La problématique de la démographie médicale inquiète et fait débat. Au congrès de la Fehap le sujet a fait l'objet d'une table ronde à l'occasion de laquelle le président de l'Ordre des médecins s'est interrogé sur les chiffres. Par ailleurs, le directeur de la Dress a annoncé la mise en place d'un benchmark international sur la télémédecine.
Pour son 41e congrès, la Fehap a souhaité dans plusieurs de ses conférences-débats faire de la prospective. Concernant l'évolution des professionnels de santé* et en particulier des médecins, le sujet fait l'objet de longue date de nombreuses controverses. Selon les statistiques, notamment rappelées à la tribune par Franck Von Lennep, à la tête de la Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (Drees), la profession médicale est donc plutôt vieillissante. Plus d'un quart des médecins sont aujourd'hui âgés de plus de 60 ans. Par ailleurs, les jeunes générations ont d'autres aspirations que leurs aînés et semblent bouder l'exercice libéral. Des arguments fréquemment entendus et défendus dans les publications officielles.
L'hypothèse contrariée de la télémédecine
Souvent, à ce stade de la réflexion, la télémédecine est affichée comme une solution d'avenir. Sauf que pour diverses raisons, elle ne semble pas dépasser en France le stade de l'expérimentation. C'est pourquoi Franck Von Lennep a annoncé que la Drees envisage de faire un benchmark des applications et des organisations réussies de télémédecine à l'étranger pour mieux comprendre quels sont les freins à son développement dans l'Hexagone. Parmi les pays les plus avancés en la matière, il a notamment évoqué la Suède, le Danemark ou encore certaines provinces canadiennes.
Des chiffres à manipuler avec précaution
Pour Patrick Bouet, président du Conseil national de l'ordre des médecins (Cnom), outre les résistances des anciens confrontés aux aspirations différentes des plus jeunes, les statistiques ne reflètent pas toujours la réalité. Il a ainsi pris l'exemple des médecins généralistes français qui sont affichés à 95 000 au tableau de l'ordre, sauf que seulement 38 000 exerceraient réellement la médecine générale. Par conséquent, dans les faits, "il n'y a pas 95 000 médecins généralistes qui pourront répondre au virage ambulatoire", a-t-il déploré. Par ailleurs, quand on parle de mobilité professionnelle, il s'avère que cela ne concerne pas seulement un changement de région. "De plus en plus, il faudra tenir compte des changements de spécialité en cours de carrière professionnelle". Les générations passées débutaient et finissaient leur carrière comme médecin généraliste, sans se poser de question. "L'activité isolée du professionnel de santé est aussi derrière nous", a-t-il déclaré.
Les jeunes ont besoin d'un temps de réflexion
Cela ne l'a pas empêché de relativiser le postulat selon lequel les jeunes ne s'installent plus en activité libérale. En effet, il a reconnu qu'un an après leur sortie d'internat, ils ne sont que 9% à avoir un tel exercice. Par contre, quatre ans plus tard, un tiers d'entre eux ont pris cette option. Le président du Cnom a aussi souligné que le choix du mode d'exercice semble nécessiter actuellement un certain temps de latence. L'autre phénomène qui complique la situation et fait mentir les statistiques, ce sont les retraités en exercice, représentant une cohorte de professionnels inattendue. Ces différents éléments font donc dire à Patrick Bouet que l'organisation de l'offre de soins sur les territoires ne se jauge pas en fonction du simple nombre des professionnels mais en tenant compte de leurs modes d'exercice et de la façon dont ils vont s'organiser.
* "Les professionnels d'aujourd'hui ne seront pas ceux de demain, quelles évolutions des métiers ?", titre de la conférence-débat proposée le 13 décembre au congrès de la Fehap
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