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jeudi 22 décembre 2011


La longévité, nouveau défi de la science

LEMONDE | 12.11.11
La compagnie "Horni Lhota majorette" est ouverte aux femmes entre 57 et 72 ans.

C'est "un tsunami scientifique" : "Près de 1 000 articles scientifiques sur la biologie du vieillissement ou de la longévité sont publiés chaque mois", recense Hugo Aguilaniu, un des spécialistes du domaine, qui dirige une équipe du CNRS à l'Ecole normale supérieure (ENS) de Lyon. En une semaine, début novembre, trois résultats marquants étaient publiés : une équipe française (Inserm Montpellier) parvenait à rajeunir des cellules de centenaires en les reprogrammant in vitro. Une équipe américaine (clinique Mayo, Minnesota) réussissait à retarder chez la souris les troubles liés à l'âge grâce à une élégante manipulation génétique, décrite dans Nature, permettant d'éliminer les cellules sénescentes de l'organisme. Et une équipe suédoise (université de Göteborg) mimait chez la levure l'effet d'une restriction calorique, en ajoutant aux cellules une enzyme qui prolonge leur durée de vie.

"Tout va très vite, note Hugo Aguilaniu. En 1993, le premier gène capable deprolonger la durée de vie d'un animal était identifié par Cynthia Kenyon (université de Californie). Et seize ans plus tard, en 2009, une première molécule (un antibiotique) était utilisée avec succès pour augmenter la durée de vie d'un mammifère. C'est spectaculaire !" L'écho médiatique donné à ces études renvoie aux mythes qui, de Gilgamesh à Mathusalem et Faust, se réveillent face à toute promesse de jeunesse prolongée. "Dès qu'on parle de longévité, dit Hugo Aguilaniu, cela fait tourner la tête à beaucoup de gens, y compris à des scientifiques et des industriels..." Pour tenter de discerner fantasmes et réalité, voici un panorama des pistes scientifiques.
DEUX ÉCOLES
La première école s'intéresse aux mécanismes qui permettent à une cellule (levure, bactérie, cellule humaine en culture...) de vivre longtemps. La seconde s'attache à identifier les gènes qui rendent un organisme complexe capable devivre longtemps : les gènes de la longévité, ou "gérontogènes". Les ponts entre ces deux écoles commencent à être dressés, mais une question subsiste : les mécanismes qui font vivre une cellule longtemps sont-ils les mêmes que ceux qui font vivre un organisme longtemps ? Identifier un gène associé à la survie des centenaires ne prend sens que si la manipulation de ce gène, dans une cellule ou un organisme modèle, provoque un effet sur la longévité.
Parmi les pionniers figure l'Américain Leonard Hayflick. Il a montré, en 1965, qu'au bout de 50 divisions environ, toute cellule ou presque cesse de semultiplier. Cet arrêt caractérise l'état de sénescence, étape ultime avant la mort cellulaire.
Autre progrès fondateur : la découverte du rôle des télomères et de la télomérase dans le maintien de l'intégrité du génome, le vieillissement et le contrôle de la prolifération cellulaire. Cette découverte a valu le Nobel 2009 à Elizabeth Blackburn, Carol Greider et Jack Szostak. Les télomères sont les structures à l'extrémité des chromosomes qui protègent ceux-ci de la dégradation. Mais à chaque division cellulaire, ils sont raccourcis. Quand leur longueur atteint un seuil limite, cela déclenche l'entrée en sénescence de la cellule. La télomérase est une enzyme qui reconstitue l'extrémité des chromosomes.
LES CLÉS DU RAJEUNISSEMENT DES CELLULES...
La grande percée vient du travail du professeur Shinya Yamanaka (université de Kyoto), en août 2006. A partir de cellules de la peau de souris adultes, son équipe est parvenue à réveiller le programme génétique des cellules souches embryonnaires "pluripotentes", capables de donner naissance à toutes les cellules spécialisées de l'organisme. Leur génie ? Injecter aux cellules adultes un "cocktail" de quatre facteurs génétiques, choisis parmi les 23 gènes très actifs dans les cellules souches embryonnaires. Un an plus tard, ce travail était reproduit sur des cellules humaines. Les cellules souches reprogrammées, ou iPSC (induced pluripotent stem cells), suscitent un très vif intérêt pour leurs applications potentielles en médecine régénérative. Le défi : reconstituer un organe défaillant d'un individu à partir de ses propres cellules adultes.
Prolongeant ces travaux, l'équipe "Plasticité génomique et vieillissement" dirigée par Jean-Marc Lemaître, chargé de recherche à l'Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale), a annoncé, le 1er novembre, être parvenue àreprogrammer en cellules iPS des cellules humaines sénescentes, issues de donneurs humains âgés de 74 à 101 ans. L'astuce a consisté à ajouter deux gènes aux cocktails des chercheurs japonais. "Nous avons montré que nous pouvions effacer les marques du vieillissement cellulaire. Les cellules reprogrammées possèdent les caractéristiques de cellules "jeunes" par l'expression de leurs gènes, leur métabolisme et leur capacité proliférative. Par exemple, leurs télomères qui avaient été raccourcis ont été rallongés", explique M. Lemaître.
