Une équipe de Boston (Massachusetts, États-Unis) évoque un sujet moins étudié que l’automédication (même si des liens existent avec elle) : les informations « positives ou négatives » que les patients vont glaner (essentiellement sur le réseau Internet) avant de souscrire ou non aux ordonnances prescrites par leur psychiatre.
Partant du double constat que la persistance de faibles taux d’adhésion aux traitements constitue un « défi majeur en psychiatrie » et que « près des trois quarts des internautes recherchent des informations sur leur santé », les auteurs ont évalué le type d’informations disponibles en ligne sur les médicaments psychotropes et les représentations (bonnes ou mauvaises) qu’elles risquent de susciter chez le patient consultant ces sites, en quête d’avis et de conseils.
Pour savoir si la tonalité générale des articles concernant des traitements contribue à favoriser ou non leur observance, les auteurs ont ciblé plus particulièrement 51 médicaments appartenant à l’une de ces trois classes : « antidépresseurs, antipsychotiques et stabilisateurs de l’humeur. »
Portant sur l’analyse de près de 13 000 pages Web, cette étude montre un sentiment général négatif à propos de certains antidépresseurs et de certains neuroleptiques (de prescription courante). Mais à l’inverse, le lithium et le valproate (malgré le contexte récent du syndrome du valproate incitant par sa médiatisation à la prudence)[1] suscitent moins d’appréciations négatives que d’autres médicaments stabilisateurs de l’humeur.
Bien que cette enquête apporte un nouvel éclairage sur la perception globale des médicaments psychotropes par le public et sur les comparaisons entre molécules faites par les usagers, les auteurs précisent qu’elle ne permet bien sûr aucune extrapolation pour des cas individuels et ne contribue donc pas à prédire comment tel patient particulier peut percevoir tel produit ou réagir sur le contenu précis de sa propre ordonnance. Toutefois, la mise en évidence de ressentis (plus ou moins négatifs à l’égard de certains médicaments) constitue un cadre sociologique offrant aux cliniciens des présomptions « pour anticiper la volonté des patients devant commencer ou poursuivre un traitement. »
Dr Alain Cohen
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