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Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.

vendredi 26 mars 2010






Quand la psychiatrie entre dans l'enceinte judiciaire…

http://www.lunion.presse.fr/article/faits-divers/quand-la-psychiatrie-entre-dans-lenceinte-judiciaire%E2%80%A6

Publié le lundi 29 mars 2010









En condamnant Gino Ooghe à une peine de 30 ans de réclusion, les jurés ont sans doute imaginé protéger pour longtemps la société.« C'est humain. Quand on a à connaître de faits graves, comme c'est le cas aux assises, les gens ont peur, ils veulent se protéger », remarque Isabelle Seurin. Celle qui préside la cour d'assises pour la sixième année, complète : « La peine est alors souvent lourde et elle l'est d'autant plus, quand l'accusé souffre d'une pathologie mentale. Et pourtant, d'une manière générale, la loi prévoit qu'on tienne compte de cet état dans le prononcé de la peine comme une circonstance atténuante. » Or, cette altération des facultés mentales est souvent prise comme une circonstance aggravante.
Dans le cas de Gino Ooghe, c'est parce qu'il y a eu une rupture dans le traitement qu'il y a eu passage à l'acte. Pour le jury populaire, il est alors facile de se dire que si la psychiatrie n'est pas parvenue à le maîtriser, c'est à la justice de le faire. Isabelle Seurin confirme que la symbolique de la loi participe à la thérapie, mais elle regrette que ces personnes se retrouvent en prison alors qu'elles souffrent de pathologies lourdes : « Cela ne réglerait pas leur problème de santé mentale. Il y aurait une réflexion commune à mener avec la psychiatrie et la justice pour essayer de trouver la solution la plus efficace, mais on sait que tout est conditionné par les moyens et le nombre de lits. On sait aussi que, dans ce domaine, les moyens sont de moins en moins importants. »



jeudi 25 mars 2010



ETHNOLOGIE, ANTHROPOLOGIE
SÉMINAIRE
Paris


Anthropologie, psychanalyse et politique. Regard sur les terrains

Publié le mercredi 24 mars 2010 par Karim Hammou

RÉSUMÉ

Ce séminaire propose de repenser les dialogues et les mises à l’épreuve réciproques entre anthropologie et psychanalyse. Il s’efforce d’articuler trois lignes de questionnement : 1. Clinique du terrain et terrains cliniques. 2. Folie et État. 3. Débat entre anthropologie et psychanalyse de l’ordre épistémique et épistémologique.

ANNONCE

Argumentaire du séminaire

Ce séminaire propose de repenser les dialogues et les mises à l’épreuve réciproques entre anthropologie et psychanalyse. Il s’efforce d’articuler trois lignes de questionnement :

* Clinique du terrain et terrains cliniques : des anthropologues s’interrogent sur la nature des relations interpersonnelles développées durant leurs enquêtes, le sens et les modalités de leur écoute, et, corollairement, les mobiles intimes de la parole des acteurs. Les crises économiques et politiques qui bouleversent de nombreuses sociétés s’impriment, en effet, dans la situation ethnologique. De surcroît, l’ethnologue se trouve de plus en plus fréquemment en contact avec des populations en fragilisation croissante, en état de non inscription, et même d’errance.

* Folie et État : on développera une réflexion croisée, d’un côté sur les effets sur les élaborations identitaires des nouvelles représentations du bien-être psychique, de l’autre, sur les instances de légitimation sur ce que serait une bonne santé psychique en termes de prévention, de diagnostic, de traitement et de leur évaluation. Enfin, le lien doit être souligné entre les terreurs issues de la violence de l’État et les confusions des registres du Réel, de l’Imaginaire et du Symbolique, qui font tenir l’existence singulière et les échanges sociaux. D’une certaine manière, la folie a disparu au profit de l’exclusion et de la stigmatisation des perdants. Dans les pays lointains qui ne rentrent pas dans cette industrialisation du soin, l’OMS., au contraire, préconise un retour aux dispositifs dits « traditionnels », légitimant médiums, devins et autres guérisseurs. Dans ces deux configurations du monde globalisé, les États jouent un rôle majeur, idéologique, symbolique, mais aussi institutionnalisant les corps des professionnels du soin psychique. La psychanalyse fait actuellement l’objet d’un débat social, d’autant plus aigu que c’est la singularité du sujet individuel qui est en jeu. La présence de la psychanalyse dans les institutions de soin et d’enseignement redevient l’enjeu d’une lutte, alors que la psychiatrie et la psychopathologie sont de plus en plus biologiques.

* Un dernier volet : rouvrir le débat entre anthropologie et psychanalyse de l’ordre épistémique et épistémologique, à l’heure où le cognitivisme est, pour un nombre croissant d’anthropologues, un outil de validation de leurs recherches et de leurs résultats. La généralisation de l’économie de marché a eu des effets de plus en plus prononcés sur les définitions de la souffrance psychique, des troubles mentaux, leurs modes de diagnostic et leur traitement. Dans les démocraties industrielles, on constate la dominance des modélisations biologiques et neurologiques, le retour à un primat héréditaire et la mise en avant de polices de rééducation comportementaliste.

Programme
(attention aux changements de salle)

26 janvier 2010 10h30-12h30 – Salle 015

Maison des sciences de l’Homme,
54 Bd Raspail, Paris 6°


Mardi 13 avril 2010 10h30-12h30
Salle 9, EHESS n° 105 Bd Raspail

Présentation de l’ouvrage « Psychanalyse et Politique », en présence de Marie-Laure Dimon et Louis Moreau de Bellaing

Argumentaire de l’ouvrage : Comment être sujet de son action, de sa parole, de son histoire quand la notion de sujet en psychanalyse fait débat ? Est-il possible d'associer psychanalyse et politique quand l'objet politique est par essence indéterminé ? La psychanalyse et la démocratie ont-elles parties liées dans le devenir d'un sujet en processus d'autonomisation assujetti à de fines articulations avec le sociopolitique ? Il s'agit d'explorer les dimensions psychanalytique et politique situées au coeur même de la condition humaine, de sa pulsionnalité et de ses expériences de liberté inhérentes aux mouvements de ruptures avec le passé. Il paraît nécessaire de penser le vivre-ensemble et d'envisager la mise en perspective de la dialectique sujet et citoyen, créateurs d'histoire et d'une paradoxale compatibilité.

Mardi 25 mai 2010 10h30-12h30
Salle 242, 54 Bd Raspail, Paris 6°

Mardi 29 juin 2010 10h30-12h30
Salle 15 MSH, 54 Bd Raspail, Paris 6°

Organisé par

* Marie Bonnet, anthropologue-psychanalyste, mbonnet@ehess.fr
* Olivier Douville, Maître de conférences en psychologie clinique, Laboratoire CRPM (Université Paris 7) douvilleolivier@noos.fr
* Monique Selim, directrice de recherche à l’IRD monique.selim@bondy.ird.fr

Lieu
* Paris (75000) (MSH, salle 15, 54 boulevard Raspail)
Dates
* mardi 26 janvier 2010
* mardi 13 avril 2010
* mardi 25 mai 2010
* mardi 29 juin 2010

Contact
* Selim Monique
courriel : monique.selim@ird.fr
* Douville Olivier
courriel : douvilleolivier@noos.fr

Source de l'information
* Marie Bonnetcourriel : mbonnet@ehess.fr

Pour citer cette annonce« Anthropologie, psychanalyse et politique. Regard sur les terrains », Séminaire, Calenda, publié le mercredi 24 mars 2010, http://calenda.revues.org/nouvelle15575.html



mercredi 24 mars 2010

Arrêtons de marcher sur la tête ! - Pour une psychiatrie citoyenne

















Marie-Noëlle Besançon , Bernard Jolivet
Broché
Paru le : 12/11/2009
Editeur : Atelier (Editions de l')
ISBN : 978-2-7082-4068-1
206 pages
Prix : 18,05€


Résumé
Quelle est la place des personnes souffrant de troubles psychiques dans notre société ? De quels soins et de quelles aides peuvent-elles bénéficier ? La psychiatrie, chargée d'y répondre, est en crise, dit-on ; et depuis plusieurs années on s'efforce par des plans et des mesures successifs d'y remédier sans grand succès.
Au point que l'on pourrait penser que la société marche sur la tête " et refuse de voir et d'entendre. Il est urgent de changer radicalement de perspectives. Ce livre, écrit par deux praticiens ayant une longue expérience de la psychiatrie publique, privée et associative, remet en cause les systèmes anciens pour oser des constructions nouvelles. La reconnaissance de la pleine citoyenneté des personnes souffrant de troubles psychiques est à la base de leur démarche.
Il s'agit en effet de penser une organisation qui allie soins et vie sociale au coeur même de la Cité. Inspiré par l'expérience pionnière de l'association Les invités au Festin à Besançon, enrichi aussi par celles - multiples - en France et en Europe, ce livre formule des propositions afin qu'advienne une psychiatrie citoyenne. La seule qui puisse redonner du sens aux pratiques des soignants, à la vie des soignés et à celle de leurs familles.

Sommaire
COMMENT MARCHE-T-ON SUR LA TÊTE ? REGARD CRITIQUE SUR LE SYSTÈME ACTUEL

Une brève histoire de la psychiatrie
Les avatars du système
Les impasses

LA MEILLEURE FAÇON DE MARCHER ; REALISER UNE PSYCHIATRIE CITOYENNE
Des expériences de psychiatrie citoyenne
L'expérience des Invités au Festin
L'esprit et les principes d'une psychiatrie citoyenne

Les auteurs
Marie-Noëlle Besançon est psychiatre, psychothérapeute.Elle est l'auteur (avec Marie-Thérèse Renaud) du livre on dit qu'ils sont fous et je vis avec eux (Éditions de l'Atelier, 2006) qui raconte l'histoire de l'association Les Invités au Festin à Besançon qu'elle a fondée avec Jean Besançon.
Bemard Jolivet, Médecin des hôpitaux psychiatriques, exerça plusieurs années au sein du service public, avant de créer plusieurs établissements associatifs de soins et de réadaptation à Paris.Il est l'auteur du livre Parcours du sanitaire au social en psychiatrie (Éditions Frison-Roche, 1994) et de nombreuses publications. Il est président d'honneur de la Fédération d'aide à la santé mentale Croix-Marine.