... ET DE LEUR ROBUSTESSE
Les travaux de Miroslav Radman s'inscrivent dans cette école "cellulaire". Mais le généticien se démarque par le choix de son modèle, une bactérie d'une stupéfiante robustesse, Deinococcus radiodurans : elle survit à une dessiccation prolongée et à des radiations extrêmes. Quelle est la base biologique de cette robustesse ? En 2006 et 2009, M. Radman montre comment cette bactérie "ressuscite", en reconstituant son génome à partir du millier de fragments de son ADN pulvérisé. Si elle survit à des stress énormes, c'est qu'elle a "inventé" un système moléculaire de prévention des dégâts cellulaires, qui protège ses protéines de l'oxydation. L'idée de M. Radman est d'identifier ces substances anticorrosion pour les administrer à des cellules et leur conférer la capacité de seréparer.
LES GÈNES DE LA LONGÉVITÉ, CHERCHÉS Y COMPRIS CHEZ L'HOMME
"Au moins quatre grandes voies métaboliques interviennent dans la longévité", résume M. Aguilaniu. L'idée est de mettre le doigt sur les gènes qui sont les "chefs d'orchestre" de ces voies, pour agir sur la longévité de façon concertée et harmonieuse dans tout l'organisme. La voie de l'insuline d'abord. La biologiste américaine Cynthia Kenyon, la première, a identifié un gène capable d'augmenter la durée de vie d'un animal : le gène daf-2, qui intervient dans la voie de l'insuline. En modulant son activité, on double la durée de vie du ver C. elegans. Depuis, l'équipe Inserm de Martin Holzenberger (Paris) a montré l'importance du gène du récepteur de l'IGF-1, un facteur de croissance, dans la longévité de la souris. "Les études génétiques sur des populations de centenaires suggèrent que la voie de l'insuline est un peu sous-régulée chez ceux qui vivent longtemps", note M. Aguilaniu. "Chez l'homme, le variant Fox-O-3a est associé à une grande longévité. Ce gène a de nombreuses fonctions : il active des résistances au stress, des défenses antioxydantes, protège des infections bactériennes...", précise le professeur Simon Galas, de l'université Montpellier-I.
La voie de la restriction calorique, ensuite, est parmi les plus étudiées. "De la levure aux primates, en passant par le ver nématode et la souris, on augmente la longévité en réduisant de 30 % à 40 % l'apport calorique - ce qui n'est bien sûr pas envisageable chez l'homme, explique Marc Billaud, chercheur au CNRS à Grenoble. L'idée est de trouver des molécules qui miment l'effet de cette restriction calorique." Les gènes impliqués sont nombreux. La première molécule capable d'augmenter la longévité d'un mammifère, l'antibiotique rapamycine, agit sur la voie du gène TOR : ce succès marquant a été publié dans Science en 2009.
Les processus de reproduction constituent "une voie très liée à celle de la restriction calorique", explique M. Aguilaniu. La suppression des tissus reproducteurs augmente notablement la durée de vie de la drosophile ou du ver nématode. "L'idée est de comprendre les gènes impliqués pour les activer, etcombattre ainsi les maladies associées à l'âge sans affecter la reproduction."Parmi les gènes identifiés : nhr-80, découvert par M. Aguilaniu.
Reste la voie du métabolisme de la mitochondrie, l'usine énergétique de la cellule. Quand on abaisse le niveau de certains gènes mitochondriaux, on augmente la durée de vie du ver nématode ou de la drosophile. Prometteuse, cette piste n'est pas encore validée chez les mammifères.
QUELLES APPLICATIONS POUR L'HOMME ?
Conscientes des enjeux, toutes les firmes ont créé ou remanié leur département vieillissement ces cinq dernières années. Hugo Aguilaniu fait le pari que "dans la décennie, une molécule qui aura le potentiel d'augmenter la durée de vie pourraitêtre mise sur le marché". Mais elle sera commercialisée contre les maladies liées au vieillissement, car les firmes ne se lanceront pas dans des essais sur la longévité, par essence longs et coûteux. "A l'ENS de Lyon, nous parvenons àfaire vivre trois cents jours un petit ver qui, normalement, ne vit que dix-neuf jours, précise le chercheur. Et ce, en modifiant trois paires de bases de son génome. Si nous réussissions à reproduire chez l'homme 5 % de ce que nous faisons chez ce ver, l'impact sur la démographie serait considérable !"
En attendant la mise au point de cet hypothétique élixir de jouvence, mieux vautjouer sur d'autres leviers pour augmenter ses chances de vivre vieux. "Un quart des déterminants d'une grande longévité sont liés à des caractères héréditaires", a rappelé le professeur Thomas Perls (Boston Medical Center), un des leaders de l'étude des gérontogènes, lors des Journées internationales de biologie, le 8 novembre, à Paris. A contrario, les trois quarts des facteurs de longévité sont liés à l'environnement et au mode de vie. A bon entendeur...
Florence Rosier

