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Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.

lundi 12 décembre 2022

Hélène Devynck : «Comme si le féminisme devenait hors la loi à l’approche de Gérald Darmanin»

par Hélène Devynck, Journaliste, autrice de "Impunité" (Seuil, 2022)  publié le 10 décembre 2022

Vendredi, à Nice, les forces de l’ordre ont tendu une bâche noire sur la devanture d’une librairie pour cacher des collages féministes avant la visite de Gérald Darmanin dans la ville. Mais l’opération n’a fait que montrer ce qu’elle voulait cacher : l’impunité accordée aux puissants, explique la journaliste, qui accuse PPDA de l’avoir violée en 1993.

La librairie Les Parleuses de Nice était bondée quand j’y suis venue mardi dernier. On avait poussé les tables, on s’entassait debout après avoir sorti toutes les chaises et distribué les plaids contre le froid de ce début décembre. Anouk et Maud, les libraires ont le féminisme érudit, joyeux, généreux et contagieux. Il y a eu de la fierté, de la gaîté et des larmes aussi quand, comme ça arrive immanquablement depuis la sortie de ce livre, les «moi aussi» étranglés de douleur ont été chuchotés avant de fermer boutique.

Le ministre de l’Intérieur était annoncé dans le quartier ce vendredi. Les colleuses de la ville ont été invitées à décorer la devanture. Au-dessus de mon livre, elles ont peint son titre sur des feuilles A4 : «Impunité.» A côté, elles ont collé des slogans de manifestations : «Qui sème l’impunité récolte la colère» et aussi «Victimes, on vous croit. Violeur, on vous voit.» Elles ont ajouté «Sophie, on te croit».

Justice - A Coutances, le procès d’un homme et du cannabis médical


par Charles Delouche-Bertolasi, envoyé spécial à Coutances (Manche)  publié le 10 décembre 2022

Poursuivi notamment pour usage, importation et détention de cannabis, ainsi que pour exercice illégal de la médecine et de la pharmacie, Philippe Pruvot comparaissait mercredi devant le tribunal de Coutances. Atteint de fibromyalgie, il soignait sa maladie et ses proches en fabriquant des gélules.

Ils sont serrés l’un contre l’autre sur le banc. L’audience de Philippe a pris du retard. Pour quelques minutes encore, c’est un jeune homme à la barre. Incarcéré à la maison d’arrêt du coin, accusé de s’être servi de sa compagne au parloir pour glisser un bout de shit derrière les murs, vite relaxé. En ce mercredi d’automne, la petite salle du palais de justice de Coutances (Manche) est quasi vide. A l’entrée, le policier en faction liste à bas mots les affaires judiciaires du moment. «Beaucoup de stupéfiants.»

Psychanalyse Bernard Vernier, l’essence du prénom

par Geneviève Delaisi de Parseval, psychanalyste   publié le 8 décembre 2022

En se basant sur l’hypothèse de Stekel, l’anthropologue français démontre l’importance du prénom dans nos choix affectifs.

publié le 8 décembre 2022 à 5h43

Il est très rare qu’un anthropologue s’intéresse de si près, textes en main, à la psychanalyse. Bernard Vernier est spécialiste depuis longtemps de la question des ressemblances dans la famille et plus largement, dans la parenté. Mais, dans ce livre, il va plus loin que dans ses observations de terrain : il a décidé de faire ressortir, statistiques à l’appui, la logique à laquelle obéit l’économie affective des sociétés qui utilisent les prénoms d’origine familiale. On est littéralement fasciné parce que Vernier appelle le «fétichisme onomastique» en amour. Stekel, contemporain de Freud avait déjà parlé du déterminisme du nom (1911). Quant à Groddeck, il avait écrit en 1916 : «On épouse la plupart du temps un prénom… […] A trois ans on a aimé un certain Hans et plus tard on épousera un Hans. Entre le premier et le dernier Hans, il y a toute une série de Hans.» Dans une lettre à Thomas Mann, Freud avait lui-même analysé le mariage de Napoléon qui s’est décidé à épouser Joséphine, une jeune veuve plus âgée que lui sur laquelle il avait transféré une partie du tendre attachement qu’il portait à son frère aîné Joseph (l’absence de descendance était la cause du divorce, on le sait).

Sorry not sorry Le «mode gobelin» nommé «mot de l’année 2022» par le dictionnaire Oxford

par Kim Hullot-Guiot   publié le 7 décembre 2022

Le «goblin mode» désigne une attitude consistant à se laisser vivre et à ne surtout pas s’en excuser. Un terme à rebours des injonctions à s’améliorer constamment et à se présenter en toute situation sous son meilleur jour.