PREMIÈRE SALVE DE DÉCRETS STATUTAIRES

Le profil du vrai patron de l’hôpital se dessine


Une batterie de décrets est parue au « Journal officiel » : en application de la loi HPST, elle révise le statut de celui dont Nicolas Sarkozy a prévenu dès 2007 qu’il voulait en faire le vrai « patron » de l’hôpital. Avec ces textes, le corps des directeurs s’ouvre au secteur privé et s’adapte à l’apparition des ARS.

PAS MOINS de quinze décrets et arrêtés sont parus d’un seul coup d’un seul au « Journal officiel » du 16 mars (ils sont datés du 11) et concernent le statut, pas encore les compétences, des directeurs d’hôpital et d’établissement social et médico-social. Ce corpus représente la première salve – d’autres devraient suivre au rythme d’une par semaine – des textes d’application du volet hospitalier de la loi HPST (Hôpital, patients, santé et territoires). Ils dessinent le nouveau profil du « patron » de l’hôpital tel que l’a voulu Nicolas Sarkozy dès le lendemain de son élection. Son recrutement, son évaluation en cours de carrière, les conditions de sa possible « mise en recherche d’affectation »… sont tour à tour définis.

• Nomination : les ARS s’en mêlent.

Tout change. Aujourd’hui, le directeur et le secrétaire général de l’AP-HP (Assistance publique-Hôpitaux de Paris) sont nommés en conseil des ministres ; tous les autres sont nommés par décret du Premier ministre pour 7 CHU ou par arrêté du ministre de la Santé. Les noms, sur lesquels le président du CA de l’hôpital donne un avis, sont arrêtés sur une liste de candidats émanant de la commission des carrières (paritaire, et que les décrets du 16 mars remplacent par un « comité de sélection », que les syndicats considèrent non paritaire).

Désormais, pour schématiser, deux modalités de nomination coexistent qui sont fonction de la nature de l’établissement. Les directeurs de CHU et de CHR sont nommés en conseil des ministres sur le rapport des ministres chargés de la Santé et de l’Université et de la Recherche pour les premiers, du seul ministre de la Santé pour les seconds. Tous les autres directeurs sont nommés par arrêté du CNG (Centre national de gestion). En amont, les postes seront publiés au « J. O. » comme aujourd’hui (les profils des postes vacants seront établis par les directeurs d’ARS), puis le nouveau « comité de sélection » examinera trois fois par an les candidatures ; il proposera au directeur du CNG une liste de six noms au plus pour chaque poste à pourvoir. Le patron du CNG fixera les listes définitives et les transmettra aux directeurs des ARS qui retiendront à leur tour… trois noms (après avis, pour chaque poste, du président du conseil de surveillance de l’hôpital concerné). Ces trois noms seront transmis soit au(x) ministre(s) concernés, soit au directeur du CNG. La boucle sera bouclée…

C’est également le directeur d’ARS qui pilotera le processus d’évaluation des directeurs.

• Le métier s’ouvre aux non-fonctionnaires.

Jusqu’à présent, c’était possible pour six CHU seulement et avec peu de succès : mis à part l’épisode très spectaculaire qui a vu une ancienne DRH de Danone, Rose-Marie van Lerberghe, prendre les manettes de l’AP-HP, les candidats « privés » au pilotage d’un hôpital ne se sont jamais bousculés au portillon. Néanmoins, pour diversifier le recrutement des managers de l’hôpital moderne, les profils « atypiques », issus du secteur public ou du secteur privé, sont désormais bienvenus dans tous les hôpitaux, dans la limite de 10 % du total des emplois de directeurs. Ils seront recrutés sur contrats de droit public (conclu pour trois ans et renouvelable une seule fois) et leur nomination sera prononcée par le directeur d’ARS. Ces « pièces rapportées », parmi lesquelles les pouvoirs publics rangent volontiers les médecins, devront suivre une formation spécifique avant de prendre leur poste.

• La recherche d’affectation s’étoffe.

La procédure existe depuis 2005. Jusque-là, elle a majoritairement (une trentaine de cas sur à peine quarante) été utilisée à la demande de directeurs plutôt que par l’administration comme solution de « mise à pied ». Les décrets décrivent plutôt l’opération sous l’angle de la sanction, précisant que « la recherche d’affectation prend fin, avant son échéance normale, lorsque le fonctionnaire a refusé successivement trois offres d’emploi public » et que ceci a été constaté par le CNG. Dans ce cas-ci et au bout de deux années dans tous les autres, le directeur « est placé en position de disponibilité d’office » (où il n’est plus rémunéré).

La profession accueille ces nouveautés avec circonspection (lire ci-dessous le point de vue du président du Syndicat national des cadres hospitaliers – SNCH). Pour le SYNCASS-CFDT, elles « dégradent très sensiblement les statuts et vont au-delà de ce qu’imposait la loi ». « Je connais peu de corps ouverts à la concurrence et dont l’autonomie se trouve bridée éprouvant à cela beaucoup de plaisir », commente pour sa part, pince-sans-rire, un cadre hospitalier. Peut-être le décalage entre ces décrets très techniques et les promesses présidentielles laisse-t-il un drôle de sentiment aux « vrais patrons » de l’hôpital. « Ces textes ne font pas du tout de nous des grands manitous ! », constate l’un d’entre eux.

KARINE PIGANEAU

Le Quotidien du Médecin du : 18/03/2010







SOCIÉTÉ

Santé mentale : la parole qui brise les murs
Publié le mercredi 24 mars 2010







L'émission les Z'entonnoirs est animée par des usagers de la psychiatre et des soignants.
Photo Ludo Maillard

La maladie mentale, une pathologie comme les autres ? Des acteurs de la psychiatrie l'aident à sortir des murs et des clichés. Exemple : les Z'entonnoirs, une émission radio pas comme les autres.

VIOLAINE MAGNE
violaine.magne@nordeclair.fr


Jérôme a 44 ans, il adore son chat, à tel point qu'il lui laisse faire ses griffes sur sa chaussure gauche. Il peint et dessine : « je sais faire que ça ». Et le matin, il a comme habitude d'aller promener le chien de sa mère avant de faire une petite pause au troquet du coin à Roubaix. Bref, Jérôme mène une existence tout ce qu'il y a de plus classique, même s'il a un lourd fardeau à porter, sa maladie : la schizophrénie.
« Pour moi, la honte, c'est de ne pas travailler. Dans notre société, quand tu ne travailles pas, soit tu es un pauvre malheureux, soit tu es un feignant, c'est excessivement difficile de porter ça », lâche-t-il. Sans compter que, du coup, il ne vivote qu'avec avec une allocation d'adulte handicapé. « J'ai de la chance, j'ai de la famille qui s'occupe de moi. Mais certains, dehors, sont SDF ».

« Vindicte populaire »
La vie de malade, c'est aussi l'anxiété, les angoisses et « la dépendance à la chimie » : « Quand on prend ses antipsychotiques, on est stabilisé, on pense qu'on est guéri, mais non et à chaque fois, on retombe plus profond ». Et puis, c'est le regard de la société, la « vindicte populaire » qu'il sent peser sur lui. « S'ils rétablissaient le goulag, on serait les premiers à y passer ». Un sentiment qui se renforce chaque fois qu'un fait divers impliquant une personne psychotique défraye la chronique.
Mais la vie de Jérôme, c'est aussi la radio. Depuis 5 ans, il participe avec une quinzaine de personnes à l'émission les Z'entonnoirs. Une manière de libérer la parole : « C'est essentiel, souligne Jérôme, si y'a pas la parole, y'a rien. » Cette émission est née en 2005, à l'initiative d'Erika Schröder, cadre supérieure de santé à l'établissement publique de santé mentale (EPSM) de l'agglomération lilloise, et de la Condition Publique de Roubaix. « J'avais dans l'idée d'insérer les gens dans la ville. Lors du Festival Extramundi, les patients étaient interviewés avec les mêmes questions que pour les gens connus. Et lorsque ça a été terminé, les patients n'arrêtaient pas de me demander quand est-ce qu'on faisait à nouveau de la radio. » Le projet qui s'inspire d'une expérience argentine est reconnu comme une « activité thérapeutique ». « On travaille sur la parole, tous ont des compétences et une grande envie d'être entendus. Ça leur permet de s'ouvrir.
Ils commencent à se positionner comme citoyens », explique Erika Schröder. « Le nom est provocateur, reconnaît Ahmed Haddouche, un des animateurs des Z'entonnoirs, mais c'est l'idée qu'on a le droit d'être différent et que c'est aussi à la société d'accepter. »

Combattre le repli sur soi
Chaque lundi, un petit groupe d'une quinzaine de personnes, patients en psychiatrie et infirmiers, travaille toute la journée à la Condition publique pour monter une émission, comme dans une vraie station, avec conférence de rédaction, enregistrement et débriefing. Chacun s'exprime sur les thématiques qu'il a choisies. Et régulièrement, les journalistes-chroniqueurs reçoivent aussi des invités. Tahar Issiakhene présente très sérieusement sa rubrique écologie « sur la consommation de viande très importante qui pose des problèmes ». « Mon entourage m'écoute le vendredi. Ça m'apporte plus de communication avec les autres et c'est un bon moyen de connaissance de culture générale. » Pour Roger-Lucien aussi l'émission permet de « combattre le repli sur soi ».Gilbert explique à son tour : « La radio, c'est un moyen de défense pour les malades, pour que les gens entendent que nous sommes comme eux ». L'émission fait aussi la part belle à la poésie. Car, comme l'affirme Bruno : « Le poète et le fou ont beaucoup de choses à se dire.
On sort des sentiers battus. Sur la politique par exemple, on donne un point de vue différent des autres médias. Moi, je le dis en tant que fou : "c'est la folie qui sauvera la démocratie !" »
A méditer.w





Recommandations de la HAS face aux délinquants sexuels pédophiles

La loi sur la récidive récemment votée, qui aggrave les peines en cas de non-respect par l’ex-détenu de ses obligations, comme l’injonction de soins, laisse au médecin traitant le choix du ou des traitements, y compris la castration chimique. La Haute Autorité de santé apporte sa contribution avec des recommandations pour la prise en charge médicale des auteurs d’agression sexuelle sur mineurs de moins de 15 ans.

Relevant la grande hétérogénéité de la population concernée (détenu en milieu fermé avec incitation au soin, en milieu ouvert avec obligation ou injonction de soins ou encore personne consultant spontanément), la HAS souligne l’importance de l’évaluation clinique initiale. Dans le but principal de distinguer les agresseurs sexuels atteints de paraphilie de ceux pour qui le trouble s’inscrit dans le cadre d’une pathologie psychiatrique ou neurologique.

Selon la Haute Autorité, la psychothérapie reste la clé de voûte de la prise en charge, qui peut être conçue comme un accompagnement médico-psycho-éducatif associant l’intervention d’une équipe de santé et d’une équipe socio-éducative. Mais cela n’exclut pas l’association à un traitement pharmacologique. Les deux traitements hormonaux antiandrogéniques qui ont une AMM en France pour les hommes adultes ayant des comportements sexuels déviants sévères doivent être prescrits après information complète (en particulier sur leurs effets secondaires) et consentement de la personne, souligne la HAS.

R. C.

Quotimed.com, le 16/03/2010



http://nouvelles-hybrides.fr/wordpress/

Le monde sans joie de Lucian Freud

16 mars, 2010 •

Qu’est-ce que la vie a fait à Lucian Freud pour qu’il la peigne si triste ? qu’est-ce que ses amantes et amants ne lui ont pas fait pour qu’il les peigne si vides, fripés, mats et sinistres ? Pourquoi est-ce que les corps nus dans ses tableaux ont toujours l’air de cadavres ou, dans le meilleur des cas, de zombies ? Comment quelqu’un qui veut que la peinture soit chair peut-il ne peindre que des chairs-viandes sans âme de personnes qui semblent étrangères à des corps devenus monstrueusement adipeux et flasques ? Comment un peintre peut-il avoir aussi peu le sens de l’allégresse de la peinture, être si sourd au chant des couleurs ? Comment un peintre peut-il être assez peu chinois pour croire atteindre quoi que ce soit d’essentiel en rendant les corps d’une manière aussi extérieure ? Comment un peintre peut-il être assez peu curieux pour ne jamais sortir de son atelier ? Comment un artiste peut-il être à ce point étranger à la poésie, à la musique, à la philosophie, à la mystique, à la psychanalyse (un certain Judicaël Lavrador écrit que « Chez Freud – et pas seulement à cause de son grand-père – la dimension psychanalytique de l’autoportrait est criante », mais c’est un cri très silencieux, L.F. se représente comme ses modèles, sans aucune intériorité ; d’une génération à l’après autre, des gènes peuvent se perdre sans doute, mais où Sigmund avait-il pris celui du génie de la psychanalyse ? ), à l’humour (si l’on excepte une sorte de dandysme d’incongruités provocatrices qui en tient lieu) et même à l’histoire de l’art (ce ne sont pas les quelques eaux-fortes et tableaux inspirés par des œuvres de Chardin ou Cézanne qui prouveront le contraire, car il ne les a pas prises en tant que possibilités picturales mais pour leurs sujets, transformant au passage des moments de vie tranquille - Still Life, Stillleben - en natures mortes) ?

Miro, après Picasso, croyait assassiner la peinture alors qu’il faisait renaître ses pouvoirs d’exaltation et d’exultation, si présents (seuls présents) dans les orgies de couleur et de fantaisie des enfants. Lucian Freud, malgré son nom (Joi en allemand), la fait revenir aux couleurs sourdes et aux espaces confinés et angoissants de la tristesse. Il ne peint pas pour étendre la peinture, mais pour l’éteindre (oui, c’est un peu facile, mais pas trop faux). Sous prétexte de peindre la vie au plus vif, il peint les hommes dans leur néant post-coïtal, la mort dans la vie.

Contrairement à ce que les lignes précédentes ont pu laisser penser, j’aime les œuvres mélancoliques, j’aime les poètes et les artistes fidèles à leur tristesse (c’est même une condition, et inversement je supporte très mal ceux qui veulent être toujours gais), mais ne cultiver que cette corde … Ne faire entendre que ce son désolé. Alors bien sûr, c’est très subtilement et richement varié : dans le sourd, le mat, l’éteint, ce sont des festivals de valeurs très finement nuancées, qu’il faudrait pouvoir comparer à des tableaux de Braque ou de Le Nain, ou encore aux compositions pour viole de Gambe de Marin Marais et Sainte Colombe, révélées par Pascal Quignard dans Tous les matins du monde.

Qu’on les ait étiqueté « expressionnistes » (Van Gogh, Munch, Ensor, Nolde, Kirchner, Schiele, Kokoschka, Picasso, Bacon, …), « nouvelle objectivité » (Grosz, Dix, Beckmann, Schach, …), « existentialisme » (Giacometti, Fautrier, …), tous les artistes qu’on peut rassembler sous la bannière anti-épique de l’Existentialisme sont des antimodernes, qui cherchent à retrouver des aspects primitifs, permanents et tragiques de la vie humaine, des caractères liés à notre animalité et à notre « corporéité ». Lucian Freud le mal nommé continue cette tradition anti-intellectualiste réactive de l’art moderne, dans laquelle on s’efforce de ne pas être contemporain ni même moderne mais au contraire de tous les temps, et il en a inventé une version étonnamment atone ou, disons, à énergie sourde. Sans mettre en question la qualité évidente de cette œuvre, il est sans doute très excessif de la considérer comme la plus grande du XXème siècle, comme n’hésite pas à l’écrire Hector Obalk, qui devrait perdre l’habitude de faire des gargarismes avec le mot « chef-d’œuvre ». Même si on ne la compare qu’avec des œuvres de la même famille d’esprits, sa richesse, son inventivité et sa portée sont beaucoup plus limitées que celles de la plupart des artistes que je viens de nommer, et si on restreint le champ de comparaison aux contemporains, je vois au moins une très grande artiste tchèque, Adriena Simotova, qui lui est bien supérieure. Qui en France la connaît ?

Il n’est pas facile de supporter les tableaux de Lucian Freud. J’imagine même sans mal que certains puissent en être traumatisés. De même que, dans certaines expositions, on avertit les personnes sensibles ou accompagnées d’enfants de ne pas regarder certaines pièces, on devrait mettre un panneau en très grands caractères : LA VISITE DE CETTE EXPOSITION EST VIVEMENT DÉCONSEILLÉE ET MÊME FORMELLEMENT INTERDITE AUX PERSONNES SUICIDAIRES, DÉPRESSIVES OU MÉLANCOLIQUES (À MOINS QU’ELLES NE SOIENT ACCOMPAGNÉES D’UN ZÈBRE ROUGE ET JAUNE).









The painter's room - 1944 -
Huile sur toile, 62,2.76,2 cm.
Collection particulière.









Irishwoman on a bed - 2003-2004.
Huile sur toile, 101,6.152,7 cm.
Collection particulière.












Two men in the studio - 1987-1989.
Huile sur toile, 191,8.120,7 cm.
Collection Lewis.












Benefits supervisor sleeping - 1995,
huile sur toile, 151,3.219 cm.
Collection particulière.










Reflection (Self-Portrait) - 1985,
huile sur toile, 56,2.51,2 cm.
Collection particulière.












Self-Portrait, Reflection - 2002.
Huile sur toile, 66.50,8 cm.
Collection particulière.






Éducation et frontières sociales : un grand bricolage











Monique de Saint Martin et Mihai Dinu Gheorghiu (Dir.)
Éducation et frontières sociales : un grand bricolage
Michalon - 2010


Le monde social est balisé, marqué, divisé. Des frontières sociales, plus ou moins perceptibles, délimitent des groupes sociaux, des espaces de vie, des lieux d'échanges, mais aussi des lieux de ségrégation ; elles traversent le quotidien des familles.

Mais comment appréhender ces frontières ? L'éducation, reçue et donnée dans les familles, avec ses continuités et ses ruptures, permet de suivre leur traçage. Sans cesse réinventée, elle contribue désormais moins à reproduire qu'à produire des frontières.

Dans un monde où l'ascension sociale promise par le système éducatif est hypothétique, les familles et les individus déploient une grande énergie pour «bricoler» l'éducation donnée et «faire avec» les frontières. Celles-ci sont souvent subies, parfois déplacées, ou encore recherchées.

Avec Monique de Saint Martin et Mihaï Dinu Gheorghiu, une équipe internationale de sociologues s'est consacrée durant trois ans à comprendre ces différentes formes de jeu avec les frontières. Des histoires de vie et d'éducation familiales, inégalement marquées par l'instabilité - familles immigrées, familles des classes populaires, des classes moyennes ou des bourgeoisies - sont ici restituées dans leur singularité.

Comment ces jeux de frontières se jouent-ils dans des contextes différents ? La perspective comparative proposée entre la France, la Roumanie, la Suède et le Brésil, met en évidence, dans chacun de ces pays, les processus dynamiques qui touchent très fortement les classes moyennes.





