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Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.

mercredi 24 mars 2021

Reportage Mobilisation à Bobigny : «Comment bien accompagner ces enfants avec des salariés en souffrance ?»

par Cassandre Leray et photos Marie Rouge  publié le 23 mars 2021 

Environ 70 salariés de la Sauvegarde 93 se sont rassemblés ce mardi matin devant le siège de l’association de protection de l’enfance, de l’adolescence et de l’adulte. Ils dénoncent leurs conditions de travail et un management autoritaire.

par Cassandre Leray et photos Marie Rouge

publié le 23 mars 2021

Sans hésitation, Sophie (1) est venue soutenir ses anciens collègues. Masque sur le nez, paillettes sur les paupières, elle le dit sans détour : «Intimidations, violences verbales voire harcèlement… A la Sauvegarde, la souffrance au travail fait partie du quotidien.» A tel point que la jeune femme a fini par démissionner il y a quelques mois, dégoûtée. Elle l’affirme, elle n’est «pas la seule» à avoir quitté la Sauvegarde, une des principales associations de protection de l’enfance, de l’adolescence et de l’adulte de Seine-Saint-Denis : «Je ne pourrais même pas compter le nombre de personnes que j’ai vu passer quand je bossais ici et qui sont parties, parfois au bout de quelques semaines seulement…» Aux côtés de Sophie, une de ses amies toujours en poste fulmine : «Le management au sein de l’asso a réussi à faire fuir des personnes vraiment investies.»

VIDÉO. Une oreille expérimentée au Samu 35 pour les appels de personnes en détresse

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Depuis ce lundi 15 mars, le Samu d’Ille-et-Vilaine accueille des infirmières de psychiatrie qui assurent une permanence téléphonique quotidienne. Une première en France. Son rôle : écouter les personnes en détresse psychologiques et leur proposer la meilleure orientation


Aux urgences de l'hôpital Avicenne : une longue année sous Covid

LE 23/03/2021

À retrouver dans l'émission

LE REPORTAGE DE LA RÉDACTION

par Tara Schlegel

Comment font-ils pour tenir ? Voilà plus d'un an déjà que toutes les hôpitaux vivent avec le Covid, un tsunami qui a d'abord tout balayé sur son passage avant de se transformer aujourd'hui en maladie chronique. L'hôpital Avicenne a ouvert les portes de son service d'urgences et de sa direction.

La façade mauresque de l'hôpital Avicenne, à Bobigny. Aujourd'hui, il s'agit d'un des trois hôpitaux du GHU Paris Seine-Saint-Denis.
La façade mauresque de l'hôpital Avicenne, à Bobigny. Aujourd'hui, il s'agit d'un des trois hôpitaux du GHU Paris Seine-Saint-Denis. Crédits :  AP-HP

Depuis plus d'une année, les structures hospitalières vivent avec une nouvelle maladie qui sensiblement modifié toute leur organisation. L'hôpital universitaire Avicenne a ouvert les portes de son service d'urgences, dirigé par le professeur Frédéric Adnet. Dans cette ruche qui reçoit près de 40 000 passages chaque année, le Covid a été vécu comme un véritable cataclysme. Aujourd'hui, alors qu'une troisième vague menace à nouveau le navire, les soignants sont épuisés, raconte leur chef de service. De son côté le directeur de l'hôpital universitaire Avicenne AP-HP, Alban Amselli,  tient à féliciter tout son personnel et à rappeler sa mobilisation sans faille. Dialogue croisé.

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Covid-19 : les hospitalisations en pédopsychiatrie ont explosé de 80%


 





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Les hospitalisations des moins de 15 ans pour motifs psychiatriques ont explosé de 80%. Reportage en pédiatrie au CHU de Rouen (Seine-Maritime). 

Au CHU de Rouen (Seine-Maritime), une adolescente de 14 ans est hospitalisée pour la deuxième fois cette année. Elle souffre de troubles alimentaires depuis le premier confinement. "C'est à ce moment-là que j'ai commencé à me restreindre, à faire des régimes, alors qu'avant tout allait bien. On se retrouve seule face à soi-même, on voit moins ses amis, on ne va plus à l'école, on ne fait plus grand chose", explique l'adolescente. À un âge où la sensibilité est exacerbée, difficile de rebondir sans perspective positive. 

