Que deviennent les patients après la sortie de l’unité de soins psychiatriques où ils étaient hospitalisés (hormis le cas d’un internement contraint) ?
Pour répondre à cette question, une équipe d’Australie a réalisé une méta-analyse d’études longitudinales de langue anglaise (publiées entre 1960 et 2018) sur la mortalité des sujets après une hospitalisation en psychiatrie. Et cette recherche conduit à une conclusion surprenante : si le suicide constitue (comme on pouvait le craindre a priori) la cause de mortalité « la plus importante à court terme » dans cette situation, la cause principale de mortalité à moyen et à long terme se révèle d’ordre somatique, puisqu’elle concerne les maladies cardiovasculaires.
Ainsi, bien que les services de suite « se focalisent surtout sur le risque de suicide » (un objectif logique dans ce contexte), les données statistiques accumulées depuis près de 60 ans plaident pour renforcer aussi « la surveillance cardiovasculaire des sujets souffrant d’une maladie mentale » assez grave pour avoir nécessité une hospitalisation en psychiatrie.
La mortalité par cause naturelle dépasse la mortalité par suicide
La mortalité globale par causes naturelles (maladies) dépasse la mortalité par causes non naturelles (suicides, homicides, accidents) après une période de 2 ans ou plus suivant la sortie d’un service de psychiatrie. Et plus précisément, la mortalité d’origine cardiovasculaire dépasse la mortalité par suicide après une période de 5 ans ou plus.
Ce constat incite bien sûr à accroître, dans la mesure du possible, le suivi cardiovasculaire de ces patients (notamment à l’occasion des bilans cardiologiques préconisés pour prévenir un syndrome du QT long[1], lors d’un traitement neuroleptique), mais un suivi prolongé n’est pas toujours facile à réaliser pour des patients souvent peu sensibles aux recommandations des médecins en matière de traitement et de suivi préventif...
Dr Alain Cohen
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