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Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.

jeudi 22 mars 2018

FACE À LA MÈRE

Par Julie Brafman     — 

La journaliste Ondine Millot a rencontré Dominique Cottrez, condamnée pour avoir tué huit bébés à la naissance. Pour essayer de comprendre l’infanticide et de retrouver l’humain derrière l’horreur.

Chez Dominique Cottrez, en janvier 2015.
Chez Dominique Cottrez, en janvier 2015. Photo Aimee Thirion



Un vendredi de janvier 2015, Ondine Millot - ancienne journaliste justice à Libération devenue freelance - a pris le train pour le nord de la France. Elle s’est assise dans une cuisine face à une dame au visage anxieux : «la femme qui a tué ses huit bébés», l’auteure du «plus important infanticide jamais commis en Europe», disaient les médias. Ondine Millot, elle, se moque bien des records morbides, n’éprouve ni fascination pour l’épouvante ni frisson pour le sordide. Ce qu’elle veut c’est savoir. Savoir comment «les blessures se transforment en armes». Observer «les engrenages».Chercher «ce que le drame révèle de la société». «Faire autre chose que de relater en boucle des faits désespérants», écrit-elle. Alors, les voici face à face, dans cette cuisine impeccable, autour de la toile cirée beige où sont posées de petites tasses en porcelaine. Dominique Cottrez ne dit rien, son large corps est totalement immobile, ses yeux bleu gris pétrifiés. Pendant un certain temps, la journaliste écoute le glouglou de l’aquarium, le tic-tac de l’horloge, elle contemple le canari orange fluo puis les autocollants Ratatouille collés sur le frigo. Elle bafouille quelques mots, hasarde des questions, note des bribes sur son carnet puis hésite : «N’est-ce pas indécent de rester là à creuser le malheur ?» L’interviewée, quant à elle, se force à répondre d’une voix timide. En dix phrases décousues, elle balaie cinquante ans d’existence. «Ni pause, ni dialogue.» «Pas de détails, pas de récit.» Seulement le glouglou de l’aquarium, le tic-tac de l’horloge, le silence qui remplit la pièce et la tristesse qui mouille les yeux. Lorsque Ondine Millot repart, Dominique Cottrez lui dit : «Ça m’a fait du bien de vous parler.»

La schizophrénie loin des clichés

Dans sa série « Big Brother », le photographe britannique Louis Quail a saisi la vie quotidienne de Justin, son frère schizophrène. Des images qui questionnent, en filigrane, notre rapport à la maladie mentale dans une société ultranormée.

LE MONDE |  | Par 

« Sur le chemin des Kew Gardens, Justin prend la pose, peut-être pour protester contre le regard implacable de mon appareil photo. Mais c’est juste une supposition. » (2013)
« Sur le chemin des Kew Gardens, Justin prend la pose, peut-être pour protester contre le regard implacable de mon appareil photo. Mais c’est juste une supposition. » (2013) Louis Quail

Justin, 59 ans, a une passion : partir dans la nature, loin de tout, avec ses jumelles, pour observer les oiseaux, dont il dresse la liste avec soin – fauvette, martin-pêcheur, bécasse, héron, bergeronnette… Justin est aussi schizophrène. Le photographe britannique Louis Quail, son frère, lui consacre Big Brother, un livre-portrait, et expose ses images au festival Circulation(s), à Paris. « Quand notre mère est morte, en 2010, raconte-t-il, j’ai passé beaucoup de temps avec Justin et je me suis dit que son histoire méritait d’être racontée. Pour sensibiliser les gens, et peut-être l’aider lui aussi. » 

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mercredi 21 mars 2018

Un premier Psytruck au service des Toulousains

21/03/2018 

Le PSYtruck vous donne rendez-vous ce samedi au marché de Borderouge. A droite, Emmanuelle Bourlier, l'une des instigatrices de ce projet./ Photo DDM, S.V et DR.
Le PSYtruck vous donne rendez-vous ce samedi au marché de Borderouge. A droite, Emmanuelle Bourlier, l'une des instigatrices de ce projet./ Photo DDM, S.V et DR.

