Siobhan Harris 8 novembre 2019
Peut-on être médecin et tatoué ? Il n’est pas question ici du petit tatouage discret gravé sur l’épaule ou la cheville, bien souvent invisible pour les non-intimes, mais bien de motifs prenant une large place sur une ou des parties du corps et difficilement dissimulables hiver comme été aux patients et aux confrères. Dans quelle mesure ces représentations artistiques corporelles entravent-elles la pratique de la médecine ou la relation à l’autre ? Les mentalités sont-elles en train d’évoluer ? Le médecin est-il à l’image de la société ? Ce sont les questions que se sont posés nos confrères de Medscape UK. Pour y répondre, ils ont interviewé le Dr Sarah Gray, une jeune australienne de 31 ans, interne en chirurgie, qui s’est vue attribuer le titre de « médecin le plus tatoué au monde ».SL |
Royaume-Uni/ Australie — Les médecins peuvent-ils avoir autant de tatouages qu’ils le souhaitent ? Sont-ils une forme d’expression de soi acceptable chez eux comme chez n’importe qui d’autres, ou existe-t-il des règles particulières pour les médecins ?
Tatouages colorés dans la zone grise
C’est une zone grise. Il n’y a pas de recommandations de bonne pratique de la part du General Medical Council (l’équivalent britannique de l’Ordre des médecins, ndlr), c’est vu comme un sujet qui a à voir avec la personne et son employeur.
A un niveau local, les entreprises peuvent avoir des politiques particulières concernant l’apparence, lesquelles « couvrent » les tatouages.
Par exemple, un groupement hospitalier dépendant du système public (NHS) dans le Oxfordshire considère que tout tatouage potentiellement agressif ou intimidant doit être recouvert, tant que cela n’infère pas avec les protocoles concernant l’hygiène des mains (port de manches longues et risque de contamination qui en découle).
Une étude parue en 2018 sur les perceptions des étudiants en médecine et du personnel médical de l’Université de Dundee suggère que pour certains médecins certaines représentations tatouées ne seraient pas très appropriées. Les uns et les autres ont considéré d’un commun accord que les tatouages qui représentent des visages sont les plus controversés.
Briser les stéréotypes
On assiste à une « renaissance » du tatouage actuellement, ils ne constituent absolument plus une « niche ». On estime qu’un adulte sur 5 au RU a un tatouage et chez les plus jeunes, la proportion est encore plus grande. Si les médecins sont représentatifs de la société dans son ensemble, la question de porter ou non un tatouage, et quel type de tatouage, doit-elle encore se poser ?
Nos confrères ont interrogé sur la question le Dr Sarah Gray, 31 ans. Outre le fait d’être interne en chirurgie à Adélaïde (Australie) pour être chirurgien orthopédique, elle est aussi « le médecin le plus tatoué au monde » et souhaite briser les stéréotypes de ce à quoi un médecin traditionnel devrait ressembler.
Comment vos patients et vos collègues réagissent-ils à vos tatouages ?
Dr Sarah Gray : De façon positive. On me complimente souvent sur mon apparence colorée. Les patients, surtout la jeune génération, trouvent que c’est un bon moyen de casser les barrières et disent que je suis plus abordable que certains médecins plus traditionnels.
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