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Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.

mercredi 31 octobre 2012

Il faut repenser les funérailles

LE MONDE | 


Le médicament, champ de bataille des spécialistes

LE MONDE | 
D'un côté, un vrai succès public dont témoignent les 200 000 exemplaires écoulés en un mois du Guide des 4 000 médicaments utiles, inutiles et dangereux (éd. Cherche Midi, 23,80 euros) des professeurs Bernard Debré et Philippe Even ; de l'autre, une violente polémique née dans le milieu médical sur les "énormités" dudit ouvrage : il n'en fallait pas plus pour rallumer les passions françaises autour du médicament. Deux ans après le scandale du Mediator, le livre des deux professeurs a révélé la soif de connaissances fiables et indépendantes des Français dans un pays où la consommation moyenne de médicaments était encore de 48 boîtes en 2011. Depuis sa sortie, le milieu médical s'organise pour présenter au public des alternatives en matière d'information sur les médicaments.
Le Guide des professeurs Debré et Even procède à une "évaluation d'ensemble des médicaments" et propose "40 notes de synthèse et anecdotes sur le traitement des grandes pathologies". L'ouvrage pose une foule de questions pertinentes mais n'est pas exempt de reproches. Peut-on suivre les auteurs quand ils affirment que "l'effet principal de tous les médicaments, même ceux dont l'activité est scientifiquement démontrée, est un effet subjectif, dit "placebo"" ? Des diabétologues ont contesté des affirmations comme : "L'insuline augmente le LDL cholestérol" ("mauvais cholestérol") ou souligné des erreurs - "Les statines [traitement anticholestérol] ne sont pas remboursées en Angleterre".

Le directeur de la revue "Prescrire" souligne l'influence des laboratoires dans l'information sur les médicaments

LE MONDE | 


Bruno Toussaint, le 17 janvier à Paris.
Bruno Toussaint, le 17 janvier à Paris. | AFP/MIGUEL MEDINA

Le docteur Bruno Toussaint est directeur de la rédaction du mensuel indépendant Prescrire, destiné aux professionnels de santé. Considérée par certains comme Le Canard enchaîné de la médecine et des médicaments, cette publication à but non lucratif est financée uniquement par les abonnements et fonctionne sans subventions, sans publicité, sans actionnaires et sans sponsors.
Le "Guide des 4 000 médicaments utiles, inutiles ou dangereux" des professeurs Even et Debré, paru en septembre, est un succès de librairie mais fait l'objet de vives critiques dans le monde médical. En tant que spécialiste des médicaments, qu'en pensez-vous ?
Ce livre est un pavé dans la mare, et c'est salutaire pour ouvrir le débat. Avec l'affaire du Mediator, le public a pris conscience de l'emprise des firmes pharmaceutiques sur l'information à propos des médicaments, les effets thérapeutiques étant davantage mis en valeur que les effets indésirables. Il est ainsi apparu qu'un produit pouvait rester longtemps sur le marché alors même qu'il était dangereux...
Depuis ce désastre, qui a bien entamé la confiance dans les médicaments, beaucoup de personnes ressentent un besoin d'information critique dans ce domaine. Le succès de l'ouvrage des professeurs Even et Debré s'inscrit dans cette demande d'information critique, et c'est très sain. En revanche, je ne me prononce pas sur la qualité de son contenu, car il est trop tôt. A Prescrire, nous étudions sérieusement son contenu, mais à notre façon, c'est-à-dire collectivement et en prenant notre temps.

Le grand désarroi de la recherche pharmaceutique française

LE MONDE ECONOMIE | 

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A l'usine de Boston (Massachusetts) de la « biotech » américaine Genzyme, fleuron de Sanofi. | BRIAN SNYDER/REUTERS