Quand l'abstinence sexuelle passionne les juristes

LEMONDE | 13.12.11

Le droit offre de temps à autre des gourmandises dont raffolent la communauté des juristes et autres amateurs de prose jurisprudentielle. Ainsi en est-il depuis quelques jours d'un arrêt rendu par la cour d'appel d'Aix-en-Provence qui a condamné un homme à verser 10 000 euros de dommages et intérêts à son ex-épouse au motif qu'il ne l'honorait plus sexuellement depuis plusieurs années.

L'histoire est la suivante. Dans le cadre d'une procédure de divorce, Elisabeth B. explique la dégradation de ses relations avec son époux, après vingt ans de mariage, notamment par l'absence de relations sexuelles entre eux. Le mari, Jean G., dément toute mauvaise volonté de sa part à s'abandonner dans les bras de son épouse et met en avant des "problèmes de santé et une fatigue chronique générée par ses horaires de travail" pour justifier son faible appétit conjugal. Mais le tribunal, puis la cour, lui donnent tort.
Ils considèrent tout d'abord que le mari ne rapporte pas la preuve de problèmes de santé "le mettant dans l'incapacité totale d'avoir des relations intimes avec son épouse". Les juges relèvent surtout que "les attentes de l'épouse étaient légitimes dans la mesure où les rapports sexuels entre époux sont notamment l'expression de l'affection qu'ils se portent mutuellement, tandis qu'ils s'inscrivent dans la continuité des devoirs découlant du mariage".
L'épouse délaissée est donc bien fondée à se prévaloir d'un préjudice, concluent les juges en se fondant sur l'article 1382 du code civil selon lequel toute personne "qui cause un dommage à autrui" lui doit réparation.
Voilà pour les faits. Mais la publication récente de cet arrêt, rendu le 3 mai, suscite des commentaires passionnés dans le petit monde des juristes émérites. Ainsi de Me Emmanuelle Pierroux qui, dans la Gazette du Palais, ironise sur ce nouveau commandement : "En mariage, une sexualité active tu auras donc, sinon ton conjoint victime, abstinent forcé par ta faute, tu indemniseras !"
Au moment où l'abstinence sexuelle est célébrée en librairie, relève l'avocate, voilà que des juges décrètent "pas de sexe, plus de mariage !". "Cette thèse est choquante tant le devoir conjugal n'implique pas nécessairement l'existence d'une sexualité active entre époux", écrit Me Pierroux.
"L'amour au rabais"
L'ancien magistrat Philippe Bilger s'est également penché avec intérêt, et le talent qu'on lui connaît, sur cette affaire. Dans le billet titré "L'amour au rabais" qu'il lui consacre sur son blog (www.philippebilger.com), l'ex-avocat général s'indigne de son côté... du faible montant des dommages et intérêts accordés à l'épouse. "Dix mille euros, c'est tenir pour presque rien les sens et qu'ils vous ont été interdits."
"Qui osera courir le risque de l'exhibition, devant des magistrats, d'une existence privée du meilleur pour une si médiocre réparation ?" Et le nouvel affranchi du corps des magistrats, de s'interroger sur cette hypothèse : ses ex-collègues"auraient-ils pu oublier l'exaltation intime au point de ne quantifier qu'un amour au rabais ?"
Pascale Robert-Diard
Du côté de la Suisse

Sortir des préjugés
JULIEN WICKY
20 janvier 2011

PSYCHIATRIE
A l'hôpital de Malévoz à Monthey, c'est la relation de confiance avec les patients qui est privilégiée. A mille lieues de l'imaginaire collectif.

«Malévoz c'est pour les fous.» Qui n'a jamais entendu ou même prononcé cette phrase? Les représentations populaires sur l'hôpital psychiatrique de Monthey ne manquent pas: asile, camisoles de force, cellules capitonnées. On est pourtant bien loin de tous ces préjugés appartenant au passé et au cinéma. La psychiatrie fait partie intégrante des soins médicaux et participe au bien-être d'un patient. Le docteur Eric Bonvin, directeur du Centre hospitalier du Chablais (CHC) et médecin directeur des Institutions psychiatriques du Valais romand, nous donne un éclairage sur le rôle d'un hôpital comme celui de Malévoz. La psychiatrie: mode d'emploi.

En premier lieu, quelle définition pourriez-vous donner d'un établissement psychiatrique ?

Comme tout autre hôpital, c'est avant tout un établissement de soins pour des personnes qui souffrent. Certes, la souffrance est différente d'une douleur physique mais elle n'en est pas moins importante. On parle dans ce cas d'une souffrance psychique ou morale.

A la différence des autres soins, il nous est impossible de déterminer une cause biologique; un scanner ou un IRM ne nous donnera aucune réponse sur la raison de l'état psychique d'un patient. De plus, dans notre cas le mal est subjectif et singulier, c'est-à-dire qu'un même événement peut avoir un impact d'une intensité variable sur chaque individu. Cela suppose l'intervention de sentiments plus ou moins importants: angoisse, tristesse, colère, etc. Ce sont sur ces aspects, propres à chacun, que nous devons agir.

Quelles sont, concrètement, les affections auxquelles vous êtes fréquemment confrontés ?

Très clairement ce sont des états dépressifs, parfois extrêmement forts. Ils se traduisent par un épuisement moral et un phénomène qui prend de plus en plus d'importance; la dépréciation de soi. Je pense qu'on peut le qualifier d'un véritable mal de société. Certains n'hésitent pas à utiliser le mot «épidémie». Sans qu'il y ait nécessairement une hospita- lisation, on estime la proportion de la population atteinte par ces souffrances de manière récurrente à près de 20%.

L'hospitalisation est donc plutôt un dernier rempart ?

Pour ce genre de maux, absolument. Il existe une quantité d'«étapes» à franchir avant d'avoir recours à une hospitalisation en psychiatrie. Tout le monde est confronté, à un moment de sa vie, à une intense souffrance psychique. Le plus souvent, les proches permettent d'écarter cette douleur. Dans des cas plus graves, c'est une consultation ambulatoire avec un médecin généraliste ou un psychiatre. L'hôpital ne traite qu'un infime pourcentage des personnes atteintes. Souvent, elles sont en véritable rupture avec elles-mêmes et la société. Ces cas peuvent se traduire par des psychoses ou des crises très fortes d'angoisse, de tristesse, etc.

Des patients viennent-ils spontanément se présenter à Malévoz ?

Bien sûr et c'est même le plus grand nombre de nos patients. Près de 85% sont des gens qui se rendent compte qu'ils ont besoin d'aide. Ils le font parfois eux-mêmes, parfois avec l'aide de leurs proches, du milieu dans lequel ils vivent ou sur le conseil d'un autre médecin. La première condition pour soigner un patient est qu'il accepte et reconnaisse ce besoin. Il est impossible de forcer quelqu'un à se soigner. Les 15% restants sont composés essentiellement par des gens ayant tenté de mettre fin à leur vie ou en crises intenses et urgentes. Enfin, nous accueillons des personnes représentant un danger pour elles-mêmes ou pour les autres.

Comment procédez-vous pour traiter ces différents cas ?

Le premier élément indispensable et s'appliquant à tous les types de patients est l'instauration d'une relation de confiance. Cet aspect est absolument capital en particulier pour ceux qui ne sont pas venus de leur propre initiative.

Pour certains patients, à peine sortis des soins intensifs après une tentative de suicide, il faut les rassurer sur la raison de leur présence ici. Lorsque la relation de confiance est établie, la solution passe surtout par de l'apaisement et du repos. Les médicaments font partie de ce processus mais aucun n'est administré contre la volonté du patient. Si bien que toutes les hospitalisations, à quelques exceptions près, deviennent entièrement volontaires. Il faut savoir que la plupart des patients ne font qu'un seul séjour ici et le retour à la vie de tous les jours se passe majoritairement très bien.

