Bobards et médicaments
30.12.10
30.12.10
J'enrage d'entendre les responsables politiques de tous bords réclamer « la transparence » sur le circuit du médicament en France après le scandale du Mediator. J'enrage parce qu'ils nous font croire qu'ils découvrent seulement à l'aune de cette affaire que quelque chose ne tourne pas rond dans notre pays champion d'Europe de la consommation pharmaceutique. Incroyable cas d'école, le Mediator concentre tous les travers, depuis longtemps connus et analysés, du système.
Chaque scandale sanitaire s'accompagne de grandes déclarations d'intention et de demande de rapports qui finissent au fond d'un tiroir.
Prenons, par exemple, l'affaire du Vioxx. Accusé d'aggraver les risques cardio-vasculaires, cet anti-inflammatoire vedette du laboratoire américain Merck est retiré du marché mondial en septembre 2004. A juste titre, la mission d'information de la commission des affaires sociales du Sénat se penche alors sur les conditions de mise sur le marché et de suivi des médicaments. Après sept mois de travaux et plus de quarante auditions, un rapport exhaustif est rendu public en juin 2006.
Que dit-il ? Que le circuit des produits pharmaceutiques remboursés par la Sécurité sociale « souffre d'un manque de transparence et d'une trop grande dépendance vis-à-vis de l'industrie pharmaceutique ». Qu'à « tous les niveaux », les laboratoires sont omniprésents : financement des agences sanitaires, formation continue des médecins, conflits d'intérêts des experts chargés d'évaluer les produits. Qu'il faudrait développer les études post-AMM (autorisation de mise sur le marché) afin de mieux repérer les éventuels effets indésirables d'un produit pharmaceutique lors de son utilisation « en vie réelle » (et pas seulement sur un échantillon réduit de personnes lors des essais cliniques). Que l'industrie pharmaceutique « s'est imposée comme le premier vecteur d'information des professionnels de santé ». Qu'il ne faut donc pas s'étonner que la France soit confrontée à « des problèmes de prescriptions inadaptées et de surconsommation médicamenteuse ». Que, dès leurs études et tout au long de leur carrière, les médecins évoluent dans un environnement où « l'absence de neutralité » est la règle. Que, dans les facultés de médecine, la pharmacologie est « le parent pauvre » des enseignements. Que les milliers de visiteurs médicaux qui vont promouvoir les produits de leur firme dans les cabinets de ville « influencent les comportements de prescription ». Que les laboratoires « noyautent » la presse médicale.
Bref, en 2006, ce rapport du Sénat dénonce tout ce que l'on s'étonne de découvrir aujourd'hui. Alors, en 2011, on fait quoi ?
Sandrine Blanchard
Chaque scandale sanitaire s'accompagne de grandes déclarations d'intention et de demande de rapports qui finissent au fond d'un tiroir.
Prenons, par exemple, l'affaire du Vioxx. Accusé d'aggraver les risques cardio-vasculaires, cet anti-inflammatoire vedette du laboratoire américain Merck est retiré du marché mondial en septembre 2004. A juste titre, la mission d'information de la commission des affaires sociales du Sénat se penche alors sur les conditions de mise sur le marché et de suivi des médicaments. Après sept mois de travaux et plus de quarante auditions, un rapport exhaustif est rendu public en juin 2006.
Que dit-il ? Que le circuit des produits pharmaceutiques remboursés par la Sécurité sociale « souffre d'un manque de transparence et d'une trop grande dépendance vis-à-vis de l'industrie pharmaceutique ». Qu'à « tous les niveaux », les laboratoires sont omniprésents : financement des agences sanitaires, formation continue des médecins, conflits d'intérêts des experts chargés d'évaluer les produits. Qu'il faudrait développer les études post-AMM (autorisation de mise sur le marché) afin de mieux repérer les éventuels effets indésirables d'un produit pharmaceutique lors de son utilisation « en vie réelle » (et pas seulement sur un échantillon réduit de personnes lors des essais cliniques). Que l'industrie pharmaceutique « s'est imposée comme le premier vecteur d'information des professionnels de santé ». Qu'il ne faut donc pas s'étonner que la France soit confrontée à « des problèmes de prescriptions inadaptées et de surconsommation médicamenteuse ». Que, dès leurs études et tout au long de leur carrière, les médecins évoluent dans un environnement où « l'absence de neutralité » est la règle. Que, dans les facultés de médecine, la pharmacologie est « le parent pauvre » des enseignements. Que les milliers de visiteurs médicaux qui vont promouvoir les produits de leur firme dans les cabinets de ville « influencent les comportements de prescription ». Que les laboratoires « noyautent » la presse médicale.
Bref, en 2006, ce rapport du Sénat dénonce tout ce que l'on s'étonne de découvrir aujourd'hui. Alors, en 2011, on fait quoi ?
Sandrine Blanchard
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