Se mettre «en mode gobelin», ça vous dit quelque chose ? Non ? Ça doit être parce que, comme nous, vous êtes trop vieux pour passer vos journées sur TikTok. C’est là, semble-t-il, que le terme a gagné en popularité, au point d’avoir été élu «mot de l’année 2022» du dictionnaire britannique Oxford, édité par Oxford University Press, rapportait le Guardian lundi. Pour la première fois, c’est le public qui choisissait, et il a plébiscité (devant «métavers») ce terme qui désigne, selon le quotidien, «un type de comportement qui ne s’excuse pas d’être complaisant envers soi-même, paresseux, négligé, ou glouton, typiquement d’une façon qui rejette les normes ou les attentes sociales».

dimanche 11 décembre 2022

Marie Cau, première maire transgenre : « Mon mensonge était une prison »

Par   Publié le 11 décembre 2022

ENTRETIEN « Je ne serais pas arrivée là si…  » Chaque semaine, « Le Monde » interroge une personnalité sur un moment décisif de son existence. Marie Cau, élue du Nord, revient sur sa jeunesse douloureuse et la prise de conscience de sa transidentité.

Marie Cau, à l’hôtel Vernet, à Paris, le 21 octobre 2022.

Elue maire de Tilloy-lez-Marchiennes dans le Nord en 2020, Marie Cau, 57 ans, est devenue la première femme transgenre à accéder à un tel mandat. Une double reconnaissance qu’elle savoure après un long combat pour s’assumer et s’aimer.

Je ne serais pas arrivée là si…

Si je n’avais brusquement compris, en lisant la phrase de saint Jean « la vérité t’affranchira », que je ne pouvais plus continuer à me mentir à moi-même et aux autres. Que mon mensonge était une prison, comme l’était ce corps d’homme dans lequel j’étais née alors que tout en moi était féminin. Il était urgent que je me libère en assumant enfin qui j’étais : une femme trans.

Comment interpréter le silence ? La Chronique linguiste de Laélia Veron







Une pause rapide, pour reprendre son souffle, c’est environ 1/5e de seconde. A partir de 2 secondes, c’est un silence – qui peut rapidement devenir gênant. A quoi servent les silences ?


Dans « Les Rencontres du Papotin », des journalistes autistes dynamitent les carcans de la télé

Publié le 10 décembre 2022

Dans « Ecran total », les journalistes du « Monde » décryptent ces images omniprésentes dans nos vies. Cette semaine, Nicolas Santolaria applaudit cette émission à part de France 2, où des personnes autistes renouvellent complètement l’exercice de l’interview.

« Les Rencontres du Papotin » avec Camille Cottin.

On est rarement surpris en regardant la télé. Dans le poste, les journalistes parlent comme des enceintes connectées et les invités, tout aussi robotisés, leur répondent en débitant leur argumentaire sur l’air de l’authenticité. Alors, quand on tombe, en zappant, sur « Les Rencontres du Papotin » (France 2), on sent tout de suite qu’on est là face à quelque chose de profondément différent, un espace où la parole semble s’être libérée de ses chaînes, virevoltant entre poésie pure et sincérité désarmante.

Diffusé sur le service public depuis la rentrée et lancé par les cinéastes Eric Toledano et Olivier Nakache, ce magazine d’interviews reprend le principe du journal papier Le Papotin (parution aléatoire), dont la rédaction compte une cinquantaine de journalistes non professionnels atteints de troubles du spectre autistique (TSA). Cette fois devant les caméras, ces amateurs, en réalité bien plus perspicaces que les « pros », interviewent une personnalité, avec une seule règle de conduite : « On peut tout dire au “Papotin”, mais, surtout, tout peut arriver ! »

L’anonymat sur les réseaux sociaux est-il un facteur de liberté ? La psychanalyste Claude Halmos répond

Publié le 10 décembre 2022

CHRONIQUE

« Le divan du monde ». Dans cette chronique, la psychanalyste s’appuie sur vos témoignages et questionnements pour décrypter comment l’état du monde percute nos vies intimes.


La possibilité de cacher son identité dans l’espace public, en s’y présentant sous un pseudonyme, a toujours eu deux fonctions, très différentes. Elle permet à ceux qui doivent, pour parler ou agir, braver des interdits de (tenter) d’échapper à la répression qui menace leur liberté, leur emploi ou leur vie. Les militants, les résistants comme les lanceurs d’alerte peuvent – et c’est heureux – en user. Mais elle a aussi une autre fonction, moins noble, celle de permettre d’accomplir, en restant caché, des actes qui portent préjudice aux autres : dénonciations, harcèlement, diffamation, appels à la haine.

Ces deux possibilités sont à l’œuvre aujourd’hui sur les réseaux sociaux, et la seconde, qui génère de nombreux débats, conduit beaucoup d’intervenants à demander la suppression du « pseudonymat ». Notre propos n’est pas de prendre parti sur ce point, mais d’interroger ce que la possibilité du masque (autrement dit le pseudonyme) peut provoquer dans les têtes, et notamment dans celles des plus jeunes.

Que représente, psychologiquement, le recours à un pseudonyme ?

Les tenants du recours aux pseudonymes sur les réseaux s’appuient en général sur deux arguments. Ils contestent d’abord l’impunité que ces alias donneraient aux auteurs d’infractions, en rappelant qu’il est possible aux autorités de rechercher l’identité qu’ils cachent. C’est incontestable, mais il n’en reste pas moins que, même sans leur donner, dans la réalité, l’impunité, les pseudonymes accroissent certainement les fantasmes d’impunité de ces auteurs. Ils ne sont pas en effet sans connaître les difficultés d’une telle recherche ; difficultés qui, majorant l’impuissance de leurs victimes, peuvent d’ailleurs renforcer leur propre sentiment de toute-puissance.

samedi 10 décembre 2022

« Les usagers du système de santé ont besoin de mesures concrètes pour avoir accès au bon professionnel, au bon moment »

Publié le 10 décembre 2022

TRIBUNE

Des soignants, des associations de patients, ainsi que des professionnels de santé cosignent dans une tribune collective au « Monde » pour défendre les infirmiers en pratique avancée, un maillon essentiel pour renforcer l’accès aux soins.

La profession d’infirmier en pratique avancée (IPA) a été créée en 2018, en réponse aux inégalités sociales et territoriales dans l’accès aux soins. Alors que nous assistons à une diminution de la densité médicale, les besoins croissants de prévention, le vieillissement de la population et ses conséquences ainsi que l’explosion des maladies chroniques ont conduit à transférer de nouvelles compétences aux infirmiers en créant la profession d’IPA.

La pratique infirmière avancée est centrée sur les besoins des personnes. Elle repose sur un savoir infirmier approfondi et un solide jugement clinique permettant un haut niveau d’autonomie et de responsabilité. La formation de ces infirmiers experts (deux années d’études supplémentaires en faculté de médecine), est sanctionnée par un diplôme d’Etat colligeant au grade master.

Interview Maxime Rovere : «Les disputes dans une famille ou dans un couple sont des opportunités de soigner des blessures»

par Anastasia Vécrin  publié le 9 décembre 2022 

Le philosophe s’est penché sur les mécanismes qui régissent nos disputes du quotidien, et ceux qui nous permettent d’en sortir par le haut. Chaque conflit, avance-t-il, porte en lui la possibilité d’exprimer ce qui vaut la peine d’être partagé : ce pour quoi on souffre. 

Un petit mot qui ne passe pas, une vieille embrouille qui resurgit sur la table ou une révélation fracassante. Préparez-vous, les réunions de fin d’année approchent, moments qui ne devraient être que joie et amour quand, sans prévenir, voilà qu’une querelle éclate et gâche tout. Vaine, la dispute n’en reste pas moins une expérience douloureuse, traumatisante et banale. Après avoir examiné le sujet des cons et leur capacité à nous pourrir la vie, c’est sur nos querelles du quotidien que se penche le philosophe Maxime Rovere. Hélas, son dernier essai Se vouloir du bien et se faire du mal (Flammarion) ne donne pas de recettes toutes faites pour éviter les disputes. Mais en révélant les interactions dans lesquelles nous sommes pris, la façon dont circule la souffrance entre les individus et les différentes sphères de l’existence, le philosophe ouvre la voie à une dépersonnalisation des événements, clé précieuse pour comprendre les orages qui nous tombent sur le nez et éviter de basculer dans le reproche. Plutôt que de chercher à l’éviter, la crise pourrait être l’occasion d’une révélation.

Sam Szafran, un peintre vertigineux

Samedi 10 décembre 2022

Sam Szafran, Végétation dans l'atelier, 1880, Aquarelle et pastel sur papier. Collection particulière. (Détail) ©Radio France - Exposition Sam Szafran, Musée de l'Orangerie, Paris 2022. C. Amar

Rencontre autour de la figure du peintre Sam Szafran (1934-2019), avec Julia Drost et Jean Clair


Avec
  • Jean Clair écrivain et historien de l’art
  • Julia Drost Historienne de l'Art

Alain Finkielkraut s'entretient avec Julia Drost, co-commissaire avec Sophie Eloy, de l'exposition, Sam Szafran, Obsessions d'un peintre, au Musée de l'Orangerie à Paris et Directrice de recherche au Centre Allemand d'Histoire de l'Art, et Jean Clair, Conservateur général du patrimoine et auteur d'un livre d'entretiens, intitulé, Sam Szafran, Un gamin des Halles, Conversation avec Jean Clair et Louis Deledicq.

" (...) Samy, le gamin des rues, était le familier des Halles avant leur destruction, quand elles étaient encore le repaire de la faune brutale des vendeurs, voleurs et prostituées. Petit à petit, lentement, il a élaboré une peinture à la sensibilité raffinée, d’une grande érudition. Le barbouilleur, ignorant tout de l’enseignement de sa pratique, deviendra l’un des plus grands peintres de son temps." Jean Clair, Sam Szafran, Un gamin des Halles (éd. Flammarion).

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Écoles : les bienfaits de la neuro-éducation sont-ils surévalués ?

Marion Rousset   Publié le 09/12/22

En matière éducative, méfions-nous des solutions miracles : le chercheur en psychologie du développement Édouard Gentaz met en garde contre la fascination qu’exercent les neurosciences sur les politiques scolaires. Il publie un ouvrage à ce sujet. Rencontre.

La neuro-éducation est à la mode. Consacrée par le précédent ministre de l’Éducation Jean-Michel Blanquer, qui avait créé un Conseil scientifique de l’Éducation nationale présidé par le chercheur Stanislas Dehaene, elle est souvent présentée comme un remède à tous les maux de l’école. Édouard Gentaz, professeur de psychologie du développement, publie un ouvrage intitulé Neurosciences à l’école. Leur véritable apport (éd. Odile Jacob) qui met en garde contre les « neuro-illusions » de l’époque. De quoi doucher l’enthousiasme suscité par cette spécialité qui repose sur l’imagerie médicale.

Nounous africaines à Paris : trop présentes pour être visibles ?

Publié: 8 décembre 2022

Les Femmes du square, sorti le 18 novembre 2022, de Julien Rambaldi, témoigne du parcours précaire des 'nounous' originaires d'Afrique subsaharienne.

‘Les Femmes du square’, sorti le 18 novembre 2022, de Julien Rambaldi, témoigne du parcours précaire des ‘nounous’ originaires d'Afrique subsaharienne. Allociné

Le marché de la garde d’enfants est en plein essor. L’offre d’accueil des jeunes enfants dans les grandes villes comme Paris ne suffit pas à absorber toute la demande de garde. Face à ce déficit, de nombreuses femmes immigrées d’Afrique subsaharienne en difficulté d’insertion professionnelle, ont trouvé dans les services de garde à domicile une niche d’emplois.

Certaines d’entre elles ont laissé leurs enfants dans leurs pays natals, sur le continent africain. D’autres les font garder par des parents pour pouvoir garder elles-mêmes les enfants d’autres femmes. Leur parcours de nounous est constitué d’expériences sans cesse renouvelées dans différentes familles. Ce qui a pour conséquence de les rendre précaires.


Maisons de correction. « À 10 ans, l'envie de mourir » : le témoignage de Yolande

Kareen Janselme   Publié le  Vendredi 9 Décembre 2022


De 8 à 21 ans, Yolande Scarponi, a été confiée par l’État à la congrégation du Bon Pasteur, où elle a été humiliée et battue, comme des milliers de jeunes filles. Pour demander réparation, elle manifeste ce vendredi matin devant le ministère de la Justice. TÉMOIGNAGE.

Derrière l’image d’Épinal, d’anciennes pensionnaires dénoncent sévices et travail forcé. Studio Henri Manuel/issue de la collection de l’école nationale de protection judiciaire de la jeunesse

Derrière l’image d’Épinal, d’anciennes pensionnaires dénoncent sévices et travail forcé. Studio Henri Manuel/issue de la collection de l’école nationale de protection judiciaire de la jeunesse

Les « mauvais garçons » étaient orientés vers des internats publics. Les « mauvaises filles » (1) dans des congrégations religieuses. Depuis un an, l’association les Filles du Bon Pasteur et ses 166 adhérentes ­dénoncent les agressions, violences sexistes et sexuelles subies par les pensionnaires dans quarante institutions en France. Plus de 300 récits ont été recueillis par leur avocat Frank Berton pour réclamer une enquête parlementaire afin que l’État et la congrégation reconnaissent leur responsabilité dans ces violences. Yolande Scarponi, 65 ans, nous livre le sien.

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«Freud, passions secrètes», voir la vie en névrose

par Nathalie Dray   publié le 9 décembre 2022

Rimini Editions ressort en coffret le faux biopic de John Huston, sorti en 1962. Un film haletant sur les pas du fondateur de la psychanalyse qui mélange fantastique, suspense et aventure.
publié le 9 décembre 2022 à 19h10

Freud, qui doutait qu’on puisse faire de ses «abstractions une présentation plastique qui se respecte», aurait probablement eu des réserves sur ce faux biopic (mais vrai thriller mental) du père de la psychanalyse auquel Huston s’attelait en 1962, d’abord avec puis sans le scénario de Sartre, trop long donc inadaptable. On ne le saura jamais et peu importe. L’inconscient ne produit-il pas ses propres images, codées et mouvantes ? Et en épouser les méandres impénétrables se révèle être la plus palpitante des enquêtes, aussi incertaine que terrifiante. D’où l’idée géniale du cinéaste d’affranchir de tout didactisme ce portrait, auquel Monty Clift, incroyablement habité, prête son regard perçant et torturé, pour l’inscrire dans le cinéma de genre, entre film noir et trouées fantastiques, suspense et aventure intérieure, aidé en cela par le noir et blanc soyeux de Douglas Slocombe et les dissonances inquiètes de Jerry Goldsmith.

Lettre ouverte à Emmanuel Macron

Paris, le samedi 10 décembre 2022

 De toutes parts, des appels sont lancés au gouvernement et au Président de la République pour décrire les difficultés de notre système de santé et la dégradation des soins dispensés aux Français. Dans Le Monde, la semaine dernière, 10 000 soignants intervenant en pédiatrie évoquaient ainsi à l’intention d’Emmanuel Macron les enfants hospitalisés sur des brancards, les transferts à des centaines de kilomètres et les sorties trop précoces. Le Collectif santé en danger qui regroupe de nombreux syndicats et associations de professionnels a également choisi de s’adresser directement au chef de l’Etat, afin de lui décrire le désarroi de ceux pour qui soigner était une vocation. « Les soignants de ce pays sont déçus et découragés de ne pas se sentir entendus » écrit-il espérant que ce nouveau cri d’alarme, qui compte également de nombreuses propositions, tant pour l’hôpital que pour la ville, sera enfin écouté. Les colonnes du JIM lui sont ouvertes

Par le Collectif santé en danger

Monsieur le président de la République, Emmanuel MACRON Madame la Première ministre, Élisabeth BORNE
Monsieur le ministre de la Santé et de la Prévention, François BRAUN
Madame la ministre déléguée auprès du ministre de la Santé et de la Prévention, Agnès FIRMIN LE BODO
Madame la directrice générale, Santé Publique France, Geneviève CHÊNE L’ensemble des Français


« Ce n'était peut-être pas parfait mais tout est à l’imparfait maintenant…
Avant, j’avais foi en cette passion qui était devenue mon métier. Avant, je croyais qu’aimer l’Humain suffisait à faire les choses “comme il faut”.
Avant, j’espérais que dans un pays comme le nôtre nous ne pourrions que faire mieux encore et encore…
Avant, quand je disais à une patiente “je reviens”, je revenais vraiment.
Avant, je pouvais les regarder droit dans les yeux en leur assurant que le meilleur serait fait. Avant, je partais bosser avec tellement de plaisir.
Avant, je me souvenais de chaque nom de chaque patiente.
Aujourd’hui, en plus de me sentir complice d'un système de santé qui meurt, je suis épuisée et je m’évertue à éviter le pire à défaut de pouvoir faire le mieux.
Aujourd’hui, je passe mon temps à m’excuser de ne jamais avoir pu revenir.
Aujourd’hui, j’ai appris à prier très fort pour qu’on ne me pense pas maltraitante, simplement parce que je n'ai plus le temps.
Aujourd’hui, je refuse de devenir une soignante qu'on m’impose d’être faute de moyens. Aujourd’hui, je n’y crois plus, tout simplement. »

Ce témoignage reçu par le Collectif Santé en danger pourrait être transposé et écrit par n’importe quel soignant de notre pays aujourd’hui.