Ce lundi 8 octobre, la nouvelle tourne en boucle sur les radios et les chaînes d'information économique : Sanofi pèse, désormais, presque aussi lourd que Total en Bourse et pourrait lui ravir sa première place à la tête du CAC 40. Une excellente nouvelle pour le groupe pharmaceutique valorisé, depuis quelques semaines, à près de 90 milliards d'euros, grâce à un bond de 20 % depuis le début de l'année.
Une bombe aussi, alors que le laboratoire vient d'annoncer une réorganisation de ses activités de recherche en France avec plusieurs centaines de suppressions de postes à la clé. Arnaud Montebourg, le ministre du redressement productif, en a fait un point d'honneur : pas question de laisser Christopher Viehbacher, le PDG de la très rentable Sanofi, ajouter une ligne à la longue liste des plans sociaux de cette rentrée.
Outré, le patron dégaine alors ses chiffres. Certes son groupe gagne beaucoup d'argent, mais les chercheurs français y contribuent de moins en moins : depuis 2009, une seule molécule issue des laboratoires français a atteint le stade des essais cliniques et en décembre 2011, parmi les 48 produits en phase de développement clinique ou d'enregistrement, près des trois-quarts étaient issus de partenariats avec des laboratoires extérieurs, essentiellement des sociétés de biotechnologie.
Une productivité d'autant plus problématique selon lui, que le chiffre d'affaires en France ne cesse de dégringoler : un peu moins de 3 milliards d'euros en 2011, contre 4 milliards cinq ans plus tôt, sur un total supérieur à 33 milliards. Le constat est sévère, mais alors qu'à Lyon, Toulouse et Paris ses chercheurs sont dans la rue, Christopher Viehbacher se veut rassurant. Non, Sanofi ne quitte pas la France, a-t-il assuré en substance lors de la présentation de ses résultats trimestriels le 25 octobre.

Les internes entrent en grève illimitée à partir du 12 novembre

À l’issue d’une assemblée générale extraordinaire del’Intersyndicat national des internes des hôpitaux (ISNIH), les internes ont voté à l’unanimité, samedi, leur entrée en grève illimitée et totale à partir du 12 novembre prochain. L’ISNIHavait déjà déposé un préavis de grève national pour l’ensemble de leurs activités de service ou ambulatoires de jour et/ou de permanence des soins à compter du 25 octobre. « Il y a eu un consensus pour un mouvement plus dur, ça se radicalise », explique Étienne Pot, vice-président del’ISNIH.

Le cri du coeur d’un interne lessivé qui ne manifestera pas

Les futurs médecins de l’ISNIH entreront en grève illimité le 12 novembre prochain. La décision a été votée à l’unanimité samedi 27 octobre lors d’une assemblée générale. Sur lexpress.fr et sous couvert d’anonymat, un interne se désolidarise de ce projet.
Le jeune homme s’en prend violemment aux syndicats : ils défendent, dit-il, un « système pervers et parfaitement ficelé », aux côtés des chirurgiens du BLOC [eux aussi en grève le 12 novembre pour dénoncer le récent accord sur les encadrements d’honoraires].
De quel système parle cet interne en colère ? Celui, « sadique », des cadences infernales, et « qui veut qu’un médecin doit souffrir à l’extrême pour avoir le droit d’exercer un jour ». Un « goulag des temps modernes ».
Certes, reconnaît l’internaute, les syndicats de jeunes ont dénoncé la situation actuelle à travers « une enquête remarquable ». Mais ils s’allient aujourd’hui avec les syndicats de médecins, « nos bourreaux d’aujourd’hui », accuse-t-il, qui ont verrouillé et entretiennent ce système.
Rappelons que l’une des revendications de l’ISNIH pour la grève du 12 novembre concerne précisément les conditions de travail des internes. Pour éviter tout amalgame, le syndicat de jeunes a également tenu à préciser que ce mouvement était distinct de celui lancé par Le BLOC.
lequotidiendumedecin.fr 29/10/2012

