Les bullshit jobs, ou « jobs à la con », ce sont tous ces emplois qui ne servent à rien ou presque, et n’ont aucun sens aux yeux de ceux qui les exercent. L’expression, devenue fameuse, est née sous la plume de l’anthropologue britannique David Graeber, disparu au mois de septembre. La lecture de cette enquête aussi fouillée qu’engagée – Graeber était anarchiste – a enthousiasmé le philosophe Denis Moreau, spécialiste de Descartes et enseignant à l’université de Nantes. Elle l’a aussi amené à s’interroger sur la nature de son propre métier, universitaire.
Le métier d’enseignant-chercheur serait-il devenu un « job à la con » ? Si cette activité emplit toujours Denis Moreau de joie dans sa composante pédagogique et scientifique, elle a également perdu de sa valeur du fait d’une invasion de tâches superflues : commissions et conseils en tous genres, plan quinquennaux, rapports d’évaluation, d’auto-évaluation, référentiels de compétences, etc. Autant de « foutaises » qui font dire à cet universitaire rationaliste et catholique qu’une vigilance particulière s’impose à l’avenir. Sa résolution pour 2021 sera donc de « redoubler d’efforts pour bien enseigner, bien chercher, et lutter autant que possible pour ne pas [me] laisser bullshitiser. » Le combat ne fait que commencer !
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