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vendredi 5 mars 2021

Six livres pour enfants qui défendent la cause animale

Par  Publié le 02 mars 2021

Poétique, surréaliste, romantique, militant… Découvrez une sélection d’ouvrages sur tous les tons, pour sensibiliser les plus jeunes à partir de 2 ans.

Une ville de tout poil

« Le Paris des animaux », de Julien Baer et Sébastien Mourrain.

Qui a dit que les villes étaient inhospitalières pour les bêtes sauvages ? Ce drôle d’album aux accents surréalistes emmène le lecteur dans une visite guidée d’un tout autre Paris. Les escalators du Centre Pompidou deviennent un passage pour anacondas, les fouines dessinent leur propre plan de métro (c’est un léger bazar), le Musée de la chasse affiche des massacres d’un nouveau genre : les trophées ne sont pas des cerfs mais des chasseurs. Dans le bassin des Tuileries, le jet d’eau central est expulsé par une baleine. Très peu de mots, mais des bons, ce qui fait l’originalité de ce livre : il peut être lu à plusieurs niveaux, de la cocasserie des images pour les plus petits à la subtilité de l’humour pour les grands.

« Le Paris des animaux », de Julien Baer et Sébastien Mourrain (Hélium, 40 pages, à paraître le 3 mars). Dès 5 ans.

La fille du boucher

« Romy et Julius », de Marine Carteron et Coline Pierré.

Romy est une adolescente comme on aurait aimé l’être : cool, drôle, affirmée. La fille du boucher tombe amoureuse – à l’insu de son plein gré – du jeune militant antispéciste Julius, dont la clique n’est pas très bien vue dans le village (« les nouveaux »« ceux de la ville »). Dans une mise en abyme plutôt habile, les deux jeunes gens, qui répètent à la MJC une version contemporaine de Roméo et Juliette, vivent eux-mêmes le drame des Capulet et des Montaigu, à la sauce tartare. Le roman est porté par une écriture drôle, enlevée, chorale, jurons compris. Même si l’on soupçonne ces amoureux modernes de parler un peu mieux qu’ils ne le devraient, leur passion sonne juste. A mettre entre des mains d’adolescents traversés par leurs premiers émois.

« Romy et Julius », de Marine Carteron et Coline Pierré (Le Rouergue, 2020, 368 pages). Adolescents.

Respecter le vivant

« Respectons les animaux! », d’Ola Woldanska-Plocinska

Attention, album militant ! Vous qui entrez ici, dans ce grand fourre-tout de la cause animale, ne soyez pas certain d’en ressortir indemne, ni même avec des chaussures aux pieds (en tout cas, pas en cuir). Car c’est bigrement efficace : d’abord, un petit panorama historique de la relation homme-animal, qui rappelle que longtemps nous autres, êtres dotés de parole, ne fûmes pas les dominants dans cette affaire. Puis l’industrialisation, la chasse loisir, la torture des carpes (si, si), les tests cosmétiques, le traumatisme des feux d’artifice (eh oui) et, donc, les chaussures en cuir, tout y passe. Sur des notes plus positives, on y trouvera aussi des recommandations pour mieux respecter le vivant, la Déclaration universelle des droits de l’animal ou des éclairages sur l’intelligence des cochons. A bon entendeur…

« Respectons les animaux », d’Ola Woldanska-Plocinska, traduit du polonais par Nathalie Le Marchand (Casterman, à paraître le 3 mars, 80 pages). Dès 7 ans.

Un éléphant ça voyage énormément

« Jumbo, une vie d'éléphant », d’Alexandra Stewart et Emily Sutton.

L’histoire vraie de Jumbo l’éléphant a bien des vertus : elle incarne en un personnage attachant la prise de conscience progressive de la maltraitance animale à la fin du XIXe siècle. Né, comme tout éléphanteau d’Afrique qui se respecte, en Afrique, à la frontière entre le Soudan et l’Erythrée, Jumbo se retrouve catapulté à la ménagerie parisienne du Jardin des plantes, après des voyages harassants et des ventes en cascade ; puis au zoo de Regent’s Park, à Londres, où il rencontre son (ange) gardien, Matthew Scott, qui récupère un animal malade et blessé, veille sur lui jour et nuit et le remet sur pattes. Ce n’est que le début des aventures pour l’éléphant voyageur, qui connaîtra un autre continent, un cirque et une mort tragique.

« Jumbo, une vie d’éléphant », d’Alexandra Stewart et Emily Sutton, traduit de l’anglais par Ilona Meyer et Caroline Drouault (Editions des Eléphants, 2020, 48 pages). Dès 7 ans.

Ce silence assourdissant

« La Révolte », d’Eduarda Lima.

Il n’y a guère à lire dans ce livre. Peut-être parce qu’il fait la preuve que l’on peut être laconique et percutant en même temps : en quelques phrases, tous les animaux se taisent, et c’est un effroyable silence qui s’installe sur Terre. Peut-être aussi pour laisser parler les illustrations, une variation de rouges, bleus et verts où les poules en batterie, les loups sous la pleine Lune et les vaches laitières se révoltent, en arrêtant de faire ce que l’on attend d’eux. Spoiler : vous ne trouverez pas ici de happy end pour réconforter vos enfants (ou dissiper votre culpabilité d’acheter les œufs les moins chers).

« La Révolte », d’Eduarda Lima, traduit du portugais par Dominique Nédellec (La Joie de lire, février 2021, 40 pages). Dès 5 ans.

Tout en nuances

« Un jour d'été », de HeyJin Go

Pas besoin de savoir lire, ni même très bien parler, pour être happé par cet album aux images poétiques : des fonds marins dans de belles nuances de bleu gris, peuplés de coraux et poissons en tous genres ; des ours polaires assommés de chaleur qui semblent se lancer dans un concours de gymnastique aquatique ; et, en peu de mots, une réflexion sur les animaux en captivité, portée par une petite fille, à la fin de l’ouvrage. Tous les enfants trouveront là un moyen simple, peu culpabilisant, de s’identifier à une cause. Et le livre, publié par une petite maison d’édition qui se présente comme solidaire et responsable, ouvre la porte à des interrogations que les parents se chargeront d’éclairer.

« Un jour d’été », de HeyJin Go (Maison Eliza, 2019, 36 pages). Dès 2 ans.


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