[VIDEO] Marisol Touraine présente ses «chantiers» aux infirmiers


Aux sources de la biologie moderne

LE MONDE SCIENCE ET TECHNO | 

L'adage de Theodosius Dobzhansky selon lequel "rien n'a de sens en biologie si ce n'est à la lumière de l'évolution" pourrait laisser croire que tout s'est éclairci subitement à la publication de L'Origine des espèces, de Charles Darwin, en 1859. C'est loin d'être le cas, comme le démontre l'ambitieux historique des difficultés à Penser l'évolutionretracé par Hervé Le Guyader, professeur de biologie évolutive à l'université Pierre-et-Marie-Curie.
Le cadre théorique de l'évolution a eu autant de difficultés à se constituer (des concepts initiaux de descendance avec modification et de sélection naturelle jusqu'à la génétique moderne) qu'il en a encore à s'imposer pleinement, étant conjointement attaqué de l'extérieur par le fondamentalisme religieux, et fragilisé de l'intérieur par l'infinie complexité des interactions qui caractérisent son objet, le vivant.
Parce que l'évolution a d'emblée été contestée par la religiosité exclusive, l'ouvrage propose d'abord une plongée captivante aux sources mêmes du conflit. D'un côté la science, "non naturelle", en tant que phénomène social et culturel contingent (né de la désacralisation de la nature qui a accompagné le monothéisme). De l'autre la religion, "naturelle", puisque procédant du fonctionnement même de l'esprit humain (ce qui autorise l'étude scientifique de son apparition, via la psychologie évolutionniste et la paléontologie).
Passionnant décryptage
A cette dualité de fond s'ajoute celle, spécifique à la biologie, des deux corps du vivant, l'un transmis de génération en génération (le génotype), l'autre particulier à une génération (le phénotype), dont Hervé Le Guyader va traquer la naissance jusque dans la théologie politique médiévale (le concept des "deux corps du roi"). C'est cette dualité qui scande ensuite l'histoire des débats et controverses de la biologie évolutive, que le livre retrace dans une enquête chronologique détaillée.
L'accent mis sur les contextes (humain, institutionnel, philosophique) et le souci de révéler les controverses permettent de rectifier des vues simplificatrices et de faire ressortir les difficultés de compréhension de l'évolution à l'intérieur même de la science. On saisit ainsi pourquoi Darwin, s'il avait lu Mendel, n'aurait pu en faire grand-chose, comment les néolamarckiens français firent de la bonne science tout en étant dans un "ailleurs" non darwinien, ou encore en quoi le poids du compromis entre auteurs empêcha la théorie synthétique de l'évolution de se débarrasser de scories conceptuelles telles que l'idée de progrès.
La lecture de cette somme érudite réclamera patience et investissement de la part du lecteur, tenu à une gymnastique rigoureuse entre récit et citations et, par moments, embarqué dans de longues digressions.
L'auteur propose des éclaircissements, mais les choses se compliquent lorsque la biologie elle-même se complexifie, se métissant de physique quantique et de mathématiques, entrant toujours plus avant dans la compréhension technique du génome et découvrant qu'aux deux corps du vivant, le phénotype et le génotype, s'en ajoute un troisième, l'environnement, en constante interaction dans des boucles autoréférentes qui rythment la structure et l'évolution du vivant. Emporté par son élan, Hervé Le Guyader semble alors trop souvent perdre de vue qu'il ne s'adresse pas qu'à des biologistes.
Pas de quoi, heureusement, gâcher ce passionnant décryptage, conclu par un avertissement aux biologistes, désormais confrontés au travail"extraordinairement difficile" de déchiffrer l'infinie complexité du vivant. Un ultime défi lancé à une discipline qui a su en relever d'autres au cours de son histoire mouvementée.
Penser l'évolution, d'Hervé Le Guyader (Imprimerie nationale-Actes Sud, 544 p., 30 €).




Cameroun: Ces fous qui agressent dans les rues de Douala
SOURCE: LE MESSAGER   
MERCREDI, 31 OCTOBRE 2012