Emmanuelle Bourlier, présidente de l'association «Toutes voiles dehors» (qui réunit des usagers de la psychiatrie) vient de participer au lancement du premier PSYtruck toulousain, avec Pascale Fine Lestarquit, chargée de programme en santé publique, à la mairie de Toulouse.

Le PSYtruck a déjà fait deux sorties dans le cadre des Semaines d'information de la Santé mentale. Il fera sa troisième ce samedi 24 mars, sur le marché de Borderouge, de 8 heures à 13 heures. «C'est gratuit, annonce Emmanuelle Bourlier. Tout le monde peut venir avec ses questions et sa curiosité, sans à priori par rapport à la santé mentale.»
Ce PSYtruck toulousain – blanc, reconnaissable à ses tables et chaises installées devant – s'est inspiré d'une initiative grenobloise mise en place par le professeur Julien Dubreucq. «Le 10 mars, nous avons mis le camion du PSYtruck devant le métro du Capitole et nous avons pu accueillir des gens qui s'interrogeaient sur la santé mentale. On leur a proposé des tests de connaissances. Cela a donné lieu à des discussions très riches et de belles rencontres entre des usagers, des professionnels en psychiatrie et le public», se réjouit Emmanuelle Bourlier.
En effet, le PSYtruck réunit des usagers de la psychiatrie comme Emmanuelle, – autrement des personnes qui sont suivies par un psy ou qui prennent un traitement –, mais aussi des psychiatres, des internes ainsi que des proches de malades.

La CGT s’inquiète du devenir de la psychiatrie à l’hôpital de Vire-Normandie


21 Mar 2018

Le syndicat CGT s'alarme quant à l'éventuelle fermeture de l'unité d'hospitalisation à temps plein du pôle de santé mentale de Vire-Normandie (Calvados).

Pour le syndicat, la sauvegarde des services est l’affaire de tous. (©La Voix Le Bocage)

Jeudi 15 mars à l’issue d’une réunion qui s’est tenue entre la direction de l’hôpital de Vire et l’établissement public de santé mentale de Caen, un cadre du service a fait part de l’éventuelle fermeture de l’unité d’hospitalisation à temps plein (USTP) du pôle de santé mentale de l’hôpital. C’est en tout cas ce que confirme Nathalie Guénéron, infirmière au sein du centre d’accueil de jour Anémone. Une situation que dénonce également le syndicat CGT de l’hôpital. l’infirmière explique : 
Sans ce service à Vire, les patients seront orientés vers Caen car la psychiatrie ne fait pas partie du groupement hospitalier de territoire avec Flers

Renée, trente-quatre ans de lutte avec la maniaco-dépression

   20 mars 2018


SUISSE



Renée Defay, 67 ans, raconte sa maladie et parle du «Cercle des insensé(e)s» dans lequel elle joue. Une lecture-spectacle qui tourne cette semaine en Suisse romande à l’occasion des 15es Journées de la schizophrénie. Première à Lausanne, ce soir

«Je me suis réveillée, éberluée de peur, dans un présent insurmontable, à un point culminant de la folie…» Renée Defay, 67 ans, vit depuis 1984 dans les filets de la maniaco-dépression. La plupart du temps, elle en sort et décrit avec précision le calvaire où elle se sent «prisonnière de son imaginaire» – elle a déjà publié trois livres. Mais parfois, à la suite d'un choc notamment, les portes du délire se referment sur elle et la sexagénaire se débat avec ses obsessions. Renée fait partie des quatre actrices psychotiques du Cercle des insensé(e)s, une lecture-spectacle originaire d’Auvergne qui sillonne la Suisse romande dès ce mardi, à l’enseigne des 15es Journées de la schizophrénie. Plongée dans une vie secouée.


mardi 20 mars 2018

Après l'Ombre

Le film

Sortie le 28 mars 2018


Synopsis

Une longue peine, comment ça se raconte ?
C’est étrange ce mot qui signifie punition et chagrin en même temps.
Ainsi s’exprime Didier Ruiz lorsqu’il entreprend la mise en scène de son dernier spectacle monté avec d’anciens détenus de longue peine.
Dans le temps suspendu des répétitions on voit se transformer tous ces hommes – le metteur en scène y compris.
Le film raconte la prison, la façon dont elle grave dans les chairs des marques indélébiles et invisibles.

