les différents espaces de travail : "psychanalyse et institutions", "psychanalyse et médecine", "psychanalyse et poésie", "psychanalyse et politique" « clinique et topologie » continueront à nous présenter leurs avancées et propositions de recherche.

• Clinique et topologie. Responsable : Laure Thibaudeau.
• Psychanalyse et institutions. Responsable : Carlos Ramos.
• Psychanalyse et médecine. Responsable : Ramon Menendez.
• Psychanalyse et poésie. Responsable : Claudine Casanova.
• Psychanalyse et politique. Responsable : Véronique Sidoit

http://www.apjl.org/

 
Nouvelles Psychanalytiques

Colloque de Cerisy : Le langage, l’inconscient, le réel

Du 18 au 22 mai 2011 - Organisé par : Espace analytique et l’Ecole de Psychanalyse des Forums du Champ lacanien




Commission d’organisation : Bernard Toboul, Alain Vanier et Vannina Micheli Retchman pour Espace analytique

Colette Soler, Marc Strauss et Sylvana Clastres pour l’EPFCL.

JEUDI

Matin :
Président : Bernard Nominé.
Christian Hoffmann : "Lorsque le réel mord sur sur la métapsychologie"
Bernard Toboul : Le principe de jouissance.
Colette Soler : « L’énigme du savoir réel »

Après-midi :
Président : Anita Izcovich
Elizabete Thamer : De l’impossible logique à l’ICSR.
André Michels : L’inconscient : de l’irrationnel au réel.
Paul-Laurent Assoun : De la réalité au réel : l’envers inconscient du semblant

Vendredi.
Matin
:
Président : Danièle Eleb
Patricia Dahan : La lettre et lalangue.
Jacques Adam : De lalangue et des arts.
Bernard Baas : « Poétique » de la psychanalyse.

Après midi :
Président : Catherine Vanier
Vannina Micheli Retchman : L’anorexique, l’objet a et le réel.
Marc Strauss : Une fin réelle ?
Michel Bousseyroux : L’ICSR : effets et conséquences sur la cure.

Samedi.
Matin
:
Président : Guy Sapriel
Patrick Landmann : Au-delà du roc de la castration
Sol Aparicio : L’heur de vivre avec son symptôme.
Jean-Richard Freymann : La clinique psychanalytique entre science et religion.

Après-midi :
Président : Claude Leger
Roland Chemama : Qu’est ce que peut « faire pièce » au discours capitaliste ?
Sidi Askofaré : Pouvoir de l’inconscient, politique de la psychanalyse.
Alain Vanier : Politique de la psychanalyse ?

Dimanche matin.
Discussion générale et débat clôture.
(Vannina Micheli Retchman, Bernard Toboul, Colette Soler, Alain Vanier, Sylvana Clastres et Marc Strauss)





A quoi reconnait-on une psychose ? Le séminaire 2010-2011 de Pierre-Henri Castel disponibles en mp3

http://pierrehenri.castel.free.fr/

Pierre-Henri Castel : “Le séminaire de cette année reviendra notamment sur Schreber, à partir de ma traduction des Paradoxes of Delusion : Schreber, Wittgenstein, and the Schizophrenic Mind, de Louis Sass, à paraître en janvier 2011. Comme les années précédentes, l’accent sera mis sur les critères, les enjeux psychanalytiques étant éclairés à partir de réflexions épistémologiques et historiques sur la notion de « psychose ». Le séminaire partira d'une analyse d'une nouvelle de Henry James, "The Altar of the Dead", qui aborde la question de la mélancolie.”

> à télécharger sur archive.org


La France condamnée pour manque de soins envers une détenue

La Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) a condamné, mardi 21 décembre, la France pour ne pas avoir permis à une détenue malade et anorexique de 48 ans d'être soignée dans un structure adaptée, en aménageant sa peine. Virginie Raffray Taddei, actuellement en détention à Roanne, a déposé à plusieurs reprises ces dernières années des demandes de suspension de peine et/ou de libération conditionnelle pour raisons médicales.

Les expertises ont mis en doute certaines des pathologies alléguées par Mme Raffray. Mais elles ont attesté qu'elle souffrait d'un asthme grave, d'une insuffisance respiratoire chronique, d'anorexie et du syndrome de Münchhausen, une forme d'hypocondrie extrême où le malade en vient à essayer de provoquer les symptômes des maladies dont il dit souffrir.

Après une grève de la faim en juillet 2008, la détenue est devenue anorexique. Elle pesait 34 kg pour 1,65 m selon un examen réalisé en mars 2009. Cette année-là, plusieurs expertises médicales ont préconisé une prise en charge de la patiente dans une structure adaptée. La justice française a pourtant rejeté les demandes de suspension de peine de Virginie Raffray. "La seule condition de la nécessité de soins ne suffit pas à ouvrir au condamné un droit à la libération conditionnelle, mesure qui exige de ce dernier qu'il manifeste 'des efforts sérieux de réadaptation sociale'", a expliqué la cour d'appel de Lyon, qui a jugé insuffisants les efforts de Mme Raffray, notamment pour indemniser les victimes de ses délits. Les autorités ont à plusieurs reprises fait valoir que Mme Raffrey instrumentalisait ses maladies pour pouvoir sortir de prison.

Mais pour la CEDH, "l'absence de prise en compte par les autorités nationales de la nécessité d'un suivi spécialisé dans une structure adaptée", le fait qu'elle ait au contraire été transférée à deux reprises, et la durée de la procédure, constituent une violation de l'article 3 de la Convention de sauvegarde des droits de l'homme, qui proscrit les "peines ou traitements inhumains". L'arrêt de la Cour, susceptible d'appel, n'a pas accordé de dommages à la requérante, qui n'en avait pas demandé.
ÉTATS-UNIS • Les villes se mobilisent pour reloger les sans-abri

Un plan ambitieux vise à installer 100 000 sans-abri dans des logements pérennes d'ici à mi-2013. Cette campagne s'appuie sur un vaste réseau d'associations et mise sur la coopération des municipalités.


En 6 mois la campagne "100 000 Toits" est présente presque partout aux États-Unis.

