ÉTATS-UNIS • Les villes se mobilisent pour reloger les sans-abri
Un plan ambitieux vise à installer 100 000 sans-abri dans des logements pérennes d'ici à mi-2013. Cette campagne s'appuie sur un vaste réseau d'associations et mise sur la coopération des municipalités.
En 6 mois la campagne "100 000 Toits" est présente presque partout aux États-Unis.
C'est l'histoire d'un plan pour qu'il n'y ait plus de SDF aux Etats-Unis. Non pas une vague "guerre au problème des sans-abri", mais une action méthodique pour éliminer un énorme problème social. Chaque jour, approximativement 700 000 personnes passent la nuit dehors dans tout le pays. Parmi elles, 120 000 sont des sans-abri "chroniques". Elles vivent souvent dans la rue depuis plusieurs années et souffrent de toxicomanie, handicaps mentaux et maladies graves comme le diabète, le cancer et des affections du cœur. Sans aide directe, beaucoup resteront à la rue jusqu'à la fin de leurs jours.
Devant cette situation, une initiative baptisée 100 000 Homes Campaign [Campagne pour 100 000 toits] s'est donnée pour objectif de placer 100 000 sans-abri chroniques dans des logements pérennes d'ici à mi-2013, en ciblant ceux qui sont le plus en danger de mort. En matière d'aide sociale, c'est l'équivalent de la course de la NASA pour envoyer l'homme sur la Lune. Cette campagne n'atteindra peut-être pas son but, mais elle est en train de changer la façon dont les villes abordent un problème souvent considéré plus comme une nuisance que comme une urgence de santé publique.
Cette campagne a été lancée en juillet dernier par une association new-yorkaise appelée Common Ground, avec l'aide de vingt autres organisations spécialisées dans l'aide aux sans-abri, les anciens combattants, les personnes atteintes de troubles mentaux, le logement et les soins de santé. Elles ont déjà été rejointes par 64 municipalités. Pour l'instant, 6 816 personnes ont trouvé un toit, et les organisateurs affirment que les choses s'accélèrent. New York, Denver, Wichita, Kansas et Norfolk, par exemple, ont fait baisser le nombre de personnes vivant dans la rue de 25 % à 64 %. Elles sont parvenues à ce résultat en orientant les sans-abri vers des logements où ils bénéficient de services de soutien – entre 85 % et 90 % d'entre eux en ont fait leur domicile.
"Aucun système n'avait jamais été expressément mis en place pour sortir les gens de la rue et leur donner un toit", explique Rosanne Haggerty, fondatrice de Common Ground. L'association a aidé 20 villes américaines, dont New York, La Nouvelle-Orléans et Denver, à diminuer leur population de SDF. "Le problème n'est pas si difficile que ça à régler, mais il manquait le tissu conjonctif." Le principal rôle de la campagne est d'aider les villes à apprendre comment créer ce tissu.
Mme Haggerty a elle-même dû en faire l'apprentissage à la fin des années 1990 lorsque Common Ground a ouvert le Times Square Hotel, qui était alors la plus grande résidence du pays, et qu'elle a vu que cela ne faisait pas baisser le nombre de sans-abri autour de Times Square. Alors, en 2003, elle a lancé un programme appelé Street to Home [De la rue à un toit] et recruté une diplômée de West Point, Becky Kanis, qui avait passé neuf ans dans l'armée. Ensemble, elles sont allées trouver chacune des 55 personnes qui vivaient dans la rue près de Times Square pour les convaincre d'accepter un hébergement.
Elles voulaient savoir comment les gens vivaient dans la rue, et elles ont été choquées lorsqu'elles ont vu comment ils y mouraient, souvent entre 40 et 60 ans. Common Ground a également appris que la population des sans-abri se composait de plusieurs sous-groupes. L'association a maintenant interrogé 14 000 sans-abri chroniques et déterminé que 20 % sont des anciens combattants, 10 % sont âgés de plus de 60 ans, 4 % sont séropositifs, 47 % sont atteints d'une maladie mentale et 5 % restent dans la rue parce qu'ils ont des animaux et n'arrivent pas à trouver de logement qui les accepte.
De nouvelles municipalités rejoignant la campagne chaque mois, Common Ground a défini une marche à suivre type. Une organisation locale joue le rôle de coordinatrice et rassemble les soutiens des politiques, des entreprises, des ONG, des fondations et des bénévoles. L'une des premières choses à faire est de recruter des bénévoles locaux et de les envoyer dans la rue évaluer la vulnérabilité des sans-abri, ce qu'ils font entre 4 heures et 6 heures du matin trois jours d'affilée.
On pourrait penser qu'il est difficile de trouver des gens disposés à sortir avant l'aube pour aller poser à des étrangers des questions personnelles concernant leur santé. Pas du tout. A Phoenix, 175 personnes se sont présentées. A San Diego, 250. A Omaha, 75. Et, à Chicago, plus de 150 dont le maire, Richard Daley. A Phoenix, une fois les interrogatoires terminés, les organisateurs ont demandé aux bénévoles s'ils souhaitaient donner de l'argent – à coups de 1 000 dollars – pour aider les sans-abri à emménager et à se meubler. En dix minutes, ils ont réuni 50 000 dollars. "Ce n'était pas une assemblée de philanthropes", raconte Becky Kanis. "C'était juste des bénévoles."
"Nous pensons que cette campagne va beaucoup plus loin que l'aide aux sans-abri", ajoute Rosanne Haggerty. "Nous nous inquiétons tous pour des gens près de chez nous qui ont du mal à s'en sortir actuellement. C'est une façon de faire avec nos voisins une chose qui aide les plus vulnérables d'entre nous de façon spectaculaire. Et je crois que le sentiment de pouvoir changer les habitudes est quelque chose que beaucoup de monde recherche en ce moment."
