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jeudi 19 novembre 2020

Que sentait Paris au XVIe siècle ? Des chercheurs créent une encyclopédie des odeurs du passé

Première du genre, cette encyclopédie « permettra aux internautes de découvrir comment les odeurs ont façonné nos communautés et nos traditions ».

Le Monde avec AFP Publié le 17 novembre 2020 


Voyager dans le passé grâce à l’odorat, ce sera bientôt possible. Un groupe d’historiens, d’experts en intelligence artificielle, de chimistes et de parfumeurs va recréer pour des expositions les odeurs qu’on trouvait en Europe du XVIe au XXe siècle, et constituer en parallèle une encyclopédie des odeurs.

Cette encyclopédie, une première dans le genre, « permettra aux internautes de découvrir comment les odeurs ont façonné nos communautés et nos traditions », explique un communiqué de l’université Anglia Ruskin (Cambridge), une des six structures européennes impliquées dans le projet Odeuropa.

Ou encore de replacer dans leur contexte historique des odeurs qui existent toujours, comme celle du romarin, très prisée au XVIe et XVIIe siècle, car on lui attribuait le pouvoir d’éloigner la peste.

Les chimistes et parfumeurs du projet seront aussi chargés de recréer, grâce à des indications trouvées par une intelligence artificielle dans des textes historiques ou des peintures, des odeurs caractéristiques de certaines époques, comme le tabac ou de grands parfums historiques, mais aussi de certains espaces, comme la puanteur des villes provoquée par la révolution industrielle.

« Un de nos chercheurs travaille sur des peintures et va essayer de recréer l’odeur de la bataille de Waterloo », s’est enthousiasmé le professeur William Tullett, historien à l’université Anglia Ruskin.

« Une expérience plus intime du passé »

Les échantillons d’odeurs recréées voyageront à partir de l’année prochaine dans différents musées européens, plongeant les visiteurs olfactivement dans le passé. L’historien spécialiste des odeurs explique que, parmi les événements à venir, il y aura des collaborations avec des sites qui font des reconstitutions historiques ou des musées où le public devra associer les odeurs avec le bon tableau.

« Ce qui intéresse les gens, c’est de savoir comment c’était de vivre dans le passé, comment ça sentait », explique le chercheur, qui veut « donner aux gens une expérience plus intime du passé », mais aussi « les encourager à penser aux odeurs autour d’eux aujourd’hui ». Il estime que l’anosmie (perte partielle ou totale de l’odorat) causée par le Covid-19 a remis l’odorat en exergue.

« Les odeurs, un patrimoine culturel ? »

Le projet Odeuropa, subventionné à hauteur de 2,8 millions d’euros, permettra ainsi d’interroger le statut des odeurs : « Est-ce que les odeurs doivent être considérées comme appartenant à notre patrimoine culturel ? », interroge le William Tullett. « Et, si oui, est-ce que nous devons les préserver pour le futur ? »

Il sera aussi chargé de développer « un nez d’ordinateur capable de retracer des odeurs et des expériences olfactives présentes dans des textes numérisés » en plusieurs langues, ajoute son collègue le professeur Peter Bell, de l’université Friedrich-Alexander d’Erlangen-Nuremberg (Allemagne).

Dans un tout autre registre sensoriel, la musicologue Mylène Pardoen avait reconstitué l’ambiance sonore du quartier du Grand Châtelet, à Paris, au XVIIIe siècle, dans un projet associant historiens et spécialistes de la 3D.


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