Peut-on vouloir comprendre le « fanatisme » ? Depuis Voltaire au moins, ce mot est celui qu’on réserve aux fous et à ceux qui tuent au nom de la religion. Peut-on appréhender l’incompréhensible, le désert de la raison ? Pour Adrien Candiard, prêtre dominicain au couvent du Caire et spécialiste de théologie islamique, oui : même le fanatisme a ses sinistres raisons. Et la violence des djihadistes d’aujourd’hui n’échappe pas à cette règle.
Dans le livre Du fanatisme (Éditions du Cerf, 2020), il remonte aux origines théoriques de la violence islamiste. Par quel enchaînement la pensée d’un théologien islamique médiéval, Ibn Taymiyya (1263-1328), se retrouve-t-elle à guider la main de terroristes en 2020 ? Comment s’est déroulé le glissement d’une affirmation théologique, l’absolue transcendance de Dieu, vers une tragique déformation – la haine de ceux qui ne respectent pas sa loi présumée ? Ce sont quelques-unes des questions posées par ce livre singulier, qui met de côté les habituelles analyses sociologiques ou politiques du terrorisme pour mener une enquête de croyant : comprendre le « déraillement » du religieux… en tant que religieux.
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