La culture du viol, un concept pour en finir avec notre fatalisme

Cessons de considérer que le viol fait partie de la nature humaine, affirme Maïa Mazaurette, chroniqueuse de « La Matinale ». Le concept de culture du viol, souvent mal compris, constitue un levier remarquable pour changer nos réflexes.

LE MONDE  | Par 

CEDRIC ROULLIAT / PLAINPICTURE

Le viol, les abus, sont-ils une fatalité ? Font-ils partie de la nature humaine… et plus précisément d’une certaine nature masculine ? Au regard des derniers chiffres diffusés par l’Ifop, qui font état de 12 % de femmes violées et de 43 % touchées et caressées contre leur gré, on pourrait prêter le flanc au pessimisme. Ce serait pratique : en déclarant la partie perdue d’avance, nous nous dédouanons des efforts nécessaires pour changer la situation. Les abuseurs vont adorer.

Ce laisser-faire prend la forme de discours désabusés et absurdes : « C’est comme ça, ma bonne dame »« Les accidents sont inévitables »« On ne fait pas d’omelettes sans casser des œufs » (traduction : « On ne fait pas de sexualité sans casser des gens »). On imagine la même logique appliquée aux autres injustices : « Il y aura toujours des enfants victimes de maltraitance, cessons de nous en préoccuper. »

Trêve de mauvaises nouvelles, nous disposons aujourd’hui d’une ressource remarquable pour sortir du fatalisme : le concept de « culture du viol ». Lequel n’est malheureusement pas toujours bien compris. On pense à un encouragement, à une célébration du viol, alors qu’il s’agit surtout d’inertie et de vieux réflexes. On ne saura donc trop recommander la lecture d’un essai tout récent, qui synthétise brillamment ces enjeux : En finir avec la culture du viol, aux éditions Les Petits Matins. Son auteure, Noémie Renard, fournit une quantité redoutable d’exemples concrets. En voici quelques-uns (la liste n’est évidemment pas exhaustive).

« Il est vital que les robots soient programmés par des hommes… et des femmes »

Alexandra Palt, directrice de la Fondation L’Oréal, montre dans une tribune au « Monde » comment les préjugés sur les femmes – dans le domaine de la santé ou de l’intelligence artificielle, par exemple – influent sur les résultats de la recherche scientifique.

LE MONDE |  | Par 

« Moins de 30 % des chercheurs sont des femmes et seulement 3 % des Prix Nobel scientifiques leur ont été attribués »
« Moins de 30 % des chercheurs sont des femmes et seulement 3 % des Prix Nobel scientifiques leur ont été attribués » JONATHAN NACKSTRAND / AFP

Tribune. Alors que ces derniers mois resteront sans doute dans l’histoire collective ceux de la libération mondiale de la parole des femmes dans les domaines du cinéma, dans le monde politique, des ONG ou encore de l’entreprise, il reste un secteur où les voix sont demeurées plus silencieuses : le milieu scientifique, alors même qu’il est confronté à une disparité de genre dont nous devrions tous, en tant que société, nous émouvoir.

Si la proportion de femmes engagées dans des carrières en science a augmenté, bien que trop lentement, nombre d’entre elles se heurtent encore à des obstacles pour y accomplir de longs et florissants parcours, pour accéder à des postes à responsabilité ou encore pour avoir accès à des financements. Résultat : aujourd’hui, seulement 11 % des postes à responsabilité dans les institutions académiques de l’Union européenne par exemple, sont exercées par des femmes. Moins de 30 % des chercheurs sont des femmes et seulement 3 % des Prix Nobel scientifiques leur ont été attribués.