C'est l'histoire d'un plan pour qu'il n'y ait plus de SDF aux Etats-Unis. Non pas une vague "guerre au problème des sans-abri", mais une action méthodique pour éliminer un énorme problème social. Chaque jour, approximativement 700 000 personnes passent la nuit dehors dans tout le pays. Parmi elles, 120 000 sont des sans-abri "chroniques". Elles vivent souvent dans la rue depuis plusieurs années et souffrent de toxicomanie, handicaps mentaux et maladies graves comme le diabète, le cancer et des affections du cœur. Sans aide directe, beaucoup resteront à la rue jusqu'à la fin de leurs jours.

Devant cette situation, une initiative baptisée 100 000 Homes Campaign [Campagne pour 100 000 toits] s'est donnée pour objectif de placer 100 000 sans-abri chroniques dans des logements pérennes d'ici à mi-2013, en ciblant ceux qui sont le plus en danger de mort. En matière d'aide sociale, c'est l'équivalent de la course de la NASA pour envoyer l'homme sur la Lune. Cette campagne n'atteindra peut-être pas son but, mais elle est en train de changer la façon dont les villes abordent un problème souvent considéré plus comme une nuisance que comme une urgence de santé publique.

Cette campagne a été lancée en juillet dernier par une association new-yorkaise appelée Common Ground, avec l'aide de vingt autres organisations spécialisées dans l'aide aux sans-abri, les anciens combattants, les personnes atteintes de troubles mentaux, le logement et les soins de santé. Elles ont déjà été rejointes par 64 municipalités. Pour l'instant, 6 816 personnes ont trouvé un toit, et les organisateurs affirment que les choses s'accélèrent. New York, Denver, Wichita, Kansas et Norfolk, par exemple, ont fait baisser le nombre de personnes vivant dans la rue de 25 % à 64 %. Elles sont parvenues à ce résultat en orientant les sans-abri vers des logements où ils bénéficient de services de soutien – entre 85 % et 90 % d'entre eux en ont fait leur domicile.

"Aucun système n'avait jamais été expressément mis en place pour sortir les gens de la rue et leur donner un toit", explique Rosanne Haggerty, fondatrice de Common Ground. L'association a aidé 20 villes américaines, dont New York, La Nouvelle-Orléans et Denver, à diminuer leur population de SDF. "Le problème n'est pas si difficile que ça à régler, mais il manquait le tissu conjonctif." Le principal rôle de la campagne est d'aider les villes à apprendre comment créer ce tissu.

Mme Haggerty a elle-même dû en faire l'apprentissage à la fin des années 1990 lorsque Common Ground a ouvert le Times Square Hotel, qui était alors la plus grande résidence du pays, et qu'elle a vu que cela ne faisait pas baisser le nombre de sans-abri autour de Times Square. Alors, en 2003, elle a lancé un programme appelé Street to Home [De la rue à un toit] et recruté une diplômée de West Point, Becky Kanis, qui avait passé neuf ans dans l'armée. Ensemble, elles sont allées trouver chacune des 55 personnes qui vivaient dans la rue près de Times Square pour les convaincre d'accepter un hébergement.

Elles voulaient savoir comment les gens vivaient dans la rue, et elles ont été choquées lorsqu'elles ont vu comment ils y mouraient, souvent entre  40 et 60 ans. Common Ground a également appris que la population des sans-abri se composait de plusieurs sous-groupes. L'association a maintenant interrogé 14 000 sans-abri chroniques et déterminé que 20 % sont des anciens combattants, 10 % sont âgés de plus de 60 ans, 4 % sont séropositifs, 47 % sont atteints d'une maladie mentale et 5 % restent dans la rue parce qu'ils ont des animaux et n'arrivent pas à trouver de logement qui les accepte.

De nouvelles municipalités rejoignant la campagne chaque mois, Common Ground a défini une marche à suivre type. Une organisation locale joue le rôle de coordinatrice et rassemble les soutiens des politiques, des entreprises, des ONG, des fondations et des bénévoles. L'une des premières choses à faire est de recruter des bénévoles locaux et de les envoyer dans la rue évaluer la vulnérabilité des sans-abri, ce qu'ils font entre 4 heures et 6 heures du matin trois jours d'affilée.

On pourrait penser qu'il est difficile de trouver des gens disposés à sortir avant l'aube pour aller poser à des étrangers des questions personnelles concernant leur santé. Pas du tout. A Phoenix, 175 personnes se sont présentées. A San Diego, 250. A Omaha, 75. Et, à Chicago, plus de 150 dont le maire, Richard Daley. A Phoenix, une fois les interrogatoires terminés, les organisateurs ont demandé aux bénévoles s'ils souhaitaient donner de l'argent – à coups de 1 000 dollars – pour aider les sans-abri à emménager et à se meubler. En dix minutes, ils ont réuni 50 000 dollars. "Ce n'était pas une assemblée de philanthropes", raconte Becky Kanis. "C'était juste des bénévoles."

"Nous pensons que cette campagne va beaucoup plus loin que l'aide aux sans-abri", ajoute Rosanne Haggerty. "Nous nous inquiétons tous pour des gens près de chez nous qui ont du mal à s'en sortir actuellement. C'est une façon de faire avec nos voisins une chose qui aide les plus vulnérables d'entre nous de façon spectaculaire. Et je crois que le sentiment de pouvoir changer les habitudes est quelque chose que beaucoup de monde recherche en ce moment."


Entretiens annuels : passage obligé, méthodes contestées

LEMONDE.FR Avec AFP

27.12.10

Au retour des vacances de Noël, de nombreux employés devront passer leur entretien annuel. Cet échange entre un salarié et son supérieur pour faire le point sur l'année écoulée, est devenu une pratique quasi généraliséé dans les entreprises. Mais ses méthodes d'évaluation sont parfois contestées, notamment pour leurs effets sur le stress.

Conséquence : les recours de salariés ou syndicats sont fréquents. Ainsi au tribunal de grande instance de Toulouse le 6 janvier, la CGT d'Airbus va demander la suppression des critères comportementaux et d'adhésion à des valeurs, telles que "agir avec courage" ou "promouvoir l'innovation". "Depuis l'application de ces critères à l'ensemble des cadres il y a un an, nous constatons leurs effets pervers — copinage, individualisme — et la désagrégation de l'entreprise", affirme le délégué CGT Xavier Petrachi.

A Grenoble doit être jugé prochainement le recours du comité d'hygiène, de sécurité et de conditions de travail (CHSCT) de Hewlett-Packard CCF, qui dénonce l'application de quotas classant les salariés par catégories (des surperformants aux insuffisants). Déjà en 2002, la révélation de quotas chez HP et IBM avait fait grand bruit. "Depuis la crise économique, dans plusieurs sociétés les quotas des notes les plus basses ont augmenté, pour freiner les augmentations de salaires", remarque Guy Benoist, du syndicat CFTC chez d'HP.