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Idées suicidaires : les hospitalisations des moins de 15 ans "en hausse de 80%", relève une membre du Conseil scientifique





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Idées suicidaires : les hospitalisations des moins de 15 ans "en hausse de 80%", relève une membre du Conseil scientifique






La pédopsychiatre Angèle Consoli confirme un fort impact de la crise sanitaire du Covid-19 sur les ados mais aussi les petits. Il faut leur parler d'avenir, conseille-t-elle.

Les hospitalisations des moins de 15 ans pour motif psychiatrique sont "en hausse de 80%", relève lundi 22 mars sur France Inter Angèle Consoli, pédopsychiatre à l'hôpital parisien de la Pitié-Salpétrière et membre du Conseil scientifique. Avec le ministre de la Santé Olivier Véran, le Premier ministre Jean Castex tiendra une réunion consacrée aux enjeux de santé mentale à l'aune de la pandémie, dans la journée à Matignon.

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Des troubles psychiatriques liés au Covid-19 à ne pas négliger

Par .  Publié le 22 mars 2021

Plus que l’impact spectaculaire de l’apparition de troubles psychotiques chez quelques personnes ayant contracté le Covid-19, l’anxiété, la dépression, les troubles de stress post-traumatique ou cognitifs, persistant après une infection, sont à ne pas minimiser.

Un patient dans le service des urgences de l’hôpital psychiatrique du Rouvray, à Rouen, en novembre 2020. Les mesures de confinement et la crise sanitaire entraînent une recrudescence de dépressions.

Une mère de famille se présente chez son médecin. Elle a 42 ans, quatre enfants et est plutôt de type alerte. Elle n’a jamais eu de problèmes psychiatriques. Cependant, cette Américaine a tout à coup entendu une voix intérieure qui lui disait de tuer ses enfants puis de se suicider. Ces symptômes psychotiques sont curieusement apparus à l’été 2020 chez cette femme qui avait contracté le virus du Covid-19 au printemps, sous une forme très modérée et sans hospitalisation aucune.

A Hongkong, le confinement qui arrache les enfants à leurs parents




par Anne-Sophie Labadie, correspondante à Hongkong  publié le 23 mars 202


La péninsule emploie les grands moyens pour éradiquer le Covid-19 et isole d’office en quarantaine tout suspect d’infection. Jusqu’à séparer les enfants de leurs parents. Notre correspondante et ses enfants ont été les victimes de ces mesures draconiennes.

«Je suis choquée de l’emprisonnement d’enfant», s’indigne cette femme qui préfère garder l’anonymat. Parce qu’un cas de Covid-19 a été diagnostiqué dans l’école de son fils de 4 ans, «on a été enlevés de chez nous et placés dans un environnement sommaire de 15 m² avec l’impossibilité de sortir même cinq minutes», s’emporte-t-elle. Dans son malheur, la jeune mère est toutefois autorisée à rester avec sa progéniture, une chance que d’autres parents ne peuvent goûter.

mardi 23 mars 2021

L’ostéopathie, pas plus efficace qu’un placebo contre le mal de dos ?

par Eric Favereau  publié le 23 mars 2021

Première mondiale, une étude de près de dix ans vient de rendre ses conclusions sur les effets de l’ostéopathie dans le traitement des lombalgies. Il apparaît que cette discipline, très prisée en France, n’est pas plus efficace qu’un placebo – mais cela ne veut pas dire non plus qu’elle est inefficace.

Alors que l’ostéopathie fait fureur en France, une étude affirme qu’elle ne serait pas plus efficace qu’un placebo dans le traitement des lombalgies. Menée pendant près de dix ans sur plus de 400 patients souffrant d’une lombalgie, publiée le 11 mars par l’équipe du professeur François Rannou de l’hôpital Cochin dans la grande revue médicale Jama, l’étude est catégorique : les séances d’ostéopathie n’ont pas plus d’efficacité qu’un placebo, ce qui, faut-il rappeler, n’est pas totalement nul.

Les complémentaires santé vont rembourser des consultations de psychologue

Par Le Parisien avec AFP 

Le 23 mars 2021 

Un minimum de quatre séances par année pourrait être pris en charge. Un projet rendu urgent avec la crise sanitaire, alors que les troubles dépressifs sont en nette hausse.

Les fédérations de mutuelles, assurances santé et institutions de prévoyance ont annoncé lundi la prise en charge de plusieurs consultations de psychologues par an, sur prescription médicale et « dans la limite de 60 euros par séance ». Les complémentaires santé prennent les devants, alors qu’une réunion de ministres « sur la santé mentale » était prévue lundi après-midi à Matignon.

Leurs trois fédérations ont décidé de concert de généraliser le remboursement « dès le premier euro » des psychologues libéraux, « sur orientation médicale ». Pour les mutuelles, « un minimum de quatre séances par année pourra être pris en charge dans une limite de 60 euros par séance », précise la Mutualité française dans un communiqué.

L’énigme des Covid longs, ce « brouillard cérébral » qui empêche de vivre normalement

Par  Publié le 22 mars 2021




C’était en mai 2020, la première vague de l’épidémie de Covid-19 commençait à reculer. La professeure Dominique Salmon-Ceron, infectiologue à l’Hôtel-Dieu (Assistance publique-Hôpitaux de Paris, AP-HP), à Paris, reçoit alors une patiente qui se plaint d’une fatigue intense et brutale, l’empêchant de prendre sa douche. Passionnée de voile, cette jeune femme travaille dans les ressources humaines. Infectée par le SARS-CoV-2 en mars 2020, elle n’avait alors eu que des maux de tête, une perte d’odorat passagère et un peu de fièvre, puis avait repris son travail, un mois après, bien qu’encore fatiguée. Mais elle avait beaucoup de mal à suivre ses visioconférences car elle n’arrivait pas à se concentrer et mélangeait les syllabes lorsqu’elle parlait. Elle se réveillait parfois en forme puis, brutalement, au cours de la journée, devait s’allonger. Aujourd’hui, elle va mieux.

Santé mentale des Français: «L'impression d'un burn-out généralisé, les gens vont très mal»

Publié le : 

Suite à l'alerte de professionnels de la psychiatrie, et après le résultat de l'enquête CoviPrev, menée par Santé Publique France, une réunion se tient ce lundi 22 mars à Matignon pour discuter de la santé mentale des Français. Augmentation de la prise en charge dans les services de psychiatrie, et notamment de jeunes patients, tentatives de suicide, état dépressif, anxiété, les Français vont mal. Comment l'expliquer ? Éléments de réponse avec le docteur Serge Hefez, psychiatre, responsable de l’unité familiale dans le service de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent à l’hôpital parisien de La Pitié-Salpêtrière. 


« On a reçu la détresse des gens de plein fouet » : les travailleurs sociaux, en première ligne de l’autre crise du Covid-19



A la question de savoir comment elle se porte, Madame A. répond d’abord que « ça va ». « Ça va », même si son dernier contrat de travail s’est arrêté le 2 mars, et si elle ne comprend pas pourquoi son aide au logement (APL) n’est plus versée. Elle aborde aussi le problème de voisinage qui lui empoisonne le quotidien, et les retards de loyers qui, en plus de peser sur son budget, l’empêchent de changer de logement social. Le « ça va » se dilue finalement dans quelques larmes lorsqu’elle explique qu’elle ressent « beaucoup de stress », ne « dort plus », et que son médecin lui a « prescrit des médicaments ».

Blandine, assistante sociale au service social du département, lors d’un entretien, à Saint Etienne (Loire), le 11 mars.

Hôpital psychiatrique : il est urgent de reconstruire

Par Anne RIMLINGER le 23 mars 2021

Avec la crise sanitaire, l’hôpital psychiatrique de Jury a été rudement éprouvé, devant faire face à sept clusters en quelques semaines à peine. La vétusté du site y est pour beaucoup. L’équipe de direction attend la reconstruction avec impatience, l’espère pour 2025.

La bonne nouvelle, c’est que la situation sanitaire de l’hôpital de Jury s’améliore. « Nous n’avons plus de cas de Covid chez nos patients et parmi le personnel. Et depuis la semaine dernière, nous avons commencé la vaccination des patients de longue durée », se satisfait Olivier Astier, le directeur.

