Publié le 17 septembre 2019
À ce jour, plus de 124 000 femmes en France ont subi des mutilations génitales. C'est deux fois plus qu'au milieu des années 2000. L'État vient de lancer un plan d'action pour mettre fin à ce rituel archaïque.
C'est un cri de douleur qu'elle n'oubliera jamais. Une cicatrice laissée au plus profond de sa chair. Une couleur rouge qui teinte l'intérieur de ses cuisses et se répand sur le carrelage de la salle de bains. Elle ferme les yeux et revit la scène comme si elle avait eu lieu hier. Elle revoit les visages de ceux qui lui maintiennent les bras et les jambes, de celle qui brandit la lame, le sourire de sa grand-mère dans l'embrasure de la porte. Elle se souvient encore du jingle de la radio annonçant le flash info alors qu'on la remet sur pied. Quelques secondes. Ça n'a pas duré plus longtemps. Par la fenêtre, elle aperçoit les barres d'immeuble de la Cité des 4000, à La Courneuve. Au loin, le soleil se couche et pour Mahalia * plus rien ne sera plus comme avant. Son corps a été mutilé. Elle vient de subir une excision. À l'aide d'une lame de rasoir, son clitoris a été coupé. Pratiquée sans anesthésie, parfois accompagnée d'une ablation des petites lèvres et d'une suture des grandes lèvres, cette opération de tradition millénaire doit priver la femme de tout plaisir sexuel. « J'avais 13 ans. C'est jeune, 13 ans. Mais je n'ai rien oublié. Je savais que c'était une coutume en Mauritanie, le pays de mes parents, mais je ne pensais pas que ça m'arriverait ici. J'allais à l'école. Je regardais la 'Star Ac', on parlait des garçons. J'étais à des années-lumière de penser à l'excision », confie la jeune femme de 29 ans. Mahalia fait partie des rares femmes qui ont été mutilées en France au début des années 2000. « Au milieu des années 1980, ça s'est beaucoup fait. Puis il y a eu de très grands procès, et les familles ont été averties de ce qu'elles risquaient : dix ans d'emprisonnement, voire vingt si la mutilation s'exerce sur une mineure de moins de 15 ans et 150 000 euros d'amende », explique Marion Schaefer, vice-présidente de l'association Excision, Parlons-en !. Mais, loin d'avoir disparu, la pratique s'est déplacée géographiquement. « Les familles ont mis en place des stratégies d'évitement. Aujourd'hui, les fillettes sont en danger quand elles partent en vacances dans leur pays d'origine.
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