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mardi 14 septembre 2021

CheckNews Drogue : quels sont les prestations et produits fournis dans une salle de consommation à moindre risque ?

par Luc Peillon  publié le 16 septembre 2021

Certains opposants à la salle d’accueil pour toxicomanes prévue dans le XXe arrondissement de Paris soutiennent que l’Etat fournirait de la drogue aux usagers, ce qui n’est pas le cas.

Bonjour,

Vous nous demandez quels produits ou services sont fournis dans une salle de consommation à moindre risque (SCMR), destinée aux usagers de la drogue. Lors du rassemblement devant la mairie du XXe arrondissement à Paris, samedi 4 septembre, des opposants au projet d’implantation d’une salle d’accueil pour toxicomanes dans le quartier Pelleport (projet abandonné depuis), certains riverains auraient affirmé que l’Etat fournissait de la drogue dans ces lieux.

Il existe en réalité plusieurs types de structures d’accueil pour les toxicomanes en France, dont les compétences et les services proposés diffèrent. Mais aucune, évidemment, ne fournit de drogue (crack, héroïne…) aux usagers, ces produits étant formellement interdits par la loi.

Il y a d’abord les Caarud (Centre d’accueil et d’accompagnement à la réduction des risques pour usagers de drogue), au nombre de 141 sur le territoire, dont 11 à Paris. Ce sont des lieux ouverts, c’est-à-dire gratuits et sans prise de rendez-vous préalable. La personne ici n’étant pas forcément dans une démarche de soins, il s’agit essentiellement d’un accompagnement social, avec une première démarche de sociabilisation, notamment via un accès au droit. On y délivre aussi des conseils et du matériel, comme des pipes à crack, des seringues à usage unique, ou encore des poubelles spécifiques pour les seringues, afin de réduire les risques sanitaires lors de la consommation de drogue, extérieure au lieu.

Viennent ensuite les Csapa (Centre de soins, d’accompagnement, et de prévention en addictologie), au nombre de 388 en France, dont 27 à Paris. Accueillant les usagers avec ou sans rendez-vous (suivant les jours), l’approche proposée est sociale, psychologique, et surtout médicale. Ces structures «permettent de faire le point avec un professionnel sur les difficultés rencontrées et proposent un accompagnement vers l’arrêt, la consommation modérée de drogues ou vers un traitement de substitution (pour les personnes dépendantes aux opiacés)», explique le site Drogues info services. On y fournit donc, sous surveillance médicale, des médicaments de substitution comme la méthadone ou le Subutex.

Les salles de consommation à moindre de risque (SCMR), enfin. Il n’y en a que deux en France, à titre expérimental depuis 2016 : une à Paris et une à Strasbourg. Dans la capitale, elle est située rue Ambroise-Paré, dans le nord du Xe arrondissement, adjacente à l’hôpital Lariboisière. Ce sont les seuls lieux où les produits des usagers peuvent être consommés sur place. «Ces salles ont pour mission d’accueillir des personnes qui consomment normalement dans l’espace public, pour leur offrir un endroit sécurisé, explique à CheckNews Laurène Collard, de la Fédération Addiction. L’idée est de les mettre à l’abri, et de réduire les nuisances pour les riverains, puisque ces personnes, de toute façon, auraient consommé, mais dehors.»

«Recréer du lien social»

L’accueil débute par un entretien, où la personne explique ce qu’elle consomme et fait un point sur sa santé avec un professionnel. Elle peut alors bénéficier d’un matériel propre et consommer dans un espace où est présent un personnel médical. Elle est ensuite dirigée vers une salle de repos, le temps, généralement, que dure l’effet du produit. Mais pas plus que dans les lieux précédents, donc, les pouvoirs publics ne fournissent de drogue.

«Outre qu’ils permettent d’éviter que la consommation et ses suites n’aient lieu dans l’espace public, ces endroits sont également une façon de recréer un lien social. Les usagers peuvent en effet rencontrer des travailleurs sociaux, des médecins, des psychologues ou psychiatres, et s’inscrire là aussi dans une démarche de réduction de leur consommation, voire de sevrage», rappelle Laurène Collard.

Publié en mai 2021, un rapport de l’Inserm tire un bilan positif de ces deux salles expérimentales, notant une baisse des risques pour les usagers et une réduction des nuisances pour les riverains. Fort de ce constat, la mairie de Paris a annoncé, fin août, l’ouverture de quatre nouveaux lieux dans la capitale, sans que l’on sache pour l’instant si tous permettront la consommation sur place. Une initiative validée, depuis, par le gouvernement. Et dans le XXe arrondissement, après l’abandon du projet de la rue Pelleport, la mairie de l’arrondissement et la Ville de Paris ont expliqué chercher un autre site.


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