Le système de santé s’effondre. Dix millions de nos concitoyens peinent à trouver un médecin de famille. Les délais de rendez-vous chez un médecin (généraliste ou spécialiste) s'allongent partout en France. Des nourrissons sont transférés à des centaines de kilomètres de leur famille. Régulièrement, des molécules de base, telles que le Paracétamol sont introuvables en officine. Des enfants nécessitant des soins sont hospitalisés et isolés en service de psychiatrie adulte. Des personnes invalides ou handicapées ne trouvent pas d’aides à domicile, afin de pouvoir vivre correctement. Des malades meurent sur des brancards aux Urgences et dans les services à cause de reports successifs.

Les soignants de ce pays sont déçus et découragés de ne pas se sentir entendus par leurs tutelles, souffrent de ne pouvoir offrir les meilleurs soins aux patients et sont las de devoir se battre à chaque niveau des prises en charge qui leur incombent. Les médecins parlent de déplaquer ou de se déconventionner. Les internes sont en grève et désespérés, les étudiants abandonnent en cours de formation. Les paramédicaux fuient les établissements de santé, se reconvertissent ou s’expatrient. La souffrance au travail, pour ceux qui restent, est à son paroxysme. Trois professionnels de la santé se suicident tous les deux jours. Les faits divers et de violences se multiplient.


Chez les fous, Albert Londres

 La Cause Littéraire

Ecrit par Sophie Galabru 29.10.12 

Chez les fous, Albert Londres

 

« Loi de 38 secret professionnel vous ne verrez pas la vie des fous (…) alors j’ai cru qu’il serait plus commode d’être fou que journaliste ».

 

Voici résumés le ton, la forme, la démarche journalistique et poétique d’Albert Londres. Nous pourrions dire que ce livre se veut être l’investigation d’un journaliste sur le milieu psychiatrique et asilaire du début du XXe siècle, où l’on trouve quelques données statistiques, quels constats effarants sur la cruauté des conditions et des traitements – camisoles, ceintures de force, cordes coûtant moins cher que des baignoires, on ligote au lieu de baigner –, des observations philosophiques sur la place sociale du fou, un certain point de vue politique lui-même sur ce que le traitement de la folie révèle d’une civilisation. Mais après tout ce n’est pas seulement pour cela que vous lirez ce livre, il y a tout ceci et plus que ceci. Albert Londres exerce un journalisme tout particulier où se mélangent l’observation personnelle, voire affective, une ironie et beaucoup d’humour, un récit oscillant entre l’observation et la narration romanesque, toujours porté par la poésie des fous dont il relate la parole.


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vendredi 9 décembre 2022

Fin de vie : ce que les religions disent du suicide (assisté ou non)

Par    Publié le 10 décembre 2022

Les représentants des principales religions françaises montent au créneau pour s’opposer à toute éventuelle loi qui autoriserait l’euthanasie active ou le suicide assisté. Une unanimité traduisant leur conception unanime de la sacralité de la vie.

Une malade atteinte d’une forme incurable de cancer tient la main de son compagnon, à Pont-à-Mousson (Meurthe-et-Moselle), le 1er juin 2018.

« Il n’y a qu’un seul problème philosophique vraiment sérieux : c’est le suicide. Juger que la vie vaut ou ne vaut pas la peine d’être vécue, c’est répondre à la question fondamentale de la philosophie », affirmait Albert Camus dans Le Mythe de Sisyphe. Pour la grande majorité des religions du monde, la réponse est sans ambages : oui, la vie mérite d’être vécue, quoi qu’il advienne. Dieu nous l’a donnée (ou les dieux, ou la Nature…) et il ne nous appartient pas de la rendre.

Une telle vision permet, en partie, de comprendre l’opposition des représentants des principales religions à toute évolution de la loi sur la fin de vie en France. Ni « euthanasie active » (lorsqu’il est mis fin de manière « douce » à la vie de quelqu’un afin d’abréger ses souffrances), ni « suicide assisté » (acte de fournir un environnement et les moyens nécessaires à une personne pour qu’elle se suicide) ne saurait être toléré, la vie étant sacrée.