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Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.

jeudi 15 avril 2021

Et nous, comment ça va?

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Les résultats de la nouvelle enquête de Sciensano sont sans appel: les dépressions et les pensées suicidaires augmentent très fort et avec elles, les besoins en support psychologique. Or, les structures d’accueil semblent débordées. Et il faut se préparer à affronter la suite, qui s’annonce pire. 

Des signes qui ne trompent pas. Une nièce en confinement sur son campus, habituellement solide et carrée, avoue qu’elle cherche une psy. Qu’elle n’en a pas trouvé autour d’elle. Mais qu’elle a réussi à obtenir un rendez-vous pour la semaine suivante, en France, par… Zoom. Tout le monde n’étudie pas sur un campus, n’est pas fluide avec les communications par vidéo et n’a pas la ressource d’aller dégoter à des centaines de kilomètres une thérapeute qu’il faudra payer par transfert bancaire. Mais de plus en plus parmi nous ressentent ce même besoin: se décharger de ses angoisses, de son coup de blues ou de ses idées noires. Alors, comment faire? En cas d’urgence? L’évidence. Le 112. Exactement 30 secondes après le début de l’appel. “Un psychologue? Vous prenez rendez-vous à l’hôpital le plus proche. Mais si ça ne va vraiment pas, on envoie une ambulance qui vous emmènera aux urgences où vous aurez accès à un psy de garde.” Le répondant est cordial et au travers de la conversation téléphonique, on perçoit une indéniable empathie. “Ça va aller?” On remercie, on se dépêche pour ne pas occuper la ligne trop longtemps. Au moins on sait qu’il existe réellement un filet de secours en cas de gros pépin. Ce n’est pas le cas: on poursuit avec l’hôpital le plus proche. Il se trouve à 2 kilomètres. On téléphone. Troisième sonnerie. “Des idées noires? Un psychiatre alors? Ou un psychologue? Je vais prendre votre numéro, ma collègue spécialiste vous rappelle de suite.” Littéralement onze secondes plus tard. “Alors, que souhaitez-vous exactement? C’est dans le cadre du Covid? D’accord, si c’est dans ce cadre-là, il vous faut un psychologue. Nous avons un tout nouveau service spécialisé dans ce type de prise en charge… Je peux vous proposer une place lundi prochain à 16h40…” Rapide et efficace. Un rendez-vous avec un psychologue pourrait avoir lieu quatre jours plus tard. Notre pays a sa part de dysfonctionnements, mais ce coup de sonde est plutôt réconfortant. Mais élargissons le champ: on a peut-être été très chanceux…`

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Cri d’agonie de la psychiatrie

par Pierre Delion, psychiatre  publié le 14 avril 2021

Le projet gouvernemental de réorganisation du secteur, fondé sur les neurosciences, est une régression scandaleuse. Son coût risque d’être exorbitant et sa vision contribuera à exclure une approche humaine de la souffrance psychique.

Il n’est pas un jour sans annonces catastrophiques concernant la psychiatrie en France. Ces concernent les conditions dans lesquelles les patients sont traités et à vrai dire trop souvent maltraités. Elles concernent également les soignants-psychiatres, psychologues, infirmiers et autres, qui sont débordés, démotivés, découragés et ont envie de quitter l’hôpital public ou même de changer de métier. Les très nombreux administratifs de la psychiatrie commencent à se trouver eux-mêmes en difficulté pour répondre aux questions cruciales que pose la déshumanisation de la psychiatrie. En effet, chaque jour les plaintes affluent, le nombre des contentions augmente, les listes d’attente s’allongent et les soignants démissionnent, ce qui contribue à noircir davantage le tableau général de la psychiatrie.

Covid : Macron annonce la mise en place d’un forfait psy pour les enfants déprimés

Par SudOuest.fr avec AFP  Publié le 14/04/2021

Covid : Macron annonce la mise en place d’un forfait psy pour les enfants déprimés

Emmanuel Macron est allé à la rencontre des enfants au département psychiatrique des enfants dans un hôpital de Reims, ce mercredi. © Crédit photo : CHRISTIAN HARTMANN / AFP

Dix séances prépayées chez un psychologue et remboursées à 100 % seront accessibles pour les enfants affectés par le Covid-19

Troubles alimentaires, refus d’école, dépressions : « Nous avons aujourd’hui un problème de santé qui touche nos enfants et adolescents, qui se rajoute à l’épidémie », a déclaré le chef de l’État au cours d’une rencontre avec des soignants dans le service de pédopsychiatrie au CHU de Reims.

