La maladie d’Alzheimer est devenue l’un des grands défis scientifique, médical et social de ce siècle avec, selon l’OMS, plus de 35 millions de malades dans le monde, soit environ les deux-tiers de l’ensemble des démences. Toujours selon l’OMS, c’est plus de 100 millions de personnes qui pourraient être touchées par cette terrible maladie - actuellement toujours incurable - en 2050. En France, on estime qu’au moins 900 000 personnes (dont une personne de plus de 80 ans sur six) souffrent de cette pathologie neurodégénérative, dont les causes multiples et intriquées ne sont toujours pas connues avec certitude. Alzheimer est à la fois un défi médical, social et économique, car le coût total de cette maladie est considérable : il a été estimé par le Parlement, pour la France seulement, à plus de 14 milliards par an, si l’on additionne les coûts médicaux et ceux concernant l’accueil spécifique en établissement.
Cette maladie d’une redoutable complexité fait l’objet de recherches intensives dans le monde entier depuis plus de 40 ans mais beaucoup de pistes thérapeutiques prometteuses se sont finalement avérées décevantes, et il n’existe toujours que quatre médicaments disponibles contre cette pathologie : le Donépézil (Aricept), la Rivastigmine (Exelon), la Galantamine (Reminyl) et la Mémantine (Exiba) qui ne font que retarder son évolution inexorable.
Pourtant, depuis quelques mois, la recherche sur cette maladie est accélérée par un nouveau vent d’espoir, tant dans le domaine de sa connaissance fondamentale qu’en matière de traitement et de prévention. Fin octobre, une équipe allemande de l’Université d’Ulm, dirigée par Marius Kollmer, est parvenue à observer la structure fine des protéines d’Alzheimer pour la première fois (Voir Nature). L’une des caractéristiques de cette maladie réside dans la formation de fibrilles amyloïdes dans les tissus cérébraux. Mais la structure de ces fibrilles restait mal comprise. Ce n’est plus le cas grâce à cette étude qui dévoile enfin la structure fine des filaments d’amyloïdes-Beta issus de cerveaux de personnes décédées de la maladie d'Alzheimer. Ces chercheurs allemands et australiens ont en effet réussi à les extraire et les décrire au niveau atomique, grâce à la cryo-microscopie électronique, ce qui devrait permettre d’avancer bien plus rapidement dans la compréhension fondamentale de cette maladie.
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