On est donc très loin de l'image de l'asile fermé et des préjugés par rapport à celui-ci ?

Évidemment et il est important de le souligner. Pour trop de monde, l'image de l'hôpital psychiatrique est encore associée à l'enfermement, aux cellules capitonnées, etc. Cela fait plus de quarante ans que Malévoz est un hôpital ouvert où chacun est libre d'entrer et de sortir.

Il en est de même en ce qui concerne la «folie». C'est une fausse idée selon laquelle les gens voudraient qu'on puisse cataloguer chacun comme étant normal ou non ou lui coller une étiquette ou l'autre en lien avec la folie. La norme n'existe pas en psychiatrie, seule est prise en compte par elle la souffrance et son possible soulagement. Chaque individu a sa propre singularité.

Vous parliez de personnes représentant un danger pour elles-mêmes et les autres, quelles sont les mesures prises ?

La chambre pupillaire, instance de justice civile, peut prononcer des peines de privation de liberté à des fins d'assistance. L'établissement a donc recours à des mesures de protection qui se traduisent, si la personne y consent, par des soins. Nous n'avons pas de moyen de les empêcher de partir ou des les forcer à se soigner. Dans de rares cas, des patients placés contre leur gré peuvent donc avoir des réactions violentes face au personnel soignant ou aux autres qui sont perçus comme hostiles. Toutefois, cette violence n'est jamais gratuite; elle est la conséquence d'une souffrance précise.

Pour ces cas plus importants, comment se passe le retour à la société ?

Autrefois, médecins et patients restaient parfois toute leur vie dans un asile. Aujourd'hui, il faut favoriser le retour à l'extérieur. Grâce à des structures socioculturelles, on essaie de dire à la société: «Venez les accueillir.» La ville de Monthey jouent très bien le jeu. Il existe une importante solidarité; un lien se crée avec les personnes souffrantes.



PUBLIÉ LE 18/12/2011 09:26 | BERNARD-HUGUES SAINT-PAUL

Cahors. Résidence d'olt. La colère du personnel, un recrutement casse-tête

Marie-Claude Despeyroux, aide-soignante et déléguée du personnel, est entourée de ses collègues. À la main, elle tient la lettre envoyée à la hiérarchie de la résidence d'Olt, la hiérarchie du CCAS (centre communal d'action sociale), au maire de Cahors et à l'ARS (agence régionale de santé). Elle reprend le texte de la pétition cosignée par le personnel de la maison de retraite qui voit ses conditions de travail se dégrader du fait de la baisse des effectifs depuis le mois d'août, notamment l'effectif infirmier : « Un temps plein est manquant depuis septembre ; un mi-temps depuis le 31 octobre ; un temps plein depuis le 13 décembre et bientôt un temps plein fin janvier ».
Concernant les aides soignantes : « Un temps plein depuis fin 2010 ; une aide soignante de nuit partie en administratif remplacée par une aide soignante de jour dont le poste est non remplacé ; un temps plein depuis septembre 2011 et un autre temps plein. Sans oublier le poste de médecin coordonnateur. Le poste de l'infirmière coordinatrice est manquant du fait de l'entrée de l'infirmière dans le roulement pour remplacer une infirmière en maladie ».

RISQUES

La lettre pointe aussi des problèmes de contrat (délai de signature, heures, durée) ; mais surtout le risque qu'engendre le sous-effectif en personnel certains jours, avec la prise en charge de 40 résidants par une seule infirmière : « La direction veut avoir recours à des aides soignantes, ce qui impliquerait trop de responsabilités à l'infirmière présente et reste interdit par la loi ».
Le personnel estime que la direction a lancé son recrutement infirmier tardivement ; et déplore un manque de réponse à ses attentes de la part du conseil d'administration. Enfin, elles déplorent la disposition du pacte de solidarité prévoyant que les arrêts de travail pour les femmes enceintes pas encore en congé de maternité soient considérés comme des arrêts de travail classique, et de ce fait les pénalisent vis-à-vis de la prime de présence.

Le chiffre : 130 000

Euros > Intérim. C'est le montant du recours au personnel intérimaire en 2011 à la Résidence d'Olt. Il était de 120 000 € en 2010. De plus en plus d'infirmières et médecins choisissent l'intérim, plus rémunérateur. De plus, le travail ne manque pas…

La direction nuance

Le directeur Christian Auréjac réfute un manque d'aides-soignantes (« Les postes sont remplacés »). Mais il reconnaît un problème de recrutement de 5 infirmières et du médecin coordonnateur. « Pour une meilleure qualité, il faut retrouver l'équilibre ». Outre quelques aléas (candidatures non abouties, offre mal publiée), il pointe aussi les frais demandés par les agences de recrutement (« 3 à 4 mois de salaire, soit 5 000 à 6 000 euros par annonce et par an, cela mérite réflexion et négociation »). Christian Auréjac écarte tout risque sur le renfort infirmier via des aides soignantes : « Nous sommes dans une EHPAD, les aides-soignantes peuvent effectuer des tâches non médicales, et distribuer des médicaments préparés par l'infirmière ». Pour le médecin coordonnateur, la difficulté viendrait de la taille de l'établissement : « Il peut consacrer 30 % de son activité à la résidence. On peut faire appel à 2 médecins mais difficilement à 3 ».

Incitation financière pour la psychiatrie judiciaire?

Par Europe1.fr
Des internes en psychiatrie pourront être incités financièrement afin de pallier la pénurie d'experts psychiatres que connaît la justice, et devront suivre un cursus en sciences criminelles ou en psychologie, selon une mesure votée mercredi en commission à l'Assemblée.
Cette disposition s'inscrit dans le projet de loi sur l'exécution des peines qui a été adopté mercredi en commission des Lois, selon une source parlementaire, et qui doit être examiné en séance publique à partir du 10 janvier.

Le temps passe plus ou moins vite selon l'âge

Enfants, personnes âgées, mélancoliques, schizophrènes, autistes… chacun perçoit le temps à sa façon.

C'est un objet d'étude assez insaisis­sable - la perception du temps - qui a réuni pendant tout un colloque psychiatres, psychologues, philosophes et experts en biologie moléculaire, le 16 décembre dernier à l'université de Rennes

Enfants, seniors, dépressifs, schizophrènes, autistes: chacun a sa perception du temps qui passe. C'est grâce à une horloge interne et à un mécanisme de comptage évolué que notre cerveau semble capable d'estimer la durée d'un moment passé et, parfois, de se tromper.

Une chose est sûre: le temps ne passe pas à la même vitesse pour tout le monde.Les rythmes biologiques pourraient peut-être expliquer certaines variations de la perception du temps en fonction de l'âge: «Les personnes âgées ayant une fréquence cardiaque ralentie auront l'impression que ce qui les entoure va très vite, alors que les enfants (qui ont une fréquence cardiaque accélérée) ont l'impression que tout va trop lentement », détaille le Pr Sylvie Tordjman, responsable du pôle hospitalo-universitaire de psychiatrie de l'enfant et de l'adolescent de Rennes.

Le Dr Dina Joubrel, psychiatre et coordonnatrice de la cellule d'urgences médico-psychologique de la région Bretagne, insiste sur la subjectivité de la perception du temps selon les situations: «En cas de traumatisme, le temps est comme figé. Il reste tel quel, il devient intemporel, il n'évolue plus. Le temps du mélancolique, lui, est éternel, il ne finira jamais, et il y a un risque de passage à l'acte (le suicide, NDLR) pour l'arrêter. Au contraire, le temps de l'angoisse se resserre, devient trop court, c'est un temps de l'immédiateté.»

Effet accélérateur des émotions

Ainsi, dans la schizophrénie, une maladie marquée par des pensées délirantes, la perception du temps se trouve-t-elle aussi modifiée. «Ce qui est étrange, soulève le Dr Olivier Bonnot, pédopsychiatre (Pitié-Salpêtrière, Paris), c'est que le temps devient ramassé - comme si tous les événements s'étaient agglomérés - seulement lorsque les premiers symptômes de la maladie se manifestent, souvent entre 15 et 25 ans. Nos recherches plaident plutôt pour un mécanisme dû aux problèmes cognitifs (mémoire, attention). »

Les émotions pourraient aussi accélérer le débit du générateur d'impulsion de notre horloge interne, d'où une sensation que le temps passe plus vite. L'attention peut également avoir un effet modulateur: «L'attention portée à un événement est corrélée à la perception subjective de sa durée», explique le Pr Tordjman.Il est plus difficile de comprendre pourquoi le temps semble aller au ralenti lorsque l'on attend quelque chose.

Dans une étude sur 50 enfants autistes, Sylvie Tordjman a ainsi pu mettre en évidence chez près des deux tiers d'entre eux la disparition des fluctuations normales du cortisol, hormone de l'éveil qui monte en principe progressivement avec un pic de sécrétion vers 8 heures: «Ne pas être confronté à des fluctuations biologiques majeures pourrait entraîner des difficultés à s'adapter au changement et jouer un rôle dans l'intolérance au changement observée chez les enfants autistes. Les enfants avec autisme auraient besoin de créer des discontinuités stéréotypées comportementales et/ou idéiques (par exemple, balancement du corps), car des discontinuités répétées à intervalles réguliers leur auraient manqué dans leur développement physiologique, du fait, par exemple, du trouble des rythmes biologiques.»

Recréer une harmonie

On peut avec saint Augustin relever que le temps passé n'existe plus et que le temps futur n'existe pas encore, nous condamnant au présent, mais la perception du temps est plus délicate encore puisqu'il faut un intervalle entre deux événements pour estimer à quelle vitesse il est passé. «Imaginons que je sois au pub avec des amis. À un moment, je regarde l'heure et je suis surpris de voir qu'il est 3 heures du matin. Je me dis que le temps est passé vite. Du moins, je fais cette déduction, car je ne m'en suis pas rendu compte sur le coup », explique le Pr John Wearden (université de Keele, Angle­terre), un psychologue dont les travaux ont transformé la notion de perception du temps chez l'homme à la fin des années 1980. Pour éclairer la perception humaine du temps, Wearden a modifié un modèle de mesure des performances en temps limité (Scalar Expectancy Theory [SET]) proposé chez l'animal: « Tout se passe comme si nous avions dans le cerveau un générateur d'impulsions. Ces impulsions sont stockées dans un accumulateur, et c'est là que se trouve la représentation brute du temps. Lorsqu'il est peu rempli, on dit que le temps est passé lentement », précise-t-il.
Recréer une harmonie entre le temps biologique, le temps mesuré, le temps vécu serait donc un gage de bonne santé ou de bien-être. « Notre organisme comporte de nombreuses horloges biologiques, remarque le Pr Yvan Touitou, vice-président de la Société internationale de chronobiologie. Je ne sais pas où est le chef d'orchestre, mais je ne peux pas imaginer qu'elles ne soient pas coordonnées entre elles.»

Les infirmières scolaires ne veulent pas d'un "A bricolé"

Si les infir­mières sco­laires ont obtenu leur inté­gra­tion en caté­go­rie A, elles refusent les grilles indi­ciaires, qui les situent en deçà de leurs col­lègues hos­pi­ta­lières. Indignation, décou­ra­ge­ment… Alors que leurs mis­sions les placent au cœur du dis­po­si­tif de réus­site sco­laire, les infir­mières en colère espèrent une issue heu­reuse aux négo­cia­tions avant la fin de l'année.