UNE PRATIQUE DE PLUS EN PLUS COURANTE


L'évaluation a gagné quasiment toutes les entreprises et les administrations. Depuis les années 1990-2000, sous l'influence des pratiques américaines, "cela n'est plus une discussion de fin d'année entre deux portes, l'entretien est un élément essentiel d'un bon management (…) même si tout ne doit pas reposer sur ce moment-là", considère Michel Yahiel, de l'Association nationale des directeurs des ressources humaines.

Des deux côtés, il y a une demande. Selon l'avocat en droit social Pascal Lagoutte, "malgré la passion égalitaire en France, les salariés aspirent à ce que soit pris en compte leur talent personnel, ce qui passe par l'évaluation".

Côté employeurs, elle sert à mesurer l'atteinte d'objectifs, à gérer des carrières, et surtout à fixer la part salariale variable, dans un contexte d'individualisation des rémunérations. De plus, les fiches d'évaluation peuvent être utilisées en cas de plan social pour licencier ceux considérés comme les moins compétents.

LES SYNDICATS CONTESTENT LES MÉTHODES EMPLOYÉES


Or les syndicats contestent non pas le principe de l'évaluation, mais les méthodes employées. "Si c'est le travail fourni qui est évalué, c'est bien normal. Mais il y a de plus en plus de subjectif, correspondant à des théories à la mode mais n'ayant pas fait leur preuve", estime Bernard Salengro du syndicat CFE-CGC, qui pense que cela accentue le stress au travail.

"Depuis trois quatre ans, la 'performance' est recherchée, et non plus la compétence. Les entreprises distinguent les meilleurs salariés par leur attitude dans l'atteinte, voire le dépassement de résultats", observe Pascal Huard de l'Isast, cabinet spécialisé en santé au travail. Isast mène des expertises pour des CHSCT, en mesurant l'impact des évaluations, avec des indicateurs comme les troubles du sommeil ou d'alimentation avant et après entretien.

PREMIÈRES ACTIONS EN JUSTICE

Les premières actions en justice sur le terrain de la santé des salariés n'ont cependant pas toujours été un succès. En 2008, le dispositif de Wolters-Kluwer, un groupe d'édition, a été déclaré illicite au motif notamment que "la multiplication de critères comportementaux" impliquait une "insécurité", préjudiciable à la "santé mentale".

Mais en octobre, le TGI de Versailles a jugé que le stress généré par l'évaluation chez General Electric Medical Systems n'était pas nécessairement supérieur au stress d'autres rendez-vous professionnels. Le CHSCT a fait appel.


samedi 25 décembre 2010

Espace analytique vous souhaite d'excellentes fêtes de fin d'année.

Vous trouverez ci-joint le programme des journées de printemps.

Journées d’études

19 mars - 20 mars 2011

Faculté de Médecine - Amphi Binet

45 rue des Saints-Pères

75006 Paris

LES PSYCHOSES

Comité d’organisation :

AGUERRE, Arlette COSTECALDE, Marielle DAVID, Patrick LANDMAN, Gorana MANENTI, Gérard POMMIER, Eduardo PRADO DE OLIVEIRA, Dominique TOURRÈS-GOBERT


Renseignements :


Centre Octave et Maud Mannoni

12 rue de Bourgogne, 75007 Paris

Tél. : 01 47 05 23 09

 espace.analytique@wanadoo.fr

 www.espace-analytique.org


Toulouse : levée du mouvement de grève dans un hôpital psychiatrique
23.12.2010

Des personnels infirmiers en psychiatrie de l'hôpital Marchant de Toulouse, qui campaient depuis 66 jours devant leur établissement pour réclamer des créations de postes de soignants, ont levé jeudi leur mouvement après avoir obtenu pour partie satisfaction.
L'Agence régionale de santé (ARS) avait débloqué vendredi une enveloppe exceptionnelle de 423.000 euros, mais les infirmiers grévistes du seul syndicat SUD avaient continué à se relayer pour dormir devant l'hôpital car selon eux "l'affectation des ces ressources n'était pas encore définie selon notre priorité d'augmentation du personnel soignant".

Après une assemblée générale jeudi, les personnels grévistes qui "assuraient la continuité des soins" ont décidé "devant l'affaiblissement de la mobilisation pendant la période des fêtes" de lever leur mouvement, a indiqué Cyril Moulin, infirmier en psychiatrie de SUD-Santé.
"On est contents car la lutte paie. Maintenant on fait reposer les troupes mais on se réserve la possibilité de remonter la tente à la rentrée car nous n'avons aucune certitude quant à l'utilisation de cet argent", a-t-il ajouté.

Une intersyndicale SUD-CGT-FO-CFDT avait décidé le 18 octobre d'installer un campement devant l'entrée de l'hôpital Marchant pour réclamer des créations de postes. Seuls les infirmiers du syndicat SUD avaient par la suite prolongé le mouvement.

Jean-Paul Fauré, 67 jours dans l'attente
Aide-soignant à l'hôpital Marchant depuis près de vingt ans, Jean-Paul Fauré a été en première ligne de la grève engagée le 18 octobre par une partie du personnel pour dénoncer le manque de soignants au sein de l'établissement psychiatrique.

Très tôt, la vie lui a appris à attendre. Jean-Paul Fauré n'a que 16 ans lorsque son existence bascule puis s'immobilise à la suite d'un accident de mobylette dans son Comminges natal. Percuté par une moto le 10 août 1976, il est hospitalisé à Rangueil, la jambe droite broyée, le corps meurtri. Victime d'une infection nosocomiale, il frôle l'amputation, cumule les opérations et compte le temps qui passe jusqu'à sa sortie de l'hôpital, un an plus tard. Envolé son projet de devenir pompier à Paris, aux vestiaires son maillot d'avant-centre… Habitué à « garder le moral » et à rebondir, il joue finalement gardien dans son club, quitte Boulogne-sur-Gesse pour la Ville rose où il rejoindra plus tard le Toulouse Fontaine pour monter l'École des gardiens. Durant dix ans, il multiplie les expériences, travaille dans le bar de ses parents, place Saint-Etienne, intègre l'enseigne Midica pour laquelle, ironie du sort, il vend l'été sur le parking de l'ancien Mammouth des tentes et du matériel de jardin avant de rejoindre le service des expéditions. En parallèle, Jean-Paul Fauré « le DJ » fait tourner sa disco mobile dans les balloches du Comminges d'abord puis dans les mariages et les séminaires. Les trois-huit à l'hôpital Marchant qu'il rejoint en 1986 comme agent de service intérieur avant de suivre la formation d'aide-soignant, auront raison de Police et ZZ Top. Après vingt ans aux platines, il vient d'en passer presque autant auprès de ses patients.

