blogspot counter

Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.

vendredi 22 mai 2015

Du mariage considéré comme un des beaux-arts

Julia Kristeva

Philippe Sollers Julia Kristeva

 

Philippe Sollers :

« Je n'ai jamais songé à me marier. Sauf une fois. Et une fois pour toutes.
Cette aventure singulière, et très passionnée, méri­tait, je crois, d'être racontée en détail.»

Julia Kristeva :

« Nous sommes un couple formé de deux étrangers. Notre différence nationale souligne encore mieux une évidence qu'on se dissimule souvent : l'homme et la femme sont des étrangers l'un à l'autre. Or le couple qui assume la liberté de ces deux étrangers peut devenir un véritable champ de bataille. D'où la nécessité d'harmoniser. La fidélité est une sorte d'harmonisation de l'étrangeté. Si vous permettez que l'autre soit aussi étranger que vous-même, l'harmonie revient. Les « couacs » se transforment alors en éléments de la symphonie. »

Pouvoir refuser un traitement psychiatrique, entre considérations médicales et juridiques

19/05/2015


Depuis l’Antiquité, la question des détentions arbitraires pèse sur les revendications pour une société plus juste, et le célèbre habeas corpus [1] est considéré comme une avancée importante pour accorder le droit avec les libertés fondamentales. Et dans tous les pays, cette question de la libre disposition de son propre corps se repose en psychiatrie, face à la nécessité d’imposer un traitement (voire un enfermement) à un sujet non consentant.
Pour le praticien, cette situation implique alors une décision difficile qui procède d’un équilibre délicat entre l’impératif médical de prendre en charge, au besoin contre son gré, un malade pouvant se révéler dangereux pour lui-même ou/et les autres en cas d’abstention thérapeutique, et l’impératif démocratique de respecter au maximum les libertés individuelles, notamment la faculté de se déplacer à sa guise et celle de se soigner ou non. Il faut donc s’assurer que l’état physique et psychique du patient lui permet d’apprécier sereinement de recevoir ou non un traitement, ce qui demande d’évaluer au mieux le maintien de son discernement pour opérer ce choix.

jeudi 21 mai 2015

Avis de gros de temps de travail sur l’hôpital

ERIC FAVEREAU 


Une grève à l’appel de tous les syndicats… Voilà un unanimisme assez inédit à l’Assistance publique- Hôpitaux de Paris (AP-HP). Ce jeudi, les 38 hôpitaux de l’AP-HP vont en effet tourner au ralenti. Motif invoqué : le projet de réforme des 35 heures porté par Martin Hirsch, directeur général de l’institution. «Le projet ne porte pas sur les 35 heures , rectifie aussitôt Martin Hirsch, mais sur l’organisation du travail.» Une précision très politique, car en ce domaine, le message officiel du gouvernement est martelé : «On ne touche pas aux 35 heures, même à l’hôpital. Mais on s’adapte.»Hirsch le sait. On ne peut lui ôter un certain courage de s’attaquer à ce tabou. «J’ai pris connaissance en septembre des mesures d’économies pour les hôpitaux, nous explique-t-il. On ne pouvait rester les bras croisés. Cela se traduirait automatiquement par un ralentissement de la masse salariale. Que faire ? Supprimer des emplois ? Non, c’est le pari que l’on fait : on préserve les emplois, mais on réfléchit à une meilleure organisation du travail.»

«On ne fera pas baisser le racisme en trouvant des excuses sociologiques aux fanatiques»