« Quand les élèves viennent me voir, les pro­blèmes sont tel­le­ment durs, que chez moi, ça passe par les tripes. Quand je devine quelque chose que je veux faire sor­tir d'eux, c'est un corps à corps qui peut prendre du temps » (1) : mettre en mots les maux des élèves est une des nom­breuses mis­sions que relèvent au quo­ti­dien les 7.500 infir­mières sco­laires, dont le sta­tut fait actuel­le­ment l'objet d'âpres négo­cia­tions. « La trans­po­si­tion de notre sta­tut en caté­go­rie A a été une pro­messe du pré­sident de la République, un sym­bole fort. Si nous venons de l'obtenir, le scé­na­rio nous impose une grille de rému­né­ra­tion indi­ciaire en deçà de celle appli­quée à nos col­lègues hos­pi­ta­lières ! C'est insup­por­table, c'est un déni de nos qua­li­fi­ca­tions et de notre pro­fes­sion­na­lisme. Les infir­mières ont toutes le même diplôme », s'insurge Béatrice Gaultier, secré­taire géné­rale du SNICS-FSU (2). Se sen­tant « déva­lo­ri­sées», « mépri­sées »... les infir­mières sco­laires expriment leur ras-le-bol d'une voix commune.

Des res­pon­sa­bi­li­tés grandissantes

« Dans nos infir­me­ries, on ne tri­cote pas ! ». Patricia François est infir­mière sco­laire à Caen dans un col­lège classé en ZEP depuis 1988. « Le minis­tère ne pourra faire l'économie de se pen­cher sur nos mis­sions qui ont tant évolué ». Face à une conjonc­ture tou­jours plus dif­fi­cile, les infir­mières voient gran­dir la souf­france des élèves : « le soin n'est plus la prio­rité car lorsqu'il n'y a plus rien dans l'assiette on ne va pas chez le den­tiste », souligne-t-elle. « Je ne pen­sais pas qu'il puisse exis­ter autant de mal-être, de dif­fi­cul­tés per­son­nelles au sein de cette géné­ra­tion » abonde Jean Lamoine, un des rares hommes de sa pro­fes­sion, qui exerce dans un inter­nat. Ecoute indi­vi­duelle, actions col­lec­tives, les infir­mières sco­laires ont un rôle spé­ci­fique : « il faut faire sa place dans l'équipe péda­go­gique et convaincre les ensei­gnants car nous por­tons un regard dif­fé­rent sur les élèves », témoigne Catherine Sanz, infir­mière au col­lège Gérard Philippe à Fontaines. L'infirmier sco­laire doit faire preuve d'une grande auto­no­mie et assu­mer des res­pon­sa­bi­li­tés de plus en plus impor­tantes. « Avec pour seule hié­rar­chie le chef d'établissement, nous enga­geons tota­le­ment notre res­pon­sa­bi­lité indi­vi­duelle, tant au plan civil que pénal, pour prendre les ini­tia­tives : poser un diag­nos­tic infir­mier, mettre en œuvre les actions adap­tées », témoigne Jean Lamoine, qui rap­pelle com­bien la santé est « un fac­teur déter­mi­nant dans la réus­site sco­laire ».
Outre la mise en place des séances obli­ga­toires d'éducation sexuelle et la déli­vrance d'ordonnances pour la pilule du len­de­main, les infir­mières sco­laires peuvent désor­mais renou­ve­ler la pilule contra­cep­tive. «Si ces actions per­mettent d'éviter des IVG dra­ma­tiques, il reste un tra­vail de pré­ven­tion impor­tant à pour­suivre : en effet, les élèves ont accès à plus d'informations, mais dans les familles, on parle de moins en moins », sou­ligne Patricia François. « La rela­tion est pri­vi­lé­giée car l'infirmier ne note pas, ne juge pas et les élèves savent que c'est un lieu de confi­dence où le secret est pré­servé. Nous sommes le 1ermaillon, 1er inter­lo­cu­teur des élèves, c'est pour­quoi ne pas être consi­déré par notre minis­tère est inac­cep­table » clame Jean Lamoine. « Nous ne vou­lons pas d'un A bri­colé », ajoute Catherine Sanz.

Le minis­tère attendu au tournant

Si la reva­lo­ri­sa­tion a été effec­tive depuis sep­tembre 2010 au sein de la Fonction publique hos­pi­ta­lière (FPH) ce n'est que suite à leur mani­fes­ta­tion (3) que les infir­mières sco­laires ont obtenu le 15 novembre leur inté­gra­tion à la Fonction publique d'Etat en caté­go­rie A, et les négo­cia­tions se pour­suivent. « La reva­lo­ri­sa­tion est pré­vue sur 10 ans au lieu des 5 pour la FPH, et la grille indi­ciaire induit des écarts impor­tants dans les évolu­tions, qui créent des car­rières à 2 vitesses », explique Brigitte Accart, secré­taire géné­rale du SNIES-UNSA (4). La caté­go­rie A pro­po­sée par le minis­tère pour le moment com­porte en effet 2 grades, mais le 2e grade serait réservé aux diplô­mées sor­tant d'IFSI et à leurs col­lègues hos­pi­ta­lières en déta­che­ment. Quant au 1er grade, il com­por­te­rait certes deux classes (nor­male et supé­rieure), mais seules 30% des infir­mières sco­laires seraient éligibles à la classe supé­rieure. « Celles-là même qui se sont bat­tues au sein de l'Education Nationale pour la recon­nais­sance de leur rôle dans la réus­site sco­laire se trouvent clas­sées en des­sous des débu­tantes sor­tant de l'IPSI », ajoute Béatrice Gaultier.
Les négo­cia­tions avec le minis­tère de l'Education Nationale doivent reprendre la semaine pro­chaine, mais les syn­di­cats attendent encore la date de convo­ca­tion. Le SNICS-FSU appelle à mani­fes­ter le 10 jan­vier pro­chain et le SNIES UNSA, qui ne « croit plus dans les mani­fes­ta­tions », pro­pose aux infir­mières de n'assurer que les urgences les mer­cre­dis : « On rou­vrira les portes de l'infirmerie si l'on obtient gain de cause », espère Brigitte Accart.
Elise Pierre