Mais à 49 ans, Jean-Paul Fauré ne perd pas patience facilement. Aux côtés d'une partie du personnel de Marchant depuis le 18 octobre, le secrétaire de Sud Santé-Sociaux a gardé la sienne pour dénoncer le manque d'effectifs soignants dont souffre l'établissement psychiatrique. Un mal chronique qui a poussé un noyau dur de fonctionnaires à engager un véritable bras de fer avec la direction de l'hôpital et leur instance de tutelle, l'Agence régionale de santé. Sous la tente qu'ils ont dressée il y a 67 jours, les grévistes n'ont eu de cesse de demander le recrutement d'une cinquantaine d'aides-soignants et d'infirmiers. Raccordés à un chantier voisin depuis que la direction leur a coupé l'électricité, ils ont fait de leur abri sommaire occupé 24 heures/24 un lieu de rassemblement et d'échanges autour de leur hôpital « géré comme une entreprise » et de leurs patients de plus en plus « cachetonnés » pour pallier l'absence de personnel. Une réalité que vit quotidiennement Jean-Paul Fauré auprès de ses vingt-deux malades du pavillon de suite, dernière étape avant la sortie. « La maladie mentale est mal perçue à l'extérieur mais elle est plus dure à vivre encore pour les patients. Dans tous les services, le personnel est au minimum. C'est la qualité de soin qui est en jeu. En psychiatrie, il faut passer du temps avec les patients pour gagner leur confiance, les rassurer et les aider à s'exprimer. La confiance, ce n'est que de l'humain. Si l'on n'est pas assez nombreux, comment prendre le temps de faire un baby-foot, une partie de ping-pong ou toute autre activité qui leur permet de se poser ? Lorsqu'on amène des patients à l'extérieur, on sous-entend que c'est pour le plaisir du personnel. L'hôpital n'est plus géré par des médecins mais par des gens sortis d'écoles de commerce qui sont là pour faire des économies ! Le soin a laissé la place à l'enfermement ». Dans leur combat, les grévistes ont avancé mais sont encore « loin du compte ». Après plus de deux mois lutte, ils ont pourtant obtenu une enveloppe annuelle supplémentaire de 423 610 euros. Alors que le personnel a voté hier après-midi la levée du piquet de grève, Jean-Paul Fauré laisse poindre sa déception et promet de rester vigilant. « Si cette somme n'est pas transformée en postes de soignants, nous remonterons la tente ».



TV5MONDE
A Marseille, des exclus tournent un film pour ne plus être des "Lambdas"


De Jordane BERTRAND (AFP)

MARSEILLE — Scénario, repérages, premiers ou seconds rôles: pendant un an, Annick, Pascal et Mickael, en situation d'exclusion, ont puisé dans leur vie pour nourrir "Hopecity", une comédie grinçante dont le tournage, encadré par des professionnels, vient de s'achever à Marseille.

Lancé en 2009 au sein de la Boutique Solidarité de Marseille, structure de la Fondation Abbé Pierre qui accueille en journée des personnes en difficultés, un atelier d'écriture de scénario a réussi à mobiliser un groupe de fidèles: une femme et trois hommes qui, malgré un quotidien douloureux, se sont pris au jeu de l'écriture fictionnelle.

Les séances, animées par deux bénévoles de l'association, Léa Jamet, réalisatrice, et Théo Trifard, comédien, font rapidement émerger un thème: la misère, mais avec un ton décalé. Au ban de la société, on n'en est pas moins doté d'humour, tel est le message qui ressort de cette expérience, explique Léa Jamet.

Après un an de travail, le scénario du moyen métrage est achevé: à Hopecity, une ville imaginaire, la société est divisée en deux clans, les Nantis et les Lambdas. Les premiers, minoritaires, ne supportent ni la vue ni la présence des seconds et mettent en place un plan d'éradication...

"Lorsqu'on nous a demandé de quoi on voulait parler, j'ai dit +la misère, et les gens qui se cachent à cause de leur misère+", explique Annick Sylvestre, 55 ans, ancienne aide-soignante qui survit dans un hôtel meublé et n'a pour tout travail que deux heures de ménage hebdomadaires.

Pascal Ludman, la soixantaine, vit dans un foyer. Il a participé à l'écriture, mais refusé d'apparaître à l'image. Mickael Rabia, 35 ans, squatteur, fait l'acteur mais s'implique aussi comme script et accessoiriste.

Quant à Jehemi Boumediene, 40 ans, dont quinze passés dans la rue, il est décédé cinq mois après le début du projet. C'est néanmoins grâce à lui que des lieux de tournage ont été repérés à Marseille, dont un tunnel désaffecté où plusieurs scènes ont été filmées.

"Chacun a écrit son rôle et construit l'histoire globale", raconte Théo Trifard, qui tenait à la fiction "pour que chacun ait la liberté de choisir son personnage".

Le concours bénévole d'une cinquantaine de techniciens et acteurs professionnels ou en formation, ainsi que les rabais accordés par des sociétés de location de matériel, ont permis de tourner en deux semaines "un vrai film" qui sera achevé en mars 2011.

"On s'y est tous mis, et finalement, il n'y avait plus les exclus et les autres, mais une équipe sur un tournage", se réjouit Jérôme Olivier, directeur de la photo. "Des hommes et des femmes autour d'un projet", résume le comédien Christophe Grégoire, un habitué du Festival d'Avignon, qui a fait répéter les textes.

Théo Trifard se réjouit: "Grâce à ces soutiens, on fait un film de 500.000 euros avec 50.000 euros", accordés par la Fondation Abbé Pierre dans le cadre d'un programme de lutte contre l'exclusion. Le comédien et producteur commence à démarcher télévisions et festivals.

"Je suis fière. Cela m'a fait beaucoup de bien de montrer de ma vie personnelle, ça m'a fait oublier mes mauvaises expériences", résume Annick - qui joue Madeleine, une "lambda" à la rue après avoir perdu son emploi - et dont tous soulignent "l'émotion" du jeu malgré des difficultés à s'exprimer et à se déplacer.

"Cela a amélioré grandement la communication entre eux et avec les autres", se félicite Léa Jamet, qui parle d'"une expérience valorisante qui aura des conséquences au-delà du tournage".
Copyright © 2010 AFP.





Actualité Lens

Un réveillon de Noël festif pour Le cheval bleu à Bully-les-Mines
24.12.2010

Depuis 2004, l'association Le cheval bleu, créée par des médecins psychiatres, propose aux personnes en situation de précarité et de souffrance psychique, ... des lieux et des actions destinées à consolider l'insertion sociale, à restaurer une perception positive de soi-même, à faciliter l'expression et le partage mais aussi à lutter contre toute forme d'exclusion et d'isolement. C'est encore plus vrai au moment des fêtes de fin d'année.

L'une des actions du Cheval bleu sera donc d'organiser le réveillon de Noël au foyer Jules-Ferry à Bully-les-Mines. Rencontre avec Éric Fermentel, animateur d'un atelier artistique.

- Pourriez-vous présenter un peu plus l'association ?

« Elle est présidée par le Docteur Louvrier. Nous aidons les personnes adultes isolées nécessitant une aide spécifique à faire l'expérience de moments de partage et d'expression selon différents pôles existant au sein de l'association. Nous avons donc les pôles de la violence familiale, le service d'accueil médico-social pour adultes handicapés, les ateliers occupationnels, une équipe mobile d'infirmiers en psychiatrie, etc. ».

- Quelles sont les actions que vous avez réalisées récemment ?

« Nous avons participé au Téléthon, à une expo-vente sur Hénin-Beaumont organisée par l'association Farandoles, au marché de Noël de Bully-les-Mines avec une vente d'objets réalisés au sein des ateliers que propose l'association ».

- Et les prochaines ?


« Ce sera ce soir pour le réveillon de Noël. Ce repas festif et chaleureux sera une réponse de solidarité pour rompre avec la solitude des personnes en situation de précarité. Ces personnes participent elles-mêmes aux différentes étapes du projet et sont ainsi placées au coeur de l'organisation, en totale autonomie avec notamment la venue du père Noël ou encore celle d'un magicien. C'est la Fondation de France qui soutient financièrement ce réveillon de la solidarité. C'est également ouvert aux proches et aux associations locales. Il faut savoir accepter de réveillonner avec des personnes qui sont dans la solitude. » •

Association Le cheval bleu, 29/31, rue Roger-Salengro à Bully-les-Mines, Tél : 03 21 45 37 61,
site internet : http://www.lechevalbleu.fr


La revue "Prescrire", lanceur d'alerte insuffisamment écouté

Le directeur de la rédaction est un homme modeste. Il trouve Prescrire "un peu lent à réagir à l'actualité". Dans le numéro de décembre, pas un mot sur le Mediator. "En revanche, nous essayons d'anticiper", poursuit Bruno Toussaint. Là, on le soupçonne d'excès de modestie : treize ans d'avance - le premier gros dossier sur le Mediator date de 1997 -, c'est plus que de l'anticipation.

C'est en feuilletant la revue Prescrire qu'Irène Frachon a commencé à s'interroger sur le lien entre le Mediator et les attaques de valves cardiaques. La pneumologue de Brest qui a dévoilé le scandale avait lu un article, datant de juin 2006, sur les effets indésirables du produit. Rétrospectivement, une question s'impose : pourquoi Prescrire savait-il ce qu'apparemment les autorités sanitaires ne savaient pas ?

Prescrire, mensuel à destination des professionnels de la santé, n'est pas une publication de son époque. Sa maquette mériterait la palme de la ringardise. La publicité est proscrite. Aucun article n'est signé. Se prémunir contre toute influence, fuir l'éventuel conflit d'intérêts, telle est la ligne éditoriale. Avoir eu raison des années avant les autorités sanitaires, tel est le résultat.

En 1997, la toxicité du Mediator n'est pas encore établie. Mais la revue conclut son dossier en affirmant que le produit n'apporte rien et que mieux vaut le retirer du marché, ses effets n'étant pas connus. Une des multiples notes, au pied de l'article, est particulièrement intéressante : en 1995, la direction générale de la santé a pris un arrêté interdisant l'utilisation d'anorexigènes dans les préparations magistrales (effectuées dans les pharmacies). Sur la liste des produits prohibés figure le benfluorex. C'est-à-dire le Mediator, qui n'est que le nom commercial du benfluorex. Voilà donc une molécule interdite de commercialisation, sauf si elle est produite, mise en boîte et vendue par le laboratoire Servier. Premier mystère. Une plongée dans les archives de Prescrire, et les signaux d'alarme virent ensuite au rouge.

En 2005, le directeur de -l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps) exerce son droit de réponse. Dans un éditorial, l'agence a été mise en cause pour avoir maintenu sur le marché quatre médicaments, dont le Mediator. Ce produit, l'Afssaps s'en préoccupe, affirme en substance Jean Marimbert : les données ont été actualisées, une commission va à nouveau se pencher sur la question. La méthode (sans cesse commander de nouvelles études, éventuellement au laboratoire Servier) est à l'opposé de celle de Prescrire.

Dans les locaux de la rédaction, boulevard Voltaire, à Paris, des cellules de veille et de documentation nourrissent le travail des enquêteurs. Chaque rédacteur discute du sujet qu'il traite avec un référent, vérifie ses données avant de les soumettre à des lecteurs internes et externes (parfois une trentaine de personnes), puis à un autre rédacteur, et enfin à la direction. Pour les gros dossiers, le processus peut prendre jusqu'à neuf mois.

Le mensuel emploie 90 salariés, dont beaucoup, médecins ou pharmaciens en exercice, à temps partiel. Il a été créé en 1981 par un couple, Gilles et Danielle Bardelay - lui était médecin, elle pharmacienne - parti en retraite depuis trois ans. Son financement provient exclusivement de ses lecteurs, qui paient l'abonnement 257 euros par an. Avant l'affaire du Mediator, le nombre d'abonnés était de 29 000. A-t-il augmenté depuis ? La direction de la rédaction n'en a aucune idée - c'est dire si ses préoccupations sont loin d'être commerciales.

Dans le milieu de la santé, les rédacteurs de Prescrire sont considérés ou comme des "ayatollahs" hostiles à l'industrie, ou comme des résistants. Deux approches autour d'une question philosophique : à qui doit profiter le doute ?

Bruno Toussaint, le directeur de la rédaction, estime que, "pour les autorités sanitaires, quand il y a doute, il ne s'agit pas de mettre les patients à l'abri, mais de préserver les firmes pharmaceutiques".
Marie-Pierre Subtil 


Trop d'antidépresseurs inadaptés en France
23.12.10

Si l'on en croit les commentateurs, journalistes et professionnels de la santé, l'affaire du Mediator ne date pas d'hier. Les responsables politiques en auraient même été informés dès 1998. Aujourd'hui, la crainte exprimée par tous, ministre de la santé compris, c'est de voir cette affaire de médicament antidiabétique dégénérer et mettre à mal l'ensemble de la politique du médicament en France. Sur ce plan, certains commentaires commencent à évoquer le Prozac qui, à l'instar du Mediator, serait parfois prescrit comme "coupe-faim", donc hors indications. Mais si l'analogie Mediator/Prozac mérite réflexion, c'est moins pour cet usage inapproprié qu'en raison d'alertes qui, depuis des années, se multiplient concernant les antidépresseurs en général.

Inutile de revenir sur les conditions douteuses de mise sur le marché du plus connu d'entre eux, le Prozac. Inutile également d'insister sur ces études qui, publiées en 2008, montrent que les antidépresseurs ne sont guère supérieurs au placebo. Inutile surtout de rappeler l'"épidémie" de dépressions qui, entre 1980 et 1991, aurait soi-disant frappé 1 million de personnes en France. Toujours est-il qu'en 1995 et en 2006, peut-être intrigué par une telle "épidémie", le ministère de la santé a commandité des rapports sur la prescription-consommation de médicaments psychotropes en général, et d'antidépresseurs en particulier.

Rédigé par le psychiatre Edouard Zarifian, le premier rapport établit formellement une surconsommation d'antidépresseurs, évoquant à ce sujet "l'hypothèse (de) propriétés pharmacologiques méconnues (qui joueraient) un rôle dans la fidélisation des consommateurs". Quant à l'efficacité de ces médicaments pour la prévention du suicide, il note que "le taux de suicide augmente régulièrement (et que) la consommation d'antidépresseurs augmente également".

Établi en 2006 par un pharmacologue, Bernard Bégaud, et une psychiatre, Hélène Verdoux, le second rapport conclut : "L'analyse des prescriptions (de psychotropes) montre qu'il n'en est pas fait un bon usage en France" ; et, concernant les antidépresseurs, il souligne que, le plus souvent, leur prescription n'est pas adaptée et qu'elle instaure une dépendance préjudiciable. Ce dernier rapport n'a pas suscité davantage de réactions que le premier. Pire, deux ans plus tard, une responsable de l'Agence française de sécurité sanitaire et des produits de santé (Afssaps) déclare : "Il n'y a pas d'études sur l'utilisation (de ces antidépresseurs) en France ou sur un éventuel mésusage."

"SURMÉDICALISATION DU MAL-ÊTRE"


Durant l'été 2008 pourtant, une quinzaine de médecins lancent une campagne contre les antidépresseurs, estimant "urgent d'alerter l'opinion et les pouvoirs publics sur les dangers de cette surmédicalisation du mal-être". Pour toute réponse, le ministère de la santé s'emploie, l'été suivant, à supprimer du code de la santé publique l'obligation faite aux établissements de soin de "tenir compte des aspects psychologiques" des patients accueillis...

Mais, au mois de juillet 2010, en Vendée, un fait divers dramatique relance une nouvelle fois le débat sur le seul traitement médicamenteux de la souffrance psychique. Après s'être autoprescrit de la sertraline, un antidépresseur vendu sous le nom de Deroxat, un médecin généraliste tue femme et enfants et se donne la mort.

A cette occasion, on découvre qu'en 2001, aux Etats-Unis, une cour de justice a condamné le laboratoire SmithKline Beecham, propriétaire du Deroxat, à verser 6,4 millions de dollars aux proches des victimes d'un homme qui, consommant cet antidépresseur, avait tué toute sa famille avant de se suicider. David Healy, professeur de psychiatrie et de neuropsychopharmacologie à l'université de Cardiff, rappelle les risques encourus par la consommation de cette classe d'antidépresseurs : "En prenant ces traitements, beaucoup de gens deviennent hostiles, agressifs, suicidaires, perdent leurs inhibitions."

Le 20 décembre, interrogé au sujet du Mediator, le professeur Bernard Debré déclarait : "Ignorer, pour un politique, c'est une faute. Un ministre doit être responsable de son administration, quelle qu'elle soit. Il doit donc être au courant. S'il n'est pas au courant, c'est qu'il y a une faille dans la transmission." Face aux prescriptions démesurées d'antidépresseurs et aux risques redoutables qu'elles impliquent, tout le monde semble frappé par la passion de l'ignorance : pouvoirs publics, prescripteurs, consommateurs. Peut-on espérer comme effet secondaire de l'affaire du Mediator qu'elle mette un terme à cet aveuglement collectif ?

Pascal-Henri Keller, professeur de psychopathologie à l'université de Poitiers. Auteur de "Lettre ouverte aux déprimés" (Pascal, 2008).
 
Article paru dans l'édition du 24.12.10



Equanil : intérêt "faible", intoxications, mais 503 000 prescriptions par an
23.12.10 

C'est un cas d'école : un médicament posant de graves problèmes en cas d'absorption massive. Cela a amené l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps) à restreindre ses indications, mais il est toujours sur le marché. Commercialisé sous le nom d'Equanil par Sanofi-Aventis, le méprobamate a un service médical rendu jugé "faible" et fait l'objet d'un suivi national de pharmacovigilance.

Cet anxiolytique apparaît sur le marché français en 1956. Il a été largement utilisé pour traiter l'anxiété, mais aussi les difficultés à s'endormir, les contractures musculaires douloureuses et comme aide au sevrage chez les personnes alcoolo-dépendantes. En novembre, la commission de la transparence de la Haute Autorité de santé a rappelé que ce produit a été donné, hors des indications de l'autorisation de mise sur le marché, pour la maladie d'Alzheimer et les épisodes dépressifs.

Or les intoxications au méprobamate ne sont ni rares ni bénignes. Elles peuvent aller jusqu'au coma profond avec défaillance cardiaque en cas d'ingestion d'une dose importante. "Cela fait vingt ans que nous disons qu'il faut retirer l'Equanil du marché", s'emporte un médecin d'un centre régional de pharmacovigilance, qui ne souhaite pas être identifié.

"UNE HISTOIRE FRANÇAISE"

Depuis sa mise sur le marché, Sanofi-Aventis a rapporté 308 cas d'intoxication au méprobamate, parmi lesquels 100 surdosages, dont au moins 86 sont intentionnels et 77 ont entraîné des comas. L'Afssaps parle de "problème majeur" et a saisi les centres antipoison en 2004.

Pour Hélène Verdoux, professeur de psychiatrie à l'université Bordeaux-II, le méprobamate et sa famille représentent "des attentats à la santé publique" et "font partie des produits les plus dangereux, alors qu'il existe des alternatives (les benzodiazépines) ayant un profil bénéfice-risque plus favorable. On se demande pourquoi ils sont encore sur le marché."

En décembre 2000, l'Agence a entrepris une réévaluation des spécialités contenant du méprobamate. Elle a restreint, en février 2006, l'indication de l'Equanil en comprimés et de ses génériques à "l'aide au sevrage chez le sujet alcoolo-dépendant lorsque le bénéfice-risque des benzodiazépines ne paraît pas favorable". En 2009, Sanofi-Aventis a notablement diminué le nombre de comprimés par boîte. La notice du produit a été modifiée et les professionnels de santé ont été informés des changements par le laboratoire.

Selon des données de 2010, il y a eu, en un an, quelque 503 000 prescriptions d'Equanil en France, la forme injectable n'en représentant que 1 000. Président de la commission du médicament à l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris et exerçant depuis de nombreuses années diverses fonctions dans des commissions de l'Afssaps, le professeur Jean-François Bergmann reconnaît les difficultés à faire disparaître le méprobamate du marché : "C'est une histoire française. Les autres pays d'Europe ne veulent pas de ce médicament. Le jour où sortira l'affaire de l'Equanil, les uns et les autres seront aussi mal à l'aise qu'avec le Mediator."

Sollicité par Le Monde, Sanofi Aventis n'a pas souhaité faire de commentaire.
Paul Benkimoun 


Psychiatrie : deux visions opposées
20/12/2010

Deux Sevres  |  Thouars

Décidément, la psychiatrie fait couler beaucoup d'encre. Après les critiques de Gaby Richon, ancien chef du service (NR du 14 décembre), le directeur Maurice Birée lui répond. Et le collectif de défense de l'offre de soins apporte à son tour sa pierre à l'édifice, partageant l'analyse... de Gaby Richon.

Pour Maurice Birée, « trois ans après son départ du centre hospitalier Nord Deux-Sèvres, le Dr Gaby Richon, continue à s'exprimer sur la psychiatrie hospitalière comme si, depuis trois ans, rien n'avait évolué. Et pourtant, les équipes en place ont continué à prendre en charge les patients, mais sans doute différemment ! Ainsi, la fermeture temporaire d'une unité d'admission s'explique non pas du fait d'un manque de personnel mais de nouvelles pratiques médicales permettant une meilleure prise en charge du malade et de réduire de ce fait les durées de séjour. Ainsi, la réflexion sur le bassin thérapeutique se poursuit dans le cadre du projet de pôle aquatique avec les partenaires thouarsais (communauté de communes) et avec les kinésithérapeutes (projet AMAT). Avec une équipe médicale désormais solidement reconstituée et des équipes soignantes bien remotivées, le temps de la réflexion collective et constructive est arrivé pour élaborer un projet médical, soignant et immobilier de psychiatrie. »

Situation dégradée '' selon le collectif

On s'en doute, le collectif ne partage absolument pas cette vision : « Après avoir dit aux Thouarsais opposés au site unique qu'ils ne l'intéressaient pas (NR du 30 novembre), le directeur du centre hospitalier Nord Deux-Sèvres (CHNDS) vient maintenant leur dire que pour compenser l'éventuel départ des services à Faye-l'Abbesse, il allait loger la psychiatrie dans les locaux laissés vacants. Pour être crédible, la direction de l'hôpital aurait dû maintenir les effectifs de psychiatres et d'infirmiers, améliorer les conditions hôtelières et les équipements nécessaires à son développement. Aujourd'hui, comme pour d'autres services rattachés au site de Thouars, la situation de la psychiatrie est nettement dégradée et conforme à l'analyse que vient d'en faire le Docteur Richon, ancien chef du service. Le rattachement du secteur de Parthenay au Nord Deux Sèvres, pourtant inscrit dans le schéma régional d'organisation sanitaire 2 (SROS) puis dans le SROS3 n'a toujours pas été abordé. La psychiatrie mérite mieux que de vagues promesses non chiffrées, incompatibles avec un plan de financement du plateau technique unique qui hypothèque gravement l'avenir du CHNDS ».


Les Européens : heureux ou dépressifs ?
Par Pierre Jougla
24 décembre 2010 

La santé mentale reste encore un sujet largement tabou dans nos sociétés. Or cette question touche un grand nombre de citoyens : selon certains sondages les problèmes de fragilité mentale auraient concerné pas moins d’un Français sur deux au cours de leur vie. Autre chiffre fourni par la Direction de la Recherche, des Etudes, de l’Evaluation et des Statistiques (France), les secteurs de psychiatrie générale avaient suivi, en 2000, 1 150 000 patients, soit 62 % de plus qu’en 1989.

Un sujet capital auquel s’est intéressée la Commission Européenne et plus précisément la Direction Générale de la Santé et des Consommateurs (terrain réalisé en face-à-face du 26 février au 17 mars 2010, auprès d’un échantillon de 26 800 citoyens de l’Union Européenne). Délits d’Opinion et Euros du Village se sont penchés sur ces résultats.

Un verre à moitié plein…

Les Européens ont tout d’abord été interrogés sur la fréquence des émotions positives qu’ils ont ressenties au cours du mois précédant l’enquête : une majorité se disent heureux (61%), calmes et sereins (59%), pleins de joie de vivre (59%) et d’énergie (51%) la plupart du temps voire tout le temps. Les Finlandais et les Néerlandais se montrent les plus positifs (ils l’étaient déjà en 2006) sur ces dimensions. Les Français se démarquent peu si ce n’est qu’ils se disent plus volontiers heureux tout le temps (19%, pour 12% en moyenne).

