par La Collective des mères isolées. publié le 16 septembre 2021
Lundi 13 septembre, l’Insee a publié des données actualisées sur la situation des familles en 2020. 25 % des familles sont aujourd’hui des familles monoparentales, proportion en hausse par rapport à 2011. Parmi ces familles, 82 % sont des mères vivant avec leurs enfants.
Les données relatives à l’année 2020 viennent confirmer les travaux antérieurs de l’Insee : les familles monoparentales sont souvent plus pauvres que les autres types de familles et vivent plus souvent dans des logements surpeuplés.
Au sein de ces familles, la situation se dégrade encore davantage lorsqu’il s’agit de mères avec leurs enfants, ce qui constitue la grande majorité des cas. Lorsque l’on parle des conditions de vie des familles monoparentales et des mères isolées en particulier, ce sont bien sûr nos enfants qui en paient le prix cher, les futurs citoyennes et citoyens de notre pays. Pour ne citer que quelques chiffres, retenons que 45 % des enfants en famille monoparentale avec leur mère sont pauvres (en 2018), contre 21 % de l’ensemble des enfants. Lorsque le parent isolé n’a pas d’emploi (un tiers des cas), 77 % des enfants sont pauvres.
Les grandes oubliées de la République
Une telle situation a des causes bien connues : les inégalités structurelles entre les femmes et les hommes sur le marché du travail, la reproduction des inégalités patrimoniales entre les femmes et les hommes, la répartition inégale des tâches relevant de la parentalité et de la domesticité, le caractère patriarcal de la justice familiale (1), l’inefficacité du système de recouvrement des pensions alimentaires, etc.
Le titre de l’ouvrage de Nathalie Bourrus, Maman solo : les oubliées de la République, publié en 2020 résume la situation : l’existence de ces familles n’est plus une exception, mais un fait généralisé au sein de notre société, cependant, elles restent les grandes oubliées des politiques publiques, au niveau national mais aussi local. Cela se traduit par des inégalités sociales qui se creusent et se doublent d’inégalités territoriales.
Si le statut de parent isolé existe au niveau fiscal – à défaut d’une déconjugalisation de la fiscalité et des prestations sociales –, il n’est majoritairement pas pris en compte dans les politiques territoriales, dans le monde du travail, de la santé et dans l’ensemble des politiques publiques. Pour ne citer que quelques exemples, le statut de parent isolé n’est pas pris en compte de façon uniforme par les collectivités territoriales dans les politiques de la petite enfance (octroi des modes de garde), de l’enfance (tarification du périscolaire), du logement social, etc. Quant au statut de mère isolée, il est inexistant.
Cette absence de prise en compte de la monoparentalité tend à aggraver les inégalités entre les femmes et les hommes, contribue à reproduire les inégalités sociales et creuse les inégalités d’un territoire à un autre.
Enrayer le cercle vicieux de la pauvreté et des discriminations
C’est pourquoi, la Collective des mères isolées souhaite qu’une réflexion soit engagée sur le sujet et invite les futur.es candidat.es aux élections présidentielle et législatives à se positionner. Il ne s’agit pas de diviser les familles ou d’opposer des pauvres à d’autres, mais bien de s’interroger sur les mesures à prendre pour enrayer ces inégalités criantes.
Agir en faveur des mères isolées, c’est agir pour la justice sociale et pour l’égalité entre les femmes et les hommes.
Ce n’est pas la charité de la République que nous demandons, mais une véritable prise en compte des réalités socio-économiques des familles en France.
Des mesures universelles sont à (ré)inventer, comme une réelle gratuité de ce qui relève de l’éducation, y compris de la cantinepuisque l’actualité nous invite à le mentionner, ou encore, la déconjugalisation de la fiscalité et des prestations sociales. Mais, pour prendre le chemin de l’égalité, ce sont aussi des mesures spécifiques que nous attendons, comme la reconnaissance du statut de mère isolée et la définition au niveau national de politiques d’accès aux modes de garde – pour permettre l’insertion socio-professionnelle, au logement décent, etc. C’est bien le cercle vicieux de la pauvreté et des discriminations qu’il s’agit d’enrayer. Bien sûr, pour ce faire, une réelle politique volontariste en faveur de l’égalité entre les femmes et les hommes est nécessaire.
Nous souhaitons prendre part au débat national et invitons les mères isolées mobilisées à nous rejoindre et les femmes et hommes parties prenantes du débat public à s’emparer de ce sujet.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire