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lundi 1 mars 2021

CheckNews Où en est-on dans la distribution des masques «inclusifs» ?

par Paola Guzzo  publié le 1er mars 2021

Le gouvernement s’était engagé à fournir des masques transparents aux enseignants qui travaillent avec des élèves sourds et malentendants, ainsi que dans les classes de maternelle. Finalement, il a fait marche arrière sur les maternelles.


Question posée par Florent le 23/02/2021

Transparent, et permettant de voir les lèvres bouger et les mots être formulés, le masque «inclusif», c’est la solution envisagée pour permettre aux plus de 10 000 élèves sourds ou malentendants de poursuivre leur scolarité en France dans de bonnes conditions, malgré la crise sanitaire. Les masques transparents se sont également avérés nécessaires pour de nombreux secteurs pour lesquels la visualisation de la prononciation est primordiale, c

omme les enseignants de maternelle ou le secteur de la petite enfance − ces derniers en ont été dotés en majorité par la CAF.

Sur France Inter fin août, le ministre de l’Education nationale, Jean-Michel Blanquer, déclare que des masques transparents, dits inclusifs seraient distribués «quand c’est nécessaire, pour les professeurs qui ont en charge des enfants malentendants», pour «les professeurs des classes Ulis [unités localisées d’inclusion scolaire, des classes particulières pour les élèves en situation de handicap, ndlr]», avant d’évoquer les «maternelles où ce serait nécessaire».Une commande de 300 000 unités est ensuite passée début septembre, comme il l’explique sur BFM TV. Le tout est confirmé début septembre par la secrétaire d’Etat chargée des personnes handicapées, Sophie Cluzel, dans le JDD : «L’Education nationale va en commander à l’usage des professeurs qui ont un élève sourd et tous les enseignants de maternelle.»

345 000 masques livrés

Six mois plus tard, où en sommes-nous ? Dans l’entourage des élèves sourds et malentendants, tout le monde, ou presque, semble avoir été doté. «Les masques inclusifs ont bien été livrés», indique Nicolas Eglin, président de la Fédération nationale des associations au service des élèves présentant une situation de handicap (FNASEPH).

Même réponse lorsque CheckNews appelle des écoles dans lesquelles il y a une ou plusieurs classes Ulis. «Il a fallu que je rappelle à l’inspection académique que nous avions des élèves malentendants, mais ça a été rapide, nous les avons reçus en novembre», explique-t-on au lycée professionnel Roger-Claustres de Clermont-Ferrand.

Deux commandes ont été effectuées par le ministère de l’Education nationale. La première, de 300 000 masques, a été faite le 13 novembre 2020, puis distribuée après les vacances de la Toussaint. La deuxième, de 45 000 masques, faite début décembre, a été livrée«entre décembre et janvier», après que le port du masque a été élargiaux enfants de 6 à 11 ans, précise le ministère à CheckNews.

A l’école élémentaire Paul-Bert à Grenoble, on remarque toutefois : «Nous avons reçu des masques inclusifs pour nos enseignants en classe Ulis et nos AESH [accompagnants des élèves en situation de handicap, ndlr], oui, mais pas pour la maternelle.»

Pourtant, les maternelles devaient initialement faire partie de la dotation ministérielle. Auraient-elles été oubliées ? Aucun doute là-dessus, selon le Syndicat national unitaire des instituteurs, professeurs des écoles et de collèges (SNUIPP-FSU), qui évoque beaucoup de territoires lésés et même des profs et des directions d’écoles qui auraient baissé les bras.

Benjamin Grandener, directeur de l’école élémentaire Langevin près de Lyon, est représentant syndical de la SNUIPP-FSU et délégué CHSCT (comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail) pour le Rhône : «Dans le Rhône, on a posé à multiples reprises la question de la disponibilité de ces masques, on nous a dit que c’était réservé aux écoles avec des enfants ayant des besoins, des enfants sourds et malentendants ayant besoin d’une labialisation.»

«On en aurait bien besoin en maternelle»

Une par une, les écoles maternelles contactées dans le Rhône, mais aussi dans le Val-de-Marne confirment : «On les attendait, ils ne sont jamais arrivés», souffle-t-on dans une maternelle de Grenoble. Et à l’école du Rhône, à Lyon : «On n’en a pas, c’est bien dommage. On a aussi des personnes malentendantes. On en aurait bien besoin en maternelle.»

Contacté, le rectorat de Lyon confirme ne pas avoir doté en masques inclusifs les maternelles. «Cela n’a jamais été envisagé. Pour le moment nous dotons ceux qui sont prioritaires, et réapprovisionnons régulièrement», répond-on. Même histoire, mêmes incompréhensions dans les autres rectorats qui ont répondu à CheckNews«Pour l’instant, c’est orienté, fiché, déficient auditif», nous confirme-t-on au rectorat de Grenoble. Pas de dotations prévues pour les maternelles non plus à l’académie de Clermont-Ferrand, qui a privilégié, comme pour Grenoble, les enseignants d’élèves malentendants, ainsi que l’entourage du personnel malentendant.

Après plusieurs relances, le ministère de l’Education a fini par reconnaître auprès de CheckNews : «Effectivement, les masques inclusifs ne sont pas destinés à tous les enseignants et élèves de maternelle. Finalement, c’était seulement pour les élèves sourds et malentendants, les AESH, les enseignants accueillant au sein de leur classe des élèves sourds et malentendants et les enseignants des Ulis.»

Enfin, vous nous avez également demandé si ces masques transparents étaient envisagés pour les élèves allophones, en apprentissage de la langue française. «Non. Nous avions mis une attention particulière dès le début de la crise pour accompagner les élèves en situation de handicap mais pour les allophones non»,répond le ministère. Certaines écoles prennent elles-mêmes des initiatives. Dotée en masque pour les enseignants de ses élèves malentendants, la directrice du lycée professionnel Roger-Claustres, à Clermont-Ferrand, a par exemple elle-même investi dans des masques transparents pour ses deux classes UPE2A (unité pour élèves allophones arrivants, ndlr) : «C’est aussi prioritaire pour eux. C’était ça ou on enlevait les masques. Et les enlever, ce n’est évidemment pas possible.»


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