« Pour autant, l’unité d’hospitalisation complète de Tivoli n’ouvrira pas avant fin septembre. Seule demeure ouverte l’hospitalisation de jour de huit places. » Il a fallu rapatrier le personnel pour assurer les remplacements.

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EXCLUSIF. Alcool et tabac sont les addictions qui ont le plus augmenté depuis un an

Par M. F. Publié le 17 mars 2021

Si les addictions des Français semblent globalement maîtrisées après un an de pandémie, de fortes disparités apparaissent entre les tranches d’âge et les régions, selon un sondage YouGov en partenariat avec « l’Obs ».

Après un an de pandémie, deux confinements et plusieurs périodes de couvre-feu, « l’Obs » s’est interrogé sur le rapport des Français à leurs addictions. Si ces dernières ont augmenté pour 14 % des Français, selon notre sondage en partenariat avec YouGov, elles n’ont malgré tout pas connu l’explosion redoutée. Une nuance toutefois : le sondage porte sur l’état des addictions après un an de pandémie, et ne prend pas en compte les disparités qui ont pu exister d’une période de confinement à une autre. Il montre par ailleurs qu’existent des disparités, aussi bien générationnelles que régionales.


Violence adolescente : comment la penser, quelles réponses apporter ?

LE 22/03/2021

À retrouver dans l'émission

ÊTRE ET SAVOIR

par Louise Tourret

Alors que l'actualité a été marquée par de nombreux faits de violence chez les jeunes ces dernières semaines, Etre et savoir s'interroge : que traduit cette violence, est-elle exponentielle, accentuée par le confinement ? Et surtout, comment la prévenir, quelle place pour l'éducation ? 

Violence chez les jeunes : quelles évolutions et quelles solutions ?
Violence chez les jeunes : quelles évolutions et quelles solutions ? Crédits :  Uwe Umstatter -Getty

Différents faits divers très violents ont marqué l’actualité récente : le passage à tabac du Yurih, 15 ans, à Paris en janvier. Deux rixes entre bandes qui ont abouti aux morts de Lilibelle, 14 ans, poignardée à Saint-Chéron, et de Toumani 14 ans, poignardé à Boussy-Saint-Antoine, également dans l’Essonne, en février. Le meurtre d’Aymen, 15 ans, tué par balles à Bondy et enfin l’assassinat de la jeune Alisha, 14 ans, par deux élèves de sa classe en mars. Des violences adolescentes et des morts qui nous bouleversent et nous troublent, ce ne sont pas là des formules. 

Nous allons essayer de comprendre ce soir de quoi ces violences, entre bandes, entre pairs, sont l’expression. Si la violence juvénile relève d’une anomie qui traverse les époques ou si elle est spécifique à la nôtre. Mais même… Si les bagarres, le harcèlement ne sont pas inédits, il n’en reste pas moins que ces évènements nous disent quelque chose de la société et qu’ils engagent des réponses éducatives maintenant. Dès lors, comment adapter la prévention à l’heure où les relations se nouent à la fois dans les versants physiques et numériques des mondes adolescents, et dans le contexte si spécifique de la pandémie de Covid 19 ?

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Londres, Paris, Bruxelles, Berlin, Washington : envisageons-nous l’avenir de la même manière ?

LE 21/03/2021

À retrouver dans l'émission

L'ESPRIT PUBLIC

par Emilie Aubry

Cette semaine L'Esprit Public propose de revisiter l'actualité avec un quatuor européen, un "'Esprit d'ailleurs" à travers l'Europe et jusqu'aux Etats-Unis, avec une seule question : "Londres, Paris, Bruxelles, Berlin, Washington : percevons-nous l’avenir de la même manière ?"

Jean Castex, Angela Merkel, Joe Biden et Boris Johnson...
Jean Castex, Angela Merkel, Joe Biden et Boris Johnson...  Crédits :  G. VAN DER HASSELT / H. HANSCHKE / Drew Angerer / GETTY / DANIEL LEAL-OLIVAS - AFP

A première vue, le gouvernement français a choisi la ligne dure : ainsi depuis vendredi minuit, 21 millions de Français sont reconfinés, en Ile de France, Hauts de France, Alpes Maritimes, Eure et Seine Maritime, reconfinement 7 jours sur 7 pour endiguer une 3e vague, avec interdiction des déplacements inter-régionaux. 