ANASTASIA VÉCRIN 

INTERVIEW 
Etre ou ne pas être Charlie. Telle n’est plus la question. Plus de quatre mois après les manifestations du 11 janvier, deux camps s’affrontent pour dire qui est vraiment Charlie. Pour l’un, c’est un républicain, défenseur de la laïcité et du droit au blasphème. Pour l’autre, c’est un islamophobe qui se cache derrière la République pour stigmatiser une partie de la population (thèse du dernier essai de l’historien et démographe Emmanuel Todd). Dans son dernier livre, Eloge du blasphème qui vient d’être publié chez Grasset, l’essayiste Caroline Fourest, qui a travaillé plusieurs années à Charlie Hebdo, répond au procès en islamophobie fait aux caricatures et met en garde contre le détournement de la laïcité à des fins identitaires.
Vous défendez la liberté d’expression, pourquoi est-il devenu presque blasphématoire de dire «Je ne suis pas Charlie» ?
Il ne s’agit pas d’interdire ni de censurer ceux qui refusent de soutenir la liberté de ton de dessinateurs ou des journalistes assassinés par des terroristes, ce que voulait dire «Je suis Charlie», mais a-t-on le droit de leur répondre ? Entendre des gens déformer l’intention de ces dessins, nier leur contexte, c’était déjà pénible avant. C’est devenu extrêmement douloureux après les attentats. J’ai ressenti le besoin, une urgence folle, d’armer de mots ceux qui veulent faire bouclier contre ces confusions, qui peuvent finir par des balles.
Le livre commence par une sorte de typologie des façons de refuser d’être Charlie. Elles n’ont pas toutes la même intention. Il y a des gens de bonne foi qui n’ont pas compris l’importance de faire cette couverture de Luz, «Tout est pardonné», une semaine après le massacre. Il y a des artistes qui ont considéré que c’était «mettre de l’huile sur le feu».

Cannes 2015 : "Chronic", Tim Roth bouleversant infirmier dans un film dépouillé

francetvinfo Par Pierre-Yves Grenu   22/05/2015 
"Chronic" de Michel Franco

Le réalisateur mexicain Michel Franco s'attaque à un sujet dramatique : la fin de vie et son accompagnement. Son personnage principal, Tim Roth, est remarquable dans la peau d'un infirmier qui cache bien ses fêlures

Il a le geste juste, précis. A la fois ferme et délicat. La toilette de cette jeune femme en phase terminale au corps décharné est un acte qui exige professionnalisme et humanité. L'infirmier que nous suivons depuis de longues minutes sur l'écran, c'est Tim Roth. Totalement convaincant, il pourrait presque nous faire croire qu'il exerce ce métier depuis toujours. 


L’Ordre des psychologues s’attaque aux faux psychothérapeutes

métro Par Stéphanie Marin 20/05/2015
QUEBEC 
MONTRÉAL – L’Ordre des psychologues du Québec a commencé à faire le ménage et à sévir contre ceux qui se prétendent faussement psychothérapeutes: il vient de déposer ses toutes premières poursuites pour exercice illégal de la profession.

Deux plaintes ont été autorisées par des juges et d’autres suivront sous peu, a fait savoir l’Ordre, mercredi.

Depuis que le projet de loi 21 a été adopté et est entré en vigueur en 2012, l’Ordre a le pouvoir de faire cesser l’exercice illégal de la psychothérapie.
Et le travail ne manquera pas: depuis 2010, il a reçu 847 signalements.

L’Ordre explique que parce qu’il s’agit d’une activité «à haut risque de préjudice pour le public», surtout pour les personnes déjà vulnérables, seuls ceux qui sont médecins, psychologues ou qui détiennent un permis de psychothérapeute peuvent offrir du soutien psychologique de cette nature. La loi de 2012 prévoit ainsi que la psychothérapie est désormais «un acte réservé» à ces seules personnes.

Ce pouvoir de poursuivre ceux qui se prétendent psychothérapeutes sans aucune qualification était demandé et souhaité par l’Ordre depuis longtemps, a déclaré en entrevue avec La Presse Canadienne la présidente Rose-Marie Charest.
Car avant 2012, «l’Ordre ne pouvait rien faire», a-t-elle ajouté.


A l’hôpital Tenon, l’angoisse de la fin des 35 heures

LE MONDE Par 

Dans la salle de réveil de l’hôpital Tenon, à Paris (20e).

Dans la salle de repos du service anesthésie-réanimation de l’hôpital Tenon, dans le 20e arrondissement de Paris, déserte en ce lundi après-midi de mai, un tract syndical sur une table basse rappelle discrètement ce qui enflamme toutes les discussions depuis plus d’une semaine. « La suppression des RTT ne passera pas ! », « Même pas en rêve tu touches à mes RTT », peut-on y lire.

A une très forte majorité, les 50 infirmiers, infirmiers anesthésistes et aides-soignants du service avaient prévu de se déclarer grévistes jeudi 21 mai pour protester contre la réorganisation du temps de travail des 75 000 salariés non médecins de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP). Une journée de mobilisation que les organisations syndicales, unanimes dans leur rejet du projet, qualifient déjà d’« historique », avec des taux de mobilisation « exceptionnels, supérieurs à 50 % », contre cette réforme dont la mise en place est envisagée au 1er janvier 2016.

Fibromyalgie : «On a l’impression d’avoir mal à l’intérieur des os»

ELSA MAUDET 

Blandine Bouedo avait coutume d’appeler ses douleurs ses «H21».«Les trois autres heures, c’était quand je dormais. Et je dormais parce que je tombais d’épuisement», raconte-t-elle. Cette infirmière en psychiatrie de 55 ans est atteinte de fibromyalgie. Un syndrome caractérisé par des douleurs chroniques diffuses dans tout le corps, une grande fatigue et des troubles du sommeil, dont c'est ce mardi la journée mondiale. Selon la Haute Autorité de santé (HAS), entre 1,4% et 2,2% des Français seraient fibromyalgiques, des femmes dans 80% à 90% des cas. «On a l’impression d’avoir mal à l’intérieur des os, comme si on recevait des décharges électriques», illustre Blandine.

«Ce n’est pas mon métier, mais c’est ma maladie»

 Eric FAVEREAU 11 MAI 2015 






Atteinte d’une maladie chronique rénale, Lou Kapikian explique son cas dans la collection «Raconter la vie». D’origine arménienne, elle a 33 ans et est secrétaire administrative.

Au-delà des mille petites difficultés, son récit fait entrevoir surtout ce que l’on appelle aujourd’hui le s. «Au début, quand j’ai été propulsée dans le monde de la maladie, je faisais entièrement confiance aux médecins, raconte-t-elle. L’expérience m’a appris que ce n’était pas toujours une bonne idée, ils ne connaissent pas le vécu de nos maladies, ils ne sont pas dans nos corps…» Ou encore : «J’ai souvent eu l’impression que mes ressentis n’étaient ni écoutés ni pris en compte. Quoi que je disais, ils s’en foutaient, j’ai géré moi-même et perdu peu à peu une part de ma confiance… J’ai appris le langage médical, je sais maintenant dialoguer avec les médecins. Aujourd’hui, quand on me prescrit un traitement, je vérifie toujours. Je ne peux plus accepter de prendre un médicament, sans savoir pourquoi ni connaître ses effets secondaires.»

Les inégalités entre riches et pauvres au plus haut depuis 30 ans, selon l’OCDE

AFP 

Les inégalités entre riches et pauvres ont atteint des niveaux record dans la plupart des pays de l’OCDE et restent plus élevées encore dans beaucoup d’économies émergentes, selon un rapport de l’organisation qui relève en particulier les écarts entre hommes et femmes.
Aujourd’hui, dans la zone OCDE qui regroupe 34 pays, les 10% les plus riches de la population ont un revenu 9,6 fois supérieur à celui des 10% les plus pauvres, alors que la proportion était de 7,1 fois dans les années 1980 et 9,1 fois dans les années 2000, selon un nouveau rapport de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) publié jeudi.
Les inégalités sont encore plus criantes en termes de patrimoine, souligne le rapport.

Matières des rêves

L'autre, cliniques, cultures et sociétés - Publications transculturelles
L'autre 2014, Vol. 15, n°3
Dossier Matières des rêves
coordonné par Claire Mestre et Jean-François Vervier


- Malika Bennabi Bensekhar, Marie Rose Moro,Matrice des usages et des interprétations au Maghreb




Frédéric Pierru : «Il y a un absentéisme massif, signe d’une crise collective forte»

ERIC FAVEREAU 

Frédéric Pierru, sociologue, est membre de la direction de la chaire «santé» de Sciences-Po Paris. Il travaille sur les politiques de santé et les recompositions de l’administration de ce secteur.
Plus de quinze ans après leur mise en place, les 35 heures à l’hôpital sont-elles toujours un casse-tête ?
En tout cas, ce fut une erreur. Tout le monde est d’accord, voilà une réforme qui a été mal pensée, faite pour des raisons politiques, sans prendre en compte des données essentielles comme la démographie des professions de santé, ou l’évolution des prises en charge. Les 35 heures ont débarqué brutalement à l’hôpital et elles ont percuté de plein fouet une politique défaillante de régulation des professions de la santé. Au final, on voit le résultat : une forte désorganisation.

Le modèle Toyota, champion de l’efficacité, sur le banc d’essai à l’hôpital

AMANDINE CAILHOL 

Injecter du kaizen (amélioration continue), de la chasse aux muda(gaspillages) et aux mura (irrégularités) pour sauver les hôpitaux français ? L’idée fait son chemin. Après avoir gagné l’industrie, puis les services, le lean management, un mode d’organisation inspiré du toyotisme japonnais des années 50, séduit de plus en plus les centres hospitaliers.

«Ça a été progressif, mais là, on est en train de péter les plombs»

ERIC FAVEREAU 

Dans quelques mois, Francesco, infirmier dans le service d’endocrinologie de l’hôpital Cochin, à Paris, prendra sa retraite. Cela, après une longue carrière de près de trente ans dans les hôpitaux de la capitale, où il aura tout connu, de la pédiatrie comme de la réanimation, de la médecine comme de la chirurgie.

Pour Médecins du Monde, l’immigration pour raisons médicales n’existe pas

20.05.2015

"Les données récoltées déconstruisent clairement le mythe de la migration pour raison médicale". Alors que l’actualité braque les projecteurs sur l’afflux des migrants, le dernier rapport de Médecins du monde (MDM) bouscule le cliché du tourisme médical, en tout cas chez les plus démunis. Le document tombe à point nommé, car ces derniers mois, les débats autour des dérapages financiers de dispositifs comme l’Aide Médicale d’Etat (AME) en France ont parfois tourné autour de la nécessité ou non de limiter l’accès aux soins de ces populations. Dans son rapport 2015, construit à partir de données recuellis auprès de 23040 personnes dans 25 de ses programmes en Allemagne, Belgique, Espagne, France, Grèce, Pays-Bas, Royaume-Uni, Suède, Suisse et Turquie, l’organisation démonte le prétexte des "migrations pour raisons médicales".

Elle aura tant vécu pour laver cette infamie

 23/05/2015

Le Docteur Rapoport au moment de son exclusion de la faculté de médecine d’Hambourg (à Gauche) et à la soutenance de sa thèse (à droite)
Berlin, le samedi 23 mai 2015 - En 1938, Ingeborg Rapoport (Syllm de son nom de jeune fille), était une brillante étudiante en médecine à l’université d’Hambourg et préparait une thèse sur la diphtérie. Mais, étant de "race juive" selon les lois de Nuremberg, les autorités nazies lui refuseront, comme à des milliers d’autres, la soutenance de son doctorat.
Comme beaucoup de ceux qui furent mis au ban par les législations raciales, Ingeborg quitte alors l’Europe pour les Etats-Unis pour y vivre sa vie sous de meilleurs auspices. Là, après 48 candidatures (!) elle parvient à intégrer un hôpital de Cincinnati.  Elle publiera même, conjointement avec son mari, rencontré en Amérique et également d’origine allemande, des travaux remarqués sur la conservation du sang qui lui vaudront un "certificat de mérite" de la part du président Harry Truman.

mercredi 20 mai 2015

Education : les figures imposées de la contestation

Le Monde.fr  | Par 

« Pédagogistes » contre « élitistes », niveau qui baisse, tribunes enflammées, noms d’oiseaux à l’Assemblée, ministre accusée de « saborder », « massacrer », « sacrifier » l’éducation des enfants, manifestations… Ce court descriptif résume assez bien la réforme du collège que porte Najat Vallaud-Belkacem. Mais pourrait tout aussi bien évoquer la réforme du primaire de 2008 ou les lois Fillon sur l’école de 2005.

La France aime se déchirer à propos des méthodes éducatives, et le fait régulièrement, à chaque réforme ou presque. C’est le cas de toutes les réformes d’ampleur de ces dix dernières années.

  • En 2012, la réforme Peillon provoque une longue polémique sur la question des rythmes scolaires, qu’elle entend réadapter.

  • En 2009, la réforme Darcos-Chatel des lycées déclenche manifestations et critiques des enseignants.

  • En 2008, la réforme Darcos du primaire entraîne des manifestations et de longues semaines de polémiques autour des questions de pédagogie et de méthode d’enseignement de la lecture, notamment.

  • En 2005, les lois Fillon sur l’école ont pour conséquence plusieurs semaines de manifestations lycéennes.


1. La vieille guerre des « pédagogistes » contre les « élitistes »


A chacune de ces réformes, ou presque, on retrouve les mêmes éléments de débat. Et notamment une opposition structurelle en France, depuis 30 ans, entre deux écoles de pensée :

Les « modernes » : le « pédagogisme » ou « progressisme », méthode qui vise à pousser l’élève à construire son apprentissage et à « apprendre » seul. L’enseignant a alors pour rôle, davantage que de transmettre, d’accompagner l’élève dans son apprentissage. Cette méthode est généralement plutôt prônée à gauche, et s’accompagne souvent d’un discours égalitariste : tous les élèves doivent avoir accès aux mêmes enseignements.

Les « anciens » : les « anti-pédagogistes », qu’on pourrait aussi baptiser « élitistes », qui estiment, à l’inverse, que le rôle de l’enseignant est avant tout de transmettre un savoir, et le rôle de l’élève de l’apprendre. Ils souhaitent revenir à des méthodes qui étaient celles d’avant 1968. On retrouve ce courant plutôt à droite (Luc Ferry, par exemple, ou Xavier Darcos), et ce combat est généralement accompagné d’un discours élitiste : il faut des classes et des options pour que les meilleurs élèves puissent aller le plus loin possible.




Voyage au pays des fous

Le Monde Blogs 



Lens: cette maison où les patients du service psychiatrique du CHL retrouvent leur équilibre

PAR YVES PORTELLI  

Les premières expériences d’appartements communautaires destinés aux patients suivis par le service psychiatrique du CHL existent dans le secteur depuis une vingtaine d’années, mais la maison particulière à l’angle de la rue du Wetz et l’avenue du 4-Septembre, elle, fête ses dix ans.




Le mobilier du salon a dix ans d’âge, comme la maison, mais c’est surtout un lieu de convivialité où les malades et les infirmiers référents peuvent discuter, sans blouses blanches interposées.





« Ici, on ne vient pas en blouse blanche mais en civil et on se parle », la remarque de David Bouchonnet n’est pas anodine. Le cadre de santé référent du service psychiatrique au Centre hospitalier de Lens évoque ce détail qui fait toute la différence dans l’esprit de Fabrice, François, Marie-Christine et Alice (les prénoms sont parfois d’emprunt). Tous les quatre sont des patients de longue date mais à la différence de ceux qui sont soignés systématiquement ou régulièrement à l’unité Poussin à la Grande Résidence, eux se partagent le même appartement à Lens, depuis plusieurs années, entre cinq et neuf ans.
Quand on leur demande s’ils ont parfois envie de ne plus vivre au même endroit, la réponse fuse : NON ! Alice a trouvé ici un équilibre qu’elle n’osait même pas imaginer : « Ici, on peut faire ce que l’on veut quand on veut tout en étant suivi par les infirmières. On ne subit pas les contraintes de l’hôpital, à heures fixes. » Une liberté qui n’a pas de prix à ses yeux. Françoise, elle, a trouvé des gens à qui parler : « C’est important après être restée quinze ans seule, 24 h sur 24 h. Depuis mon arrivée, pas une seule fois je n’ai dû retourner aux urgences. » Fabrice devait absolument partir de chez lui, « je pétais un câble ».

« Ici, je suis protégé»

L’hôpital à intervalles réguliers ? Pas une solution, la maison communautaire a tout changé : « J’y suis protégé et je peux même participer à des actions, c’était impensable avant. » Marie-Christine, elle, a vécu les deux expériences, durant des années : « On est pris en charge dans les deux cas mais je me suis rendue compte que dans la maison, je n’étais pas seule. Cette liberté de vivre ensemble n’a pas de prix. »