Des moyens pour les urgences

psychiatrie

Dans le contexte difficile rencontré aux urgences psychiatriques de Toulouse depuis plusieurs mois, et alors que les efforts consentis par le CHU (remplacement des postes vacants, augmentation de la prime d'insalubrité, formation des personnels) n'ont pas résolu les tensions dans le service, l'Agence Régionale de Santé a proposé de financer trois postes supplémentaires d'infirmier(e) s. Plus globalement, la Mission Nationale d'Appui en Santé Mentale (MNASM) doit réaliser une étude sur toute la filière psychiatrique et proposer, dans les mois qui viennent, un diagnostic approfondi ainsi que des mesures adaptées sur une base d'équité à l'échelle de l'établissement. À ces postes financés par l'ARS s'ajoutent 25 000 € attribués afin de prendre en compte le travail administratif supplémentaire induit par la réforme de la psychiatrie.
Les urgences de Purpan.

Les femmes et la discrimination : Dépression, religion, société

Saïda Douki Dedieu, célèbre psychiatre tunisienne, professeur émérite de psychiatrie à la faculté de médecine de Tunis, professeur associée à la faculté de médecine de Lyon, est l’auteure de nombreuses publications. Parmi ses thèmes favoris de recherche on trouve le travail et la santé mentale des femmes.
Il y a encore tant à faire
Le livre, découpé en deux grandes parties, traite de la santé mentale des femmes et de l’impact des facteurs sociaux et religieux qui y sont liés. L’auteure tente de dresser un tableau complet de la condition de la femme à travers le monde et plus précisément celle des femmes musulmanes, fondé sur des études, enquêtes, statistiques et publications internationale, menées dans différents pays. Il apparaît que malgré l’évolution des sociétés sur des dizaines d’année, la condition féminine ne s’est guère améliorée voire pas du tout. À partir de situations sociales très précises, l’analyse démontre le lien entre le statut des femmes et leur santé mentale : dépression et anxiété jusqu’au suicide parfois. De nombreux thèmes sont explorés : le travail, la famille, le mariage, la liberté sexuelle, la virginité, les grossesses hors mariage, la mixité, l’éducation, le travail, la fidélité, la fécondité et l’infertilité, le divorce (forme moderne de répudiation), la ménopause, la situation des femmes atteintes de maladies mentales, la situation des femmes en prison... et enfin les violences contre les femmes (conjugales et domestiques, les mutilations génitales, le crime d’honneur, les femmes kamikazes). Les conclusions sont extrêmement inquiétantes et mettent en évidence de fortes régressions dans certains pays. 

Des valeurs traditionnelles refuges
À la lecture de cet ouvrage, l’émancipation des femmes est un mirage pour un grand nombre d’entre elles tant perdurent les résistances au changement. Question sous-jacente : “comment des sociétés du XXIè siècle tolèrent-elles les discriminations, les atteintes à la dignité et à la liberté des femmes ?”. Pour étayer ses propos, Saïda Douki Dedieu puise dans les écrits et la pensée de philosophes et chercheurs d’opinions diverses qui corroborent pourtant tous la rupture, mentale mais aussi physique. Elle énonce « Un décalage entre une législation émancipatrice et une réalité sociale imprégnée de valeurs traditionnelles » qui maintient les femmes dans un état de sujétion. Les violences sont commises sous l’alibi religieux justificatif. Cet alibi est démonté au travers de citations du Coran et du Prophète et l’auteur souligne que ces violences prennent leur source dans des coutumes culturelles ou traditionnelles. 

Mère, exclusivement
La dernière partie explore les responsabilités des hommes et des femmes, éducatrices quasi exclusives des enfants, sans place pour le père. Quel que soit le pays analysé, l’auteur démontre que la maternité est au cœur du destin féminin. La femme est “faite pour” être mère, pour s’occuper de ses enfants. En font la preuve de récents courants montants qui enferment les femmes dans ce rôle de mère, leur interdisant du même coup toute intégration dans la société professionnelle et donc l’accès à une certaine forme de liberté d’action. 

Quand l’élément féminin est séparé du masculin (absence de mixité), naître fille n’est pas une chance, voire une malédiction. Des injonctions lourdes sont portées par les filles : virginité, chasteté, honneur du clan... très pesant. L’objectif pour les parents est de réduire tout signe de féminité et de marier leur fille au plus vite. L’ensemble de ces contraintes et de ce poid culturel entraînent confusion mentale et perte de repères. À ces contraintes « avouées » s’ajoutent trop souvent inceste et violences sexuelles par des proches alors qu'elle n'est encore qu'une petite fille. L'impact de ces mauvais traitements est inquiétant pour la santé mentale des filles. Elles refusent de raconter, perclues de honte et de réfugient dans des dérives comportementales. Elles fuient dans les drogues et l’alcool, jusqu’au suicide. Les sociétés les plus archaïques continuent à tuer les fœtus filles et les très jeunes enfants de sexe féminin connaissent une mortalité très élevée par manque de soins.

L’occident loin de l’égalité
Même si elles ont pris conscience et subi les assauts des mouvements féministes, les sociétés occidentales ne sont pas exemplaires. Dans le monde du travail, le burn out est mieux reconnu mais hélas très féminin. Ses causes très fréquentes sont le manque de reconnaissance, la surcharge de travail, l’injustice salariale et d’évolution de carrière, le manque de soutien dans l’entreprise comme des proches, des perspectives réduites. Ces dysfonctionnements conduisent à des arrêts de travail de longue durée, des renoncements. La femme revient sur son désir d’autonomie et se« replie » sur sa maladie ou sur un faux choix maternel. L’auteur met également à plat et en cause les théories anglosaxones « maternalistes », les « bonding », les « co-sleeping ». Elle souligne, tout comme Élizabeth Badinter, Sylvia Agacinski ou Martine Storti, à quel point l’émancipation de la femme est en grand danger face à ces théories.