Mais pourtant un an après le début de ce cauchemar pandémique, beaucoup de choses ont changé. Le gouvernement français a inventé un nouveau concept : « confiner sans enfermer », ce que mon confrère Hervé Gardette résume d’un oxymore : « le confinement en extérieur » : en clair, nous pouvons rester dehors autant que nous le souhaitons jusqu’à 19h, soit une heure de plus que les semaines précédentes, dans un rayon de 10 km. Autre spécificité de ce reconfinement : librairies, disquaires et coiffeurs restent ouverts.

Alors bien sur il y a déjà ceux qui mettent en doute l’efficacité de ce nouveau plan sanitaire français, notamment le monde de l’hôpital : car en laissant les Français libres de leurs mouvements jusqu’à 19h , sans brider davantage leurs libertés, limitera-t-on suffisamment ces fameuses interactions sociales qui font grimper en flèche contaminations et hospitalisations ?

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Y a-t-il place pour la nuance dans la France d’aujourd’hui ?

LE 20/03/2021

À retrouver dans l'émission

RÉPLIQUES

par Alain Finkielkraut

Répliques interroge la confrontation dans le débat public. Quelle est la place pour une argumentation élaborée et quel est le rôle dévolu à l'intellectuel ? 

Le débat public
Le débat public Crédits :  Emin Kelekci - Getty

Dans une chronique publiée par Le Figaro le 1e décembre 2019, Jacques Julliard écrivait : "il y eut dans la dernière décennie du vingtième siècle, entre la chute du mur de Berlin -1989- et la destruction des tours du World Trade Center -2001-, une parenthèse enchantée où les idéologies s'étant tues, les bouches s'ouvrirent et où tout le monde se mit à parler à tout le monde ou presque. L'effondrement de la machine de guerre froide et du dogmatisme stalinien s'accompagna d'un brusque regain de confiance dans les vertus du dialogue". Jacques Julliard a raison ! Sa mémoire n'enjolive pas les choses. J'ai connu cette période d'ouverture et je garde la nostalgie des premières Rencontres de Pétrarque créées par Jean-Marie Borzeix où des intellectuels de droite et de gauche discutaient avec véhémence mais sans haine et sans anathème. Comme le proclamait Pierre Nora dans un article célébrant les dix ans de sa revue : l'esprit du débat était devenu l'esprit de l'époque. Les choses ont changées, selon Jacques Julliard : le débat, dit-il, est aujourd'hui impossible et tenu pour une forme de compromission avec l'ennemi. À mesure que les voies de l'intolérance se font à nouveau entendre, la parole cesse d'être, l'intimidation tient lieu d'argumentation. 

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À retrouver dans l'émission
À retrouver dans l'émission

Inégalités Michael J. Sandel : «La méritocratie a une face obscure : elle érode le bien commun»

par Laure Andrillon, Illustration Benjamin Tejero publié le 22 mars 2021

Pour le philosophe à succès, l’idéal méritocratique suggère que chacun jouant d’égal à égal, nous méritons notre réussite comme notre échec. En légitimant les inégalités, il alimente le ressentiment contre les élites et le populisme. L’Américain propose au contraire d’aligner les salaires à ce que les travailleurs apportent vraiment à la société et de remplacer la sélection à l’université par un tirage au sort.

