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samedi 20 mars 2010




La psychiatrie « sort de ses murs », et révèle... des artistes

samedi 20.03.2010








Jannick Taramazzo: «L'atelier, c'est un endroit de liberté.»

Jusqu'au 1er avril, l'hôtel de ville de Seclin accueille une exposition des oeuvres réalisées par des patients du secteur psychiatrie* de Seclin, dans les ateliers de Jannick Taramazzo. La plasticienne anime chaque semaine ces ateliers où les patients sont des élèves, comme les autres.

PAR ANNE-SOPHIE HACHE

Jannick Taramazzo ouvre de grands yeux sombres, s'étonne : « Plus difficile avec des patients ? Non, à vrai dire je n'y vois pas grande différence... » Chaque semaine, Jannick Taramazzo anime des ateliers artistiques dans les secteurs de l'Établissement public de santé mentale (EPSM) Lille Métropole. Dont Seclin. La jeune femme a une formation en arts plastiques mais « aucune de soignante ». Une plasticienne dans un univers pas comme les autres : la psychiatrie. Ses élèves, des patients « toutes pathologies confondues », mais surtout « des élèves comme les autres ». Et tant pis pour les préjugés : « La seule différence, c'est au début : quand on donne des cours du soir, les gens viennent parce qu'ils sont sensibles à l'art. Là, ils viennent dans le cadre d'un soin, ils n'ont pas, au départ, de sensibilité particulière aux arts plastiques, ils sont intimidés : il faut que je leur donne l'envie. Et ça va très vite. » La différence s'estompe, les murs de l'hôpital aussi. « L'atelier, c'est l'endroit où on essaie de ne pas trop parler des soucis, de s'ouvrir au monde. On parle de ce qu'on a vu à la télé, des gamins, de cuisine, de tout... C'est un lieu de liberté. »

Les soucis sont oubliés

Pointant du doigt une œuvre plus noire que les autres, n'allez pas non plus y chercher les marques d'une quelconque pathologie. « Vous ne trouverez rien, sourit Jannick Taramazzo. Ce collage par exemple, à l'univers un peu hitchcockien, a été réalisé par une dame très gaie qui a fait tout autre chose. J'en ai moi même réalisé un sur le même thème. Ils peignent, travaillent des choses par rapport à leurs ressentis, à leur culture télévisuelle, cinématographique, culturelle. Encore une fois, comme tout le monde... » Et montrant un autre des collages exposés : « Regardez celui-ci, l'univers représenté est très drôle, il a été fait par une personne qui a beaucoup d'humour. Ne cherchez pas la pathologie, elle n'y est pas, répète la plasticienne. C'est une idée reçue. Je suis juste là pour les ouvrir à un monde, l'art, auquel ils n'auraient peut-être pas forcément pensé. » Pour preuve, Marie-Josée, élève enthousiaste de Jannick Taramazzo, venue au vernisssage. Elle explique « apprendre beaucoup de choses » dans ces ateliers et peindre chez elle, maintenant. Frédéric, autre élève, « adore ». Après la craie grasse, il est passé à l'huile. Frédéric dit en souriant s'être « découvert un don » et aussi que « pendant deux heures, on laisse les problèmes à la porte, ils sont oubliés. » « Comme vous et moi, ils ont des idées préconçues sur leurs possibilités artistiques, des inhibitions, explique le Dr Nourry, responsable du secteur de Seclin. On n'est pas dans de l'art-thérapie. Il s'agit de donner aux patients la possibilité de sortir leur potentiel créatif. On ne peut se sentir que mieux quand on crée et qu'on envisage le beau. Et c'est vrai pour tout le monde. » •

Le secteur psychiatrie de Seclin est rattaché à l'établissement public de santé mentale (EPSM) Lille Métropole.

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