Favoriser la prévention et l'accès au soins. Ce sont les premiers axes du projet pour la "santé des Françaises et des Français" présenté ce 12 décembre par Benoît Hamon. Le candidat à la primaire du Parti socialiste et de ses alliés propose aussi de réformer le temps de travail à l'hôpital. Une manière de lutter contre la souffrance au travail.
Ce 13 décembre, Benoît Hamon, candidat à la primaire du Parti socialiste (PS) et de ses alliés, a présenté à la presse le volet santé de son programme, à la veille de dévoiler l'ensemble de ses propositions pour 2017. Un volet santé en quatre temps : Benoît Hamon souhaite miser sur la prévention et encourager les "comportements bénéfiques de la part de nos concitoyens" ; il veut mener une protection par l'État via l'action publique ; accompagner les soignants "pour être mieux soignés" ; et enfin favoriser l'émergence d'une sécurité sociale "vraiment solidaire".
Promouvoir la santé à l'école
"Nous faisons face à une transition. Nous passons d'un monde où la menace principale venait des maladies infectieuses alors que désormais la santé est de plus en plus affectée par des maladies chroniques, causées en grande partie par notre monde de vie", débute le socialiste. La solution ? La prévention, insiste Benoît Hamon. C'est le premier point développé dans le programme du candidat. Il s'agit d'"encourager les comportements bénéfiques". Cela passe en premier lieu par la promotion de la santé à l'école, avec traités en priorité tabac, alcool et cannabis. Le programme préconise aussi de préserver l'école de l'influence des lobbies :"La porte doit être fermée pour les industriels du tabac, de l'alcool et de l'agroalimentaire." Concrètement, cela se traduirait par la fin de la Semaine du goût, qui serait remplacée par la "Semaine de la nutrition et du goût", chapeautée par les seuls ministères de l'Éducation nationale et de la Santé.
Réduire la consommation de tabac — en renforçant les contrôles de l'interdiction de vente aux mineurs et en autorisant les policiers municipaux à contrôler le respect de la réglementation notamment —, réduire la consommation d'alcool — en concertation avec la grande distribution et en agissant sur le sentiment d'impunité au volant — et enfin réduire l'obésité en informant mieux les consommateurs, constituent les mesures de prévention. Dans ce contexte, le candidat met l'accent sur le sport. Il entend ainsi impulser une politique publique de développement de la pratique d'activités physiques et sportives comme outil de prévention. Les maladies chroniques sont concernées : il s'agit de créer une incitation fiscale pour les assureurs lorsque les complémentaires s'engagent à rembourser plus massivement les activités physiques. Développement des centres certifiés "sport et santé" et soutien aux entreprises et administrations qui installent des salles de sports pour leurs employés complètent ce premier point.
Une mission nationale d'accès aux soins
Deuxième thématique abordée : la protection par l'État de la santé via l'action publique. Benoît Hamon souhaite "réaffirmer l'accès au médecin comme service indispensable à l'ensemble de la population". Il propose la création d'une mission nationale d'accès aux soins (Minas). "Cette mission sera intégrées aux ARS, disposant d'un budget et de personnel dédié. Son objectif sera d'informer, coordonner et faciliter l'installation des médecins dans des zones en demande",détaille le programme. Établissement d'un diagnostic précis des besoins de santé région par région ; centralisation des offres proposées par les collectivités territoriales sur une page Internet dédiée ou encore apport d'aide individualisée aux médecins qui s'installent dans les déserts médicaux font partie des attributions de cette mission. Il s'agit par ailleurs d'instaurer un conventionnement conditionnel des médecins : leur liberté d'installation serait maintenue mais chaque médecin qui s'installe en zone surdotée ne sera plus conventionné. Le programme prône aussi la reconnaissance du burn-out comme maladie professionnelle.
Pour Benoît Hamon, l'État doit plus généralement "se porter garant d'un environnement plus sain". Constitution des biens communs, interdiction des pesticides dangereux, lutte contre les perturbateurs endocriniens en France et dans l'Union européenne, programmation de la fin du diesel et remise en cause de l'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) illustrent cette ambition.
Médicaments et fixation des prix
L'État doit accéder "aux dernières innovations médicales", indique le programme de Benoît Hamon. En ce sens, modernisation et simplification de l'évaluation et de la fixation du prix des médicaments, et amélioration de la transparence du processus d'évaluation et de fixation des prix sont prônées. Il s'agit enfin "d'opérer des choix importants quant aux priorités de remboursement des médicaments moins performants". Une manière de "se donner les moyens d'accéder aux nouvelles thérapies plus coûteuses".
Troisième volet de ce programme : "accompagner nos soignants pour être mieux soignés", explique Benoît Hamon. Il souhaite soutenir les "hôpitaux en danger", c'est-à-dire améliorer les conditions de travail et diminuer la souffrance au travail des personnels, "en luttant contre les journées interminables et les heures supplémentaires". "C'est en agissant sur les conditions de travail que pourra être réglé le problème de manque de personnel", affirme le candidat. Revalorisation des rémunérations peu attractives, révision de l'organisation du temps de travail, reconnaissance du temps de transition entre les équipes font partie des ambitions pour l'hôpital.
La sécurité sociale "sanctuarisée"
Les médecins libéraux ne sont pas en reste : pour lutter contre la souffrance au travail, le candidat souhaite augmenter l'exercice collectif au sein des maisons de soins pluridisciplinaires (MSP) et des centres de santé. Il envisage également la création du "médecin généraliste ville-hôpital", qui pourra aussi être lié à un groupement hospitalier de territoire (GHT). Il pourra assurer des consultations en ville ou à l'hôpital pour palier les effets de la désertification médicale. Enfin, Benoît Hamon souhaite une sécurité sociale "vraiment solidaire". Il souhaite remettre l'Assurance maladie "au cœur du financement de certains soins aujourd'hui négligés, notamment les soins dentaires". Il s'agit aussi de mettre fin aux politiques d'allégements de cotisations sociales "qui ne sont jamais intégralement compensées par l'État", dans le but de sécuriser les finances de la sécurité sociale. Plus généralement, il revendique de "sanctuariser" l'Assurance maladie obligatoire, "le système le plus solidaire et le plus efficace pour rembourser les frais de santé des Français".
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