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Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.

vendredi 20 mai 2016

Si « Le Généraliste » était paru en mai 1906 L’auscultation par téléphone, c'est pour bientôt !

Alain Létot     19.05.2016

L’auscultation, désormais, va pouvoir se faire à distance, par téléphone. C’est du moins ce que nous annonce un certain Dr Lillienfeld qui décrit un appareil de son invention, un cardiophone permettant d’ausculter à distance le cœur par téléphone. L’auteur signale l’avantage de cet instrument au cours de l’anesthésie opératoire, surtout pour les chirurgiens de campagne opérant sans aides qui pourront opérer en auscultant.

En outre, en auscultant à distance dans la pièce à côté plus d’érethisme cardiaque émotionnel. Et quelle amélioration pour l’enseignement clinique des maladies du cœur ! Peut-être un jour, on appliquera à l’auscultation la téléphonie sans fil et alors les grandes consultations pourront se donner à distance.

Tout arrive, n’est-il pas vrai ?

(« La Chronique médicale », 1906)

Accessibilité, handicap : actions et sanctions...

19.05.2016
Sur le handicap, le gouvernement entend afficher une politique ambitieuse en présentant au même moment décret sur les sanctions en matière d'accessibilité et Conférence nationale du handicap. Lors de ce rendez-vous Marisol Touraine a présenté jeudi matin les engagements pris par son ministère depuis décembre 2014, date de la dernière conférence du même nom. La feuille de route qui en était issue prévoyait de « garantir à chacun, quelle que soit sa situation de handicap, la possibilité de vivre dignement et d’exercer sans entrave tous les droits que confrère la citoyenneté », dont celui « d’accéder à des soins de qualité », a rappelé la ministre de la santé.

jeudi 19 mai 2016

EVENEMENTS DU CENTRE POPINCOURT PROJECTION DEBAT A LA CITE DES SCIENCES SAMEDI 4 JUIN 2016


                                          Le film: "The voices" de Marjane Satrapi  

EVENEMENTS DU CENTRE POPINCOURT

PROJECTION DEBAT A LA CITE DES SCIENCES SAMEDI 4 JUIN 2016 
Le Centre Popincourt organise
une projection-débat

 à la Cité des sciences et de l'industrie
en partenariat avec la Cité de la santé

en écho à l'exposition "Mental Désordre, changez de regard sur les troubles psychiques" qui s'y déroule jusqu'au 06 novembre 2016.  

SAMEDI 04 JUIN 2016 à 15h

Cité de la santé, Amphi Painlevé niveau -1

Cité des sciences et de l'industrie - 30, avenue Corentin-Cariou - 75019 Paris  












"Mental Désordre", l'exposition qui nous montre comment vivre avec la folie

Par      
 19/05/2016

"Mental Désordre" est à découvrir jusqu'au 6 novembre à la Cité des Sciences
© Heureka
Dans le monde, une personne sur quatre souffre d’un trouble psychique au cours de sa vie. En France 1,4 million de personnes sont suivies par les services de psychiatrie. Jusqu'au 6 novembre 2016, la Cité des Sciences de la Villette propose aux visiteurs une immersion au cœur des psychoses et des dépressions avec l'exposition "Mental Désordre". De quoi bousculer les préjugés et ouvrir les esprits.
Les personnes souffrant d’un trouble de santé mentale rencontrent de nombreux obstacles dans leur quotidien. Pour tenter de changer ces à priori, la Cité des Sciences propose une nouvelle exposition. "Mental Désordre" invite les visiteurs à porter un autre regard sur les maladies psychiques.

Reportage : D. Morel / L. Bignalet / Y. Zysman / C. Gomberg
"Mental Désordre", nouvelle exposition à la Cité des Sciences et de l'Industrie
Vivre la folie pour mieux la comprendre
Dans une scénographie en trois séquences dominée par le bois et les œuvres de l’artiste finlandaise Vappu Rossi, jeux, maquettes, témoignages, quiz, tests et simulations placent le visiteur au cœur d’une expérience sensorielle. 