De plus en plus des personnes qui n’ont pas conscience de leur trouble écument les rues et ruelles de la cité économique. Certains d’entre eux s’en prennent parfois aux passants lorsqu’ils ne s’approprient pas tout simplement de force le bien d’autrui.
1 - Dangereuse cohabitation
Nous sommes au début du mois d’octobre 2012. La scène se passe au carrefour Idéal à Akwa. Une
jeune étudiante vient de se voir assèner une gifle par un malade mental qui était à sa poursuite. La vingtaine à peine sonnée, elle s’écroule et telle un fauve, le fou se jette sur sa victime qu’il piétine avant que les cris des passants le dissuadent d’aller plus loin dans sa sale besogne. Une semaine plus tard, une dame qui marchait à proximité du Collège Nkuimi dans le troisième arrondissement de Douala est prise pour cible par un malade mental. Prise de panique, elle essaie de s’enfuir, est malheureusement rattrapée par l’importun qui la projette brutalement dans un caniveau. La victime s’en sortira avec une ouverture de la boîte crânienne. Des exemples de ce genre, on peut en citer à profusion, tellement il ne se passe plus de jours sans qu’un fou ne fasse l’actualité.
A Douala, on les rencontre un peu partout : au niveau du tunnel de Ndokotti, à l’échangeur de Youpwè, sur les devantures des magasins à Akwa… et dans les espaces mal entretenus. La cour de la cathédrale Saints Pierre et Paul à Bonadibong, le jardin de l'hôtel de ville à Bonanjo, le carrefour Terminus se sont érigés en repaires pour fous. « Nous nous sommes habitués à eux », affirme la tenancière d’une vente à emporter non loin de la prison de New-Bell. Ces personnes déséquilibrées ou qui présentent une psychose chronique se nourrissent des restes d’aliments tirés des poubelles. Certains, à pieds, parcourent de longues distances et se retrouvent à Buea, Limbé, Edéa ou Nkongsamba.
D'après une étude réalisée en 2001 à l'hôpital Laquintinie de Douala, 325 patients ont été hospitalisés suite à des troubles mentaux. « Une quinzaine de pathologies ont été décelées parmi lesquelles on retrouve l'hystérie, la démence sénile, la dépression, dont la plus récurrente est l'épilepsie », déclare un psychiatre. Les petites statistiques au département de psychiatrie de l’hôpital Laquintinie de Douala parlent d’une moyenne de cinq cas critiques enregistrés chaque semaine et plus de 20 cas de malades mentaux n’ayant pas les moyens de se prendre en charge. D'après le manuel « Diagnostique et statistiques des troubles mentaux » de l'Association américaine de psychiatrie , on dénombre 200 types de troubles que l'on peut classer en quatre groupes: les troubles psychotiques qui est une perte du sens de la réalité associée à des idées délirantes et des hallucinations (la schizophrénie); les troubles névrotiques basés sur des conflits intra psychiques ou des évènements de vie qui provoquent une angoisse; les troubles fonctionnels et les troubles organiques dus à un agent spécifique provoquant une modification structurelle dans le cerveau.

La tablette, ce nouveau doudou

M le magazine du Monde | 
Les anecdotes fourmillent. Un enseignant d'école maternelle s'étonne de voir ses petits tenter d'animer une page de papier en faisant glisser leur doigt de droite à gauche. Un père est surpris quand son enfant préfère colorier son iPad plutôt qu'un cahier. Mutation culturelle inquiétante ou essor d'une nouvelle forme d'intelligence ? Le débat sur l'usage des tablettes numériques tactiles ne fait que s'ouvrir alors que ces instruments entrent chaque jour plus nombreux dans les foyers.
"Les parents et les enseignants s'inquiètent", constate Olivier Gérard, spécialiste des nouvelles technologies au sein de l'Union nationale des associations familiales (UNAF). Le 23 octobre, Apple a lancé en grande pompe son nouvel iPad Mini. Trois jours plus tard, Microsoft a dévoilé sa tablette Surface. On attend aussi une prochaine évolution de la Nexus de Google. Selon l'institut GfK, 3,4 millions de tablettes seront vendues cette année en France (2,4 fois plus qu'en 2011) et plus de 10 % des familles en seront équipées fin 2012.

