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mardi 14 avril 2020

Coronavirus : la réouverture « progressive » des établissements scolaires inquiète les enseignants

Alors que les écoles, collèges et lycées devraient rouvrir « progressivement » leurs portes le 11 mai, les professeurs craignent un retour prématuré.
Par  Publié le 14 avril 2020
L’annonce les a pris par surprise. Lundi 13 avril, les enseignants ont découvert dans l’allocution du président Macron que les établissements scolaires rouvriraient « progressivement » leurs portes à partir du 11 mai. Alors que les écoles, collèges et lycées sont fermés depuis le 16 mars pour lutter contre l’épidémie de Covid-19, un tout autre scénario avait circulé, ces derniers jours, dans les groupes WhatsApp d’enseignants, équivalents virtuels de la salle des professeurs : l’école ne reprendrait qu’en septembre, disait-on, et le gouvernement n’allait pas tarder à l’annoncer.
Les demandes du ministre de l’éducation nationale auront finalement été entendues. Selon un proche de Jean-Michel Blanquer, ce dernier plaidait pour un retour en classe avant les congés d’été, soucieux des conséquences sociales, scolaires et psychologiques du confinement. Au-delà de sa volonté de remettre le pays au travail – donc de prendre en charge ses enfants –, Emmanuel Macron semble avoir pris acte de ces inquiétudes, lorsqu’il déclare que « la situation actuelle creuse les inégalités » entre les élèvesen particulier « dans les quartiers populaires et les campagnes ».

« Sacrifier un peu vite les enseignants »

Sitôt annoncée, la perspective de reprendre le chemin de l’école dès le 11 mai a néanmoins soulevé de nombreuses questions. Comment expliquer la réouverture des établissements scolaires alors que les cafés, les restaurants, les cinémas et les théâtres resteront fermés ? « Dans mon lycée, avec 1 300 élèves, on dépasse largement la jauge d’un restaurant », dit, grinçante, une enseignante. « Nous étions pour la réouverture des écoles, si la situation sanitaire le permet, rappelle Francette Popineau, du SNUipp-FSU, majoritaire dans le premier degré. Mais les conditions ne sont pas réunies, puisque les cinémas restent fermés ! On rouvre les écoles pour relancer l’activité économique, en sacrifiant un peu vite les enseignants. » Le SNES, majoritaire dans le second degré, prévient d’emblée qu’« en l’état les personnels ne sont pas prêts » à reprendre le chemin des collèges et des lycées, indique Sophie Venetitay.

Les demandes du ministre de l’éducation nationale auront finalement été entendues. Selon un proche de Jean-Michel Blanquer, ce dernier plaidait pour un retour en classe avant les congés d’été, soucieux des conséquences sociales, scolaires et psychologiques du confinement. Au-delà de sa volonté de remettre le pays au travail – donc de prendre en charge ses enfants –, Emmanuel Macron semble avoir pris acte de ces inquiétudes, lorsqu’il déclare que « la situation actuelle creuse les inégalités » entre les élèvesen particulier « dans les quartiers populaires et les campagnes ».

« Sacrifier un peu vite les enseignants »

Sitôt annoncée, la perspective de reprendre le chemin de l’école dès le 11 mai a néanmoins soulevé de nombreuses questions. Comment expliquer la réouverture des établissements scolaires alors que les cafés, les restaurants, les cinémas et les théâtres resteront fermés ? « Dans mon lycée, avec 1 300 élèves, on dépasse largement la jauge d’un restaurant », dit, grinçante, une enseignante. « Nous étions pour la réouverture des écoles, si la situation sanitaire le permet, rappelle Francette Popineau, du SNUipp-FSU, majoritaire dans le premier degré. Mais les conditions ne sont pas réunies, puisque les cinémas restent fermés ! On rouvre les écoles pour relancer l’activité économique, en sacrifiant un peu vite les enseignants. » Le SNES, majoritaire dans le second degré, prévient d’emblée qu’« en l’état les personnels ne sont pas prêts » à reprendre le chemin des collèges et des lycées, indique Sophie Venetitay.
Dès mardi, des échanges doivent s’ouvrir entre l’éducation nationale et les organisations syndicales qui réclament déjà des « éclaircissements ». La FSU, le SE-UNSA et le SNPDEN (majoritaire chez les chefs d’établissement) seront entendus au cours de la journée en visioconférence. Les détails du dispositif scolaire seront sans doute connus avant le « plan de l’après-11 mai », promis « d’ici quinze jours » par le président Macron. Signe que la communauté scolaire ne peut être laissée « dans le plus grand flou », selon le mot de Stéphane Crochet, du SE-UNSA.
Le chef de l’Etat a en effet évoqué le fait « d’organiser différemment le temps et l’espace », sans donner plus de détails à ce stade. Comment la reprise des cours s’organisera-t-elle concrètement ? Tous les enfants reprendront-ils l’école en même temps ? Faut-il s’attendre à des variations géographiques, ou par tranches d’âge ? Va-t-on organiser des groupes d’une dizaine d’élèves par classe, comme pour les enfants de soignants accueillis depuis le début du confinement ? Et comment organiser les déjeuners qui amènent à eux seuls leur lot de questions sanitaires ?

