Le Monde.fr | | Par Samuel Laurent
« Pédagogistes » contre « élitistes », niveau qui baisse, tribunes enflammées, noms d’oiseaux à l’Assemblée, ministre accusée de « saborder », « massacrer », « sacrifier » l’éducation des enfants, manifestations… Ce court descriptif résume assez bien la réforme du collège que porte Najat Vallaud-Belkacem. Mais pourrait tout aussi bien évoquer la réforme du primaire de 2008 ou les lois Fillon sur l’école de 2005.
La France aime se déchirer à propos des méthodes éducatives, et le fait régulièrement, à chaque réforme ou presque. C’est le cas de toutes les réformes d’ampleur de ces dix dernières années.
- En 2012, la réforme Peillon provoque une longue polémique sur la question des rythmes scolaires, qu’elle entend réadapter.
- En 2009, la réforme Darcos-Chatel des lycées déclenche manifestations et critiques des enseignants.
- En 2008, la réforme Darcos du primaire entraîne des manifestations et de longues semaines de polémiques autour des questions de pédagogie et de méthode d’enseignement de la lecture, notamment.
- En 2005, les lois Fillon sur l’école ont pour conséquence plusieurs semaines de manifestations lycéennes.
1. La vieille guerre des « pédagogistes » contre les « élitistes »
A chacune de ces réformes, ou presque, on retrouve les mêmes éléments de débat. Et notamment une opposition structurelle en France, depuis 30 ans, entre deux écoles de pensée :
Les « modernes » : le « pédagogisme » ou « progressisme », méthode qui vise à pousser l’élève à construire son apprentissage et à « apprendre » seul. L’enseignant a alors pour rôle, davantage que de transmettre, d’accompagner l’élève dans son apprentissage. Cette méthode est généralement plutôt prônée à gauche, et s’accompagne souvent d’un discours égalitariste : tous les élèves doivent avoir accès aux mêmes enseignements.
Les « anciens » : les « anti-pédagogistes », qu’on pourrait aussi baptiser « élitistes », qui estiment, à l’inverse, que le rôle de l’enseignant est avant tout de transmettre un savoir, et le rôle de l’élève de l’apprendre. Ils souhaitent revenir à des méthodes qui étaient celles d’avant 1968. On retrouve ce courant plutôt à droite (Luc Ferry, par exemple, ou Xavier Darcos), et ce combat est généralement accompagné d’un discours élitiste : il faut des classes et des options pour que les meilleurs élèves puissent aller le plus loin possible.
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