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jeudi 21 novembre 2019

Pronostic à long terme de l’épilepsie, plus ou moins imprévisible

Publié le 18/11/2019






Le pronostic de l’épilepsie, qui concernerait plus de 500 000 Français, est difficile à établir. Les chances d’une rémission prolongée à long terme sont loin d’être nulles. Elles dépendent en fait de la forme clinique de la maladie ou encore de son phénotype. Il est ainsi possible de prédire, dans une certaine mesure,  son évolution comme le suggèrent les résultats d’une étude de cohorte multicentrique italienne. Treize centres spécialisés ont participé au travers d’observations complètes datant de 2005, voire plus anciennes.


Pour être prises en compte, les informations devaient être précises, qu’elles portent sur le type de crise, les traitements ou encore le suivi qui devait être d’au moins dix ans. Les données démographiques ont été recueillies, de même que les caractéristiques de l’épilepsie et son association éventuelle à une comorbidité psychiatrique. Les résultats de l’EEG initial et de l’imagerie cérébrale (IRM/scanner) ont été également notés, au même titre que les antiépileptiques prescrits (nombre, classe pharmacologique etc.). Les rémissions prolongées (1, 2, 5 et 10 ans) ont été identifiées et corrélées à diverses variables à connotation pronostique au moyen d’analyses multinomiales par régression logistique.

Rareté des crises, crises généralisées et absence de comorbidité psychiatrique sont de bon pronostic

Au total, ont été inclus 1 006 enfants ou adultes (âge médian 16 ans ; extrêmes 10-57), ce qui représente un suivi de 17 892 sujets-années au terme duquel ont été dénombrés 923 cas (91,7 %) de rémissions d’une année. Si cette éventualité a été le lot du plus grand nombre, ce n’est pas le cas pour les rémissions plus longues dont la fréquence a diminué avec la durée de ces dernières : 89,5 % (2 ans), 77,1 % (5 ans) et 44,4 % (10 ans).

Quelles sont les variables associés aux rémissions d’une durée de deux années ?  Elles sont au nombre de quatre : (1) pas plus d’une ou deux crises au moment du diagnostic initial, ce qui exclut l’état de mal ; (2) forme généralisée de type frontal et non partielle de type temporal ; (3) absence de comorbidité psychiatrique ; (4) recours à un ou deux antiépileptiques au cours du suivi. C’est cette dernière variable qui a été la plus étroitement associée aux rémissions d’une durée supérieure (10 ans). Les rémissions ont été précoces chez près d’un patient sur quatre (24,5 %) et le plus souvent intermittentes, avec des rechutes épisodiques plus d’une fois sur deux (52,2 %). Les formes caractérisées par des crises ininterrompues n’ont concerné que moins d’un patient sur dix (8,3 %). Trois variables prédictives ont été associées aux formes intermittentes : (1) moins de six crises lors du diagnostic ; (2) étiologie probablement génétique ; (3) absence de comorbidité psychiatrique.


Cette étude confirme le caractère largement imprévisible de l’épilepsie à long terme. La probabilité de rémissions prolongées mais intermittentes est loin d’être exceptionnelle, puisqu’elle est proche de 50 % à 5 ans, mais la récidive des crises ne peut jamais être exclue, ce qui interdit l’arrêt de la pharmacothérapie. La rareté des crises au moment du diagnostic, l’épilepsie frontale dite généralisée et l’absence de comorbidité psychiatrique sont a priori des facteurs de bon pronostic.


Dr Philippe Tellier

RÉFÉRENCE
Beghi E et coll. : Prognostic patterns and predictors in epilepsy: a multicentre study (PRO-LONG). J Neurol Neurosurg Psychiatry. 2019; 90(11): 1276-1285. doi: 10.1136/jnnp-2019-320883.

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