par Geneviève Delaisi de Parseval, psychanalyste publié le 22 avril 2021
La notion de distanciation s’est imposée dans le vocabulaire courant depuis le début de la pandémie de Covid-19. Elle est devenue l’expression même des gestes barrières et le symbole des restrictions sanitaires destinées à freiner l’expansion du virus dans la population. Mais elle apparaît aussi comme l’indice d’une évolution plus profonde de nos sociétés et de nos modes de vie, imprégnés de plus en plus par la logique du sans contact inhérente au développement du capitalisme numérique.
L’impératif sanitaire de la « distanciation »
La distanciation n’est pas la distance. Celle-ci renvoie au fait brut d’un écart mesurable (selon une unité invariable, le mètre par exemple) entre la position de deux ou plusieurs éléments dans l’espace. Or la distanciation signifie non pas seulement la mesure d’un écart existant, mais la production d’un tel écart là où il n’y en avait pas, là où peut-être on n’en avait pas jusque-là ressenti le besoin. Ce besoin n’est sans doute pas naturel : on peut d’ailleurs le dater assez précisément dans le temps, en faisant remonter le concept de « social distancing » à la pandémie de grippe espagnole et à sa mise en œuvre par le médecin américain Max C. Starkloff en 1918 sous la forme d’une fermeture de tous les lieux publics et d’une interdiction des rassemblements de plus de 20 personnes. Ce type de mesures a eu un impact majeur en termes de santé publique : une étude menée dans la ville de Sydney a pu évaluer à plus de 200 000 le nombre de vies sauvées en 1919 avec la mise en place de ces mesures de distanciation sociale.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire