| 10.06.2016 Hippocrate, Sydenham, etc., sont des modèles de candeur qu’il ne faut pas imiter : n’avouez jamais vos fautes, sous quelque prétexte que ce soit ; mille choses serviront à les couvrir, entre autres ce qui a été fait avant qu’on vous ait appelé.
1° Ainsi la lenteur à appeler le médecin.
2° La gravité des symptômes.
3° La malignité des malades est une bonne batterie. Laissez Boehrave la traiter de fable imaginée par l’ignorance des médecins. Si ce grand mot est étayé de l’expérience et de la gravité, c’est un piège auquel tout le monde se laisserait enfiler.
4° Les fautes dans l’exécution de vos ordonnances ; s’il n’y en a pas de réelles, ne laissez point que d’en trouver ; si votre malade a pris quatre cuillerées de bouillon au lieu de trois, s’il a bu du petit-lait au lieu d’orge, dites qu’il a surchargé l’estomac par le bouillon ou qu’il l’a affaibli par son petit-lait. Enfin, de quelque manière qu’il soit sorti de vos prescriptions, outrez les choses, grossissez les objets et tirez-en les raisons les plus graves de son mal-être ou de sa mort.
5° Dans la pratique de ses confrères, il doit en trouver, mais le champ est bien plus beau lorsqu’on a été appelé plus tard par un confrère : car, à l’aspect de la moindre éruption, vous pouvez soutenir en face au médecin traitant qu’il a eu tort de saigner, que ce n’était pas du petit-lait qu’il fallait comme boisson, mais de la bonne eau de scorsonère, du persil, du safran, de la cannelle, de la thériaque, une bonne rôtie au vin ou d’autres drogues qui, ordinairement, ne valent pas le diable, mais qui sont bien du goût du vulgaire.
Vous rougirez peut-être de mettre en œuvre de tels conseils ? Et pourquoi ? Vous en seriez la dupe : vos confrères ne sont point gens à être en reste avec vous ; croyez que tout vous sera rendu au centuple et que vous ménageriez des hommes qui vous couvriraient de honte à la première occasion.
Réussir est d’un homme d’esprit, échouer est d’un sot, maxime qui doit être gravée en lettres d’or dans le cabinet d’un médecin.
(« Caractères des médecins ou l’idée de ce qu’ils sont communément et de ce qu’ils devraient être », par ***, docteur en médecine, extrait repris dans « La Gazette médicale du Centre », 15 novembre 1927)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire