Par Marion Dupont
16/02/2021
Si la représentation visuelle du handicap dans nos sociétés pose encore de nombreux problèmes, le cas des handicaps psychiques et mentaux, par essence invisibles et longtemps stigmatisés, est encore plus complexe. Le pyjama, longtemps utilisé pour désigner la maladie mentale, en est un exemple.
Un personnage en fauteuil roulant se détache sur un fond bleu : l’icône "accès handicapé" est aujourd’hui universelle. Le choix de représenter une personne atteinte d’un handicap moteur est justifié par l’impératif de rendre visible cette population, mais ne va pas sans poser question quand près de 80% des handicaps sont invisibles. Quelle place la culture visuelle accorde-t-elle aux personnes atteintes de handicap sensoriel, mental, psychique, ou d’une maladie invalidante ? Une recherche dans The Disability Collection, la collection d’images inclusives mise en place par Getty Images en association avec 17 organisations dirigées par des personnes handicapées, laisse l’utilisateur insatisfait. Les photographies liées à des maladies mentales représentent dans leur large majorité des personnes atteintes de trisomie 21, laissant dans l’ombre la plus grande partie des concernés.
Si l’on se tourne vers la culture populaire contemporaine, l’un des éléments visuels les plus régulièrement associés à un handicap mental ou psychique reste le pyjama. Du film Vol au dessus d’un nid de coucou (1975) à Shutter Island (2010) en passant par L’armée des 12 singes (1995), représenter un trouble psychiatrique à l’écran implique fréquemment le passage par une institution et le port de ce vêtement standardisé et imposé. Si en réalité la prescription du pyjama ne concerne aujourd’hui plus qu’une petite part des personnes admises en hôpitaux psychiatriques, pour la plupart sur le mode de soins contraints, la persistance de cette imagerie tient en partie à l’histoire des représentations et des institutions de soin, abordée dans la série du Cours de l’histoire "Histoire du Handicap".
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