Clinique et politique en psychanalyse

mardi 16 mars 2010

PSYCHANALYSE











PROBLÈMES POSÉS À LA PSYCHANALYSE
Charles Melman
Éditeur : ERÈS
223 pages /11,40 €


JustifierRésumé :
Ce dernier ouvrage de Charles Melman correspond à la transcription de son séminaire qui a eu lieu à l'amphithéâtre Magnan de l'Hôpital Sainte-Anne, dans les années 1993-1994.
Un grand nombre de questions va être traité par l'auteur, aussi bien sur le plan clinique que sur le plan théorique. Le lecteur pourra saisir, au fil des leçons, les réponses aux questions fondamentales qui vont de la question des origines à la vie contemporaine, de la clinique à la politique, du symptôme à l’éthique, bref, des questions qui concernent les impasses du langage, et leur corrélat dans la malédiction sur le sexe qui caractérise le malaise dans la civilisation

A propos du réel...
Un premier aspect qui va marquer le début du séminaire, est la question autour du réel et la manière dont le langage s'inscrit dans un mode de défense contre celui-ci. C'est "contre" ce réel que le sujet est amené à parler et à en payer le prix d'être inscrit dans le réseau du langage. Ce réel en question, qui va organiser les propos de Charles Melman tout au long de l'année, est défini, entre autres, comme "le manque de sérieux avec lequel la psychanalyse est entérinée" 1
Tout au début de son séminaire, et afin de justifier son titre, Problèmes posés à la psychanalyse, Charles Melman en souligne deux.
D'abord, il pose la question des limites de l'exégèse de la doctrine psychanalytique. Pour l'auteur, la manière dont sont amenés à la réflexion les corpus freudien et lacanien, s'inscrit toujours dans le contexte d'une tâche interminable, qui empêche l'accès à un point de conclusion envisageable, de bilan, et qui puisse permettre la relance de la réflexion à partir de ce point d'achèvement de l'œuvre, que ce soit celle de Freud ou de Lacan. Ce problème de doctrine toucherait directement la pratique puisque, si l'exégèse est infinie, l'acte analytique comme tel serait également inscrit dans cette infinitude.
D'un autre côté, que ce soit dans la clinique ou bien dans le travail des textes, l'analyste ne peut pas être conçu comme un herméneute. Il n'est pas un herméneute car l'interprétation arrive à un point limite. L'interprétation a un terme qui est celui qui introduit l'objet petit a comme étant la limite même de l'interprétation. Pour l'auteur, "la finitude que nous lui accordons ainsi à l'interprétation analytique est le seul moyen d'éviter que ne se mette en place quelque système que ce soit". 2

Lorsque l'on prend la psychanalyse au sérieux, de ce geste se déduit l'hypothèse que la psychanalyse concerne le sexuel. Une inscription du sens à la question du sexuel conduit forcément aux limites du sens lui-même, car le sens en tant que sexuel introduit la limite du non-sens, donc du pas-tout. Le sexuel ne pouvant pas épuiser tout le sens, vient se situer dans un au-delà; c'est un réel qui ek-siste au sexuel et qui joue un rôle essentiel pour les psychanalystes puisque c'est la substance du symptôme, l'hystérique étant un témoin exemplaire.
Ce qui intéresse la psychanalyse est la manière dont ce "hors sens", ce réel qui ek-siste au sujet organise l'univers du désir. Le désir est à prendre et à entendre à la lettre puisque c'est la lettre qui le constitue ou, comme le souligne l'auteur, "l'objet de ce désir est la lettre elle-même (…) l'objet vrai de la jouissance est la lettre". 3
Charles Melman reprend la première phrase du séminaire de Lacan D'un Autre à l'autre, pour faire sentir la portée de l'inconsistance de l'Autre : "l'essence de la psychanalyse est d'être un discours sans paroles" puisque s'il y avait une parole d'injonction dans l'analyse, ce ne serait plus de l'analyse. Dans l'Autre il n'y a rien qui puisse soutenir l'importance que le névrosé porte à sa parole. "La coupure dans le grand Autre ne supporte aucun sujet, nous le savons. C'est bien pourquoi vous n'avez pas à attendre du grand Autre quelque injonction pour que vous commenciez à prendre la psychanalyse au sérieux, et si vous ne la prenez au sérieux, elle ne sera pas très intéressante". 4
Croire à la consistance de l'Autre en tant que garant du trésor du langage, induit la supposition que S1 et S2 peuvent tenir ensemble. Et c’est en quoi l'inconscient est le politique, puisque c'est en ce sens-là que le politique concerne l'inconscient de chacun. Lorsque S1 et S2 peuvent tenir ensemble chez le sujet, cela fait de lui un militant.
Autrement dit, Charles Melman insiste sur le fait que la psychanalyse ne peut s'organiser, en tant que discours, sur la base d'une injonction quelconque. Elle dépend de la singularité du rapport de chacun avec la psychanalyse et de la manière dont chacun établi un dialogue et un débat avec les thèses avancées par Freud et ceux qui l' ont suivi.

Les impasses du corps. L'hystérie.
Pour l'auteur, la psychanalyse a été fondée à partir du témoignage de l'hystérique, et sa progression a été marquée par l'échec de la résolution du symptôme, donc de sa guérison. Charles Melman affirme que guérir l'hystérique de ce statut qui lui donne une qualité d'être Autre, n'est pas très aisé. L'espoir de Freud qui voulait qu'une femme puisse être castrée comme un homme et qu'elle puisse articuler son désir comme lui, est une alternative obsolète.
Charles Melman signale que l'obstacle à la guérison de l'hystérique se situe dans l'espace de la culture elle-même. La culture étant un symptôme collectif, chaque sujet s'arrange pour s'inscrire en elle selon les impératifs de sa propre jouissance.
La construction erronée établie par l'hystérique sur la base de sa douleur, vise à faire exister l'homme, un vrai, non castré. Étant donné sa difficulté à en trouver un, son choix est celui de le faire exister en Nom du Père. Sa tâche aveugle donc, est celle de faire exister l'homme en l'incarnant, car il n'est pas question de laisser cette place vide.
La douleur mal située de l'hystérique cherche dans son corps un lieu d'inscription. Il y a toujours un problème majeur qui est celui de l'hystérique et son corps, car ce corps lui ek-siste parce que c'est le lieu de l'Autre : "ce lieu de son corps est effectivement un lieu étrange puisqu'il fonctionne imaginairement comme un dépotoir" 5, dépotoir de cet objet immonde qui est l'objet petit a, cause du désir de son partenaire.
Comment s'établit le rapport de l'hystérique à son grand Autre ?
Faute de refoulement, l'hystérique trouve dans le trait unaire les éléments nécessaires pour s'inscrire comme étant au-moins-Une, ce qui grâce à la sublimation, elle peut incarner. L'hystérique fait corps avec l'Autre, mais c'est un corps qui reste tout de même en dehors d'elle. La thèse de Charles Melman c'est que l'hystérique, avec son corps, elle devient l'Autre de l'Autre, toute phallique, non castrée, c’est-à-dire la garantie d'un savoir sur l'Autre et cause de son infaillibilité.
"C'est ce corps en tant qu'il résout toutes le apories propres au grand Autre. Et c'est peut-être là qui gît ce paradoxe qu'une femme puisse éprouver une certain nombre de difficultés dans son rapport au savoir, être dans l'incertitude, et en même temps fonctionner comme étant la garantie absolue à partir de son corps". 6. Placer son corps au niveau d'une extériorité, comme Autre de l'Autre, vient donner la raison, la solution et mettre une point à ces questions posées par les énigmes de la jouissance.
Ce qui vient faire exception à la castration est l'élément qui prend la valeur du Un totalisant, situé au lieu de l'Autre. C'est la manière par le biais de laquelle une femme peut venir à cette place d'Autre de l'Autre, place que lui est accordée à partir du moment où elle se situe du côté du S1. C'est de ce signifiant maître et de sa solidarité avec lui qu'elle reçoit son propre message, qui lui permet d'imaginer son corps comme étant celui de l'au-moins-Un ou de l'au-moins-Une, puisque après tout c'est la place du réel où elle se tient par destination, dans ce lieu qu'on appelle le lieu de l'Autre. C'est ainsi qu'elle peut prendre place comme l'exception, comme l'au-moins-Une qui échappe à la castration, bref, comme Autre de l'Autre.

