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lundi 1 juillet 2019

Cimetières écolos, enterrement le dimanche : Paris lance son big bang funéraire

Un premier espace réservé aux funérailles écologiques sera ouvert en septembre dans le cimetière parisien d’Ivry.
Par   Publié le 4 juillet 2019
Au « cimetière naturel »  du quartier de Souché à Niort (Deux-Sèvres), en octobre 2015.
Au « cimetière naturel »  du quartier de Souché à Niort (Deux-Sèvres), en octobre 2015. NICOLAS TUCAT / AFP
A Paris, la vague écolo atteint même le domaine de la mort. Dès septembre, un premier espace funéraire écologique sera en principe créé dans un des vingt cimetières qui dépendent de la Ville de Paris, celui d’Ivry (Val-de-Marne), à côté du 13e arrondissement. Objectif officiel : mettre en place « un lieu de recueillement et d’inhumation respectueux de l’environnement », afin de répondre aux demandes de plus en plus nombreuses de « funérailles écologiques ». Le projet sera soumis au conseil municipal qui doit se réunir à partir du 8 juillet.

Si les élus donnent leur feu vert, une petite partie du cimetière d’Ivry – soit 1 560 mètres carrés – sera réservée à ce type d’enterrements. Elle n’accueillera que des cercueils en carton, ou en bois d’essences françaises ou issus de forêts franciliennes. Les inhumations « auront lieu en pleine terre », précise le projet de délibération soumis au vote du conseil.
Pas de monument en surface (ils sont souvent en granite importé), ni de caveau en béton, un matériau dont la fabrication est vorace en énergie. Les tombes seront identifiées « par de discrètes stèles en bois d’essences locales »« C’est un peu un retour à ce qui s’est pratiqué à la campagne pendant des milliers d’années », dit en souriant un professionnel.

Soins limités

Le projet parisien pousse le souci de l’écologie plus loin encore. Ainsi les défunts devront-ils avoir reçu des soins limités : une toilette mortuaire, oui, mais pas de thanatopraxie, l’embaumement nécessitant l’usage de produits chimiques toxiques, comme le formol. De même, pour l’habillage du mort, « il sera demandé des fibres naturelles ». Enfin, les professionnels devront s’engager à creuser manuellement, et ce bout du cimetière sera aménagé « sous la forme d’un espace paysager, composé de prairies naturelles, et entretenu dans le respect de la biodiversité ».
Dans l’immédiat, cette nouvelle offre vise une cible réduite : à Ivry, il n’y aura de place que pour environ 150 concessions. Mais l’équipe d’Anne Hidalgo prévoit d’aménager « très rapidement » des espaces similaires dans d’autres cimetières parisiens situés dans des communes voisines. Thiais (Val-de-Marne) devrait être le prochain concerné, courant 2020, avant ceux de Bagneux (Hauts-de-Seine) et de Pantin (Seine-Saint-Denis).
Des tarifs spécifiques sont déjà prévus, moins chers que pour les enterrements classiques : la concession de 2 mètres carrés coûtera 294 euros pour dix ans, 882 euros pour trente ans, et 1 470 euros pour cinquante ans.
Paris devrait ainsi devenir une ville pionnière en matière de funérailles écologiques. Les « cimetières naturels » adaptés à ce type d’inhumations restent très rares en France, même si Niort a montré l’exemple avec celui ouvert dès 2014 dans le quartier de Souché.

Nouvelles attentes de la population

A huit mois des élections municipales, le projet d’Anne Hidalgo constitue évidemment un geste de plus en matière d’écologie, un des marqueurs principaux de son action. « Depuis 2015, Paris n’utilise déjà plus aucun pesticide dans les cimetières », rappelle Pénélope Komitès, l’adjointe chargée de ce dossier. Mais touche par touche, c’est toute l’offre de la ville en matière funéraire que la municipalité essaie d’adapter aux nouvelles attentes de la population.
« Dans notre domaine, il n’y a pas de rupture technologique, d’équivalent de l’iPhone X, commente Richard Feret, directeur général délégué de la Confédération des pompes funèbres et de la marbrerie, la première fédération patronale du secteur. Cela ne nous empêche pas de connaître une transformation lente mais profonde, marquée en particulier par l’essor de la crémation. »
Face à cet engouement, le conseil de Paris a déjà voté en juin la construction d’un deuxième crématorium, celui du Père-Lachaise étant saturé. L’affaire a suscité le débat, dans la mesure où la Mairie a choisi de confier l’actuelle et la future installation à un groupe privé, Funecap, mieux-disant que les services municipaux. Le projet a néanmoins été validé.

Inhumations le dimanche

Ce mois-ci, le conseil municipal doit aussi répondre à un autre besoin montant, celui des inhumations le dimanche. Héritage de la tradition chrétienne, les enterrements n’ont lieu aujourd’hui à Paris que du lundi au samedi. Mais de plus en plus de familles souhaitent organiser des cérémonies le dimanche, notamment pour faciliter le rassemblement de proches dispersés géographiquement. La demande émane aussi de musulmans et de juifs, dont la culture prévoit des funérailles dans un délai court, parfois un ou deux jours seulement après le décès. Inhumer le dimanche éviterait que des personnes mortes le vendredi soient enterrées le lundi, voire plus tard encore.
En début d’année, la perspective de pratiquer des enterrements dominicaux avait provoqué la colère du personnel concerné. Les cimetières parisiens étant déjà ouverts sept jours sur sept, la réforme ne touche guère les gardiens. Mais les agents administratifs, ceux qui sont chargés d’accueillir les proches, de vérifier les documents fournis, l’état des sépultures, etc., devront, eux, assurer en alternance une permanence tout le week-end. La CGT avait alors dénoncé un plan « dramatique » qui risquait d’interdire aux agents d’avoir une vie de famille le week-end, et une grève avait été déclenchée en mars.
La Mairie n’en a pas moins maintenu son projet. A partir du 6 janvier 2020, il sera possible d’être enterré le dimanche dans tous les cimetières parisiens, comme c’est déjà le cas à Sarcelles (Val-d’Oise) depuis 1997.
Pour calmer le jeu, le texte qui sera débattu la semaine prochaine au conseil de Paris rappelle que dix-sept postes d’agents des cimetières ont été créés en 2019, en plus de la cinquantaine qui existent déjà : « Un renfort important pour les équipes en semaine », mais aussi « un soutien » pour l’extension du service le week-end. Par ailleurs, la Mairie assure que les astreintes seront rémunérées. Et que le délai de six mois « laisse le temps nécessaire à la formation des nouveaux arrivants ».

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