« L’écart de performance entre filles et garçons en sciences est une forme d’inégalité sociale »

Plus un pays est inégalitaire en termes économiques, plus la performance des filles par rapport aux garçons se détériore, expliquent dans une tribune au « Monde » les trois économistes auteurs d’une analyse publiée dans « Science ».

LE MONDE ECONOMIE  | Par 

« Plus un pays est inégalitaire, plus la proportion de personnes issues de milieux économiquement défavorisés est faible parmi les élèves les plus performants »  Emmanuel Macron dans une école primaire à Rilly-sur-Vienne, le 15 mars).
« Plus un pays est inégalitaire, plus la proportion de personnes issues de milieux économiquement défavorisés est faible parmi les élèves les plus performants »  Emmanuel Macron dans une école primaire à Rilly-sur-Vienne, le 15 mars). GUILLAUME SOUVANT / AFP

Tribune. Aux évaluations nationales de CE2 et de 6e, au brevet ou au baccalauréat, les filles obtiennent de meilleurs résultats que les garçons. Elles sont plus nombreuses à se voir attribuer des mentions au baccalauréat et ont des parcours scolaires plus aisés et plus fluides : elles redoublent moins, sont moins susceptibles de décrocher du système scolaire, sont plus nombreuses à faire des études supérieures, font des études plus longues.

Mais ces résultats, manifestement à leur avantage, n’empêchent pas leur sous-représentation dans les filières scientifiques. Or ce sont ces filières qui mènent assez largement aux professions les mieux rémunérées et aux postes les plus haut placés. Les filles sont moins représentées en classes préparatoires scientifiques et en écoles d’ingénieur. Les doctorants en sciences sont, à une écrasante majorité, des hommes. Plus on monte dans l’échelle du prestige et de l’expertise, moins les femmes sont représentées dans les domaines scientifiques.

Les crèches suédoises accueillent la différence

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Des moments privilégiés entre les « pédagogues » et les enfants en crèche. / Olesia Bilkei/Stock.adobe.com


Oscar a 6 ans. Il saute sur un trampoline, les mains fermement tenues par celles de sa « pédagogue », comme on appelle en Suède les membres du personnel des crèches. « Bien, bravo. Allez, maintenant tu peux te reposer », poursuit la pédagogue. Pour lui, une pièce a été aménagée en petit royaume un peu à l’écart du passage, au calme. Là, un canapé attend le petit garçon, sous un chapiteau de tissu coloré et des guirlandes.

« Vincent et moi », trisomique et autonome

, le 

« Vincent et moi » / Next Film Distribution

Film français, 1 h 20
« Rapidement, on a su, se souvient sa mère. Ils s’en sont aperçus tout de suite. » Une heure et demie après la naissance, les médecins annoncent à ses parents que Vincent est trisomique. Sur les images de sa petite enfance où ils le choient comme ils l’auraient fait avec n’importe quel bébé, ils témoignent. « On nous a proposé l’abandon, assène son père. Mais non. Il transpire quelque chose de joyeux, de la confiance. Il donne envie de se battre pour lui tellement il y a en lui une innocence. » Très tôt, Edouard Cuel trace une voie pour son fils : vivre parmi les autres. Une évidence ? La promesse au contraire d’un véritable parcours du combattant.

Pénurie médicale, fermeture de lits : ce que des hospitaliers en colère auraient aimé dire à Buzyn

Elsa Bellanger
| 20.03.2018



DELEGATION MEDECINS
Crédit Photo : S. Toubon


Une délégation représentant plus de 1 200 médecins hospitaliers a tenté d’être reçue aujourd’hui par la ministre de la Santé, Agnès Buzyn. Leur mobilisation fait suite à une lettre adressée en septembre à la ministre et restée sans réponse.