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jeudi 21 mai 2015

Pour Médecins du Monde, l’immigration pour raisons médicales n’existe pas

20.05.2015

"Les données récoltées déconstruisent clairement le mythe de la migration pour raison médicale". Alors que l’actualité braque les projecteurs sur l’afflux des migrants, le dernier rapport de Médecins du monde (MDM) bouscule le cliché du tourisme médical, en tout cas chez les plus démunis. Le document tombe à point nommé, car ces derniers mois, les débats autour des dérapages financiers de dispositifs comme l’Aide Médicale d’Etat (AME) en France ont parfois tourné autour de la nécessité ou non de limiter l’accès aux soins de ces populations. Dans son rapport 2015, construit à partir de données recuellis auprès de 23040 personnes dans 25 de ses programmes en Allemagne, Belgique, Espagne, France, Grèce, Pays-Bas, Royaume-Uni, Suède, Suisse et Turquie, l’organisation démonte le prétexte des "migrations pour raisons médicales".


Les auteurs soulignent d’abord que, dans les pays d’Europe, les patients étrangers qui viennent consulter auprès de MdM sont présents dans le pays depuis 6,5 ans en moyenne et plus de 50% d’entre eux vivent dans le pays depuis des périodes allant de 3 à 8 ans. "Cela montre à quelle point la migration pour soins est un mythe, les patients étant présents en Europe depuis de nombreuses années", souligne MDM, qui précise que, dans la plupart des cas, c’est la première fois que ces patients se présentent dans un centre MdM, malgré de nombreuses années passées sur le territoire.

Le petit sondage auquel a procédé l’ONG auprès de ses "clients" confirme cette intuition : en 2014, en Europe, seulement 3% des migrants sont arrivés pour "des raisons personnelles de santé", un taux similaire à celui des années 2008, 2012 et 2013. Une proportion négligeable, comparée aux 50,2% de migrants qui font le voyage pour "des raisons économiques", aux 19,3% poussés hors de leur pays d’origine pour des raisons politiques (dont 8,9 % pour fuir la guerre) ou aux près de 15% qui évoquent des motifs familiaux. Au passage le rapport 2015 relève qu’"il n’y a pas de corrélation entre le nombre de personnes ayant émigré, entre autres pour des raisons de santé, et le degré de restriction et d’obstacles à l’accès aux soins dans le pays d’accueil". Nouvelle preuve selon MdM pour mettre à bas le mythe de l’"immigration pour soins".

Un état de santé préoccupant chez les femmes enceintes et les enfants

Pour enfoncer le clou, le rapport montre d’ailleurs "qu’il n’y a pas de différences significatives entre les proportions de migrations pour soins chez les citoyens de l’UE et chez les autres migrants" : autour de 3% chez les premiers, comme chez les seconds, soit une différence quasi nulle. Enfin, pour ceux qui ne seraient toujours pas convaincus que l’"immigration pour soins" n’est pas recevable, le rapport de l’ONG ajoute que seulement 9,5% des migrants connaissaient un problème de santé chronique avant leur arrivée en Europe.

Tout cela ne signifie évidemment pas que les migrants vont bien... Le rapport de Mdm est de ce point de vue, on ne peut plus éclairant. Qu’on en juge par ces quelques chiffres : 58,2% des patients en Europe considèrent leurs état de santé général comme dégradés, 22,9% déclarent leurs santé physique comme mauvaise ; taux qui monte à 27,1% pour la santé mentale. Selon le rapport, ces problèmes de santé touchent le système digestif pour 14,4 % des diagnostics, l’appareil musculo-squelettique pour 13,3 %, l’appareil respiratoire pour 10,0 % des cas, alors que 9,6 % des cas ont trait au système cardiovasculaire.

Le rapport 2015 fait notamment un zoom inquiétant sur la santé des mamans et des enfants. 81,1% des enfants et femmes enceintes rencontrés dans les centres de Médecins du Monde n’ont aucune couverture maladie. Et ce phénomène est particulièrement marquant en Europe, notamment en France ou 100% des femmes enceintes n’ont pas de couverture maladie, même si la Belgique n’est pas en reste avec 95,2%. Cela se traduit par des carences de prise en charge. 54,2% des femmes n’avaient pas accès aux soins prénataux avant de consulter chez MdM et parmi elles on en compte 58,2% qui ont reçus des soins trop tardivement (après 12 semaines de grossesse).

Chez les enfants , le problème de la vaccination est également une cause de ces états de santé mauvais. En effet, sur les 645 patients mineurs qui se sont présentés chez MdM en 2014, seulement 38,7 % étaient vaccinés contre l’hépatite B (VHB) dans les différents d’Europe, avec un triste record pour la France, qui ne compte que 22,1% d’enfants vaccinés contre cette maladie. Il en est de même pour la vaccination ROR, ainsi que la coqueluche, pathologies contre lesquelles, en France, seulement 34,5 % et 39,8% des enfants de migrants sont vaccinés.

Nicolas Debry

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