A l’université Harvard où il enseigne depuis 1981, Michael J. Sandel est surnommé «le Philosophe rockstar». Ses cours sur la justice ont fait déborder même les plus grands amphithéâtres du campus bostonien, et leur retransmission a été visionnée plusieurs dizaines de millions de fois sur YouTube. Son dernier ouvrage, la Tyrannie du mérite (Albin Michel, mars 2021), est venu toucher l’audience étudiante en plein cœur : le professeur de philosophie politique y affirme que la méritocratie est un mauvais idéal pour nos démocraties, car elle justifie les inégalités au lieu de les gommer. Selon Michael J. Sandel, l’aspiration méritocratique génère de la démesure chez les gagnants en même temps qu’elle attise la rancœur des perdants, ne faisant que creuser le sillon qui les sépare. Ce livre, qui se veut une invitation à l’humilité pour les élites des méritocraties du monde entier, est paru aux Etats-Unis moins de deux mois avant l’élection présidentielle américaine. La pensée de Michael J. Sandel a pris un sens tout particulier lorsque les résultats du scrutin ont été contestés par Donald Trump et ses partisans en novembre 2020, puis quand, le 6 janvier 2021, a éclaté l’émeute du Capitole. Depuis sa bibliothèque du Massachusetts, le philosophe américain se réjouit que son texte soit aujourd’hui disponible en France : car le Brexit, le mouvement des gilets jaunes, la montée du populisme en Europe indiquent que le Vieux Continent n’est pas épargné par cette montée du ressentiment chez les perdants de la méritocratie. En révélant la «face cachée» de cette notion tant aimée qu’est le mérite, Michael J. Sandel espère nous guérir de l’obsession de la réussite et donner un nouvel élan dans une quête qu’il juge délaissée : celle du «bien commun».

Pour Cioran, Paris est "le seul endroit où il fasse bon désespérer"

LE 22/03/2021

À retrouver dans l'émission

AFFAIRE EN COURS

par Marie Sorbier

Alors que les Parisiens sont à nouveau confinés, vient de paraître "On ne peut vivre qu'à Paris", un livre illustré autour d'aphorismes de Cioran avec des dessins de Patrice Reytier (Rivages, mars 2021). Retour sur cette forme brève et sentencieuse avec le spécialiste de l'aphorisme Philippe Moret.

Extrait du livre illustré "On ne peut vivre qu'à Paris"
Extrait du livre illustré "On ne peut vivre qu'à Paris" Crédits :  Emil Cioran / Dessins de Patrice Reytier

"Paris, point le plus éloigné du paradis, mais le seul endroit où il fasse bon désespérer"... Alors que les Parisiens sont à nouveau confinés dans leur ville, On ne peut vivre qu'à Parisune bande dessinée autour des aphorismes d'Emil Cioran a paru aux éditions Rivages en mars 2021. Les dessins de Patrice Reytier transforment Cioran en personnage déambulant dans les rues de la capitale, nous octroyant ses pensées fulgurantes sur notre condition humaine. Au micro de Marie Sorbier, le docteur en lettres et spécialiste de l'aphorisme Philippe Moret, auteur du Bouquin des aphorismes (Robert Laffont, 2018) livre une définition de cette forme brève et sentencieuse. 

La définition la plus simple serait justement le terme "définition". Un aphorisme essaye de délimiter une réalité conceptuelle en la circonscrivant, en la distinguant de ce qu'elle n'est pas.                
Philippe Moret

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Vérité scientifique : "Il faut des choses dont vous ne doutez pas pour pouvoir douter correctement"

22/03/2021

Entretien | A l'ère des fakes news et des théories du complot, est-il encore possible de trouver la vérité ? Les sciences, dans leur rapport au réel, semblent être en mesure de s'en approcher. Mais est-ce bien le cas ? Entretien avec le philosophe des sciences Philippe Huneman. 

Le mathématicien Bernard Le Bovier De Fontenelle (1657-1757) contemple les cieux.
Le mathématicien Bernard Le Bovier De Fontenelle (1657-1757) contemple les cieux.Crédits :  Jean Baptiste Morret - Getty

Peut-on encore avoir confiance en la science ? Est-elle capable de s'approcher de la vérité ? A l'heure des fake news et des théories du complot, la notion de vérité est plus que jamais ébranlée. Les sciences dures, même si elles ont été malmenées par la longue crise sanitaire, conservent pourtant une aura de véracité : sont-elles plus à même que d'autres disciplines, grâce à leur méthodologie et leur rapport au réel, de s'approcher de la vérité ? Le philosophe des sciences Philippe Humenan, directeur de recherche à l'Institut d'histoire et de philosophie des sciences et des techniques (CNRS/Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne), a répondu à nos questions. 

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