Le forfait permettra le remboursement à 100 % de 10 séances de psychologue en ville pour des enfants et adolescents de 3 à 17 ans, a précisé la présidence. Il sera activable tout au long de la crise, auprès de psychologues partenaires identifiables sur une plateforme et dans le cadre d’un parcours de soins passant par tout médecin, qui prescrira ce forfait d’urgence.

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« Si les gens savaient… » : à l’hôpital Bichat, une troisième vague de Covid-19 violente avec des patients de plus en plus jeunes

Par    Publié le 14 avril 2021



Plantés face à l’entrée des urgences, les cerisiers en fleur du square Henri-Huchard (18e arrondissement de Paris) défient la haute tour sombre de l’hôpital Bichat. Dans le pâle soleil du printemps, les ambulances et les véhicules de pompiers défilent sous leurs pompons roses. Il y a un an jour pour jour, le 8 avril, la première vague de Covid-19 atteignait son pic, avec plus de 7 000 patients hospitalisés en soins critiques dont près de 2 700 en Ile-de-France.

Sur le parking, dans l’ombre de cet édifice construit dans les années 1970, quelques soignants prennent l’air, en Crocs et pyjamas pastel, avant de disparaître d’un pas pressé. Quelques minutes volées à un jour qui semble sans fin, tant la troisième vague de l’épidémie a des airs de retour à la case départ, avec déjà 5 705 malades en réanimation, dont plus de 1 700 en Ile-de-France.

Juliette Patrier, réanimatrice, et Pierre Claquin, infirmier, dans la chambre d’une patiente atteinte de Covid-19. Service de réanimation de l’hôpital Bichat, à Paris, le 8 avril 2021.

Le “devoir conjugal” existe-t-il ?

Margot Monteils publié le 
Dans le cadre de son divorce, une femme de 66 ans a, en 2019, été jugée « responsable exclusive » de la séparation par la Cour d’appel de Versailles pour avoir refusé d’avoir des relations sexuelles avec son mari. Accompagnée d’associations féministes, l’ex-épouse vient de déposer un recours devant la Cour européenne des droits de l’homme après validation du jugement par la Cour de cassation. Le Collectif féministe contre le viol (CFCV) s’est saisi de l’affaire et a publié un communiqué en défense de l’inculpée. Cette affaire surprenante soulève la question, qu’on aurait pu croire résolue depuis longtemps, du devoir conjugal. Que signifie-t-il dans les faits ? Est-il encore présent, au moins virtuellement, dans notre droit ? Ou n’est-il que le dernier rejeton de ce que certains appellent la « culture du viol » ?


100 000 morts du Covid-19 en France, un traumatisme à l’empreinte incertaine sur le long terme

Par   Publié le 15 avril 2021

Aucune épidémie n’aura été plus virulente en un siècle, depuis la grippe espagnole, en 1918. Au-delà du chiffre, c’est la tragédie vécue par des familles ayant perdu leur proche qui a marqué.

A Rosendaël (Nord), le 7 avril 2021.

C’était il y a un peu plus d’un an, dans une autre vie. Les deux retraités, insouciants, voyagent en car, de la petite ville de l’Aisne où ils habitent jusqu’à Lloret de Mar, en Espagne, sur la Costa Brava. La mer, le soleil, et bien sûr le carnaval avec son cortège de chars colorés les attendent au bout de la longue route.

Certains, parmi les participants toussotent déjà. « Ah, ils vont me refiler leurs microbes », pestait Patrice, en plaisantant à moitié. « C’est la saison », se disait sa femme, Paulette (qui n’a pas souhaité donner son nom), sans trop s’inquiéter. L’ambiance est insouciante, et la nouvelle d’un premier décès lié au Covid-19 en France, un enseignant de Crépy-en-Valois (Oise), paraît bien lointaine.

Ancien ouvrier d’une sucrerie de l’Aisne, Patrice, 72 ans, photographie les défilés. On rigole de la mort du roi Carnestoltes, personnage emblématique des carnavals catalans. « C’est formidable ! », lançait-il à son fils au téléphone, jovial. « Il était loin de se douter que le corbillard serait pour lui », plaisante avec tristesse Paulette.

Le chiffre du jour Camus et la “bonne lassitude”

Octave Larmagnac-Matheron publié le  

40% : c’est le nombre de Français qui affirment souffrir de « lassitude extrême », selon un baromètre de Diffusis commandé par Upfeel.io. En cause : les restrictions sanitaires qui bouleversent, depuis plus d’un an, l’ensemble de la vie sociale. « Ce qui est facilement supportable sur quelques semaines, de façon exceptionnelle, l’est beaucoup moins sur une année ou plus »commente la psychologue Julie Scouppe. La nouveauté du confinement, qui pouvait aider à supporter la situation, a laissé la place à un nouvel ordre de télétravail sans loisir et sans imprévu, qui pèse sur les esprits jusqu’à l’écœurement. Si la lassitude a quelque chose d’insupportable, elle est pourtant aussi, pour Camus, une chance : une invitation à reprendre nos vies en main. 

  • Pourquoi la lassitude nous frappe-t-elle de plein fouet aujourd’hui ? Comme l’explique Camus dans Le Mythe de Sisyphe (1942), si la lassitude peut nous saisir, c’est que notre vie est complètement accaparée, embarquée dans une régularité mécanique : « Lever, tramway, quatre heures de bureau ou d’usine, repas, tramway, quatre heures de travail, repas, sommeil et lundi mardi mercredi jeudi vendredi et samedi sur le même rythme, cette route se suit aisément la plupart du temps. » Quoi de plus vrai aujourd’hui, où les restrictions sanitaires ne laissent plus de place à l’imprévu – une rencontre dans un bar, un apéro improvisé entre amis ?
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Romain Huët : la fatigue est-elle politique ?

LE 14/04/2021

À retrouver dans l'émission

LA GRANDE TABLE IDÉES

par Chloë Cambreling

Romain Huët, maître de conférences en sciences de la communication à Rennes 2, a été bénévole écoutant dans une association de prévention contre le suicide. Il publie son compte-rendu de recherche, "De si violentes fatigues : les devenirs politiques de l’épuisement quotidien "(PUF, 2021). 

Femme malade allongée sur son lit sous une couverture.
Femme malade allongée sur son lit sous une couverture.  Crédits :  Harold M. Lambert -Getty

A partir d'une ethnographie menée au sein d'une association de prévention contre le suicide, Romain Huët explore les figures du sujet fatigué, de l'épuisé, du malheureux, autant de personnes ordinaires exprimant un désaveu pour la vie en raison de leurs difficultés à affronter le quotidien. Il interroge ensuite le devenir politique de cette souffrance qui témoigne de la brutalité de la société.

Par téléphone il y a la voix, parfois la difficulté à respirer ou des personnes qui n’arrivaient pas à prononcer une seule parole, il y a parfois la très grande difficulté à se dire mais aussi la très grande lucidité, et l’écoutant ne sert à rien d’autre que d’en être le témoin. (Romain Huët)

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mardi 13 avril 2021

Les « chèques psy » pour étudiants, un dispositif jugé « bancal », souvent « très complexe », parfois « indécent »

Par   Publié le 13 avril 2021

La mesure d’urgence du gouvernement est ralentie par des lourdeurs administratives, un tarif peu attractif pour les psychologues... Au 10 avril, seuls 905 rendez-vous avaient été pris.

Le 21 janvier, Emmanuel Macron annonçait la création du « chèque psy » le 1er février, pour que tous les étudiants heurtés par la crise puissent consulter un psychologue sans avoir à débourser un centime. Cette mesure doit notamment permettre aux jeunes qui n’ont pas accès aux consultations des services de santé universitaires (SSU) – soit parce qu’ils sont loin, soit qu’ils n’y sont pas rattachés, ou que les délais d’attente sont trop longs – d’obtenir une prise en charge gratuite à proximité, en libéral.

Trois mois plus tard, les professionnels impliqués continuent de se débattre avec un dispositif qu’ils jugent tantôt « bancal », souvent « très complexe », parfois « indécent ». Lourdeurs administratives, système peu attractif pour les praticiens, communication balbutiante : le « chèque psy » peine à prendre son essor. Au 10 avril, 905 étudiants dans toute la France avaient pris rendez-vous avec un psychologue via le dispositif.

Enquêtes de région : La santé mentale, l’autre crise

Par France 3 Hauts-de-France Publié le 12/04/2021

Depuis un an, un virus menace nos corps. Mais le confinement, l’isolement, les restrictions de liberté, les cours à distance ont mis notre santé mentale à rude épreuve.

En quelques mois, les troubles anxieux ont bondi de 20%. Même constat pour les idées suicidaires. Les étudiants et les jeunes ont le sentiment qu’on leur vole leur jeunesse.

