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mardi 20 avril 2021

Le corps des femmes, angle mort de la médecine

  • Emma Ruffenach, 

Critique 

Dans le documentaire « Femmes, les oubliées de la santé », diffusé mardi 20 avril à 20h50 sur France 5, la réalisatrice Véronique Préault met en lumière les inégalités d’accès aux soins entre les hommes et les femmes.


Le corps des femmes, angle mort de la médecine

« Aujourd’hui, en matière de santé, naître femme est un désavantage ». C’est par ces mots cinglants que la réalisatrice Véronique Préault ouvre son documentaire. Dans Femmes, les oubliées de la santé, elle montre que les symptômes d’infarctus, d’endométriose ou de cancer du poumon chez la femme demeurent méconnus dans le monde médical. Les patientes sont moins bien diagnostiquées, se dépistent moins et sont donc moins rapidement soignées. Au CHU de Lille, la cardiologue Claire Mounier-Véhier sonne l’alerte : « Les maladies cardiovasculaires tuent 200 femmes par jour en France, dans le monde c’est 12 000 femmes par jour ».

Retard de prise en charge

Cette inégalité de traitement entre hommes et femmes recouvre un phénomène social multiple. Il n’y a pas si longtemps la science considérait ces dernières comme des hystériques car « l’utérus migrerait et grignoterait le cerveau », rappelle David Gourion, un psychiatre parisien. Aujourd’hui la charge mentale et la précarité économique empêchent les femmes de prendre soin d’elles. Elles sont très nombreuses à attendre des mois avant de consulter. Comme Sophie, en rémission d’un cancer du poumon, qui avait sous-estimé sa toux permanenteEn cas de problème grave, « en moyenne les femmes téléphonent au service d’urgence 15 minutes après les hommes », s’inquiète Nathalie Assez, médecin urgentiste au Samu de Lille.

Cette « tradition machiste du milieu médical », appelée aussi « médecine bikini », perpétue la méconnaissance du corps des femmes. Si la médecine est ancrée dans des siècles de préjugés sexistes, une prise de conscience pour l’égalité entre les genres est toutefois en cours. « Patients et médecins doivent mener ce combat ensemble », insiste Véronique Préault.


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