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Fermés depuis des mois pour lutter contre la pandémie de Covid-19, les cafés ne devraient pas rouvrir avant Pâques. Ces lieux de sociabilité emblématiques du bien-vivre à la française ne sont pas seulement des espaces conviviaux où l’on se retrouve entre amis. Notre journaliste Ariane Nicolassouligne qu’ils représentent aussi des « terrains neutres » où l’on peut rencontrer des personnes avec qui l’on entretient des relations ambiguës, distantes, voire conflictuelles. En ce sens, ils jouent un rôle essentiel, celui d’une interface unique entre la vie privée et la vie publique, qui donne de l’air à nos existences.
Privés de cafés, nous sommes également coupés de ces relations indéterminées ou intermittentes : la famille éloignée, les camarades de beuverie, les compagnons de voyage, les collègues de boulot, les ex… Mais la disparition de ces contacts nous enferme un peu plus dans notre sphère intime, puisque nous ne voyons physiquement, chez nous, que des personnes dont nous sommes déjà très proches.
Pour éclairer ce phénomène qu’elle juge inquiétant, Ariane Nicolas s’appuie sur le livre du sociologue américain Richard Sennett Les Tyrannies de l’intimité (1977 ; trad. fr. Seuil, dernière édition, 1995) pour montrer en quoi la fermeture des cafés est délétère. Un plaidoyer pour leur réouverture.
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