Paris, le samedi 11 juin 2016 – Le docteur Luc Perino tient un blog hébergé par le Monde baptisé Pour raisons de santé. Il propose un regard décalé et souvent incisif sur les tendances actuelles de la médecine. Plusieurs de ses posts récents invitent à la réflexion en se penchant sur des phénomènes unanimement acceptés et qui pourtant ont de quoi heurter la raison.
L’IRM est formelle : c’est une tendinite !
Il apparaît ainsi aujourd’hui que l’objectif premier du diagnostic s’estompe quelque peu. Celui-ci n’est pas « d’arriver nécessairement à la caractérisation biomédicale la plus parfaite, mais de parvenir au degré de précision réellement utile pour le bien du soigné» constate le médecin et anthropologue Alain Froment cité par Luc Perino. Pourtant, aujourd’hui, cette "utilité" semble parfois passer au second plan. Plusieurs exemples l’illustrent, comme le recours désormais quasiment systématique à l’IRM pour confirmer un diagnostic de tendinite. « Le diagnostic de tendinite fait partie des diagnostics les plus faciles, même pour un clinicien peu expérimenté. (…) Pourtant aujourd’hui, aucun médecin ne peut porter ce diagnostic sans faire pratiquer une IRM et aucun patient ne comprendrait que son médecin ne lui prescrive pas cet examen. (…) Dans le cas des tendinites, l’IRM n’a aucune utilité puisqu’elle ne change rien, ni au diagnostic ni au traitement. Nous pourrions dire la même chose de la maladie d’Alzheimer au risque de choquer les spécialistes qui ont pris l’habitude de confondre rigueur diagnostique et utilité pratique », observe Luc Perino qui ajoute que « Le sommet de cette gabegie est l’incidentalome : image sans signification pathologique connue, mais considérée comme "anormale" qui provoque une "gerbe" d’examens parfois dangereux chez des patients/victimes que les anglophones ont surnommées "VOMIT" (victims of modern imaging technology). Explicite ! ».
Injonction de soin
Plusieurs causes expliquent cette évolution, énumérées par Luc Perino : la prise en charge des examens qui invite peu à s’interroger sur leur coût, la prégnance du principe de précaution, la technicisation (qui est un leurre estime Luc Perino) et la judiciarisation. Le marché joue également un rôle certain dans cette tendance de la médecine à parfois s’éloigner du "bon sens", de la "raison" qui donne son titre au blog du praticien.
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