…ou à moitié vide ?

Pour autant, ces émotions (bonheur, calme et sérénité, joie de vivre et énergie) ne sont ressenties que quelquefois par environ un tiers des Européens, rarement par environ un dixième et jamais par moins de 5%.

En outre, les Européens sont moins nombreux à dire ressentir ces émotions la plupart du temps voire tout le temps qu’en 2006 : -4 points sur le bonheur, la joie de vivre et l’énergie. Ces émotions sont aujourd’hui davantage ressenties de temps en temps.

Interrogés ensuite sur les émotions négatives qu’ils ont ressenties au moins quelques fois au cours du moins précédant l’enquête, les Européens confirment un constat inquiétant : un quart (25%) disent s’être sentis tellement malheureux que plus rien n’arrivait à leur remonter le moral. Un tiers (33%) disent s’être sentis démoralisés et déprimés, une majorité épuisés ou particulièrement tendus (respectivement 52% et 56%) et près des trois quarts (73%) fatigués. Entre un cinquième et un tiers des répondants disent aussi avoir parfois ressenti ces émotions négatives, toutes en hausse d’un à cinq points en 4 ans.

Les Grecs et les Italiens sont proportionnellement plus nombreux à exprimer des émotions négatives.

Sending out an SOS

15% des Européens ont cherché l’aide d’un professionnel pour un problème psychologique ou émotionnel au cours de l’année précédant l’enquête. La plupart d’entre eux se sont adressés à leur médecin généraliste (11%, en hausse de deux points), mais d’autres recours sont sollicités, notamment un(e) pharmacien(ne) (3%), un(e) psychologue (2%), un(e) psychiatre ou un(e) assistant(e) social(e) (1%).

C’est en Roumanie qu’on se tourne le plus vers un professionnel : 35% (+5 points), tandis qu’en Bulgarie (6%, -10 points), ou en Grèce (7%, -6 points) cette pratique redevient marginale.

Qu’on le voie comme une bonne chose (acception d’une difficulté et recherche d’assistance) ou une mauvaise (signe d’une plus grande détresse personnelle à l’échelle du pays), reste que le recours à un professionnel croît fortement et atteint de forts taux au Portugal (21%, +5 points), en Belgique (18%, +6 points), ainsi qu’en Espagne et en Lettonie (17%, +7 points). La France est aussi au dessus de la moyenne européenne : 17%, en hausse de 3 points en quatre ans.

Concurremment, 7% des Européens ont pris des antidépresseurs au cours de l’année précédant l’enquête. Localement, c’est le cas d’un Portugais sur 6 (15%) et d’un Lituanien, Maltais ou Français sur 10 (11% en Lituanie, 10% en France et à Malte).

A l’échelle Européenne, on notera que la consommation d’antidépresseurs est plus importante parmi les femmes, les personnes vivants seuls, les chômeurs, les retraités, et les plus faibles revenus.

Les premières causes de la prise d’antidépresseurs sont la dépression (51%) et l’anxiété (47%). Mais 16% les utilisent pour combattre des douleurs chroniques, et 8% pour améliorer leurs performance (surtout dans les pays qui sont devenus de nouveaux membres de l’UE en mai 2004 ou janvier 2007 : 16%, pour 5% dans les pays de l’Europe des Quinze).

Mens sana vs Corpore sano ?

Si les émotions que ressentent les Européens ne dressent pas un portrait particulièrement reluisant de la santé mentale du vieux continent, les problèmes d’ordre physique semblent davantage les handicaper au quotidien. 46% disent en effet avoir parfois accompli moins de choses qu’ils le souhaitaient au cours du mois précédant l’enquête à cause d’un problème émotionnel (dépression, angoisse), pour 58% à cause d’un problème de santé physique. De là à dire que les Européens somatisent…

Retrouvez les Euros du Village sur : http://www.eurosduvillage.eu

La mesure de la délinquance juvénile
Par CORINNE BENSIMON

Sociologue, Laurent Mucchielli, est directeur de recherches au CNRS. Auteur, avec Véronique Le Goaziou, de la Violence des jeunes en question (Champs social Ed., 2009), il anime un site d’analyse sur la délinquance et la justice (1).

«Je me suis toujours intéressé aux phénomènes de déviance. Après mon entrée au CNRS, en 1997, j’ai travaillé notamment sur la délinquance juvénile, interpellé par la distance croissante entre les résultats de recherche et les discours dominants.

«1997 est l’année où Jospin, Premier ministre, fait de la sécurité sa priorité, avec le chômage. La pensée sécuritaire s’impose : "Les jeunes sont de plus en plus violents ; autrefois, c’était les garçons, à présent, c’est aussi les filles ; autrefois seulement les villes, à présent aussi les campagnes. C’est la faute aux parents, à l’école, à la justice, laxistes." Ce discours décadentiste trahit une société en panne de projet. Mais quelle est sa part de vérité sur la délinquance ?

«Pour le savoir, j’ai compilé, avec Véronique Le Goaziou, trois types de données. Historiques, d’abord. Remontant aux années 60, nous découvrons que les "blousons noirs" suscitent des discours dénonçant une violence "nouvelle" de jeunes agissant en bande, auteurs de viols collectifs. En 2001, on dira pourtant que les "tournantes" sont inédites… (1)

«Ensuite, sur les chiffres, nous ne nous sommes pas contentés des statistiques de police qui comptent seulement les procès-verbaux. Nous avons étudié les enquêtes anonymes réalisées auprès d’échantillons représentatifs de la population, demandant aux gens s’ils avaient été victimes ou auteurs de violences, vols, etc.

«A notre surprise, ces enquêtes révèlent une stabilité des actes de délinquance, alors que les procès-verbaux dressés par la police à l’encontre des mineurs ont été multipliés par 2,5 au cours des trente dernières années.

«Conclusion ? Ce qui a évolué, ce n’est pas la délinquance mais le code pénal (durci) et le recours (croissant) à la procédure judiciaire pour des faits - insultes, bagarres, dégradations - gérés auparavant par les parents, voisins, enseignants, etc. Ce ne sont pas les jeunes qui ont changé mais les adultes et l’environnement social marqué par un délitement des solidarités de proximité (équipes d’enseignants, familles, etc.).

«A présent, je travaille sur l’évaluation des politiques de sécurité, par exemple la vidéosurveillance.»

(1) www.laurent-mucchielli.org