La psy pour les nuls

Samedi 27 Octobre 2012


Dans son célèbre Abécédaire, à l’entrée « Culture », le philosophe Gilles Deleuze (1925-1995) s’en prend non sans raison aux gens cultivés « qui savent tout et savent parler de tout ». Réaffirmant son désir de ne pas être un intellectuel et de ne pas avoir de savoir de réserve, il justifie ainsi son attachement à la figure de l’idiot, au double sens du terme : faire l’idiot et être un parfait idiot.
Quoi de plus réjouissant que cette posture du maître ignorant ! Elle désigne en sous-main le propre de l’homme, sa bêtise incontournable. Et c’est tant mieux. Ne pas reconnaître son domaine d’incompétence, quelle incapacité ! C’est pour l’avoir compris que notre collaborateur Christian Godin s’est lancé dans l’écriture de sa fameuse Philosophie pour les nuls (2006) qui s’est vendue à plus de 100 000 exemplaires. « Au départ, j’étais réticent. Mais, lorsque j’ai appris que la désignation venait des Etats-Unis et que là-bas on disait for dummies, qui signifie à peu près “pour les crétins”, alors je me suis senti rassuré, le nul ne portait plus à conséquence », avoue-t-il aujourd’hui. 
Auteur d’une trentaine d’ouvrages, Christian Godin est un fils spirituel de Diderot, c’est un véritable philosophe populaire. Il prépare actuellement une « encyclopédie philosophique »d’environ 4 500 pages qui devrait paraître en 2013. Et, pour se reposer de cette tâche titanesque – dont il est le seul ouvrier –, il fait le crétin. Cette fois en compagnie du psychanalyste Gilles-Olivier Silvagni, qui cosigne avec lui la Psychanalyse pour les nuls*. Une merveille ! 


dimanche 28 octobre 2012

Les psychologues en ont plein les bras

La présidente de l'Ordre des psychologues du Québec, Rose-Marie Charest, estime que l'État devrait rembourser les frais de psychothérapie des Québécois en détresse qui doivent se tourner vers le privé faute de place dans le réseau public. Un sondage publié jeudi par l'Ordre des psychologues révèle d'ailleurs que les coûts trop élevés et l'attente trop longue avant d'avoir accès à un psychologue empêcheraient la majorité des Québécois de consulter.

samedi 27 octobre 2012

Radio-Canada.ca   

La Chine veut limiter le nombre d'internements abusifs

Mise à jour le vendredi 26 octobre 2012

La Chine a adopté vendredi une loi très attendue sur la santé mentale qui vise à empêcher que des gens soient internés contre leur volonté ou traités sans raison dans des structures psychiatriques, une pratique abusive utilisée contre les opposants au régime de Pékin.

Féministes en tous genres

entretiens et articles de chercheuses sur le genre et les sexualités


26.10.2012

La tâche éthique de la psychanalyse selon Judith Butler

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Mnémosyné, 2012 © S D.

"Les moments dans lesquels le “moi” et le “toi” s’effondrent sont aussi ceux dans lesquels l’unE des deux inévitablement craint pour soi-même, en tant que distinctE, et pour sa survie en tant que “moi” délimitéE . Cette angoisse est coextensive à la vie, car tout “moi” est soutenu et produit uniquement par un réseau de relations qui menacent aussi de le défaire. La réponse à cette dissolution de la distinction entre le “moi” et le  “toi” peut être, comme Hegel nous l’enseigne, la destruction et l’agression ; je te nierai, pour m’assurer que j’existe. Mais on peut faire quelque chose avec cette angoisse, on peut l’élaborer, l’apprivoiser, on peut y réfléchir - c’est d’ailleurs là que réside, à mon sens, la tâche éthique de la psychanalyse. Pour devenir une personne capable de répondre à la vulnérabilité et à la singularité de l’autre, je dois travailler sur ces angoisses et sur ces peurs qui sont susceptibles de me conduire à présumer que l’autre est moi-même, à projeter sur elle/lui ou à l’incorporer, à refuser la séparation ou au contraire à l’exiger inconditionnellement. Cette lutte, qui relève de la psychanalyse, m’apparaît nettement comme la condition nécessaire à la réalisation de la relation éthique telle que [Adriana Cavarero] la conçoit"
Judith Butler, dialogue avec Adriana Cavarero, "La condition humaine contre 'nature'", 2005, traduction Caterina Rea et Sylvie Duverger





