Par Natacha Tatu Publié le 16 avril 2020
Que ce soit aux Etats-Unis ou en Seine-Saint-Denis, les premières victimes de la pandémie de coronavirus sont les plus démunies. Agissant tel un révélateur, le virus s’est introduit dans les failles de notre société… et les a soulignées.
Soudain devenus essentiels, ces « premiers
de corvée » sont aussi les plus exposés.
Ici, le 3 avril 2020, à Toulouse. (Frédéric Scheiber /
Hans Lucas via AFP)
On le pressentait depuis le début, c’est désormais une évidence. Cette pandémie, qui s’est abattue en Chine puis sur les pays les plus riches de la planète, est d’abord et surtout une maladie de pauvres. Après le personnel soignant, en première ligne, ce sont en effet les sans-grade, les caissières, les éboueurs, les aides à domicile, les femmes de ménage, les livreurs, tous les invisibles, les précaires, ceux dont les conditions de vie sont les plus difficiles, qui vont payer le plus lourd tribut au virus. Dans son allocution lundi, Emmanuel Macron a semblé en avoir pris la mesure :
« Il nous faudra nous rappeler aussi que notre pays, aujourd’hui, tient tout entier sur des femmes et des hommes que nos économies reconnaissent et rémunèrent si mal. »
Les « premiers de corvée »
Soudain devenus essentiels, ces « premiers de corvée » sont aussi les plus exposés. A plusieurs titres. D’abord parce que les métiers qu’ils exercent, en contact direct avec les autres, les mettent forcément en risque. Pour eux, pas de télétravail possible. Entre la peur d’être infectés et celle de se retrouver sans revenu, entre le Covid et la misère, le choix est vite fait… Actifs ou non, ils sont pour la plupart contraints de s’entasser dans des logements exigus, où la promiscuité favorise la contagion.
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