Alors que près d’un Français sur quatre doit affronter un trouble de santé mentale, la psychiatrie, parent pauvre de la médecine en France, doit être sur tous les fronts mais les moyens manquent…Pour comprendre ce lourd passé asilaire, nous reviendrons sur l’histoire de l’hôpital de Clermont de l’Oise.

REPLAY 

Enquêtes de région : La santé mentale, l'autre crise 

Trois enquêtes pour approfondir sur le sujet :

"La détresse des étudiants", les témoignages bouleversants d’étudiants lillois qui racontent avec dignité leur quotidien entre solitude et isolement.
Un reportage de Myriam Schelcher, Marie-Noëlle Grimaldi, Richard Gellée, Emilien Varenterghem, Jérôme Dujardin et Marc Graff

"La psychiatrie dans tous ses états", un état des lieux en Picardie, les urgences psychiatriques, la psychiatrie en milieu carcéral et à domicile.
Un reportage de Sophie Picard, Julien Guéry, Julien Cortinovis et Léo Segala

"La mémoire des fous", dans les pas d’une photographe à la recherche de la mémoire enfouie d’un ancien asile psychiatrique et d’un musée qui a sauvé de l’oubli l’histoire de ces personnes enfermées.
Un reportage d'Elise Ramirez, Mathieu Maillet, Maxime Milluy, Pierre-Olivier Pappini


Affaire de l'anesthésiste Frédéric Péchier : qui est l'expert psychiatre Daniel Zagury ?

Publié le 12/04/2021

L’anesthésiste Frédéric Péchier n’a pas le profil d’un tueur en série. C’est ce qui ressort de la contre-expertise du psychiatre de renom Daniel Zagury. Alors qui est cet expert considéré comme l'un des plus réputés des tribunaux ? Eléments de réponse.

L'expert Daniel Zagury dans son bureau

L'expert Daniel Zagury dans son bureau • © Guy Gios / MAXPPP

« L’expert des génies du mal »  comme le titrait le Point en février 2013 ou encore « le psy sans barreaux » selon Libé dans son article de janvier 2020… Daniel Zagury serait de toutes les façons « L’homme qui a vu le mal » (avril 2018 Télérama).

Celui que ses trois enfants ont surnommé "le psychiatre de l'horreur" a vu le jour le 26 juin 1950 à Courbevoie (Hauts-de-Seine) avant de passer une partie de son enfance au Maroc dans la blanche Casablanca. Une enfance douce et ensoleillée qu’il faudra quitter en 1960 pour la grisaille du Val-de-de-Marne.

L'appel de la psychiatrie 

Collégien à Lakanal à Sceaux (Hauts-de-Seine), le jeune Daniel va vite se tourner vers la médecine et mai 68 qui prône la révolution de la psychiatrie va le porter. A l’issue de son internat, Zagury découvre le milieu carcéral et ces hommes et femmes dissimulés derrière l’apparente banalité du mal (auteurs d’infanticides, de crimes psychotiques …). Cette expérience à la Maison d’arrêt de Bois-d’Arcy dans les Yvelines va constituer le point de départ de sa vocation médico-légale. Il est depuis 1987 inscrit sur la liste des psychiatres experts de la cour d’Appel de Paris.

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Vivre sans sexualité

Vivre sans sexualité

4 ÉPISODES (4 DISPONIBLES)

À PROPOS DE LA SÉRIE
  • Cette série aborde la question de la sexualité de façon explicite et parfois crûe, elle n'est pas destinée à toutes les oreilles, les plus sensibles peuvent donc s'abstenir

Baiser serait la panacée, le plaisir suprême, la plus raffinée des jouissances. Le sexe serait une condition sine qua non à la réussite de sa vie, un ciment dont dépendrait la pérennité du couple et la stabilité familiale. Il nous faut « réussir » notre sexualité, « booster » notre libido, et autres termes issus du jargon marketing. Mais la réalité est que nous ne baisons pas autant qu’on voudrait le faire croire. 

Dans un contexte culturel régi par une omniprésence de représentations érotisées, cesser la sexualité revient à s’exclure d’une norme et de tout un système codifié. Tant que nous faisons partie du jeu, nous ne nous en rendons pas réellement compte. Ce n’est qu’une fois abstinent.e.s que toute l’absurdité de nos codes sociaux nous saute aux yeux : pourquoi mettre une femme nue pour nous vendre un yaourt ? Pourquoi mimer une fellation dans une publicité pour des cônes glacés ? Arrêter la sexualité permet de se rendre compte à quel point celle-ci est partout, et souvent là où on ne la voit plus : elle façonne nos imaginaires, code notre morale, structure nos rapports sociaux, pose des problèmes politiques. La sortie de la sexualité, qu’elle soit volontaire ou contrainte, permet d’en prendre la mesure et provoque inévitablement dans nos vies des bouleversements inattendus. Pour le meilleur et pour le pire. 

