- Dr Henry Rosevear
Plusieurs études montrent que, globalement, un quart des prescriptions ne sont pas intégralement respectées. Dans le cas des maladies chroniques, ce sont prêt de 50 % des traitements qui ne sont pas suivis adéquatement. Bien que les causes de non-compliance aux traitements soient variées, les urologues soulignent que de nombreux patients mettent en avant les interactions négatives sur la fonction sexuelle. Pour éviter les suspensions thérapeutiques, il est important de bien connaître les interactions sexuelles des différentes classes de médicaments et d’en discuter préalablement avec les patients. Voici une liste des 6 familles thérapeutiques dont les prescriptions sont fréquemment inadéquatement suivies du fait de leur impact négatif sur la sexualité.
Les antihypertenseurs
Difficile d'assurer que les patients atteints de pathologies cardiovasculaires fassent passer leur santé avant leur capacité à obtenir et maintenir une érection. En pratique quotidienne, ce n’est en effet pas toujours le cas. L’érection étant un phénomène vasculaire, tout ce qui interfère avec la capacité corporelle à produire un flux vasculaire au niveau pénien peut induire une dysfonction érectile. C’est ainsi que certains médicaments antihypertenseurs (p. ex. la spironolactone ou les thiazidiques) peuvent affecter les capacités érectiles.
Autre type d’interaction : les bêtabloquants. Pendant l’acte sexuel, la fréquence cardiaque augmente pour majorer le flux sanguin du pénis. Mais chez les hommes traités par bêtabloquants (p. ex. métoprolol), les épisodes de tachycardie sont réprimés et l’érection est bien souvent affectée.
[voir : Recommandations 2018 de la SFHTA sur Hypertension et dysfonction érectile]
Les alpha-bloquants
Les alpha-bloquants constituent le traitement de première intention de l’hypertrophie bénigne de la prostate. Ils peuvent interférer avec la vie sexuelle des hommes de deux façons :
D’une part, les alpha-bloquants de première génération (p. ex. térazosine ou prazosine) sont dotés d’une action antihypertensive, et de ce fait induisent les mêmes phénomènes que ceux décrits avec cette autre catégorie médicamenteuse (ils diminuent le flux sanguin pénien et sont donc à l’origine d’une dysfonction érectile),
D’autre part, et c’est surtout le cas avec les alpha-bloquants de deuxième génération (talmusoline ou silodosine), ils sont à l’origine d’éjaculations rétrogrades. Si pour certains hommes présenter des éjaculations dans la vessie n’est pas un problème, d’autres s’en plaignent.
Les alpha-bloquants induisent un relâchement des muscles du col vésical qui conduit à une éjaculation rétrograde (vessie au lieu du pénis). Cet effet indésirable est patient et médicament dépendant, il est donc possible de modifier le traitement, mais cela ne résolut pas toujours le problème.
Les inhibiteurs de la recapture de la sérotonine
- Les inhibiteurs spécifiques de la recapture de la sérotonine sont l’une des nombreuses familles médicamenteuses utilisées dans le traitement de la dépression. Les médicaments de celle classe – fluoxétine, paroxétine, sertraline, citalopram et escitalopram – sont dotés d’effets négatifs sur la fonction sexuelle des hommes (et des femmes) : éjaculations ou orgasmes retardés.
Cet effet secondaire peut d'ailleurs être mis à profit chez les hommes souffrant d’éjaculation précoce, qui peuvent être traités par de faibles doses de paroxétine.
Autres antidépresseurs
Quasiment tous les antidépresseurs – qu’ils soient tricycliques (amitriptyline, doxépine, imipramine et nortriptyline), inhibiteurs de la monoamine oxydase (phénelzine et tranylcypromine) ou antipsychotiques (thioridazine, thiothixene et halopéridol) — peuvent affecter négativement la libido. En outre, certains médicaments tels que le citalopram peuvent diminuer le nombre des spermatozoïdes, voire induire une azoospermie.
Pendant trois décennies, le traitement des patients atteints de cancers de la prostate à un stade avancé était fondé sur la castration chimique. Désormais, différentes options thérapeutiques sont offertes, permettant d’améliorer la qualité de vie de ces patients.
Cependant, aussi bien le traitement hormonal de première génération (leuprolide) que les médicaments de dernière génération (darolutamide, enzalutamide, apalutamide ou abiratérone) réduisent considérablement la libido en diminuant le niveau de testostérone. Du fait de l’hormonosensibilité du cancer de la prostate, il n’est pas possible d’envisager chez ces patients un traitement faisant augmenter la testostéronémie sans aggraver le pronostic de leur cancer.
Les inhibiteurs de PDE5
Les inhibiteurs de PDE5 (sildénafil, tadalafil, vardenafil ou avanafil) sont utilisés comme facilitateurs de l’érection chez l’homme. Cela peut surprendre, mais ils ont pourtant leur place dans cette liste des médicaments pouvant impacter la vie sexuelle des patients.
En effet, comme tous médicaments, ils peuvent provoquer des effets indésirables : céphalées, congestion nasale, flush faciaux, brûlures d’estomac. Il faut donc rappeler aux patients que ces traitements doivent être pris à jeun, en limitant l’alcool, en évitant la déshydratation et en utilisant si besoin des médicaments sans prescription tels que le paracétamol ou l’ibuprofène pour lutter contre les effets secondaires.
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