Prise en charge de l’autisme : les psychiatres se rebiffent

 18/05/2016


Il n’est qu’un point sur lequel l’ensemble des personnes intervenant ou souhaitant intervenir dans la prise en charge de l’autisme pourrait s’entendre : les moyens déployés par la France ont longtemps été scandaleusement insuffisants pour répondre aux besoins.
Quant au reste, c’est une véritable guerre qui a été déclarée par quelques associations de familles aux psychiatres et aux psychanalystes. Ces derniers sont accusés d’avoir «confisqué » la prise en charge des patients, d’avoir présenté les médicaments et l’isolement dans des centres psychiatriques comme la seule « issue » et d’avoir culpabilisé les parents, notamment les mères. Des témoignages édifiants résumant la façon dont certaines thèses psychanalytiques avaient tôt fait de considérer l’autisme comme la conséquence des comportements des mères ont bientôt créé un écran, empêchant de voir une réalité plus contrastée.

mercredi 18 mai 2016

Les habitants des îles Samoa en meilleure santé mentale

 09/05/2016

Signifiant “à la manière samoane”, le terme Fa’asamoa résume un mode de vie affectant la population des îles Samoa, et comportant notamment le respect des traditions et des autorités (aînés, parents, institutions). The Australian & New Zealand Journal of Psychiatry évoque ces îles Samoa, une “culture collective tribale avec de fortes attaches familiales”, comme illustration exemplaire d’une société en voie de développement où le taux de morbidité psychiatrique est largement inférieur à celui d’un pays économiquement plus avancé, comme la Nouvelle-Zélande. 

Aux Samoa, la fréquentation des structures psychiatriques est ainsi de l’ordre de 1,2 pour mille habitants, soit seulement le dixième de celle enregistrée à Christchurch, en Nouvelle-Zélande (12,5 pour mille habitants).

Un peu de Darwin en psychiatrie

 11/05/2016




L’existence des maladies mentales et surtout leur persistance au fil des siècles semblent poser un problème de compatibilité avec la théorie de l’évolution développée par Darwin. Dans une perspective évolutionniste, rappelle The Canadian Journal of Psychiatry, on peut s’interroger en effet sur les raisons pour lesquelles ces troubles psychiatriques existent et persistent, alors que leurs «porteurs », les patients, n’en tirent (apparemment) aucun bénéfice ni pour eux, ni pour l’espèce humaine. Il est cependant possible que ces troubles mentaux confèrent un certain avantage adaptatif. Par exemple, les allèles concernés par l’augmentation du risque de schizophrénie ou de trouble du spectre autistique peuvent aussi être impliqués dans l’augmentation d’aptitudes en rapport avec l’abstraction, se traduisant notamment par « l’élévation du QI, de la créativité ou du raisonnement mathématique. » Songeons, par exemple, au peintre Vincent Van Gogh ou au mathématicien John Forbes Nash. Schématiquement, dans cette « approche évolutionniste pour guider la recherche » en psychiatrie, on peut concevoir le développement de troubles mentaux existant malgré la sélection naturelle, ou au contraire en raison de cette pression de sélection. Dans le premier cas, on peut noter que les composantes héréditaires de certains traits psychopathologiques complexes et à déterminisme polygénique se maintiennent car l’apparition de mutations délétères est plus rapide que leur élimination par la seule sélection naturelle (balance mutation/sélection). La fréquence de ces mutations est accrue sous l’effet de certains facteurs environnementaux (comme l’endogamie, de graves carences alimentaires chez la mère ou un âge paternel élevé).

Soixante-six suicides assistés pour maladie mentale aux Pays-Bas


Du fait de législations “libérales” ou “irresponsables” (selon les opinions), on observe dans certaines contrées comme les Pays-Bas, une augmentation du nombre d’euthanasies (légales) et/ou de “suicides médicalement assistés” (SMA) concernant des patients souffrant de troubles psychiatriques.

Le Cas Paramord. Obsession et contrainte psychique, aujourd'hui


Pierre-Henri Castel






Parution : 14 mai 2016

L'œuvre

Le Cas Paramord s’essaie à un projet inhabituel dans la littérature psychanalytique : livrer le récit d’une cure entière. Or une telle entreprise, déontologiquement délicate, ne se justifie qu’à la lumière d’enjeux graves et généraux. Ce problème fondamental, c’est ici la vieille question de la « contrainte psychique ». Car, selon Pierre-Henri Castel, même si l’enveloppe formelle des symptômes de la névrose obsessionnelle freudienne subsiste, beaucoup parmi nous vivent autrement cette contrainte. Le contexte anthropologique, philosophique et moral de cette mutation est patiemment déplié, enrichissant de façon tout à fait inédite l’analyse clinique.

Mais loin de se réduire à l’illustration d’un point de doctrine, le récit d’une psychanalyse met toujours sur la table ce qu’on juge être la psychanalyse. Aussi l’auteur tente-t-il, en postface, de donner forme conceptuelle à certains mouvements inconscients dans lesquels il s’était trouvé emporté avec son patient. Rêves, affects, étrangetés du langage en ressortent éclairés d’un nouveau jour. 

Fortement marqué par Lacan et Bion, lecteur critique de Bollas, Ogden et Ferro, Pierre-Henri Castel présente alors la psychanalyse qu’il appelle de ses vœux, ce qui donne à cet ouvrage valeur de manifeste.


Soins : les nouveau-nés souffrent encore trop !

11/05/2016


Il n’y a pas que des raisons éthiques pour lutter contre la douleur provoquée par les soins chez le nouveau-né. Des stimuli douloureux répétés en début de vie entraînent une instabilité physiologique, une perturbation de la réponse au stress et des anomalies du développement. Or ce type de douleur reste inconstamment évalué et insuffisamment traité, notamment chez le prématuré.
Les actes visés comprennent la piqûre au talon (avec une lancette), la ponction veineuse, l’insertion d’un cathéter vasculaire, la pose d’un drain pleural et son retrait, l’intubation trachéale non urgente, la circoncision, les vaccinations, les examens ophtalmologiques…
Les nouvelles recommandations de l’American Academy of Pediatrics (AAP) mettent l’accent sur la limitation de ces actes –autant que possible-, une évaluation objective de la douleur aiguë néonatale, et les indications des différents moyens antalgiques.

mardi 17 mai 2016

La Belgique veut inciter les patients en arrêt maladie à reprendre plus tôt le travail


En Belgique aussi, le nombre grandissant d'arrêts maladie pèse de plus en plus dans les finances. Pour enrayer la tendance, la ministre belge de la Santé, Maggie de Block, a exposé la semaine dernière un projet de loi afin de pousser les patients en arrêts maladie à reprendre plus vite le travail. Le dispositif, dont on ne connaît pas le détail, consisterait en « une procédure personnalisée de suivi des malades via un questionnaire ».
Selon l'Écho, les patients remplissent un formulaire après deux mois d'arrêt. Au cas par cas, ils sont évalués sur leurs capacités à reprendre le travail dans un cadre adapté. Au bout de six mois de congé maladie, ils reçoivent un deuxième questionnaire et rencontrent « un collaborateur de la caisse d'assurance maladie » pour une nouvelle évaluation.

« Comme À La Maison », c'est l'association pour la maison de naissance des Bluets, en partenariat avec la Maternité des Bluets.

SMAR 2016 : deux soirées événements les 17 et 19 mai
















La Semaine mondiale de l'accouchement respecté (SMAR), c'est du 16 au 22 mai 2016, avec cette année pour thème "mon corps, mon bébé, ma décision". Voilà 3 mots forts sur lesquels il y a à dire! 3 mots qui interpellent, qui font résonner beaucoup de choses. Et si on en discutait, et si on faisait tomber les masques et les peurs, et si on en profitait pour y réfléchir et faire évoluer les pratiques.

Salah Abdeslam est-il d’ores et déjà condamné à une mesure «pire que la peine de mort» ?

JOURNALISME ET SANTÉ PUBLIQUE

Le blog de Jean-Yves Nau, journaliste et docteur en médecine


Micro Guantanamo à Fleury-Mérogis ? Remarquable papier dans Le Quotidien du Médecin (Christian Delahaye) ; papier distancié traitant d’un sujet qui déchaînera bientôt quelques passions : les conditions de détention de Salah Abdeslam, 26 ans, dernier membre vivant des commandos terroristes du 13 novembre à Paris (130 morts). Des conditions de détention qui commencent à alimenter une polémique médicale et philosophique.
« La CNIL a été saisie, mais pas les médecins, sur l’utilisation de deux caméras branchées non-stop, résume Le Quotidien. Face à un certain vide juridique et en l’absence d’études scientifiques, le corps médical exprime des réticences face à ce que certains qualifient même de ‘’scandale’’, ou de sanction qui pourrait être ‘’pire que la peine de mort’’. »
Caméras 24 heures sur 24 
On sait l’importance accordée au témoignage et au procès de ce détenu. « Toutes les mesures de protection et de surveillance seront mises sur cette personne », avait assuré  le ministre de la Justice Jean-Jacques Urvoas. Mais jusqu’où peut-on aller dans la surveillance d’une personne détenue ? Il y a, bien sûr, les mesures habituelles pour réduire le risque suicidaire (cellules lisses, habits en papier, couvertures indéchirables). Mais l’administration pénitentiaire a ajouté l’installation de deux caméras qui permettent de suivre ce détenu 24 heures sur 24 dans sa cellule de 9 m² du quartier le plus sécurisé de Fleury-Mérogis.
Or cette initiative administrative a été prise sans consultation du médecin-chef de Fleury quant aux conséquences d’un tel dispositif en termes de santé psychique. L’administration pénitentiaire n’a demandé qu’un avis de la CNIL (avis obligatoire du fait de la vidéo). Son collège a statué jeudi dernier et son avis sera rendu public en même temps que l’arrêté qui paraîtra dans les prochains jours. Le Quotidien du Médecin donne la parole à différents spécialistes ou institutions concernées – en commençant par le Dr Serge Tisseron, psychiatre et docteur en psychologie, membre de l’Académie des technologies :
 « C’est un scandaleAlors qu’on a perdu tellement de temps sur la déchéance de nationalité, les pouvoirs publics n’ont pas anticipé cette question en sollicitant plus tôt les instances chargées de protéger les personnes contre les utilisations abusives des technologies comme la vidéo.

L'indispensable " veillance " de Jean Oury

17/05/2016

Jacques Marie (la Borde), Pierre Couturier (psychiatre), Martine Deyres (réalisatrice), et Yannick Oury-Pulliero, fille de Jean Oury, pionnier de la psychiatrie institutionnelle. - Jacques Marie (la Borde), Pierre Couturier (psychiatre), Martine Deyres (réalisatrice), et Yannick Oury-Pulliero, fille de Jean Oury, pionnier de la psychiatrie institutionnelle.Jacques Marie (la Borde), Pierre Couturier (psychiatre), Martine Deyres (réalisatrice), et Yannick Oury-Pulliero, fille de Jean Oury, pionnier de la psychiatrie institutionnelle.
Jacques Marie (la Borde), Pierre Couturier (psychiatre), Martine Deyres (réalisatrice), et Yannick Oury-Pulliero, fille de Jean Oury, pionnier de la psychiatrie institutionnelle.

Bienveillance, malveillance… Ce qu'il faut, c'est de la veillance. C'est par ces mots que commence le film de Martine Deyres Le sous-bois des insensés Jean Oury, créateur de la clinique de la Borde en 1953 à Cour-Cheverny, en réveillant un vieux mot, évoque le type d'attention dont il faut entourer certains malades (risque de suicide). Que des plans fixes sur Oury, que des plans fixes de la Borde aux heures du jour et de la nuit. Pas de musique, si ce n'est celle ambiante, des silhouettes qui passent. Le film est d'un jansénisme absolu.
« Il parvient bien à restituer la pensée complexe de Jean Oury » affirme Pierre Couturier, médecin à la Borde. « Une leçon extraordinaire de psychiatrie » estime Yannick, la fille de Jean, ajoutant : « Martine a su filmer avec une grande pudeur, une discrétion extrême ». Voici qui rassure la réalisatrice à l'issue de la projection de son film ascétique, qu'elle a tenu à présenter en premier à Blois, avec l'association culturelle de la Borde, Ciné'Fil et le cinéma Les Lobis.

André et les Martiens

Philippe Lespinasse     mai 2016

Réalisé par Philippe Lespinasse. France. Documentaire. 1h06 (Sortie le 18 mai 2016). Avec André Robillard.

Complice de Pierre Carles, Philippe Lespinasse ne fréquente pas que les réalisateurs incontrôlables. Il lui arrive aussi d'aller à la rencontre d'artistes peu communs, ces artistes qu'on range parfois commodément sous le label "art brut" depuis que Jean Dubuffet est passé par là.

Quand il interroge son client le plus intéressant, André Robillard, fabricant de fusils pour ne pas tuer et plutôt tirer dans les coins de l'imaginaire, Philippe lui demande s'il ne pratique pas aussi "l'art doux" et le bon Dédé confirme. On ajoutera que cet "art doux" est un art de doux dingue et qu'il mérite toute notre attention.

Précisément 64 minutes. Ce qui est bien peu et assez frustrant parce qu'on aimerait qu' "André et les Martiens" de Philippe Lespinasse dure bien plus longtemps et qu'on sait qu'il aurait pu dénicher d'autres beaux spécimens d'artistes faussement déjantés et vraiment raisonnables puisqu'ils se disent : "Si Michel-Ange l'a fait, pourquoi pas moi ?"

Et le résultat n'est pas la Sixtine et c'est tant mieux. Parce qu'on a plus besoin de bricoler des petits moulins qui tournent au vent sur des vélos volants qu'une nouvelle chapelle pour papes flagadas.

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lundi 16 mai 2016

A Paris, le défilé des partisans de la dépénalisation du cannabis

15.05.2016
Des centaines de personnes ont défilé samedi après-midi à Paris pour la dépénalisation de cette drogue. Cette "Marche mondiale du cannabis", organisée pour la 15e année, s'est déroulée dans la capitale une semaine après des rassemblements dans plusieurs villes de France (Marseille, Strasbourg, Lyon, Chartres, Poitiers...).

Les plaisirs du narcissisme

LE MONDE  | Par Philippe Dagen
L’exposition « Autoportraits, de Rembrandt au selfie » à Lyon, se déroule jusqu’au 26 juin.
L’exposition « Autoportraits, de Rembrandt au selfie » à Lyon, se déroule jusqu’au 26 juin. MUSÉE DES BEAUX-ARTS DE LYON
L’observation n’est plus nouvelle : l’humanité « smartphonisée » ou « i-phonisée » d’aujourd’hui adore faire d’elle-même des images, nommées selfies. Des perches téléscopiques évitent les déformations faciales trop cruelles. Mais la diffusion de ce nouveau moyen, si elle a généralisé la pratique de l’autoportrait, est loin de l’avoir inventée. Peut-être quelques gravures préhistoriques sont-elles les plus anciens autoportraits sans que l’on en sache rien. L’exposition « Autoportraits », au Musée des beaux-arts de Lyon, ne remonte pas si avant dans le temps. Elle ne prétend à aucune exhaustivité, ce qui est logique étant donné que le genre a été pratiqué par une infinité d’artistes reconnus ou non, professionnels ou amateurs. Son principe est bien plus empirique. Le musée lyonnais s’est associé à deux autres d’ampleur comparable, les National Galleries of Scotland d’Edimbourg et la Staatliche Kunsthalle de Karslruhe. Ils ont mis en commun les autoportraits qu’ils conservent, en ont gardé près de 150 et les ont répartis par type, de l’autoportrait théâtral à dessein promotionnel à l’autobiographique intime et au satirique. Les catégories sont efficaces, même si l’autodérision masochiste et le narcissisme hystérisé ne sont pas si simples à distinguer.
Bizzareries
Mais le principal intérêt de l’exposition n’est pas dans la rigueur de sa typologie, mais dans ses bizarreries, qu’explique la provenance des œuvres.

Hiam Abbass : « Le père, dans une famille arabe, c’est immense ! »

LE MONDE | Propos recueillis par Annick Cojean
Hiam Abbass en 2007.
Hiam Abbass en 2007. TOBIAS SCHWARZ/REUTERS
Je ne serais pas arrivée là si…
Si je n’avais pas eu mon père.
Ce père-là.
Mon père ! Qui est décédé il y a peu de temps. C’est drôle que votre question surgisse à ce moment précis de ma vie. Je ne suis pas quelqu’un qui ressasse, mais cette mort m’a obligée à repenser à tout ce que je lui devais. J’ai raté ses funérailles. Je ne suis arrivée que le lendemain dans notre village, tout près de Nazareth. J’avais envie d’aller le voir pendant qu’il était encore frais dans sa tombe. Et cela m’a anéantie. Que cet homme, pyramide de bonté envers les autres, de dureté envers ses enfants, se réduise à cela… J’ai dit à mes sœurs qui m’entouraient : Laissez-moi seule. J’avais besoin d’un peu de temps avec lui. Je n’ai pas prononcé un mot, mais je lui ai envoyé une foule de pensées. Ce que j’avais aimé et pas aimé chez lui. Ce qu’il m’avait donné et ce qu’il ne m’avait pas donné. Toutes ces contradictions dans lesquelles il m’a fait exister et qui m’ont poussée à faire ce que je fais aujourd’hui. Oui, avec certitude, là où je suis arrivée, c’est grâce à lui ou à cause de ce qu’il était.
Bonté, dureté… Ces mots s’entrechoquent. Pourriez-vous mieux le décrire ?
Sa bonté était viscérale. C’est d’elle dont il faut d’abord parler car il a beaucoup donné. Nous tous, en famille, avons d’ailleurs été surpris de l’ampleur de l’hommage qui lui a été rendu. Des témoignages sont arrivés du monde entier. Ce n’était pourtant pas un homme politique ni quelqu’un de connu. C’était un simple professeur, vice-directeur de l’école du village. Mais il avait rendu service à tout le monde et marqué, par son exigence, des générations d’enfants. On le considérait comme un sage et il participait aux négociations des mariages mixtes ou des unions suscitant la guerre entre deux familles. C’est ce qui m’avait fait penser, à 22 ans, qu’il ne s’opposerait jamais à mon projet de mariage avec mon amoureux anglais. Il n’était, certes, ni arabe-Palestinien, ni même musulman comme mes parents, mais la logique voulait que mon père me soutienne, étant donné son expérience de conciliateur. Eh bien non. Il s’est opposé. Brutalement. Obstinément. Il était habitué à mes rébellions depuis l’adolescence, mais là, je dépassais toutes les limites de l’acceptable. Il était blessé dans son orgueil.

« Les jeunes gens autistes peuvent faire preuve de capacités insoupçonnables »

LE MONDE | Propos recueillis par Sylvie Kerviel
Gilles Roland-Manuel, fondateur et président de l’association et du Festival Futur composé.
Gilles Roland-Manuel, fondateur et président de l’association et du Festival Futur composé. FUTUR COMPOSÉ
Entretien avec le psychiatre Gilles Roland-Manuel, créateur du Festival Futur composé qui, depuis 2000, présente tous les deux ans des spectacles et créations artistiques menés conjointement par des personnes autistes, accompagnées de leurs éducateurs, et des artistes professionnels. L’édition 2016 a lieu du 17 mai au 30 juin dans différents lieux parisiens.
Le Festival Futur composé tient sa neuvième édition. Comment a-t-il évolué depuis sa création ?
Il a évolué d’un mode assez artisanal à des activités plus structurées, concernant un nombre croissant d’établissements qui accueillent des jeunes gens autistes. Depuis quelques années, nous présentons des créations, ce qui demande beaucoup plus de temps et de moyens que d’acheter des spectacles « clé en main ». Mais le principe de base demeure le même : fédérer des activités de petits ateliers qui travaillent toute l’année dans des domaines artistiques divers : théâtre, musique, arts plastiques, etc. On compte aujourd’hui une quarantaine de structures accueillant ces ateliers.
Avez-vous le sentiment que le regard des gens sur les personnes autistes a changé grâce à ces manifestations artistiques ?
Ce serait bien prétentieux de l’affirmer et, sauf avancée brusque et spectaculaire des prises en charge – ce qui me paraît à l’heure actuelle peu probable –, ce regard évoluera lentement. 
L’autisme n’est pas une maladie, mais un syndrome lié à des causes extrêmement diversifiées. Or, le regard porté sur ce syndrome est très intimement lié aux causes qu’on lui attribue. Il en va de même des différents types de prise en charge qui sont eux aussi très dépendants de ce regard. Ce qui me paraît certain, c’est que ces expériences artistiques révèlent qu’au prix d’un encadrement adéquat, ces jeunes gens dits « incapables majeurs », peuvent révéler des capacités insoupçonnables, ce qui pose question sur notre « incapacité majeure » à souvent répondre à leurs besoins. Il faut donc explorer, explorer encore, et travailler beaucoup. Les éducateurs ont ici un rôle majeur à jouer.

Pour la Cimade, « de nombreux médecins se livrent à un racket » auprès des migrants

LE MONDE       

Dans la « jungle » de Calais, en février 2016.
Dans la « jungle » de Calais, en février 2016. DENIS CHARLET / AFP

L’association Cimade, qui aide les étrangers à faire reconnaître leurs droits, assure avoir constaté que « de nombreux médecins se livr[ai]ent à un racket » auprès des migrants pour la réalisation de certificats médicaux en vue d’un titre de séjour.
« Ils exigent [des migrants] le paiement de plusieurs centaines d’euros pour établir des certificats médicaux selon lesquels leur pathologie peut ouvrir droit à une demande de titre de séjour sur le territoire national », affirme lundi 16 mai dans Le Parisien, Laura Petersell, chargée de la thématique santé à la Cimade.
La direction de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) a annoncé mardi dernier la suspension d’un médecin de l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, à Paris, suspecté d’avoir délivré contre de l’argent des certificats médicaux à des migrants en vue d’un titre de séjour. L’AP-HP a également précisé qu’une enquête interne « laisse supposer que d’autres patients dans des situations comparables auraient également été amenés à effectuer de tels versements », sans préciser le nombre de personnes concernées.