L’angoisse se décline au féminin. Les facteurs de stress aux effets pathogènes sont très nombreux. La dépression est deux fois plus fréquente chez les femmes que chez les hommes et devrait encore progresser dans les vingt prochaines années et est d’après l’OMS le plus lourd fardeau pathologique. Au cours de son exposé, le Professeur Saïda Douki Dedieu ne cesse de démontrer la corrélation entre le statut des femmes et leur santé mentale. Par conséquent, en faisant évoluer l’un, le second s’améliorera.
 
LES FEMMES ET LA DISCRIMINATION
Dépression, religion, société
Pr Saïda Douki Dedieu
Prix : 21,90 €
Ed : Odile Jacob, octobre 2011

Les médecins incités à retarder leur départ à la retraite


Le ministre de la Santé, Xavier Bertrand, a indiqué jeudi que, parallèlement au relèvement du numerus clausus pour augmenter le nombre de médecins, il proposerait des mesures pour "inciter les médecins sur le point de partir à la retraite à continuer leur activité".
Le ministre fera "des propositions en accord avec les syndicats", a-t-il dit, en marge de la visite à Vorey-sur Arzon (Haute-Loire) de l'entreprise de matériel électronique Interplex-Microtech.
Bertrand a précisé qu'il envisageait notamment un "allègement des charges en fonction des revenus réels et non de façon forfaitaire".
Il a par ailleurs assuré que la prolongation d'activité des médecins se ferait sans "aucune complication administrative".
L'été prochain, 8.000 étudiants seront admis en deuxième année de médecine à la suite du relèvement du numerus clausus, qui était bloqué depuis trois ans, ont annoncé, dans Le Quotidien du Médecin daté de jeudi, Xavier Bertrand et le ministre de l'Enseignement supérieur, Laurent Wauquiez.
Ces mesures ont pour but de remédier à la pénurie de médecins dans certains territoires.
(AFP)

Les Idées claires de Caroline Eliacheff

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Les idées claires de Caroline Eliacheff

21.12.2011 - 07:38

Suicide à l'hôpital: l'Enfant-Jésus et un psychiatre poursuivis


Dans son action, le demandeur reproche au psychiatre... (Photothèque Le Soleil, Jean-Marie Villeneuve)
Dans son action, le demandeur reproche au psychiatre d'avoir «commis une erreur majeure dans l'évaluation du risque suicidaire» de sa conjointe. Quant au personnel de l'Hôpital de l'Enfant-Jésus, il allègue qu'il a fait preuve de négligence dans le suivi du protocole de sécurité malgré les menaces de suicide.
PHOTOTHÈQUE LE SOLEIL, JEAN-MARIE VILLENEUVE
(Québec) À la suite du suicide de sa conjointe au département de psychiatrie de l'Hôpital de l'Enfant-Jésus, en décembre 2008, un résidant de Québec intente une poursuite contre l'établissement et le psychiatre traitant de la femme.
Comme elle était le principal soutien de sa famille, le demandeur réclame 1,6 million $ pour la perte de soutien financier et 105 000 $ pour les douleurs que la perte a occasionnées à son garçon de 11 ans et à lui-même.
En mai 2008, la conjointe de Gino Boutin durant 22 ans, une agente correctionnelle et chef d'unité au Centre de détention de Québec, avait été placée en arrêt de travail pour traiter une dépression. En septembre, lorsque sa condition s'est aggravée, elle a été admise au département de psychiatrie de l'Hôpital de l'Enfant-Jésus.
Après une semaine, elle a reçu son congé avec la recommandation de suivre une thérapie de jour. Le matin de son premier rendez-vous, elle a toutefois fait une première tentative de suicide en s'infligeant une blessure à l'abdomen à l'aide d'un couteau.
À la suite de sa deuxième tentative, en novembre, elle a de nouveau été admise au département de psychiatrie de l'Hôpital de l'Enfant-Jésus, sous les soins du second défendeur, le Dr Alain Dion. Le psychiatre a alors diagnostiqué une dépression avec idées délirantes et suicidaires, indique le demandeur dans sa déclaration déposée en Cour supérieure. Une surveillance étroite de la dame a alors été mise en place. Elle prévoyait que tous ses effets personnels seraient gardés sous clé.
Les choses ont été loin de s'améliorer puisqu'en décembre, relate M. Boutin, les propos de sa conjointe sont devenus de plus en plus délirants. Il appert que le personnel infirmier lui répondait de ne pas s'inquiéter, car la patiente se trouvait entre bonnes mains, dans un milieu sûr. À Noël, le demandeur a remis en cadeau à sa conjointe une robe de chambre. Elle a tout de même tenu d'autres propos suicidaires au cours de la journée.
De nouveau alerté par le mari, le personnel infirmier lui a répété que l'hôpital assurait la sécurité de la patiente. Dès le lendemain, toutefois, la défunte a fait sa troisième tentative de suicide, à l'aide du cordon de la robe de chambre. Durant les jours suivants, mentionne
M. Boutin, sa conjointe a répété ses propos suicidaires et le personnel a continué à se montrer rassurant. Le dernier jour de l'année, elle lui téléphone pour l'aviser de son «projet de trouver une solution» afin de mettre fin à ses jours. Le demandeur transmet ces menaces au personnel.
En fin de journée, de narrer M. Boutin, le Dr Dion l'appelle pour lui annoncer que sa conjointe se trouve entre la vie et la mort. À l'arrivée à l'hôpital du conjoint, on l'informe de son décès. M. Boutin a appris qu'elle avait mis fin à ses jours en utilisant le cordon de sa robe de chambre.
Dans son action, le demandeur reproche au psychiatre d'avoir «commis une erreur majeure dans l'évaluation du risque suicidaire» de sa conjointe. Quant au personnel de l'hôpital, il allègue qu'il a fait preuve de négligence dans le suivi du protocole de sécurité malgré les menaces de suicide.