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jeudi 15 décembre 2016

Le repérage systématique de la démence en Ehpad n'entraîne aucune diminution du recours aux urgences

Une étude a été menée au sein d'une soixantaine d'Ehpad pour étudier l'intérêt d'un repérage systématique de la démence, notamment au regard du nombre de recours aux urgences et d'hospitalisations indues. Cette hypothèse n'a pas été confortée puisque les résidents des Ehpad expérimentateurs ont été davantage hospitalisés.
Contrairement à l'hypothèse de départ d'une étude menée en Midi-Pyrénées, le repérage systématique de la démence des résidents d'Ehpad n'a pas d'impact sur le nombre d'hospitalisations. Au contraire, le recours à l'hôpital s'est révélé plus important pour le panel expérimentateur que pour le groupe contrôle. Cette étude baptisée Idem, pour intérêt d'un repérage de la démence en Ehpad, a été menée en Ehpad sur une année, et a été pilotée par le CHU de Toulouse et le gérontopôle de la métropole. Ce travail avait donc pour objectif d'analyser l'impact d'un diagnostic systématique des résidents sur le recours aux urgences et aux hospitalisations indues. Trente-deux Ehpad ont appliqué un nouveau protocole, a indiqué le Pr Yves Rolland, gériatre au sein du gérontopôle, lors du congrès des unités de soins, d'évaluation et de prise en charge Alzheimer, ce 14 décembre à Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine). 

Force est de constater que l'étude montre des tendances inverses à celles qui étaient attendues. La proportion de résidents hospitalisés au moins une fois en un an est légèrement supérieure dans le groupe d'intervention (16%) que dans le groupe contrôle (12%), détaille le Pr Yves Rolland. Concernant les hospitalisations indues, la part des résidents concernés est également plus significative pour les Ehpad ayant participé au dispositif Idem. "Un repérage systématique de la démence ne se traduit pas par une diminution des hospitalisations aux urgences", résume le gériatre. Ce résultat, pourtant, est en contradiction avec le ressenti des professionnels inclus dans les travaux. Pour 90% d'entre eux la démarche est pertinente.

La conséquence d'un regard médicalisé sur les résidents ?

Les résultats de l'enquête Idem sont encore en cours d'analyse mais le Pr Yves Rolland avance plusieurs hypothèses. Dans le cadre de l'étude, deux réunions de concertations pluridisciplinaires ont été menées à un mois et à onze mois, pour diagnostiquer une potentielle démence des résidents. Ce "focus" sur les personnes âgées et sur leur dossier a pour conséquence de médicaliser le regard porté sur elles, ce qui peut expliquer un recours accru à l'hôpital. Une autre hypothèse est que l'organisation de réunions de concertation et le travail sur les patients "ne modifie pas profondément le travail en Ehpad, ajoute le Pr Yves Rolland. D'un établissement à l'autre, le recours aux urgences est très variable, la "culture" aussi et les différences constatées dans le cadre de l'étude "ne peuvent être expliquées par les caractéristiques mêmes des résidents". Suivant cette logique, "une intervention centrée sur l'organisation de l'Ehpad plus que sur le résident pourrait être plus pertinente", conclut le gériatre.

Le déroulé de l'étude Idem

Sur les 89 Ehpad qui se sont portés volontaires pour participer à l'étude Idem, seuls 64 établissements ont finalement poursuivi dans la démarche. Ils ont été répartis en deux groupes, un groupe intervention, qui a testé la nouvelle organisation, et un groupe contrôle. Au sein du premier panel, les dossiers des résidents ont été étudiés en réunions de concertation pluridisciplinaires (RCP), à un mois, puis à onze mois. Les résidents pour lesquels une démence avait déjà été repérée ou un diagnostic engagé, de même que ceux en Gir 1, ont été exclus de l'étude. Les RCP ont regroupé les professionnels de l'Ehpad, ainsi que des membres de consultations mémoire et centres mémoire de ressources et de recherche. La première réunion de concertation a permis la réalisation d'une évaluation cognitive et gériatrique, d'un diagnostic pluridisciplinaire ainsi que d'un projet de soins. La seconde a permis de constater si les recommandations étaient bien suivies et d'en faire d'autres si besoin. Un site Internet a également été utilisé pour collecter diverses données, notamment le nombre d'hospitalisations et de consultations.
Cécile Rabeux
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