« Accueil partiel »

La communauté éducative se demande aussi quel équipement elle aura, alors que le président a aussi évoqué le « matériel nécessaire » à la protection des enseignants et des enfants. « Si l’on parle de donner des masques à tout le monde, l’éducation nationale représente tout de suite une masse énorme, rappelle Jean-Rémi Girard, du SNALC. Il faut compter plusieurs masques par jour pour 12,4 millions d’élèves et 880 000 enseignants. » Emmanuel Macron a également mentionné des tests pour « toute personne présentant des symptômes »« or, la plupart du temps, les enfants n’en ont pas », s’inquiète un professeur des écoles parisien.
« Il faut compter plusieurs masques par jour pour 12,4 millions d’élèves et 880 000 enseignants », rappelle Jean-Rémi Girard, du SNALC.
Une seule certitude traverse ainsi l’ensemble de la communauté éducative : le 11 mai ne ressemblera pas à un « retour de vacances », car il semble déjà impossible d’assurer la reprise simultanée de l’ensemble des élèves. « Le dispositif pourrait imiter ce qui est déjà en place pour les enfants de soignants, dit Florence Delannoy, du SNPDEN-UNSA. Un accueil partiel, par petits groupes et réservé aux plus jeunes, pour permettre aux parents d’aller travailler. » Côté parents d’élèves, la FCPE prévient d’emblée que certains parents ne remettront pas leurs enfants à l’école. « Ceux qui ont les moyens de les garder chez eux ne s’en cachent pas, précise Rodrigo Arenas, le président de l’association. Et il ne faudra pas leur en tenir rigueur, si les mesures d’hygiène ne sont pas en place à la date prévue. »
Mardi matin sur France 2, Jean-Michel Blanquer a confirmé le scénario de classes en petits groupes. « Il est hors de question d’avoir des classes bondées dans la situation actuelle, a-t-il précisé. Il est possible que l’on ait une charge horaire moins importante pour les élèves. On peut très bien imaginer des petits groupes à certains moments de la journée et la suite se passe à distance, notamment pour les élèves les plus grands. »
Sur le terrain, de la maternelle au lycée, les enseignants sont partagés entre inquiétude et soulagement. Nombre d’entre eux se disent heureux de retrouver leurs classes, même pour peu de temps ou par petits groupes – avec une chance de « rattraper » les plus fragiles, ces « 5 % à 8 % d’élèves », selon les estimations ministérielles, qui n’ont pas pris part à la continuité pédagogique. Mais l’impossibilité concrète de respecter gestes barrières et distanciation sociale questionne. A l’école primaire, « mettre en place les gestes barrières est impossible », affirme Johanna Cornou, directrice d’école au Havre. « Mes élèves se déplacent dans la classe, ils manipulent un matériel commun. Pour eux et pour moi, il faudrait au moins cent masques par jour. »
Pas de retour à l’université pour les étudiants
 
Contrairement aux écoles, les universités n’accueilleront pas leurs étudiants à l’issue du confinement, qui se profile à compter du 11 mai. « Pour les étudiants de l’enseignement supérieur, les cours ne reprendront pas physiquement jusqu’à l’été, a déclaré Emmanuel Macron. Le gouvernement précisera pour chacun la bonne organisation qui sera nécessaire en particulier pour les examens et les concours. » Plusieurs universités avaient déjà pris les devants, comme celles de Nantes, de Corse, ou de Lille, en annonçant, dès la semaine dernière, la non-réouverture aux étudiants avant septembre. « Plus personne ne croyait à une reprise, reconnaît Franck Loureiro, du SGEN-CFDT, mais cette annonce permet que les choses soient claires, afin de réfléchir collectivement, dans ces conditions extraordinaires, à l’organisation de l’évaluation du semestre et de la validation de l’année universitaire. »

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