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Dans 57 pays, près de 50 % des femmes privées du droit à disposer de leur corps

Le Monde avec AFP Publié le 14 avril 2021

Un rapport du Fonds des Nations unies pour la population détaille les atteintes aux droits des femmes, du viol à la stérilisation forcée en passant par les mutilations génitales.

Près d’une femme sur deux dans 57 pays est privée des libertés liées à son corps, qu’il s’agisse de relations sexuelles, du recours à la contraception ou de la recherche de soins de santé, affirme un rapport des Nations unies (ONU) publié mercredi 14 avril.

Marie-Frédérique Bacqué : « Les morts du Covid-19 n’ont été ni identifiés ni pleurés collectivement »

Propos recueillis par   Publié le 13 avril 2021

Dans un entretien au « Monde », la psychologue et psychanalyste souligne que la pandémie s’inscrit dans la tendance générale d’un changement de notre rapport à la mort.

La psychologue et psychanalyste Marie-Frédérique Bacqué.

Marie-Frédérique Bacqué, psychologue et psychanalyste, est professeure de psychopathologie clinique à l’université de Strasbourg, directrice du Centre international des études sur la mort. Elle vient de lancer « Covideuil », une étude sur la place pour le deuil en période d’épidémie.

La France va passer la barre des 100 000 morts du Covid-19 et pourtant, on a l’impression qu’ils sont devenus invisibles…

Ces morts ont été « neutralisés ». Ils ne sont ni identifiés ni pleurés collectivement. Ils ont d’abord été présentés tous les soirs à partir de mars 2020 essentiellement pour faire peur. S’il leur avait été ajouté le nombre quotidien de morts hors Covid-19, alors les Français auraient pu relativiser les effets de la pandémie.

En 2019, il y a eu 613 243 morts en France. Cela signifie entre 1 600 à 1 700 morts par jour. Or, ces morts, personne n’en a jamais donné un aperçu aussi dramatique avant l’épidémie. Imaginons un instant que depuis toujours, le nombre de morts soit annoncé quotidiennement, ne serions-nous pas plus empathiques et moins paniqués ?

Fascisme, nazisme : aux sources d'un mécanisme d'adhésion

LE 13/04/2021

À retrouver dans l'émission

LE TOUR DU MONDE DES IDÉES

par Brice Couturier

Dans "La peur de la liberté", publié en 1941, le sociologue et psychanalyste allemand Erich Fromm mettait en lumière les fondements socio-psychologiques qui sous-tendent l'adhésion des individus à des idéologies autoritaires comme le nazisme ou le fascisme.

Des caractéristiques psychologiques comme le masochisme peuvent-elles être considérées comme le socle de l'adhésion à des idéologies totalitaires comme le nazisme. C'est la thèse que défend le sociologue allemand Erich Fromm...
Des caractéristiques psychologiques comme le masochisme peuvent-elles être considérées comme le socle de l'adhésion à des idéologies totalitaires comme le nazisme. C'est la thèse que défend le sociologue allemand Erich Fromm... Crédits :  sidneybernstein - Getty

Dans La peur de la liberté, publié en 1941, le psychanalyste dissident Erich Fromm (1900-1980) analyse la naissance de l’individu moderne, à l'époque de la Renaissance, avec les outils de la psychanalyse et de la psychologie sociale. 

Ce que le protestantisme avait commencé à faire en libérant spirituellement l’homme, le capitalisme l’a poursuivi mentalement, socialement et politiquement. La base de ce développement a été la liberté économique et c’est la classe moyenne, la bourgeoisie, qui en a tiré le plus grand parti. L’individu n’était plus entravé par un système social figé, basé sur la tradition et avec seulement une petite marge de manœuvre pour son avancement personnel. (…) Il apprit à compter sur lui-même, à prendre des décisions responsables, à renoncer aux superstitions, qu’elles soient apaisantes ou terrifiantes.    
Erich Fromm

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Education : en finir avec la théorie des intelligences multiples

par Rachid Zerrouki, professeur en Segpa à Marseille et journaliste  publié le 12 avril 2021

Certains sont doués pour les maths, d’autres pour la plomberie ou le dessin, c’est comme ça. Derrière cet apparent bon sens se cache la «théorie des intelligences multiples», développée dans les années 80 par Howard Gardner. Mais malgré son succès mondial, elle n’a pas de fondement scientifique.