L'inconscient est le politique.
Par la suite, Charles Melman va introduire une série d'évidences dans la phénoménologie du discours qui, à la manière d'un nouveau contrat social, sont intimement liées aux conséquences du positionnement du sujet dans son habitat de langage. Une première de ces évidences est en rapport au fait que l'écriture du discours psychanalytique vient boucler le circuit des modes de discours, dans la mesure où il donne une réponse à l'impossible qui supporte la production de chacun des autres. "Non seulement le discours psychanalytique rend ces formes de lien social caduques mais, à vrai dire, il les rend aussi à proprement parler comiques, au sens psychanalytique du terme, puisque à cause de ce discours psychanalytique, les autres viennent chuter dans leur phallicité". 7
Charles Melman souligne que ce qu'on a l'habitude d'appeler "crise des idéologies", serait plutôt une "crise de discours", puisque le problème du sujet moderne est qu'il ne peut plus se retrouver dans un discours qui tienne. Cette aporie est sans doute en lien intime avec une deuxième évidence qui est celle de la crise du sujet, son corrélat étant l'objet qui lui manque pour être, cet objet a, qui laisse le sujet dans l'état de clivage qui lui est immanent. "C'est pourquoi Lacan prend la peine de dire chaque fois que le discours psychanalytique est un discours sans parole. Cela pour une raison qui n'est pas seulement mécanique, puisque s'il est vrai que c'est l'objet a qui se trouve à la place d'agent, il est clair que cet objet a ne laisse d'autre place qu'à l'éclipse du sujet et donc du même coup à la disparition de toute parole". 8
Pour l'auteur, la coupure réalisée par Lacan dans sa lecture de Freud vient introduire une subversion de l’éthique à partir du moment où elle n'est pas l'objet de l'empêchement, mais qu'au contraire c'est une éthique qui pousse le sujet à "avoir le courage de son fantasme", non pas dans le sens de se sentir concerné par lui, mais dans le sens de l'amener jusqu'au bout. C'est une éthique animée par le désir, qui concerne bien entendu le désir de l'analyste.
Éthique et politique se rejoignent dans une interrogation sur la place du sujet dans la cité. La psychanalyse viendrait déranger notre vie politique puisque la psychanalyse part de l'hypothèse que, à la place du signifiant que nous faisons fonctionner comme S1 dans l'Autre, il n'y a personne et il n'y a rien.
Pour Charles Melman, le fonctionnement politique de la psychanalyse, sa vie de "société", ne sont pas exemptés des phénomènes collectifs qui nécessitent l'existence d'un maître ou des maîtres qui à leurs tours seront remplacés par leurs élèves dans l'espoir d'un accès à la maîtrise. Au contraire, le fonctionnement de l'association est établi en fonction de l'égalité de ses membres, chacun a là à porter -même si ce n'est pas le cas- sa part du travail; on attend de lui qu'il y contribue comme tout le monde; on est associés! 9
L'école est encore une autre chose différente de la société ou de l'association, puisque l'école suppose un référent commun qui pour les psychanalystes ne se résume à un savoir mais "le savoir concernant le réel qui est lui même le lieu du savoir". 9. Lieu du savoir que n'est pas organisé à partir du savoir d’un maître, mais organisé autour de la faille, de ce réel comme étant l'impossible, qui conduit les psychanalystes à l'approcher par le biais des concepts.
Habiter le langage se paie d'une dette. Le sujet humain reste sous l'emprise du pouvoir du signifiant en étant soumis au "tu dois". Et la manière d'agencer ce paradoxe, c'est en tuant l'impératif qui nous vient de l'Autre et dont son effet d'autorité infantilise.
Pour Charles Melman, le sérieux de la psychanalyse, s'inscrit dans le sériel, le terrain même du transfert où l'épreuve par la parole réduit le signifiant au trait unaire; trait Un, qui est le représentant de la coupure entre savoir et vérité. Selon lui, le défaut de référent dans l'Autre prive celui-ci de toute rationalité, la rationalité qui se déduit du fait d'être le résultat d'un réel qui résiste au signifiant. C'est cela la vérité du grand Autre. Le traumatisme est caractérisé comme étant la rencontre avec ce qui de l'Autre fait Un.

Le séminaire de Charles Melman se conclut autour de la question du désir de l'analyste, question qui est mise en tension avec le statut même du fantasme de l'analyste: Quel est le rapport de l'analyste à son propre fantasme, à son propre système ? Et, s'il y a un fantasme de l'analyste, quelle est la spécificité de son objet ? Le rien comme objet serait-il l'os de la psychanalyse? "Savoir se servir du Nom-du-Père pour pouvoir s'en passer... mais cela dépend évidement de ce que pour chaque analyste fait son désir, c’est-à-dire le point où il en est dans sa relation au fantasme... si le désir de l'analyste consiste à tenter de défaire le symptôme, le sinthome, vous voyez là aussi comment on revient au sinthome, c’est-à-dire à ce qui se retranche pour satisfaire aux exigences de la sainteté". 11

On peut se passer du Nom-du-Père à condition de s'en servir car le Nom-du-Père permet chez l'être parlant l'inscription de la limite du symbolique : dans l'Autre il y a du réel..

rédacteur : Francisco RENGIFO,
Critique à nonfiction.fr


Notes :
1 - p.11
2 - p.15
3 - p.16
4 - p.21
5 - p.32
6 - p.52
7 - p.84
8 - p.87
9 - p.126
10 - p.126
11 - p.212

Titre du livre : Problèmes posés à la psychanalyse
Auteur : Charles Melman
Éditeur : ErèsCollection : Poche
Date de publication : 17/09/09
N° ISBN : 2749211085





A Marseille, l'union des établissements pour renforcer la psychiatrie publique

Publié le mardi 23 mars 2010

Les trois établissements publics de santé spécialisés en psychiatrie dans l'agglomération marseillaise ont signé hier une convention dont le but est d'"organiser l'hospitalisation publique sur le territoire de santé des BdR, dans le cadre d'un projet médical de territoire"... Ce qui signifie en français courant, travailler ensemble pour améliorer la prise en charge des patients.

Les centres hospitaliers Valvert, (situé dans le 12e ), Édouard-Toulouse (15 e ), et les service hospitaliers de Sainte-Marguerite (9 e ) et Baille (5 e ) sont en effet confrontés aux nombreuses difficultés de la psychiatrie publique, notamment quant aux moyens dont elle dispose, et à la pénurie de personnel médical et paramédical. "Tous les intervenants de la psychiatrie doivent travailler ensemble", explique Jean-Michel Budet, qui gère les coopération à l'AP-HM.

Conformément à ce que préconise la loi, ces trois établissements vont donc rassembler leurs forces. Concrètement, il s'agira par exemple de redessiner les secteurs psychiatriques (créés dans les années 60) afin de remédier aux disparités existantes, d'organiser la prise en charge de façon graduée (soins de proximité et de recours), d'harmoniser les pratiques, ou encore d'assurer la permanence des soins dans une situation de pénurie de personnel.

D'ici fin juin 2010, les établissements partenaires vont élaborer un projet médical commun, puis créer un groupement de coopération sanitaire, comme cela est projeté pour d'autres spécialités (cancérologie, gériatrie, adolescents). Cette organisation s'articulera autour de la future communauté hospitalière de territoire, qui associera l'AP-HM, les centres hospitaliers de Martigues, Aubagne et la Ciotat.


dimanche 21 mars 2010

Lily Allen : sa psychanalyse diffusée à la télé
http://www.staragora.com/news/lily-allen-sa-psychanalyse-diffusee-a-la-tele/389841











Lily Allen va se faire psychanalyser et la séance sera diffusée à la télé anglaise dans l'émission In Confidence. Elle abordera ses sujets aussi intimes que son enfance, ses amours et sa fausse couche.

Nous allons bientôt tout savoir de la vie privée de Lily Allen.

Celle qu'il se plaint d'être poursuivie et harcelée par les paparazzi et qui souhaite arrêter la chanson, va déballer son sac en public.

En effet, nous allons pouvoir suivre Lily Allen lors d'une séance de psychanalyse chez Laurie Taylor, célèbre spécialiste, pour les besoins d'une émission de télé.

L'émission In Confidence sera diffusée sur la chaîne anglaise Sky Arts 1 dès le mois prochain. A chaque fois, le psychologue recevra un invité différent.

Dans le cas de Lily Allen, sa vie intime va être passée au crible. Son enfance difficile, ses relations malheureuses avec les hommes ainsi que sa fausse couche.

Ça risque d'être assez épicé !

samedi 20 mars 2010




La psychiatrie « sort de ses murs », et révèle... des artistes

samedi 20.03.2010








Jannick Taramazzo: «L'atelier, c'est un endroit de liberté.»

Jusqu'au 1er avril, l'hôtel de ville de Seclin accueille une exposition des oeuvres réalisées par des patients du secteur psychiatrie* de Seclin, dans les ateliers de Jannick Taramazzo. La plasticienne anime chaque semaine ces ateliers où les patients sont des élèves, comme les autres.

PAR ANNE-SOPHIE HACHE

Jannick Taramazzo ouvre de grands yeux sombres, s'étonne : « Plus difficile avec des patients ? Non, à vrai dire je n'y vois pas grande différence... » Chaque semaine, Jannick Taramazzo anime des ateliers artistiques dans les secteurs de l'Établissement public de santé mentale (EPSM) Lille Métropole. Dont Seclin. La jeune femme a une formation en arts plastiques mais « aucune de soignante ». Une plasticienne dans un univers pas comme les autres : la psychiatrie. Ses élèves, des patients « toutes pathologies confondues », mais surtout « des élèves comme les autres ». Et tant pis pour les préjugés : « La seule différence, c'est au début : quand on donne des cours du soir, les gens viennent parce qu'ils sont sensibles à l'art. Là, ils viennent dans le cadre d'un soin, ils n'ont pas, au départ, de sensibilité particulière aux arts plastiques, ils sont intimidés : il faut que je leur donne l'envie. Et ça va très vite. » La différence s'estompe, les murs de l'hôpital aussi. « L'atelier, c'est l'endroit où on essaie de ne pas trop parler des soucis, de s'ouvrir au monde. On parle de ce qu'on a vu à la télé, des gamins, de cuisine, de tout... C'est un lieu de liberté. »

Les soucis sont oubliés

Pointant du doigt une œuvre plus noire que les autres, n'allez pas non plus y chercher les marques d'une quelconque pathologie. « Vous ne trouverez rien, sourit Jannick Taramazzo. Ce collage par exemple, à l'univers un peu hitchcockien, a été réalisé par une dame très gaie qui a fait tout autre chose. J'en ai moi même réalisé un sur le même thème. Ils peignent, travaillent des choses par rapport à leurs ressentis, à leur culture télévisuelle, cinématographique, culturelle. Encore une fois, comme tout le monde... » Et montrant un autre des collages exposés : « Regardez celui-ci, l'univers représenté est très drôle, il a été fait par une personne qui a beaucoup d'humour. Ne cherchez pas la pathologie, elle n'y est pas, répète la plasticienne. C'est une idée reçue. Je suis juste là pour les ouvrir à un monde, l'art, auquel ils n'auraient peut-être pas forcément pensé. » Pour preuve, Marie-Josée, élève enthousiaste de Jannick Taramazzo, venue au vernisssage. Elle explique « apprendre beaucoup de choses » dans ces ateliers et peindre chez elle, maintenant. Frédéric, autre élève, « adore ». Après la craie grasse, il est passé à l'huile. Frédéric dit en souriant s'être « découvert un don » et aussi que « pendant deux heures, on laisse les problèmes à la porte, ils sont oubliés. » « Comme vous et moi, ils ont des idées préconçues sur leurs possibilités artistiques, des inhibitions, explique le Dr Nourry, responsable du secteur de Seclin. On n'est pas dans de l'art-thérapie. Il s'agit de donner aux patients la possibilité de sortir leur potentiel créatif. On ne peut se sentir que mieux quand on crée et qu'on envisage le beau. Et c'est vrai pour tout le monde. » •

Le secteur psychiatrie de Seclin est rattaché à l'établissement public de santé mentale (EPSM) Lille Métropole.





CRITIQUE TELERAMA


Schizophrènes : entre l'enfer et la lumière
Documentaire d'Olivier Delacroix et Hugo Lopez (France, 2009).
55 mn. Inédit.

Parce qu'elle reste méconnue et associée à des faits divers sanglants, la schizophrénie fait peur. Les malades sont souvent assimilés à des agresseurs potentiels, ou réduits au cliché trompeur de la « double personnalité ». C'est en croisant par hasard la route d'un schizophrène que le journaliste Olivier Delacroix a décidé de mener l'enquête. Loin des discours institutionnels, il donne la parole à des malades et à leurs familles, partage un peu de leur quotidien et de leur combat, confronte données médicales (recueillies à l'hôpital Sainte-Anne) et ressenti personnel.

Adepte d'un journalisme subjectif, il impose à l'image une présence chaleureuse et un regard entre curiosité et empathie. En confiance, Dominique lui raconte la descente aux enfers de son fils, Xavier, mort seul à 33 ans dans une chambre d'hôtel : les hospitalisations à répétition, les crises ingérables, le dialogue de sourds avec des institutions débordées... Transformées en « équipes soignantes », les familles pallient les défaillances des structures d'accueil et de soins, au prix d'un immense sacrifice. Entouré des siens, David confie sa peur du monde extérieur, sa lutte de tous les instants pour contrôler « la plante qui pousse dans [s]a tête » et qui lui fait entendre des voix. Les mots intimes et lucides des malades offrent la plus éloquente des réponses aux idées reçues et à la stigmatisation. Et, pour certains, laissent entrevoir au bout du chemin - fait de l'acceptation de la maladie et de traitements lourds - un espoir d'indépendance.

Isabelle Poitte

DIFFUSIONS
FRANCE 4 VENDREDI 19 MARS 2010 DE 20H35 À 21H30 (55')

Rediffusions : Dimanche 21 mars 2010 : FRANCE 4 13h25 Mercredi 24 mars 2010 : FRANCE 4 22h05

INFOS TECHNIQUES
Showview : 78090068
Sous-titrage malentendant (Antiope)
Stéréo
Inédit







Bagnols.
Société


Comment parler de la santé mentale ?

Le pharmacien lance tout fort dans l'officine : « Ah, c'est une ordonnance du Mas Careiron ». Le patient est repéré, le malheureux ne sait plus où se mettre. En découvrant un atroce fait divers impliquant un schizophrène à la Une de leur journal , des clients du tabac vocifèrent : « Il faudrait les enfermer tous ces malades, y a qu'à les pendre ! ».
Voilà un petit aperçu des petites phrases trash, humiliantes, voire insultantes qui rendent le quotidien des malades atteints de troubles psychiques insupportable. A Bagnols, l'association Cézame a choisi de crever l'abcès, mardi, autour d'une table ronde organisée dans le cadre de la semaine nationale de la santé menta le (du 15 au 21 mars). Les partenaires de Cézame que sont le centre médico-psychologique (CMP), l'unité psychiatrique de soins et de réadaptation (UPSR), l'hôpital de jour, le SAVS (le Service d'accompagnement à la vie sociale), la mairie ou encore l'unité de soins en réadaptation du château de Coulorgues.
« Comment en parler sans stigmatiser ? » C'est la question que posent les usagers de la psychiatrie, les soignants, les institutions, les associations et les familles au sein d'une société qui, selon eux, « confond trop souvent violence et maladies mentales, alors que ce sont les personnes touchées par ces maladies qui sont avant tout victimes de violences », témoigne Philippe Delbos l'animateur du Groupe d'entraide mutuelle (GEM) bagnolais Cézame.
Le psychiatre Jean-François Thiebaud, du Point psy de Bagnols, rattaché au centre hospitalier du Mas Careiron, défenseur du « droit de cité » des usagers de la psychiatrie, ne mâche pas non plus ses mots et va encore plus loin : « Je suis effaré, dit-il, par la diabolisation qui est faite de ces maladies à des fins d'instrumentalisation au service du tout sécuritaire ». Les médias sont notamment pointés du doigt, accusés d'entretenir une dangereuse ambiguïté autour des schizophrènes, entre autres.
Mais comment agir concrètement pour changer les regards, les décrisper ? La solution, « c'est d'abord d'identifier l'autre comme une personne et non comme un malade », assure Chantale Brun, la présidente de l'association Epiphyte qui parraine les trois GEM du Gard. Une mission que s'est donnée le GEM de Bagnols au sein de sa maison du 5 rue des Clos de l'Ancise (lire ci-dessous). Il ne s'agit pas d'un lieu de soins. Mais d'un endroit de rencontre et de libre expression, où l'on vient pratiquer des activités, s'inscrire à des sorties, partager un repas en vue de recréer des liens sociaux. Cézame est également convaincu que participer à la vie de la cité et à ses animations à l'instar de la journée des femmes, le 8 mars dernier (lecture de textes), ou à la journée du handicap, événement festif et convivial prévu le 17 avril, peut y contribuer encore plus fortement.

Hélène AMIRAUX


http://www.ladepeche.fr/
PUBLIÉ LE 19/03/2010| B. DV.

En sortant de l'hôpital psychiatrique, les malades sont à la rue


Semaine d'information sur la santé mentale.









Avec 1 438 lits d'hospitalisation sur un total de 3166, la Haute-Garonne concentre à elle seule près de la moitié de la capacité d'accueil des malades psychiatriques de Midi-Pyrénée. Très dense à Toulouse et dans le nord, mais totalement absente du sud du département, cette couverture médicale permet d'accueillir et de soigner les malades en crise aiguë. Mais pour l'UNAFAM et La Demeure de l'Oasis, deux associations qui militent pour la prise en charge des malades à leur sortie de l'hôpital psychiatrique, le compte n'y est pas. Car lorsqu'ils quittent leur chambre après un long séjour hospitalier, les malades n'ont le plus souvent le choix qu'entre deux possibilités : « Vivre dans leur famille avec tout ce que cela comporte de difficultés, ou vivre seuls au risque de se murer dans une dangereuse solitude », constate Martine de Saint-Sernin, responsable de La demeure de l'Oasis.

65 PLACES

Fin 2009, la Haute-Garonne n'avait que 65 places en logements accompagnés à proposer comme sas de retour à la vie ordinaire aux patients des services de psychiatrie. « Mais qu'ils soient communautaires ou thérapeutiques, ces logements ne sont pas pérennes », souligne Michel Lacan, le président de l'Union nationale des familles et amis de malades (UNAFAM). Dans un mémoire de Master réalisée fin 2009 à la demande de l'UNAFAM, par Domiane Oliveras établie à 400 le nombre des places en résidence d'accueil qui devraient être créées pour répondre aux besoins départementaux. Conscient de cette carence le centre hospitalier Gérard-Marchant a signé en janvier dernier une convention avec la Patrimoine Languedocienne SA HML pour la construction de cinq logements HLM destinés aux malades ayant terminé leurs traitements. L'hôpital précise « que cette initiative devrait être reconduite. » À ce rythme, Il faudra donc encore beaucoup de temps pour couvrir l'ensemble des besoins.

En attendant, l'UNAFAM travaille de conserve avec les maisons des jeunes de Castanet pour créer dans l'agglomération un deuxième groupe d'entraide mutuelle (GEM) qui permette aux malades psychiques de se retrouver et de se réinsérer ensemble dans la vie ordinaire. Au cabinet du préfet de la Haute-Garonne, on reconnaît que « l'agglomération toulousaine est plutôt dans une situation non satisfaisante par rapport à Renne, Lille ou Lyon » et que « l'enjeu est de sensibiliser les opérateurs pour améliorer la situation. »

Appartements communautaires

À l'heure actuelle, il existe trois principales possibilités d'accueil des malades. L'orientation du patient vers un appartement thérapeutique se fait sur avis médical. Il s'agit d'un T4 ou T5, partagé entre 3 ou 4 personnes, avec pour chacun son « chez soi », la chambre et une zone ou l'on partage. Il y a une présence infirmière continue. Les appartements communautaires fonctionnent dans le même esprit, mais les résidents sont sous locataires de l'association qui gère ces logements ; la présence des infirmiers est discontinue. Les familles gouvernantes (qui n'existent pas en 31) sont plus éloignées du soin, avec simplement une personne qui voit quotidiennement chaque patient dans l'appartement partagé.

GAP / PSYCHIATRIE

23e rencontres de l'AFREPSHA : Faut-il distinguer le lieu de vie du lieu de soin ?


par La Rédaction du DL | le 16/03/10
http://www.ledauphine.com/psychiatrie-23e-rencontres-de-l-afrepsha-faut-il-distinguer-le-lieu-de-vie-du-lieu-de-soin--@/index.jspz?article=275999

Déjà la vingt-troisième ! Jeudi 18 et vendredi 19 mars, l'Association de formation et de recherche des personnels de santé des Hautes-Alpes (AFREPSHA) organisera au théâtre La Passerelle à Gap sa 23e session d'enseignement et de formation. Cette année, le thème en sera "Liens de vie, lieux de soins". La question du lieu de l'expression de la maladie mentale et de la rencontre thérapeutique se pose toujours. Parce que le lieu où se déroule cette rencontre témoigne des attitudes de la société et de sa conception de la folie.