Un plan ambitieux vise à installer 100 000 sans-abri dans des logements pérennes d'ici à mi-2013. Cette campagne s'appuie sur un vaste réseau d'associations et mise sur la coopération des municipalités.
En 6 mois la campagne "100 000 Toits" est présente presque partout aux États-Unis.
C'est l'histoire d'un plan pour qu'il n'y ait plus de SDF aux Etats-Unis. Non pas une vague "guerre au problème des sans-abri", mais une action méthodique pour éliminer un énorme problème social. Chaque jour, approximativement 700 000 personnes passent la nuit dehors dans tout le pays. Parmi elles, 120 000 sont des sans-abri "chroniques". Elles vivent souvent dans la rue depuis plusieurs années et souffrent de toxicomanie, handicaps mentaux et maladies graves comme le diabète, le cancer et des affections du cœur. Sans aide directe, beaucoup resteront à la rue jusqu'à la fin de leurs jours.
Devant cette situation, une initiative baptisée 100 000 Homes Campaign [Campagne pour 100 000 toits] s'est donnée pour objectif de placer 100 000 sans-abri chroniques dans des logements pérennes d'ici à mi-2013, en ciblant ceux qui sont le plus en danger de mort. En matière d'aide sociale, c'est l'équivalent de la course de la NASA pour envoyer l'homme sur la Lune. Cette campagne n'atteindra peut-être pas son but, mais elle est en train de changer la façon dont les villes abordent un problème souvent considéré plus comme une nuisance que comme une urgence de santé publique.
Cette campagne a été lancée en juillet dernier par une association new-yorkaise appelée Common Ground, avec l'aide de vingt autres organisations spécialisées dans l'aide aux sans-abri, les anciens combattants, les personnes atteintes de troubles mentaux, le logement et les soins de santé. Elles ont déjà été rejointes par 64 municipalités. Pour l'instant, 6 816 personnes ont trouvé un toit, et les organisateurs affirment que les choses s'accélèrent. New York, Denver, Wichita, Kansas et Norfolk, par exemple, ont fait baisser le nombre de personnes vivant dans la rue de 25 % à 64 %. Elles sont parvenues à ce résultat en orientant les sans-abri vers des logements où ils bénéficient de services de soutien – entre 85 % et 90 % d'entre eux en ont fait leur domicile.
"Aucun système n'avait jamais été expressément mis en place pour sortir les gens de la rue et leur donner un toit", explique Rosanne Haggerty, fondatrice de Common Ground. L'association a aidé 20 villes américaines, dont New York, La Nouvelle-Orléans et Denver, à diminuer leur population de SDF. "Le problème n'est pas si difficile que ça à régler, mais il manquait le tissu conjonctif." Le principal rôle de la campagne est d'aider les villes à apprendre comment créer ce tissu.
Mme Haggerty a elle-même dû en faire l'apprentissage à la fin des années 1990 lorsque Common Ground a ouvert le Times Square Hotel, qui était alors la plus grande résidence du pays, et qu'elle a vu que cela ne faisait pas baisser le nombre de sans-abri autour de Times Square. Alors, en 2003, elle a lancé un programme appelé Street to Home [De la rue à un toit] et recruté une diplômée de West Point, Becky Kanis, qui avait passé neuf ans dans l'armée. Ensemble, elles sont allées trouver chacune des 55 personnes qui vivaient dans la rue près de Times Square pour les convaincre d'accepter un hébergement.
Elles voulaient savoir comment les gens vivaient dans la rue, et elles ont été choquées lorsqu'elles ont vu comment ils y mouraient, souvent entre 40 et 60 ans. Common Ground a également appris que la population des sans-abri se composait de plusieurs sous-groupes. L'association a maintenant interrogé 14 000 sans-abri chroniques et déterminé que 20 % sont des anciens combattants, 10 % sont âgés de plus de 60 ans, 4 % sont séropositifs, 47 % sont atteints d'une maladie mentale et 5 % restent dans la rue parce qu'ils ont des animaux et n'arrivent pas à trouver de logement qui les accepte.
De nouvelles municipalités rejoignant la campagne chaque mois, Common Ground a défini une marche à suivre type. Une organisation locale joue le rôle de coordinatrice et rassemble les soutiens des politiques, des entreprises, des ONG, des fondations et des bénévoles. L'une des premières choses à faire est de recruter des bénévoles locaux et de les envoyer dans la rue évaluer la vulnérabilité des sans-abri, ce qu'ils font entre 4 heures et 6 heures du matin trois jours d'affilée.
On pourrait penser qu'il est difficile de trouver des gens disposés à sortir avant l'aube pour aller poser à des étrangers des questions personnelles concernant leur santé. Pas du tout. A Phoenix, 175 personnes se sont présentées. A San Diego, 250. A Omaha, 75. Et, à Chicago, plus de 150 dont le maire, Richard Daley. A Phoenix, une fois les interrogatoires terminés, les organisateurs ont demandé aux bénévoles s'ils souhaitaient donner de l'argent – à coups de 1 000 dollars – pour aider les sans-abri à emménager et à se meubler. En dix minutes, ils ont réuni 50 000 dollars. "Ce n'était pas une assemblée de philanthropes", raconte Becky Kanis. "C'était juste des bénévoles."
"Nous pensons que cette campagne va beaucoup plus loin que l'aide aux sans-abri", ajoute Rosanne Haggerty. "Nous nous inquiétons tous pour des gens près de chez nous qui ont du mal à s'en sortir actuellement. C'est une façon de faire avec nos voisins une chose qui aide les plus vulnérables d'entre nous de façon spectaculaire. Et je crois que le sentiment de pouvoir changer les habitudes est quelque chose que beaucoup de monde recherche en ce moment."
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