«Ce que vous faites s’apparente à de l’acharnement thérapeutique»,m’a expliqué un homme d’une soixantaine d’années assis au premier rang. Il a fait le chemin depuis le village voisin jusqu’à cette librairie avignonnaise pour assister à la présentation de mon premier livre, les Incasables, dans lequel j’évoque mon expérience d’enseignant auprès de jeunes élèves en grande difficulté scolaire. Ses grimaces et ses gesticulations persistantes contrastaient avec la bienveillance affichée du reste de mon auditoire, et après une dizaine de minutes, c’en était trop pour ce contrôleur de gestion fraîchement converti en sophrologue : «Ces jeunes-là dont vous parlez, ils ont vraiment besoin d’apprendre à conjuguer et à poser des divisions ? Peut-être qu’ils sont bons ailleurs, dans la plomberie, le hip-hop ou le dessin… Ne seraient-ils pas mieux dehors ?» Selon mon interlocuteur, l’école se trompe lourdement en tentant de faire acquérir les mêmes savoirs à tout le monde. Certains ne sont tout simplement pas faits pour l’étude des éléments constitutifs de la langue dans laquelle ils s’expriment. C’est comme ça, c’est la science qui le dit. «Chacun son intelligence», conclut-il.

Le jour où la vie s’arrêtera sur Terre


 



Par    Publié le 12 avril 2021

Reconnaissons-le, les nouvelles de la planète Terre ne sont guère réjouissantes : une pandémie toujours pas maîtrisée qui tuera des millions de personnes, un réchauffement climatique que l’on tarde à combattre alors qu’il chamboule des écosystèmes et fragilise des populations entières, une érosion accélérée de la biodiversité… Pourtant, avec du recul, on peut affirmer sans cynisme que, malgré tout cela, la vie continuera, y compris si nous nous éradiquons dans un Armageddon thermonucléaire.

Philippe Garrel : « La crise actuelle ne m’a pas empêché de travailler »

Par   Publié le 13 avril 2021

Orfèvre du dialogue amoureux, le cinéaste prépare un nouveau film, dont le tournage devrait avoir lieu en 2022. 


Philippe Garrel à Paris, le 8 avril.

Il y a comme un heureux paradoxe lorsqu’on se propose de rencontrer Philippe Garrel en pleine crise sanitaire. Qu’aurait-il à commenter, lui qui depuis son premier long-métrage, Marie pour mémoire (1967), s’apparente à un tailleur de diamants cloîtré dans son atelier, sourd apparemment à tout ce qui s’apparenterait à une forme d’actualité – celle-là même qui nous asphyxie à petit feu ?

« Inactuel » est d’ailleurs l’un des premiers mots qu’on lui propose pour le définir, au sens que lui donnait Nietzsche : qui agit « contre le temps, et donc sur le temps ». On lui fait par exemple remarquer qu’on ne trouve nulle trace d’objets technologiques dans ses derniers films pourtant remplis de jeunes gens d’aujourd’hui. Habitué à cette question, il reste perplexe :

« Le philosophe Clément Rosset disait que même l’imaginaire était pollué par les usines, les machines. Toute la révolution industrielle a influencé l’inconscient, puisque le rêve était imprégné de ces objets. C’est sans doute pareil avec les machines numériques, peut-être que ça rentre dans les rêves. Mais comme moi je n’ai pas de portable, d’ordinateur, ni de télévision, ça ne rentre pas dans les miens. »

lundi 12 avril 2021

Le Sexe des Modernes Pensée du Neutre et théorie du genre Eric Marty

Disjoindre le sexe et le genre est un geste éminemment moderne, théoriser cette dissociation l’est plus encore.

Ce livre est d’une certaine manière l’histoire de ce geste. Il nous mène des grandes entreprises déconstructrices de la Modernité des années 1960-1980 jusqu’au triomphe contemporain de la théorie du genre : de Sartre, Lacan, Deleuze, Barthes, Derrida ou Foucault jusqu’à Judith Butler.

Pourtant, parce qu’il s’agit d’un objet aussi fuyant que précieux, le sexe des Modernes est aussi un révélateur. Loin d’être tout à fait commun aux deux espaces intellectuels que sont l’Europe et les États-Unis, il est peut-être témoin de leurs divisions : disputes, équivoques, héritages détournés, et guerres silencieuses ou avouées…

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