De la psychanalyse à Pierre Jean Jouve : Henry Bauchau se souvient de Pierre et Blanche dans l’ensoleillement de leur aura

il y a 5 jours · Utile · Commenter

Blanche est le gentil fantôme d’Henry Bauchau. Elle l’a sauvé d’une dépression sournoise. Elle habite ses songes. Elle conduit sa plume. Elle est la double initiatrice. Celle qui mène à la psychanalyse. Et libère l’écriture. Dès le premier roman, publié en 1966, elle apparaît sous les traits de la Sibylle. Mais ce sera après la mort de Pierre Jean Jouve que le désir d’écrire sur Pierre et Blanche s’imposera. Nous sommes alors en 1984. Henry Bauchau porte en lui ce besoin lancinant de rendre justice. Car il a l’impression de l’avoir occulté. Et il sait tout ce qu’il lui doit…


Pour dérouler le fil de la pensée de Bauchau, Anouck Cape est allée à l’essentiel. Les documents originaux. Surtout le premier article d’Henry Bauchau consacré à Pierre Jean Jouve ici dans sa version originelle. Non écourtée. Matrice de tous les autres textes. C’est donc la première fois qu’il est publié dans son intégralité. Cela permet de découvrir l’engendrement des autres récits. Bauchau agissant par coupures, reprises, réécriture. Des méthodes caractéristiques de la création bauchalienne.

Anouck Cape mène ici à bien un projet déjà ancien de Bauchau qui, dès le milieu des années 1980 souhaitait évoquer sa rencontre avec la Sibylle. Et y adjoindre les moments rares où il a côtoyé le couple Jouve. Notamment en Suisse.

Le livre débute par un entretien avec Bauchau datant de juin 2011. Suivi dePierre Jean Jouve en Engadine (dont le Cahier de l’Herne n’avait publié qu’une partie). Puis divers notes, souvenirs, interventions… Et s’achève par une correspondance.

Annabelle Hautecontre

Henry Bauchau, Pierre et Blanche – Souvenirs sur Pierre Jean Jouve et Blanche Reverchon, textes rassemblés et présentés par Anouck Cape, Actes Sud, octobre 2012, 200 p. – 21,80 €
Cliquez pour voir l'image dans sa taille originale
PSYCHANALYSE 6 : Psychose et perversionNuméro 6
Ont participé à ce numéro : Pierre BRUNO - Michel HERRERIA - Michel LAPEYRE - Patricia LEON-LOPEZ -Marie MARTIN - Brian MCGUINNESS - Martine NOEL -Dimitris SAKELLARIOU - Laure THIBAUDEAU - 

©2006
PSYCHANALYSE Rédactrice en chef : Laure Thibaudeau

ISBN : 2-7492-0614-6
EAN : 9782749206141
17 x 24, 128 pages
21.00 €

Surconsommation de psychotropes : les experts INSERM proposent un encadrement de leur délivrance

Pour lutter contre les surconsommations et pharmacodépendances dans le domaine des médicaments psychotropes, 11 experts réunis par l’INSERM prônent un renforcement de l’encadrement de la délivrance de ces produits. Dans un rapport d’expertise collective, ils suggèrent d’expérimenter « l’extension des ordonnances sécurisées à l’ensemble des médicaments psychotropes des listes I et II », de développer « un système de téléprescription entre médecin et pharmacien », de proposer« un contrat de prescription entre médecin, patient et pharmacien » et de mettre à disposition des professionnels « des données de toutes les délivrances antérieures (sur les trois derniers mois) » dans le but de« repérer et informer les patients à risque ».

L’IVG remboursée à 100 % et la pilule gratuite pour les mineures

Dans le cadre du projet de loi du financement de la Sécu (PLFSS 2013), l’Assemblée nationale a voté aujourd’hui la gratuité des contraceptifs, comme la pilule, pour les mineures de 15 à 18 ans et la prise en charge à 100 % par l’Assurance-maladie de l’interruption volontaire de grossesse (IVG) pour toutes les femmes.
La ministre de la Santé, Marisol Touraine, a précisé que l’amendement proposé ne « restreint » pas l’amendement à « la pilule » car il s’applique à « tous les modes (de contraception, NDLR) pris en charge »et remboursable par la Sécurité sociale.
Auteure d’une proposition de loi en ce sens, la députée UMP Bérengère Poletti, sage-femme de profession, a salué cette mesure. « C’est un acte majeur de santé publique qui aurait dû être fait depuis longtemps », a indiqué Christian Paul, rapporteur PS du Budget de la Sécu pour la branche maladie.
Selon l’estimation du gouvernement, le remboursement à 65 % de contraceptifs aux mineures a coûté 6 millions d’euros en 2011 et la prise en charge à 100 % devrait entraîner un coût additionnel de 5 millions.
› P. T.
lequotidiendumedecin.fr 26/10/2012

