Lorsque le président américain, Joe Biden, a annoncé, en mars 2020, qu’il allait nommer une femme à la vice-présidence, la députée démocrate Jackie Speier a tout de suite mis en garde les responsables de Facebook : “Les femmes politiques sont la cible des pires attaques en ligne, leur a-t-elle expliqué, et les filtres de Facebook sont incapables de les arrêter.”
Presque un an plus tard, les craintes exprimées par la députée se sont matérialisées, note le Los Angeles Times. La vice-présidente, Kamala Harris, “est sans doute aujourd’hui la personnalité politique américaine la plus attaquée sur les réseaux sociaux, parce qu’elle coche toutes les cases susceptibles d’exciter les semeurs de haine sur Internet : c’est une femme, de couleur, qui occupe un poste de pouvoir”.
Sexisme, racisme et violence
En outre, il ne s’agit pas simplement d’une question quantitative, c’est-à-dire du nombre d’attaques et d’insultes que peut recevoir en ligne la vice-présidente, mais aussi d’une question qualitative, c’est-à-dire de la nature du harcèlement dont elle fait l’objet, souligne le quotidien californien :
Kamala Harris fait en effet face à des accusations misogynes, racistes et violentes qui cherchent à prouver qu’elle ne mérite pas d’occuper le poste de vice-présidente.”
Si Joe Biden reçoit également des insultes, notamment liées à son âge, les critiques à l’encontre de sa vice-présidente et les fausses informations à son sujet sont bien plus virulentes et “rappellent parfois les attaques lancées contre Barack Obama et son épouse, Michelle Obama, lorsqu’ils étaient les locataires de la Maison-Blanche”.
Kamala Harris est ainsi pêle-mêle accusée de “n’être pas suffisamment noire ou indienne en raison de son métissage” et elle est également “injustement attaquée sur le fait qu’elle ne devrait pas pouvoir légalement occuper le poste de vice-présidente car ses parents étaient des immigrés”.
Enfin, des internautes malveillants soulignent “qu’elle a forcément dû coucher pour en arriver là, ou qu’elle a un plan secret pour ravir le pouvoir à Joe Biden”.
Des attaques tristement classiques
Une théorie encore plus insensée circule à son propos sur Internet, précise le Los Angeles Times, théorie selon laquelle “elle serait secrètement un homme”.
Un genre d’attaques tristement classique, souligne la chercheuse Nina Jankowicz dans les colonnes du quotidien californien. Elle explique que les femmes de pouvoir sont souvent la cible de raisonnements misogynes tordus :
Comme il est impossible qu’une femme soit en position de pouvoir, il doit nécessairement y avoir quelque chose de pas net : par exemple, il s’agit en fait d’un homme déguisé.”
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