Association Française pour l’Information Scientifique
Publié en ligne le 14 décembre 2020
Si la santé mentale (sanity) et l’aliénation mentale (insanity) existent, comment les reconnaître ? » Telle est la question à laquelle David L. Rosenhan, psychologue américain diplômé de l’université Columbia et à l’époque professeur de psychologie à l’école de droit de l’université Stanford à Palo Alto (Californie) [2], tenta de répondre par une expérience intitulée « Être sain d’esprit dans des lieux insensés » (en anglais “On being sane in insane places”). L’expérience commença en février 1969 et dura jusqu’en 1972. L’article de Rosenhan fut publié dans la revue Science en janvier 1973 [1].
D. Rosenhan voulut vérifier si les psychiatres disposent de moyens fiables pour diagnostiquer les troubles mentaux. Cette hypothèse avait déjà été sérieusement mise en doute par des psychologues et des psychiatres dès les années 1940. Jacques Van Rillaer écrit : « Le flou des diagnostics est apparu aux États-Unis comme un problème grave en 1941, lors de la mobilisation : les psychiatres n’arrivaient à ranger dans leurs catégories habituelles que 10 % des personnes mentalement perturbées. Dans le même temps, les recherches – notamment des études épidémiologiques – butaient sur l’absence de catégories clairement définies, les scientifiques éprouvaient des difficultés à échanger des données et à confronter leurs points de vue. Pour remédier à cette situation, l’American Psychiatric
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