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samedi 21 septembre 2019

Affronter l'universel sans disparaître pour autant est la question posée aux femmes artistes

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Le lundi 16 septembre 2019 



Dans La Suite de l'Histoire - Actrices, créatrices, la philosophe et historienne de la pensée féministe Geneviève Fraisse analyse les stratégies des femmes artistes pour s'autoriser à pratiquer leur art et bousculer les conventions. Ou comment passer de la muse à l'artiste qui figure l'universel. Entretien.  
Germaine de Staël et Siri Hustvedt, Colette ou Isadora Duncan… Celles qui ont revendiqué le droit à la création sont nombreuses, aux avant-postes de cette bataille politique et symbolique de la légitimation des femmes à créer. Le dernier essai de Geneviève Fraisse permet de comprendre comment ces femmes, du XVIIIème à nos jours, ici et ailleurs, dans la danse, l'écriture ou le cinéma, ont bousculé le monde pour entrer dans l'universel et toucher au « sublime ». « L'artiste femme dérègle les représentations officielles, fait avancer l'Histoire de l'émancipation et invente, elle est bien obligée, des stratégies esthétiques. Et dérégler, c'est aussi déjouer, par exemple user de pratiques d'assujettissement (se cacher, faire la muse, etc.), ou jouer avec les corps pour mieux trouver son espace. »
Pourquoi avoir appelé ce livre La Suite de l'Histoire ?  
Geneviève Fraisse : C'est comme une scène de théâtre. Il y a le décor (comment empêcher les femmes d'être les égales des hommes en démocratie, régime censé produire l'égalité) puis l'action qui s'y déroule, avec plusieurs scènes successives montrant les pratiques des femmes artistes, actrices, musiciennes, écrivaines, photographes, cinéastes. Elles produisent de l'histoire à partir de la répartition sexuée de la longue tradition occidentale, et en produisant elles déplacent, dérèglent les codes anciens de l'art.
« Aux femmes le beau, aux hommes le sublime » : quelles sont les racines de cette non-acceptation ? 
G. F. : Ce partage entre le beau et le sublime appartient à la philosophie kantienne. La question des sexes n'est qu'une illustration, ou un avatar, de ce partage esthétique. Il y a d'autres lieux dans les textes kantiens où il faut répartir les sexes suivant leur destination. Au même moment, Rousseau construit un ordre inégal entre femmes et hommes, mais avec une logique d'exclusion plutôt que de répartition. Les finalités philosophiques sont propres à chacun mais ce qui apparaît, au milieu du XVIIIème siècle, c'est bien l'urgence de consolider la hiérarchie des sexes au moment où la pensée politique, celle du contrat social, réfléchit à la république à venir. 

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