La psychiatrie de secteur a constitué le projet le plus significatif il y a plus de 50 ans. L'actualité de la notion d'équipes mobiles de psychiatrie ne manque pas à son tour de faire débat. D'une part les professionnels et les familles sont en forte demande de soutien des professionnels, de l'autre il y a une pression sociale sécuritaire.

Les équipes mobiles et leurs responsables peuvent ainsi témoigner de la difficulté à soigner hors les murs de l'hôpital, soulignant combien une réflexion critique sur les soins ambulatoires s'impose. Et ce d'autant plus que l'idée du bracelet électronique fait son chemin, qui met le soin ambulatoire sous contrainte. Pas question cependant de remettre en cause l'accompagnement et le soin dans le milieu social "ordinaire", qui « restent des invariants nécessaires de la psychiatrie de secteur » pour l'AFREPSHA.

Mais le travail de soin psychique pratiqué dans la réalité sociale ne cesse d'interroger les soignants. D'autant que les déploiements des dispositifs d'accompagnement brouillent les lignes de partage entre les professionnels, entre les fonctions de soin et d'accompagnement social. Et que les dispositifs sanitaires sociaux et médico-sociaux bouleversent la psychiatrie publique.

Deux jours denses et passionnants attentent les participants à ce congrès. Différents intervenants se succéderont, des médecins beaucoup, des infirmiers, des représentants des familles, mais aussi un architecte.

Paru dans l'édition 05A du 16/03/2010 (c9e8bd68-303e-11df-9bfa-8d88787130ed)





20 Mars 2010
Par Guy Baillon

L’accueil est né d’une évaluation de notre travail par les usagers : l’évaluation est indispensable pour la psychiatrie

Hervé Bokobza, lors de la seconde rencontre nationale du collectif des 39 à Montreuil en novembre 2009, a eu le courage de souligner pour conclure les débats la pertinence qu’a l’évaluation pour notre pratique. Hervé Bokobza a ainsi pris le risque de prendre le contre-pied de l’opinion majoritaire illustré par le colloque annoncé sous le titre excessif et donc démagogique : « l’évaluation tue ». La question n’est pas d’engager une polémique mais de savoir sauvegarder nos valeurs et nos outils, même si "notre ennemi" les utilise aussi ; limitons nous à en dénoncer les usages "pervers".

Nous sommes nombreux à penser que l’évaluation est une démarche indissociable d’une pratique de soin, comme d’une pratique sociale. D’abord pour consolider notre pratique personnelle, en en faisant une analyse régulière.

Mais si nous nous engageons dans un travail collectif nous sommes soumis à la nécessité d’une clarté pour nos différents interlocuteurs. Là nous avons à anticiper, à prendre les devants. Nous savons que si nous ne définissons pas nous-mêmes les objectifs, le cadre, les méthodes de nos projets et de nos activités, elles ne seront ni crédibles, ni valides ; tout en sachant certes que ceci a des limites : quand le "pouvoir" a décidé de nous mettre à genou il établit une évaluation qui est totalement à son service. Cependant si nous avons pris les devant et avons déjà établi une évaluation solide, dans un État de droit, nous avons l’opinion et la justice comme recours : le "tiers" peut mettre en évidence la malveillance de nos contrôleurs et nous donner gain de cause.

Je ne suis ni juriste, ni philosophe, j’ai seulement tiré sur ce point des enseignements de notre pratique de la psychiatrie de secteur, je les soumets à votre jugement. Je suis persuadé que si nous nous engageons clairement dans un projet précis et si nous veillons à en "inscrire" l’histoire nous mettons en place non seulement une ‘construction’ mais aussi les éléments qui vont en soutenir la progression, en veillant à dépister les failles, facteurs de malfaçons.

Notre équipe de secteur créée dans le "9-3" en 1971 parmi les 14 équipes de l’ancien asile de Ville-Evrard a reçu en dot trois pavillons asilaires, et un dispensaire à Bondy l’une des villes du secteur (l’autre étant les Pavillons sous Bois). Pendant 7 ans nous déployons un profond travail d’humanisation de l’hôpital, un travail de consultation au dispensaire, et intervenons dans plusieurs services du nouvel hôpital général que l’AP ouvre à Bondy en 1976.

Simultanément nous prenons l’habitude de rendre compte de notre travail, à qui ? : aux élus des communes en leur expliquant que nous espérons avoir des lieux de soin en ville.

Nous avons un premier retour de cette "évaluation", en mars 1977 lorsque le maire de Bondy fraichement élu nous offre pour un franc symbolique la jouissance du presbytère pour y créer un nouveau lieu de soin. Le directeur de l’hôpital accepte d’y ouvrir un hôpital de jour de 14 places en échange de la fermeture d’un pavillon hospitalier que nous avions libéré.

Avant son ouverture en 1979, à l’initiative des CEMEA voulant faire un stage de soignants à la pratique de secteur, nous faisons une réunion publique de quartier à Bondy pour savoir comment les habitants appréciaient ce travail ‘considérable’ réalisé en 8 ans.

A notre stupéfaction nous recevons une terrible "claque" avec "l'évaluation suivante" qui va marquer toute notre histoire : « Nous savons très bien ce que vous faites. Mais il faut que vous sachiez que nous n’accepterons jamais d’être hospitalisés dans votre service de l’ancien asile de Ville-Evrard, tous ceux qui y "passent" sont "marqués" Vous n’avez rien compris à l’imprévisibilité de la survenue de nos troubles. Vous ne serez crédibles à nos yeux que lorsque vous serez disponibles 24/24h en ville et lorsqu’il n’y aura plus un seul espace de soin à l’asile. Au revoir ! »

Désemparés par cette "évaluation" claire, nette et précise, mais aussitôt convaincus que nous avions notre feuille de route, nous n’avons eu de cesse pendant les 20 années suivantes de la réaliser : et de fait nous avons ouvert un centre d’accueil 24/24 en 1982, en fermant en échange le second pavillon, nous avons créé diverses structures de soin, et enfin transféré les 20 lits du dernier pavillon dans un immeuble banal créé en ville en janvier 2000. Tout cela à Bondy, l’autre municipalité restant toujours distante. Plusieurs autres "évaluations" sont venues scander ce parcours, car nous savions que ces ‘avancées’ étaient fragiles car innovantes, et que leur avenir dépendait des évaluations de nos tutelles. Alors nous les avons anticipées.

Ainsi quelques mois après avoir ouvert notre centre d’accueil et avoir constaté que ses effets dépassaient nos espérances sur le plan clinique, nous l’évaluons (nous avions informé avant l’ouverture tous nos correspondants que nous n’acceptions plus de demande d’hospitalisation directe ; nous recevons donc des personnes dont les troubles nous paraissent plus souples, non fixées, constamment autour d’éléments déclenchants à type de "perte", nous comprenons que ce sont les mêmes malades qu’avant mais rencontrés à des moments antérieurs à l’étape à laquelle ils étaient jusque là hospitalisés. Donc cette activité avait un effet thérapeutique très fort, qui avait des conséquences chiffrables ce qu’aiment bien les tutelles : nous avons constaté qu’en 6 mois nous avions un tiers des hospitalisations en moins, et que les autres hospitalisations mieux préparées duraient un tiers de temps en moins ; ceci s’est confirmé constamment). Ayant appris qu’un colloque de la Santé Publique se tenait à Macon en Mai 1983, et que le bureau de la psychiatrie y venait, nous avons tenu à y présenter notre travail avec de beaux tableaux agrémentés de graphiques. Cette "évaluation" a convaincu Jean-François Bauduret envoyé par MR Mamelet ; il est venu ensuite à Bondy et a intégré dans la liste du décret de mars 1986 « l’accueil » décliné sous plusieurs formes ! Nouvelle "évaluation" anticipatrice réussie.

Plusieurs équipes de secteur en France ont créé un centre d’accueil, Ginette Amado la première en 1978 ; nous créons avec elle une association pour promouvoir ces centres d’accueil. Mais il n’y en eu pas plus que 30 à 40 pour les 1127 équipes de secteur, et ceux qui les créaient demandaient des moyens supplémentaires au lieu de reconvertir un pavillon, si bien que JF Bauduret (ce fut son évaluation) devant ce risque décide d’en limiter les créations. Il y a eu là manifestement une analyse insuffisante des équipes de secteur n’ayant pas perçu la pertinence de l’évaluation des usagers de la psychiatrie ; les équipes n’ont pas cru à l’intérêt des centres d’accueil, de ce fait certainement l’évolution de la politique de secteur s’est ralentie ; cela est dû à mon sens à une évaluation insuffisante des équipes, peut-être (hypothèse audacieuse) parce que les équipes étaient plutôt attentives à l’évaluation des tutelles, et non pas à celle des usagers ?

Par contre la DASS du 93 a été convaincue de son intérêt et en a défendu l’existence auprès de la direction qui non seulement ne l’a pas arrêtée mais qui a accepté l’ouverture de quatre autres centres d’accueil dans le 93, toujours ouverts à ce jour.

Nous avons continué à apporter chaque année une "évaluation’"de notre activité à nos maires.

Et fin 1992 je suis convoqué par Claude Fuzier Maire sénateur de Bondy, et son futur successeur Gilbert Roger Président du CA de Ville-Evrard ; ils me demandent combien de m2 nous voulons pour installer les 20 lits restant à Ville-Evrard. Je transmets la proposition de vente de terrain à notre directeur C H Marchandet qui aussitôt lance le projet d’établissement de l’hôpital sur le projet de la relocalisation de 8 services dont le nôtre sur trois sites.

Toute la communauté médicale, syndicale, ouvrière de Ville-Evrard fait cause commune pour ce projet, grâce aux propositions des élus locaux ayant évalué la dynamique de la psychiatrie de secteur dans le 93, et arrive à convaincre la DASS et la Région.

Ainsi en 2000, grâce à l’énergie et la fidélité de CH Marchandet directeur les 8 services quittent l’ancien asile pour se relocaliser sur St Denis (3 équipes), Aubervilliers (3), Bondy (2).

Et là nous avons le plaisir de voir enfin réellement se développer là une vraie psychiatrie de secteur, puisque tous les espaces de soin sont en ville, hors hôpital (la présence quotidienne d’un généraliste permettant de résoudre les besoins somatiques rend inutile la proposition de relocaliser les services dans un hôpital général, et rend la psychiatrie libre), et qu’ainsi les liens avec l’environnement relationnel de chaque patient était l’appui de tous les soins. Même l’hospitalisation n’était plus un temps de séparation, mais au contraire un moment privilégié pour rencontrer avec chaque patient sa famille, et les membres de sa "constellation" (ce qui était quasiment impossible à l’ancien asile). Ce temps devenait un moment "d’activation des liens " Enfin une psychiatrie simple, non stigmatisée se développe avec l’appui des habitants.

Je pars en retraite émerveillé de cette pratique dans laquelle je vois les membres de l’équipe prendre un grand plaisir entre l’Accueil et ces différents espaces de soin en ville, l’équipe faisant corps avec mon successeur ancien interne, Patrick Chaltiel qui a l’intelligence de soutenir l’équipe dans la continuité de ce même travail en apportant sa compétence supplémentaire et fort bienvenue de thérapeute familial, et en poursuivant les liens avec les élus locaux, dans la continuité depuis 40 ans.

Hélas une méchante ombre au tableau va survenir ; en 2004-5 un nouveau directeur n’ayant aucun intérêt pour la psychiatrie remplace CH Marchandet, et contrairement à ce qui s’est passé entre mon successeur et moi, s’empresse de faire le contraire de son prédécesseur. Il arrête la relocalisation des autres services, quatre autres devaient suivre dans les quatre ans. Il fait revenir dans l’ancien asile l’un des centres d’accueil du 9-3, ce qui selon lui permet de faire des économies de personnel, mais ce qui revient à le tuer. De plus, comble de la bêtise, il se met à faire une évaluation comptable des dépenses internes de chaque service des 14 secteurs de Ville-Evrard ; selon lui ces dépenses seraient plus élevées dans les services relocalisés, en particulier à Bondy, où il n’y a que deux services, que dans les 9 qui sont encore à l’asile. Alors il décide l’été dernier qu’il "va" fermer Bondy, répartir ses 2 services sur un autre groupe ou pire à Ville-Evrard, ce qui constitue une véritable catastrophe, détruisant tous les liens de proximité sur lesquels s’est bâtie la pratique des soins pour ces secteurs. Clairement il ne fait aucune évaluation sur l’amélioration des soins, qui pourtant se chiffre en diminution des hospitalisations, raccourcissement des temps de soin en général, donc une très forte amélioration globale. Il ne fait pas plus l’évaluation des aggravations et leurs conséquences en coût pour la Sécurité Sociale. Bien sûr il fait une totale abstraction des souffrances accrues : tout cela lui a été expliqué, même par l’UNAFAM à laquelle il ne répond pas. Il explique alors que ce n’est qu’une menace ! Mais une menace de mort est reconnue comme un délit ! De toute façon cette ‘simple’ menace entraine depuis octobre une angoisse chez les familles, les patients, les soignants et constitue un véritable harcèlement qui ont tous des conséquences fâcheuses sur la vie de ces différentes personnes.

Certes nous entrons là dans cette autre évaluation que tout le monde critique car elle n’est que comptable, et ne prend pas en considération les différents aspects de la réalité concernée, ce qui est d’une bêtise inadmissible : les troubles psychiques, les besoins thérapeutiques ; elle ne tient pas compte du tout de la dimension humaine (et en définitive de son coût). D’aucuns disent que ne monsieur qui harcèle veut être ‘bien évalué’ par le futur Directeur de l’Agence Régionale de la Santé d’Ile de France, qui arrive le 1er avril.

Cet acte est pour tous les français une démonstration du danger que représente le nouveau pouvoir sans limite des Directeurs d’hôpitaux avec la nouvelle loi. Quelle place donnera-t-il aux évaluations et lesquelles ?

Cela ne change pas notre avis sur les évaluations : quand celles-ci sont pratiquées pour écraser des équipes ou des établissements, les équipes doivent se défendre jusqu’au bout.

Mais dans la pratique quotidienne, les évaluations sont les étapes pour chacun de nous pour apprécier notre propre "évolution", pour analyser les écarts entre nos projets et nos réalisations. C’est un élément fondamental pour envisager les changements qu’en psychiatrie nous devons constamment réaliser pour nous adapter aux besoins des personnes au service desquels nous avons choisi de nous mettre, les réactions corporatistes doivent toujours se situer à distance et d’abord respecter les besoins des patients. Par ailleurs nous avons vu qu’il faut préparer des échanges avec les usagers et accepter de rencontrer leur évaluation, car nous sommes certains d’en tirer des enseignements majeurs, sans pour autant les sacraliser, mais en se rencontrant avec eux.

Nous avons vu le rôle primordial des élus et des usagers dans l’évaluation.

L’évaluation est une discipline première de rigueur, d’honnêteté, de modestie, qui nous est utile pour le travail psychothérapique de base, comme dans l’analyse du travail d’une équipe ; elle ne doit pas non plus être dévoreuse du temps du soin, sinon son effet s’inverse.

Enfin sur le plan de la clinique nous ne devons pas esquiver, en particulier pour le moment que nous abordons, celui de l’accueil, la question du diagnostic et nous demander quelle est sa nature, est-il une évaluation ? Quelle est sa place dans l’accueil, … cela c’est, …

(à suivre)

Guy Baillon

(ce texte est envoyé avec anticipation, aujourd’hui plutôt que lundi, laissant la place à l’évaluation que nous allons tous signifier par notre vote, et dont nous dégusterons les résultats lundi)





16/03/2010

Souffrance psychique : innover pour « refaire société »


Lors d'un colloque, travailleurs sociaux et soignants se sont interrogés sur les nouvelles pratiques d’accompagnement des patients.

Il est loin le temps où l’on cachait à la vue de tous les personnes en souffrance psychique! Après l'effacement du consept d’asile, celui d’hospitalisation est en recomposition. La plupart des patients étant désormais suivis «dans la cité » (1), il faut réinventer l’accompagnement, en travaillant en équipe, pluridisciplinaires. Dès lors, pour les soignants, les proches, les employeurs… se pose cette question : comment agir sur plusieurs leviers pour aider le malade à « refaire société » ? Un enjeu soulevé lors d'un récent colloque de L’Œuvre Falret (2).

« Une famille sur quatre est concernée par un problème de santé mentale, relève Annick Hennion, directrice générale de cette association. Avec la montée de la précarité, les troubles augmentent. Il y a une véritable urgence sociale à améliorer les pratiques. Il faut créer de nouvelles passerelles entre les secteurs pour mieux aider les malades à intégrer la société civile. »

« Il est vrai qu’il y a une certaine frilosité des soignants à aller dans le social »
, concède le Dr Alain Mercuel, responsable du réseau psychiatrie précarité à l’hôpital Sainte-Anne. « On pense que cela ne nous regarde pas, on ne veut pas faire dans le sentimentalisme. Pourtant, le patient gagnerait à une meilleure articulation du travail des secteurs éducatifs, médico-sociaux, sociaux et sanitaires. » Mais où trouver le temps et les lieux qui permettraient à des équipes pluridisciplinaires d’échanger sur chaque patient plutôt que de succomber à une standardisation des soins ? Ces lieux et ces pratiques, si certains existent déjà, sont encore rares.

Logement, emploi, formation : des modèles à inventer
« En matière d’architecture, qu’il s’agisse de lieux de soin ou de vie, il est nécessaire de créer des structures qui fassent tomber les barrières », estime le Dr Denis Maquet, chef de service à l’hôpital de Maison-Blanche, à Paris. De nouveaux bâtiments, comme la résidence du Docteur-Arnaud (3), citée comme exemple dans le colloque, ouvre alors des perspectives. « Avoir un trouble mental, c’est précisément ne pas trouver sa place », souligne l’un des psychologues de la résidence. « Il est donc primordial d’aider le patient à investir un lieu, à avoir un chez-soi ».

Côté formation, il y a aussi à faire. Pour les infirmiers, l’idée d’une spécialisation psychiatrie en master, annoncée l’année dernière, est toujours dans les cartons, explique le sénateur Alain Milon (4). Y restera-t-elle ? Nul ne le sait. Idem pour l’autorisation donnée aux infirmières d’exercer la psychiatrie en libérale, toujours en suspens. Et quid de la formation du malade pour retrouver un emploi ? Là aussi, le chantier est vaste.

Claire Angot

1- Ces cinquante dernières années, le nombre de séjours en hôpital pour raison de santé mentale est passé de 120 000 à 60 000 lits, et leur durée a été divisée par sept (300 jours contre 40 jours), a rappelé Serge Kannas, directeur de la Mission nationale d’appui en santé mentale (MNASM), citant des chiffres de la Drees.

2- Créée il y a près de 170 ans par le Dr Jean-Pierre Falret, L’Œuvre Falret a pour mission d’aider les personnes touchées par la maladie mentale ou en situation de difficultés psycho-sociales. Elle s’occupe de plus de 2 000 personnes au sein de 23 établissements et services. Le colloque s'est déroulé le 11 mars au conseil régional d'Île-de-France.

3- La Maison d’accueil spécialisée (MAS) du Docteur-Arnaud héberge 54 adultes handicapés psychiques. Elle est située dans Paris.

4- Auteur en 2009 d'un rapport sur la prise en charge psychiatrique, l'élu UMP en prépare un nouveau, portant sur l'accueil et l'accompagnement des malades.