Le ministère de l’Éducation veut élargir l’enseignement de la sexualité

Un groupe de travail du ministère de l’Éducation doit présenter un plan d’action, avant janvier, afin d’améliorer l’enseignement de la sexualité dès le primaire. Il existe déjà une circulaire du 17 février 2003, sur « l’éducation à la sexualité dans les écoles, les collèges et les lycées » mais ce texte est « surtout appliqué sur le versant biologique »(connaissances biologiques et prévention des risques) et moins sur le volet affectif et social, indique le ministère.
L’objectif est aussi de rendre « effectives » les trois séances d’information et d’éducation, « au minimum », qui devraient être organisées dans le courant de chaque année scolaire. La volonté du gouvernement est notamment de faire de l’égalité filles-garçons un des fondements du système éducatif et de lutter contre les discriminations et les stéréotypes liés au genre.
Un plan d’action contre l’homophobie sera présenté par la ministre des Droits des femmes, Najat Vallaud-Belkacem, le 31 octobre, en conseil des ministres, et le député PS Michel Teychenné vient d’être chargé de rédiger un rapport sur le sujet.
› S. H.
lequotidiendumedecin.fr 26/10/2012


Sommes-nous encore autonomes ?


A l'heure où l'électronique s'intègre dans presque n'importe quel objet (des voitures aux appareils électroménagers, aux vêtements que nous portons...) et se connectent sans fil sur le web, nous entrons dans l'ère de l'internet des objets, explique l'éditorialiste Christine Rosen pour The New Republic. Un monde où nos interactions quotidiennes avec les objets du quotidien laissent une trace de données, de la même manière que le font déjà nos activités en ligne. "Avec l'internet des objets, nous sommes toujours (et souvent sans le savoir) connectés à l'internet, ce qui apporte des avantages évidents en terme d'efficacité et de personnalisation. Mais cela accorde également aux technologies de nouveaux pouvoirs, pour nous persuader ou nous obliger à nous comporter de certaines façons."

Une journée dans la vie d'Eric, SDF à Paris

Le Monde.fr | 
Eric garde le sac de Nacer, au square de la Montgolfière.
Eric garde le sac de Nacer, au square de la Montgolfière. | Karim El Hadj

6 h 59. L'alarme sonne. Eric ouvre les yeux. A côté de lui, sur son matelas, le sac à dos dont il ne se sépare jamais. Habillé d'un pantalon de ville, il se laisse glisser au pied du lit superposé. Dans le box, deux couches sont déjà vides. Un camarade de chambrée se prépare, les quatre autres dorment encore. Eric récupère sous le matelas la serviette de bain qu'on lui a confiée la veille à l'accueil, arrache son drap jetable et sort. Le carrelage du couloir où sont alignés les box, éclairé au néon, est jonché des draps de la nuit. Eric file prendre une douche avec son "kit propreté" quotidien, puis passe à la consigne chercher une chemise.
Eric a 50 ans. Il est sans abri depuis deux ans et demi. Broyé par son travail, ébranlé par un divorce, cet ancien fonctionnaire de police a"craqué". Il a sombré dans la dépression, perdu son emploi. Il a"touché le fond" : les nuits dans les parkings, l'hiver parisien, les appels au 115, le numéro du Samu social de Paris qui permet, parfois, de trouver un lit pour le soir. En octobre 2010, il a obtenu une place au"Refuge", un centre d'hébergement d'urgence (CHU) de 426 lits l'hiver (200 l'été) géré par l'association La Mie de Pain, dans le 13earrondissement.
A 8 h 30, après le petit déjeuner au réfectoire, le Refuge ferme. Plusieurs centaines de SDF se retrouvent à la rue, condamnés à errer de squares en stations de métro jusqu'à la réouverture des portes, en début de soirée. Une journée d'attente, longue et froide, commence. Nous avons passé cette journée avec Eric.